Bibliothèque

Un peu la guerre

Grasset

« Nous étions deux ou trois ans après mai 68. On m’annonçait que le roman était mort, ce qui n’était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Le siècle n’avait pas été avare en exterminations massives, alors face à ces montagnes de cadavres on n’allait pas se lamenter pour la mort d’un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue ; celle, brutale, de mon père. Est-ce que de cette mort du roman, on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard, j’apportai à l’éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d’un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. L’éditeur s’alarma d’une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle, il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi. »


Revue de presse

  • "C’est un livre remarquable par l’élégance de sa méditation autobiographique et par son ambitieuse réflexion littéraire et politique sur ce qu’est un récit." Le Monde
  • "Se souvenir de tout cela, replonger dans les méandres de la mémoire est une aventure littéraire : Rouaud dresse le « relevé topographi­que » de son chemin d’écriture, se fait « arpenteur » dans les « blancs », ces périodes un peu vides, apparemment oubliées, qui resurgissent sans prévenir et sollicitent l’écriture." Télérama
  • "Rouaud raconte au fond comment les deux guerres et l’histoire familiale qui leur est liée ont participé de son désir, envers et contre tout, de continuer à écrire. C’est l’histoire d’une persistance, le récit d’une résistance à l’autorité invisible du pouvoir intellectuel." Marianne
L'avenir des simples

L’avenir des simples

Grasset - 2020

On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».

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Revue de presse :

  • « Un Goncourt en gilet jaune » (Didier Jacob, Bibliobs)
  • « Avec humour, nostalgie aussi, il invite à résister en adoptant le régime végan, en refusant la surconsommation et en privilégiant les initiatives individuelles plutôt que la levée en masse » (Didier Jacob, Bibliobs)
Portrait de René-Guy Cadou

Portrait de René-Guy Cadou

(Jean-Pierre Prévost et Jean Rouaud, TV Orly / France 3, 1999, 47’) -

Ce portrait du poète René Guy Cadou est un voyage dans l’ouest de la France où il a vécu toute sa courte existence. "Une géographie de poche" que parcourt la réalisation de Jean-Pierre Prévost, attentive aux différentes strates de cette mémoire des lieux, une mémoire où se mêlent le réel et l’imaginaire.
Ce film est aussi une quête de la "justesse poétique", dans le respect de la création de René Guy Cadou. Jean Rouaud prête sa plume et sa voix au commentaire. Dans son dialogue avec la voix du poète, incarnée par Ludmila Mikaël, une intime complicité se crée, une filiation littéraire se dessine.
En présence de Jean Rouaud

Shabbat, ma terre. Trois propositions pour repousser le jour du désastre

Shabbat, ma terre. Trois propositions pour repousser le jour du désastre

Gallimard - 2023

« Pas de shabbat, pas de dimanche pour les machines. Et les hommes suivent au rythme infernal du cirque consumériste. Et ça se dit libre. »
Jean Rouaud

Alors que le débat sur la place du travail dans nos vies anime à nouveau la société française, il est utile de nous remémorer le jour de paresse que, selon les Écritures, s’octroya le Créateur au septième jour de la Genèse. Cette sagesse n’est certes pas celle des hommes, occupés depuis le Néolithique, et l’invention géniale de l’agriculture, à exploiter sans répit ni mesure ce qui leur a été donné : la Terre, les animaux et eux-mêmes. Exploiter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à tirer, exploiter jusqu’à l’épuisement de toutes nos vraies richesses, naturelles et humaines. Comme Dieu le fit pour lui-même, et à l’exemple de ce que fut la succession des saisons, octroyons-nous ce temps de repos, laissons vivre le vivant et, avant qu’il ne soit trop tard, accordons des vacances à la terre : « Vacances pour la Terre, Repos la Terre, Shabbat ma Terre ».


Apulée n°5 - Les droits humains

Apulée n°5 - Les droits humains

Zulma - 2020

Fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, dans l’ardente continuité de ses quatre premiers numéros – Galaxies identitaires, De l’imaginaire et des pouvoirs, La guerre et la paix et Traduire le monde –, la revue Apulée poursuit sa double investigation : face aux bouleversements de l’actuel et dans l’espace inaliénable de la création toujours en devenir.

Dans cette cinquième livraison, c’est le tissage et le métissage des langues – avec au cœur la traduction à l’origine des grands humanismes tant méditerranéens qu’occidentaux – qui sont à l’honneur.

