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SÁNCHEZ MEDIAVILLA Emilio

Espagne

Une datcha dans le Golfe (Anne-Marie Métailié, 2022)

© Alberto Saéz

Journaliste et éditeur espagnol, collaborateur régulier à El País et Vanity Fair, il signe cette année un premier récit aussi fascinant que déroutant dans lequel il raconte sa vie au Bahreïn entre 2014 et 2016. L’auteur y mêle son regard de voyageur à sa rigueur de reporter pour souligner les paradoxes et contradictions de ce petit pays du Golfe. De son improbable recherche de logement, au récit de la construction des îles artificielles, en passant par la situation des travailleurs étrangers, il livre ici un témoignage érudit, drôle et captivant. Salué par la critique, le livre est couronné cette année par le prix Nicolas Bouvier.


Bibliographie

Une datcha dans le Golfe (Anne-Marie Métailié, 2022)

Une datcha dans le Golfe

Une datcha dans le Golfe

Anne-Marie Métailié - 2022

Un premier récit sur les contradictions des pays du Golfe qui allie ce qu’il y a de mieux dans la littérature de voyage et le reportage. Un auteur qui marie la finesse du regard de Chatwin à l’humour de Guy Delisle.

Lire ce livre s’apparente à boire un verre dans un bar avec un inconnu, un inconnu intéressant. Ce premier récit est l’histoire d’un journaliste qui a vécu à Bahreïn mais qui n’était pas sensé y aller. Il nous raconte son voyage, d’abord avec l’étonnement d’un premier regard, puis avec la profondeur d’un excellent chroniqueur : des détails les plus simples (et pourtant invraisemblables), comme chercher une maison à louer, jusqu’aux détails plus précis de l’implantation chiite dans les pays du Golfe.

La voix de l’auteur, sérieuse et profonde quand il faut, mais aussi candide, drôle et subjective, se balade entre la finesse du regard et humour, loin de l’attitude du vaillant reporter de guerre qui a tout vu et tout vécu. C’est pourquoi on a envie de le suivre, parce qu’on se sent proche de lui, et on l’écoute nous décrire les subtilités géopolitiques du Moyen-Orient mais aussi la visite rocambolesque de Michael Jackson à Bahreïn, les manifestations et repressions de 2011 et les menus des restos des expatriés, la construction des îles artificielles faramineuses et le sort de la moitié de la population, composée d’esclaves modernes.

En prenant ce qu’il y a de mieux dans le récit de voyage et dans le reportage, ce récit nous émerveille en nous montrant l’une des meilleures qualités d’un livre de non-fiction : il rend passionnant un sujet auquel nous ne nous serions jamais intéressés si on n’avait pas rencontré ce type sympa et intéressant au bar.

Traduit par Myriam Chirousse.