Un festival à la hauteur des enjeux des temps présents !

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La 30e édition du festival des Étonnants Voyageurs vient de s’achever, ce lundi 10 juin, après trois journées d’effervescence littéraire à Saint-Malo. Le temps d’un week-end, la ville côtière s’est fait le foyer ardent de débats, projections de films, concerts et autres rencontres culturelles passionnantes. Depuis 1990, le festival malouin célèbre la littérature ouverte sur le monde et honore les textes qui déjouent les frontières. Cette année, le sous-titre incisif du festival était « état de crise ».

La 30e édition du festival des Étonnants Voyageurs vient de s’achever, ce lundi 10 juin, après trois journées d’effervescence littéraire à Saint-Malo. Le temps d’un week-end, la ville côtière s’est fait le foyer ardent de débats, projections de films, concerts et autres rencontres culturelles passionnantes. Depuis 1990, le festival malouin célèbre la littérature ouverte sur le monde et honore les textes qui déjouent les frontières. Cette année, le sous-titre incisif du festival était « état de crise ».

Face à la montée des extrêmes, aux bousculements de nos valeurs et repères, aux tourments qui agitent le monde contemporain, Michel Le Bris, le président d’Étonnants Voyageurs voit en la littérature un remède porteur d’espoir. « Nous avons voulu que cette édition soit vouée à ce qui nous réunit tous : l’amour de la littérature, du poème, de la musique, de l’image… », déclare-t-il dans son éditorial, désireux de retrouver ensemble, à travers le festival, une forme de grandeur.

L’Europe, son avenir et ses frontières, ont fait l’objet de plusieurs rencontres, notamment avec Laurent Gaudé, qui vient de publier Nous, Europe chez Actes Sud, un long poème en vers libres sur le vieux continent. La problématique de l’exil et de l’hospitalité ont été au coeur de nombreux débats et films documentaires, dans la continuité des éditions précédentes.

Les rapports entre littérature et démocratie ont aussi donné lieu à une série de conférences : Alaa El Aswany, écrivain égyptien qui met sa plume au service de la lutte pour la démocratie, a pris part à un débat sur cette notion avec Mona Ozouf entre autres. Ece Temelkuran, écrivaine turque engagée dans le combat pour la liberté dans son pays et auteure de Comment conduire un pays à sa perte (Stock) est intervenue sur le thème des fake news et de l’Europe des années 1930, aux côtés de Marc Weitzmann. Le thème de la francophonie a, une fois encore, occupé une place centrale dans la programmation : Dany Laferrière et David Diop ont figuré parmi les invités de marque. Des problématiques telles que les pouvoirs de la littérature, l’écriture du monde sauvage, ou la création de mondes imaginaires ont également été abordées sous diverses formes.

Autre moment fort, samedi soir au Café littéraire Maëtte Chantrel et Érik Orsenna rendaient un émouvant hommage à Michel Serres, le philosophe récemment disparu habitué du festival. Les grands entretiens animés par Jean-Luc Hees, une nouveauté de cette année, ont rencontré un franc succès : en tête à tête avec Christian Bobin, Serge Joncour ou encore Muriel Barbery, l’ancien président de Radio France a invité le public à explorer en profondeur l’univers de ces écrivains. Notons par ailleurs l’engouement du public pour les interventions de Riad Sattouf, Josiane Balasko, ou encore Thomas Mc Guane, écrivain américain très attendu.

Les mélomanes n’ont pas été laissés pour compte : la musique a été mise à l’honneur à l’occasion de conférences, de lectures accompagnées d’instruments ou de poésie chantée, ou encore dans le cadre de la remise du Prix AFD Littérature-monde à Lola Gruber pour son roman Trois Concerts (Phébus). Samedi soir, le théâtre de l’Hermine a aussi fait salle comble pour le concert « Baroque, Gospel, Brexit and Cie » de Jean-Christophe Spinosi.

Les grands vents de vendredi et la météo presque automnale par moment n’ont pas découragé les dizaines de milliers de visiteurs, qui, comme chaque année, ont afflué sur les différents sites avec enthousiasme. Le Palais du Grand Large étant inaccessible pour cause de travaux, les lieux de rencontres étaient plus dispersés dans la ville, ce qui a permis une plus grande fluidité et une meilleure répartition du public entre les différents pôles (facilitée notamment par la mise à disposition des festivaliers de navettes gratuites entre les principaux lieux).

Alors merci à tous ! Et rendez-vous en 2020 : le festival Étonnants Voyageurs fêtera ses 30 ans du 30 mai au 1er juin à Saint-Malo et s’installera notamment dans un Palais du Grand Large flambant neuf.