Essayistes, romanciers, nouvellistes, traducteurs, plasticiens et poètes nous rappellent au choix impérieux de l’éveil, du qui-vive et de la parole libre face aux pires dérives, en cette période de régression identitaire, de puérilisme généralisé et de démission compulsionnelle. Avec à l’esprit l’injonction de Lautréamont : « Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel. »

Avec des contributions notamment de : Ambedkar, Yahia Belaskri, Pascal Blanchard, Jean-Marie Blas de Roblès, Selahattin Demirtaş, Miquel de Palol, Ananda Devi, Mahasweta Devi, Delphine Durand, François-Michel Durazzo, Edmond Amran El Maleh, Aslı Erdoğan, Anna Gréki, Hubert Haddad, Alexis Jenni, Mohammed Khaïr-Eddine, Michel Le Bris, Ma Jian, Dory Manor, Albert Memmi, Laure Morali, Bernard Noël, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Jean Rouaud, Éric Sarner, Kenza Sefrioui, Michael Sfard…


Kiosque

Kiosque

Grasset - 2019

Sept années durant, de 1983 à 1990, jusqu’à l’avant-veille du prix Goncourt, un apprenti-écrivain du nom de Jean Rouaud, qui s’escrime à écrire son roman Les Champs d’honneur, aide à tenir rue de Flandre un kiosque de presse.
A partir de ce « balcon sur rue  », c’est tout une tranche d’histoire de France qui défile  : quand Paris accueillait les réfugiés pieds-noirs, vietnamiens, cambodgiens, libanais, yougoslaves, turcs, africains, argentins  ; quand vivait encore un Paris populaire et coloré (P., le gérant du dépôt, anarcho-syndicaliste dévasté par un drame personnel  ; Norbert et Chirac (non, pas le maire de Paris  !)  ; M. le peintre maudit  ; l’atrabilaire lecteur de l’Aurore  ; Mehmet l’oracle hippique autoproclamé  ; le rescapé de la Shoah, seul lecteur du bulletin d’information en yiddish…)
Superbe galerie d’éclopés, de vaincus, de ratés, de rêveurs, dont le destin inquiète l’ « écrivain  » engagé dans sa quête littéraire encore obscure à 36 ans, et qui se voit vieillir comme eux.
Au-delà des figures pittoresques et touchantes des habitués, on retrouve ici l’aventure collective des lendemains de l’utopie libertaire post soixante-huitarde, et l’aventure individuelle et intime d’un écrivain qui se fait l’archéologue de sa propre venue aux mots (depuis « la page arrachée de l’enfance  », souvenir des petits journaux aux couvertures arrachées dont la famille héritait de la part de la marchande de journaux apitoyée par la perte du pater familias jusqu’à la formation de kiosquier qui apprend à parler « en connaissance de cause ».)


  • « Il y a quelque chose d’héroïque, et de profondément émouvant, dans la description à la fois rieuse et nostalgique que fait Rouaud de son premier métier. (…) Récit d’initiation à la littérature et formidable chronique d’un Paris qui n’est plus, Kiosque est aussi une belle leçon d’humanité… »
  • « Si Kiosque est un très grand livre, ce n’est pas seulement parce que l’humanité y est installée avec sa truculence et ses chagrins, ou même parce que la vente de la presse y est racontée à hauteur d’expert, mais aussi parce que le récit est un maillage subtil d’autobiographie et de vie des autres, un patchwork de la jeunesse bien française de Jean Rouaud et de la société cosmopolite qui battait son kiosque comme une vague sans importance, sans avenir.  » le JDD
  • « Tout autant exercice de gratitude, d’humilité, que poursuite d’une constante réflexion sur la littérature, Kiosque vitupère l’idéologie de la « modernité » ­artistique, mais la nostalgie qui nimbe ce texte a l’élégance de ne jamais virer à la déploration. En racontant comment il est devenu écrivain, ce cinquième tome de La Vie poétique montre aussi, en particulier dans certains passages magnifiques de simplicité, quel formidable écrivain Jean Rouaud est devenu. » Le Monde

