Un après-midi « l’Afrique Arrive »

Kossi Efoui © Hermance Triay

Nés après l’indépendance, ils ont grandi dans le cauchemar des génocides, sous le joug des dictatures, dans la quotidienneté de la corruption, contraints souvent à l’exil. Le génocide de 1994 au Rwanda aura été un tournant : fin de l’innocence, des paradis perdus, des discours seulement victimaires, quand l’Afrique découvre sa capacité à s’autodétruire. Le roman de l’exil, de l’immigration, du télescopage culturel, de la « frontière », comme dit Léonora Miano, n’est pas, ainsi que le voudraient certains,
à opposer aux romans de ceux demeurés au pays, garants d’une « authenticité » : cette opposition est absurde, et suicidaire. La dispersion identitaire est le fruit – un des fruits – de la tragédie historique des dernières décennies. Le nouvel espace romanesque
africain n’est plus, sur place, celui du village et du ressassement du discours
anti-colonialiste mais celui de l’exil, et celui de la ville, monstrueuse, hybride, tentaculaire,
où s’expérimentent également, mais d’une autre manière, métissage et multiculturalisme,
se met en place un univers créole, soubassement pour Achille Mbembe
d’une modernité « afropolitaine ». La ville, où s’invente, au-delà du roman, une culture
de la rue, rap, slam, hip-hop, par laquelle la jeunesse exprime sa révolte et ses espoirs...
Deux films et une rencontre autour du nouveau roman africain : entre exil et megapoles,
avec Achille Mbembe, Kossi Efoui, Felwine Sarr, Sami Tchak et les voix
de la ville Amkoullel, Janis Otsiemi, Jérôme Nouhouaï et Rama Thiaw.

Dimanche, Maison des Associations, à partir de 14h