La splendeur escamotée de frère Cheval ou le secret des grottes ornées

La splendeur escamotée de frère Cheval ou le secret des grottes ornées

Grasset - 2018

" Sur la question du « sens » des grottes ornées (Chauvet, Lascaux, Font-de-Gaume et autres) la seule question qui nous intéresse - pourquoi des hommes et /ou des femmes se sont enfoncé(e)s sous terre pour dessiner et graver des figures animales dont, faute de recul parfois, ils ou elles n’étaient même pas en mesure d’apprécier le trait - les préhistoriens se retranchent derrière une pudeur toute scientifique.
Faute de témoignages, on ne peut rien en dire, à moins de s’aventurer sur le terrain de la spéculation poétique, qui n’est pas le leur. A moins encore de tomber sur une pierre de Rosette comme celle qui permit à Champollion de décrypter les hiéroglyphes. Peut-être l’a-t- on trouvée à Etiolles, une commune des rives de la Seine, proche de Paris, où depuis près de cinquante ans les spécialistes fouillent un ancien campement magdalénien (-15.000 ans). C’est un gros galet de calcaire sur lequel est figuré un cheval agonisant, perdant son sang, et qui était déposé en bordure du foyer, comme si on l’avait placé là intentionnellement pour le réchauffer, lui redonner vie. Car il y a une chose que nous partageons avec nos ancêtres, c’est précisément ce que la raison rejette et qui est notre cerveau poétique, cette faculté d’associer les images, de procéder par analogie, par comparaison. Et quand on lève les yeux vers l’horizon, ce soleil qui rougeoie comme s’il perdait son sang avant de plonger dans la nuit, on comprend qu’il faille le soutenir, moralement et physiquement, pendant sa traversée de la nuit pour peu qu’on tienne à le revoir le lendemain. Mais le soleil n’est pas un cheval ? Pour le galet d’Etiolles, il l’est. Et à Chauvet, et à Lascaux.
Ces fresques animalières, pour ceux-là qui vivaient dans le froid sibérien du paléolithique supérieur où les grands animaux évoluaient en majesté, figuraient leur conception du monde, telle qu’on en trouve dans tous les récits de création – pour nous longtemps, et pour quelques-uns encore, ce fut la Genèse. Nous avons sous nos yeux, miraculeusement préservée, la cosmogonie du paléolithique supérieur où, durant 25.000 ans, sur un territoire immense, la représentation n’a pas varié. Bête comme une oie, dit-on. Les oies gravées dans la grotte de Cussac en savent plus long que nous, qui sont en mesure d’annoncer par leur passage l’arrivée des beaux jours ou la mauvaise nouvelle de l’hiver. Pour peu qu’on échappe à nos diktats matérialistes, où un cheval ne peut être qu’un cheval, ce bestiaire des grottes apporte une réponse cohérente, organisée, apaisante, à toutes les questions qu’on se pose quand on ne sait rien sur le jour et la nuit, la course du soleil, la disparition par morceaux de la lune, sa réapparition, les éclairs, l’orage, l’arc-en-ciel, la mort, la renaissance. Ce que le galet d’Etiolles nous raconte, c’est que le cheval, avant qu’on le « domestique », qu’on le contraigne comme un esclave à tirer de lourdes charges, était la figure du soleil. La tyrannie débute quand il n’y a plus de médiation, la toute-puissance quand il n’y a plus d’intercesseur. Nous avons appelé « évolution » cette frise qui partant du singe conduit par « désanimalisation » successive à l’homme triomphant, seul « maitre et possesseur de la Nature ». Et si la « part animale », cet héritage des grottes ornées, était ce que l’homme avait encore de divin en lui ?"

  • Dans Lascaux ou la naissance de l’art, Bataille, dépassant la thèse d’une fonction magique des œuvres préhistoriques interroge les raisons d’un art en qui l’humanité de l’homme s’est accomplie. Et si ces fresques animalières étaient ce que l’homme avait encore de divin en lui ? poursuit Jean Rouaud. Une réflexion vertigineuse sur l’Histoire.
    Gérard de Cortanze
    (Historia)

Tout paradis n'est pas perdu

Tout paradis n’est pas perdu

Grasset - 2016

Cette chronique est à cheval sur les années 2014-2015. Le thème m’en a été offert par le Front national qui, aussitôt prises quelques mairies, s’empressa d’imposer le menu unique dans les cantines scolaires. On n’en attendait pas moins de Marine Le Pen, mais ce qui changeait dans son argumentaire, c’était l’alibi de la laïcité. C’était au nom de la loi de 1905 qu’elle pouvait en toute impunité stigmatiser les enfants musulmans. Grâce à quoi on a vu se joindre à sa voix tous les laïques purs et durs qui au nom d’une stricte lecture de cette loi se retrouvait de facto en comité de soutien du Front national tout en jurant, main sur le cœur, être évidemment en désaccord avec son idéologie. Ah bon. On peut donc faire une chose et dire son contraire. Ce qui doit plus ou moins s’appeler de la schizophrénie. Ce qui valait la peine de s’interroger sur les motivations des uns et des autres et de se pencher sur ladite loi de séparation des Églises et de l’État. Mais en fait d’églises il s’agissait de la seule église catholique, les autres faisant de la figuration – l’Islam, qui se trouve à la source de ces querelles sur le menu et le voile, il n’avait pas droit au chapitre, les musulmans d’Algérie n’ayant pas le statut de citoyen. Loi dite de séparation mais plutôt accommodante avec l’Église, continuant de chômer les fêtes religieuses, de meubler son calendrier des noms des saints et de servir du poisson le vendredi dans toutes les cantines. C’est au milieu de cette chronique qu’une autre actualité, tragique, s’invita brutalement dans la réflexion. L’exécution de l’équipe de Charlie au nom de l’offense faite au prophète nous rappelait que ce droit à la représentation des figures sacrées avait été pour notre société le fruit d’un long débat qui avait occupé tous les premiers siècles du christianisme. Débat tranché en 843, à Nicée, sous un argument de haute volée : l’image n’était pas une idole mais une médiation pour s’approcher du divin. Tout notre monde envahi d’images vient de cet arrêté. L’art occidental lui doit tout. Et donc, paradoxalement, la caricature de ces mêmes figures sacrées. »


Revue de presse :

  • "Dans ces chroniques où les références à Proust, Zola ou George Orwell illustrent le propos, ce n’est ni plus ni moins qu’à un dépoussiérage lucide et courageux de la laïcité qu’invite l’auteur. Une laïcité emprisonnée dans une société qui mise tout sur « l’ici et maintenant et le contentement de ses désirs » et qui, au fond, reproche à la religion ce dont elle est privée : la poésie. » Télérama
  • « Et ce que disait le 11 septembre, à travers les tours jumelles, c’est un effondrement. Nous les avons vues tomber. De même, c’est le ciel qui, en ce 7 janvier 2015, nous est tombé sur la tête. Un ciel d’incompréhensions, qu’on puisse décider en son nom de la vie des êtres. Il nous semblait pourtant que nous en avions fini avec ces vieilles lunes, que le ciel de la Renaissance, composé de planètes, d’orbites, d’étoiles, de comètes, avait définitivement retoqué le ciel des chérubins et des bienheureux, que les lunettes des astronomes avaient tordu le cou aux affabulations des religieux. Gagarine ricanait au retour de son premier vol : non, il n’avait pas croisé d’anges. Voilà qu’il nous revient en pluie de feu, que nous marchons dessus comme sur les bris de verre d’un miroir éclaté. » - Jean Rouaud
    L’Humanité

Misère du roman

Misère du roman

Grasset - 2015

Cet essai passionnant décortique les courants dominants – idéologies, écoles, chapelles et mouvements - et les grandes séquences historiques qui les ont fondés – fin du XIXe siècle, Première Guerre mondiale, Deuxième Guerre, chape de plomb communiste, révolution maoïste, déconstruction structuraliste, Nouveau Roman… - qui expliquent la relation très particulière qu’entretient la France avec la forme romanesque.
 « C’est une énigme de ce pays. Pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s’est-il acharné à le détruire ? Au point qu’à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l’auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues, ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retournant, à présent qu’on en a fini avec la “table rase du passé”, on peut mieux juger de la composition du cocktail létal, qui mêle littérature, idéologie et histoire. Et ce qu’il raconte, c’est que la fameuse marquise, interdite de sortie à cinq heures par Valéry, a traversé le XXe siècle escortée d’une armée de fantômes. »


Etre un écrivain

Etre un écrivain

Grasset - 2015

"Le jeune narrateur de la Recherche résume assez bien la situation : « Puisque je voulais un jour être un écrivain, il était temps de savoir ce que je comptais écrire. » Ce qui semble tomber sous le sens. Mais quand l’époque condamne tout ce qui peut ressembler à raconter une histoire ? La question ne devient plus quoi écrire, mais comment. Et là, après avoir retourné en vain la phrase dans tous les sens comme « Belle Marquise vos beaux yeux d’amour mourir me font », mieux vaut jouer mal du violon folk et s’intéresser au Guignolo de Saint-lazzo, une vieille chanson de quête. Quand se présente l’opportunité d’écrire un billet d’humeur dans un quotidien régional, c’est l’occasion de prendre conscience que le réel existe bel et bien, et qu’il serait temps de s’y confronter. Et pas seulement par l’écriture. Quoi faire de sa vie mérite aussi qu’on se pose la question."


Un peu la guerre

Un peu la guerre

Grasset - 2014

« Nous étions deux ou trois ans après mai 68. On m’annonçait que le roman était mort, ce qui n’était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Le siècle n’avait pas été avare en exterminations massives, alors face à ces montagnes de cadavres on n’allait pas se lamenter pour la mort d’un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue ; celle, brutale, de mon père. Est-ce que de cette mort du roman, on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard, j’apportai à l’éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d’un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. L’éditeur s’alarma d’une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle, il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi. »


Revue de presse

  • "C’est un livre remarquable par l’élégance de sa méditation autobiographique et par son ambitieuse réflexion littéraire et politique sur ce qu’est un récit." Le Monde
  • "Se souvenir de tout cela, replonger dans les méandres de la mémoire est une aventure littéraire : Rouaud dresse le « relevé topographi­que » de son chemin d’écriture, se fait « arpenteur » dans les « blancs », ces périodes un peu vides, apparemment oubliées, qui resurgissent sans prévenir et sollicitent l’écriture." Télérama
  • "Rouaud raconte au fond comment les deux guerres et l’histoire familiale qui leur est liée ont participé de son désir, envers et contre tout, de continuer à écrire. C’est l’histoire d’une persistance, le récit d’une résistance à l’autorité invisible du pouvoir intellectuel." Marianne

Manifestation de notre désintérêt

Climats Editions - 2013

« Nous avons ce formidable pouvoir de baisser nos paupières quand les marchés agitent hypnotiquement des objets brillants sous nos yeux. Lesquels marchés cherchent à nous déposséder de notre savoir-faire autant que de nous-mêmes. C’est l’irascible Haddock qui apporte la plus efficace des réponses à l’obscénité des maîtres du profit : "Votre appareil ne nous intéressa pas". »


Revue de presse


Une façon de chanter

Gallimard - 2012
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Une façon de chanter constitue le deuxième volet de l’autobiographie poétique entamée par Jean Rouaud avec Comment gagner sa vie honnêtement. Alors que le premier tome racontait les années d’après mai 68, les voyages en auto-stop, les petits boulots et les expériences hasardeuses des jeunes adeptes de la vie en communauté, Une façon de chanter, à l’occasion de la mort d’un proche, remonte vers l’enfance et l’adolescence. Comme le disparu est ce même cousin qui a offert à l’auteur sa première guitare, ce dernier en profite pour tendre l’oreille vers les lointains de sa jeunesse. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la bande-son du village natal était rudimentaire : les cloches de l’église, le marteau du maréchal-ferrant, le cri d’un goret égorgé par le charcutier, et derrière le mur du jardin la seule musique d’un piano sous les doigts de l’oncle Émile.
On comprend pourquoi l’arrivée brusque, par l’entremise du transistor, des groupes anglo-saxons, va bousculer ce monde ancien où l’on chantait encore Auprès de ma blonde. Et pour accompagner cette prise de pouvoir par la jeunesse, pas de meilleur passeport que l’apprentissage de la guitare.
L’intime et le collectif se mêlent dans le flux d’un récit mouvant et drôle, où l’on croise certaines figures déjà rencontrées comme celles de la mère et du père, mais aussi une charmante vieille dame professeur de piano, un naufragé volontaire, une famille allemande accueillante et le jeune Rimbaud plaquant des accords sur un clavier taillé dans sa table de travail. Autant d’évocations que ponctue la très riche bande musicale : Dylan, les Byrds, Graeme Allwright, les Kinks et bien d’autres sont convoqués pour raconter en musique ce changement de monde, sans oublier les refrains balbutiants, composés par un jeune homme sombre derrière lequel on reconnaît Jean Rouaud lui-même.


Revue de presse

  • "Si Jean Rouaud poursuit le récit entamé il y a vingt-deux ans, il garde également ouverte la porte de son atelier d’écriture. Non sans malice. Ni peut-être nouvelles ruses narratives. Mais avec une formidable alacrité. S’affirmant de nouveau comme un écrivain majeur." L’Humanité
  • "Des Mémoires comme autant de souvenirs distanciés de ce promeneur enchanteur, dont on attend déjà le troisième et dernier épisode." Télérama

Comment gagner sa vie honnêtement

Gallimard - 2011

Comment gagner sa vie honnêtement est un texte autobiographique, qui inaugure un cycle intitulé : « La vie poétique - une histoire de France ». Le projet ambitieux de Jean Rouaud est de restituer la vie de la société française de la deuxième moitié du XXe siècle à travers son itinéraire personnel, mêlant les faits réels, les anecdotes vécues, et les émotions poétiques, littéraires, esthétiques qui ont jalonné ce parcours. Il nous livre ainsi une peinture d’époque, minutieuse et colorée : la jeunesse dans l’Ouest pluvieux, les petits boulots, les modes vestimentaires, la contestation et les communautés, l’auto-stop, le refus du salariat (voir le titre, tiré d’une citation de Thoreau) et de la vie bourgeoise, les expériences amoureuses (compliquées pour un fils des provinces catholiques), la vie étriquée des désargentés dans une mansarde avec « la compagne des jours tristes », l’attrait de l’Extrême-Orient, le basculement du monde d’une civilisation rurale vers une urbanité déréglée, tout cela éclairé par la rencontre, à cinquante ans, de « la fiancée juive » dont l’amour fournit une clé aux errances passées.

Chateaubriand, Thoreau, Rimbaud, Kerouac, Cassavetes accompagnent ce récit charmant et sensible, dont le fil se déroule au gré des souvenirs, dans un désordre savamment orchestré. On se laisse ainsi porter par une voix intelligente et mélancolique, à travers les méandres d’un récit qui parvient à marier de façon très convaincante l’intime et le collectif.


Revue de presse

  • "Le onzième roman de Jean Rouaud témoigne d’une inspiration toujours en mouvement." L’Humanité
  • " En ces années soixante-dix, cadre du récit que nous lisons, Rouaud a fait le choix d’une « vie poétique ». Elle ressemble à celle de bien des jeunes de l’époque, et s’en distingue tout autant." La Quinzaine littéraire
  • " C’est le prestige des vagabonds de se regarder passer et Rouaud n’a pas renié les maîtres de sa jeunesse, qui s’appelaient et s’appellent encore Thoreau et Kerouac, Rimbaud et London. Et Chateaubriand, bien sûr, n’oublions pas le pèlerin fondamental. « Tu sais ce qu’on demande à un auteur aujourd’hui, pour suivre le tempo du monde ? D’écrire vite, tout en ellipse et suspension. Fini le grand style. » Mais non. Ce n’est pas fini et ça ne finira jamais. La preuve par Rouaud. Le Nouvel Obs
  • " Jean Rouaud change de focale, opère un gros plan sur des périodes de sa chronologie qu’il avait jusqu’ici laissées en fond cle scène, ou revient sur un fait déjà largement évoqué avec un angle dè vue différent. En outre, Comment gagner sa vie honnêtement, sous-titré La vie poétique, I, ne porte pas la mention « roman » contrairement à ses premiers livres." (...) Jean Rouaud n’épargne pas les travers de cette jeunesse qui mettait le mot révolution à toutes les sauces (...) Mais Rouaud le fait avec une douce ironie, qui, on l’a vu, ne l’épargne pas lui-même, et qui est une des marques de son écriture, agile, espiègle, parfois proche d’une certaine oralité.
    Politis
  • "On le reconnaît dans une foule à ce qu’il est le seul à se décaler instinctivement, légèrement à part, à distance raisonnable du chœur des thuriféraires. (...) On est touché par une reconnaissance de dettes qui englobe Chardin et Cassavetes, Jeremiah Johnson et la Tristessa de Kerouac. On le croyait légèrement à l’ouest, perclus de mélancolies, on le découvre à l’Est d’Eden et de Campbon (Loire-Inférieure). La République des Livres, Blog de Pierre Assouline

Je est un autre

Gallimard - 2010

Ouvrage collectif de Kebir-Mustapha Ammi, Azouz Begag, François Bégaudeau, Pascal Blanchard, Jean-Marie Blas de Roblès, Ananda Devi, Philippe Forest, Juan Goytisolo, Ahmed Kalouaz, Jean-Marie Laclavetine, Yves Laplace, Michel Le Bris, Alain Mabanckou, Achille Mbembe, Anna Moï, Wilfried N’Sondé, Jean Rouaud, Leïla Sebbar, Abdourahman A. Waberi et de Valérie Zenatti. Édition publiée sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud avec la collaboration de Nathalie Skowronek « En 2007, nous avions fait paraître aux Éditions Gallimard un ouvrage collectif intitulé Pour une littérature-monde, où nous rappelions que la littérature n’était pas compressible à l’intérieur de frontières. Ce livre, par son écho, a contribué à faire évoluer notre perception d’une littérature de langue française outrepassant les limites de l’Hexagone. Le débat continue, sous des déguisements parfois inattendus. En cette année où l’on veut célébrer le cinquantième anniversaire des indépendances africaines, voilà que le débat, en France, se replie frileusement sur les contours d’une "indentité nationale". Chaque être est un millefeuille, autrement dit un livre composite, qui ne peut se réduire à cette fiction identitaire nationale. "Je est un autre", lançait il y a longtemps un poète fameux. Et cela est encore plus vrai aujourd’hui, en une époque de fantastiques télescopages culturels, tandis que naît un monde nouveau où chacun, au carrefour d’identités multiples, se trouve mis en demeure d’inventer pour lui-même une "identité-monde". Les romanciers qui ont appris à composer avec toutes ces voix de l’intérieur, discordantes, foisonnantes, paralysantes, entraînantes, qui se moquent des langues et des frontières, ont évidemment leur mot – poétique – à dire. » Michel Le Bris et Jean Rouaud.


La femme promise

Gallimard - 2009

« Normalement, voir débarquer un homme en tenue de plongeur sous-marin, encadré comme un prévenu, dans une gendarmerie de Basse-Normandie, inciterait plutôt à la méfiance. Seulement voilà, la normalité, le plongeur qui a tout perdu et la jeune femme venue déposer plainte pour le cambiolage de sa demeure en ont visiblement fait le tour. Que le sort se soit ainsi acharné sur eux, c’est sans doute à leurs yeux un signal d’alerte, l’occasion d’affronter enfin les ombres du passé. Le passé, pour Daniel, chercheur en physique nucléaire, c’est une enfance orpheline désastreuse, entre un réparateur de cycles mutique et une grand-mère comateuse. Pour Mariana, artiste plasticienne, qu’on pourrait dire de bonne famille si son grand-père collaborateur n’avait été exécuté par la Résistance, c’est un désir de création dont elle semble aujourd’hui douter. Mais il y a l’éblouissement de la rencontre, mais il y a le père de Mariana, enfermé dans sa grotte qui attend de la contemplation des fresques paléolithiques la révélation de son identité, mais il y a madame Moineau et ses intuitions à l’emporte-pièce, mais il y a ce portrait inachevé qu’il va bien falloir faire parler, mais il y a l’auteur qui poursuit un rêve semblable, et à qui cette même Mariana aurait demandé quleques lignes pour sa prochaine exposition. » Jean Rouaud.


Souvenirs de mon oncle

Naïve Livres - 2009

Jean Rouaud revisite le célèbre film de Jacques Tati, se glissant dans la mémoire du petit garçon qui, devenu grand, évoque les moments heureux passés en compagnie de son oncle fantaisiste, poète et homme merveilleux. Ce titre est le premier d’une collection de courts textes illustrés, histoires brèves, petite parenthèse littéraire qui peuvent se lire en moins d’une heure. Une pause de lecture à offrir ou à s’offrir. La nouvelle collection, "Livre d’heures", dirigée par Jean Rouaud, sera aussi l’occasion de retrouver ou de découvrir des auteurs contemporains de renom.


La fiancée juive

Gallimard - 2008

« Ce serait une sorte de carte de visite en neuf volets. Elle dirait je suis celui-là qui sanglote en regardant la mort d’un Mozart de téléfilm, ne comprenant que plus tard que cette mort en cachait une autre. Je suis celui-là qui, lisant Mère Courage de Brecht, retrouve sa mère sous les traits d’Anna Fierling poussant son petit commerce dans sa charrette. Je suis cet ex-vendeur de journaux qui évoque ses généreuses devancières, les sœurs Calvaire et leur maison de la presse d’un autre âge. Celui-là qui, cherchant à devenir écrivain, se tourne vers son enfance et retrouve un maître d’école omniscient, l’ennui des étés, les promenades du pensionnat. Et c’est le même, bien des années après, qui chante sur un air de blues l’éblouissement de la rencontre et "le long tunnel de son chagrin". Me voilà, c’est moi. » Jean Rouaud.


Moby Dick

Casterman BD - 2007

“La première phrase du roman de Melville est célèbre : Call me, Ismahel, appelez-moi Ismahel. Ismahel, c’est le narrateur de Moby Dick celui par qui nous apprenons l’incroyable aventure qui va pousser le capitaine Achab, le commandant du Péquod, un navire baleinier basé à Nantuckett, à retourner toutes les mers pour retrouver le cachalot blanc qui lui a emporté la jambe, et assouvir ainsi sa vengeance. Le moins qu’on puisse dire, c’est que sa vengeance ne fut pas terrible, du moins pour Moby Dick, car pour le capitaine rancunier et son équipage, en revanche, ce sera la fin de tout. Tous sauf un périront. Il fallait en effet un rescapé pour témoigner. Moby Dick, avant de raconter la lutte à mort entre un vieux capitaine névrosé et un cachalot blanc sur lequel il reporte toute sa rage et à qui il fait porter le poids du mal, c’est dÌabord l’histoire d’un jeune homme qui rêve de vivre la grande aventure de la chasse à la baleine, laquelle ne durait jamais moins de trois ans quand on en revenait. Moby Dick, c’est d’abord, comme Don Quichotte, l’histoire d’une passion, qui va se révéler dévorante. C’est aussi un roman d’apprentissage où tous les signes sont interprétés dans le sens d’une malédiction programmée. Du roman de Melville nous avons choisi (Denis Deprez et moi) de conserver ce désir du héros de ne pas se détourner de son rêve, et son regard de témoin sur la folie qui gangrène le coeur et l’esprit d’un homme prêt à tout sacrifier pour satisfaire son obsession. Mais ce n’est plus Ismahel qui raconte, c’est nous qui le suivons dans ses découvertes et rencontres successives : New Bedford, ses auberges de baleiniers, Nantuckett, Quiequeg, ce curieux harponneur tatoué venu des îles qui va brouiller ses repères de puritain de la côte est, le Péquod, ce rafiot en bout de course sur lequel ils choisissent mystérieusement d’embarquer, Achab qui en vrai star se fait attendre jusqu’à la moitié de l’ouvrage et enfin tout en haut de l’affiche, plus star encore, l’éclatante blancheur de Moby Dick, dont nous savons maintenant qu’elle n’est plus l’apanage des anges.” – Jean Rouaud.


Ernest Pignon-Ernest

Bartschi Salomon - 2007

Ernest Pignon-Ernest est né à Nice en 1942. Depuis 1966, il fait de la rue le lieu même d’un art éphémère qui en exalte la mémoire, les événements ou les mythes. Il a ainsi préfiguré nombre d’expériences artistiques sollicitant l’espace du dehors. " Les lieux sont mes matériaux essentiels, j’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs et, simultanément, tout ce qui ne se voit pas ou ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis. À partir de cela, j’élabore des images, elles sont ainsi comme nées des lieux dans lesquels je vais les inscrire. [...] Cette insertion vise à la fois à faire du lieu un "espace plastique" et à en travailler la mémoire, en révéler, perturber, exacerber la symbolique. [...] Je ne fais pas des oeuvres en situation, j’essaie de faire oeuvre des situations. " Extrait d’un entretien avec André Velter.


Préhistoires

Gallimard - 2007

« C’est la plus belle énigme de l’histoire du monde. Pas la plus mystérieuse, la plus belle. Une litanie de splendeurs : Lascaux, Rouffignac, Niaux, Pech-Merle, Font-de-Gaume, Altamira, le Roc-aux-Sorcières, Chauvet, Cussac, devant quoi on reste bouche bée, médusé. Ceux-là, qu’on imaginait en brutes épaisses tout juste descendues du singe, qu’on habillait de peaux de bêtes et qu’on coiffait avec un clou, ceux-là en savaient aussi long que nous sur la meilleure part de nous-mêmes. Quant à comprendre ce qui leur passait par la tête, comment on en vient à s’enfoncer sous terre, en rampant parfois, pour peindre des merveilles qui échapperont au regard de la petite multitude du temps, il nous reste à l’imaginer. Le paléo-circus, ce serait donc l’histoire du premier coup de pinceau. Mais nos ancêtres n’en restèrent pas là. Quelques milliers d’années plus tard, en bord de mer, ils inventaient le premier site en ligne. Bien sûr. À Carnac. » Jean Rouaud.


Pour une littérature-monde

Gallimard - 2007

Ouvrage collectif d’Eva Almassy, Tahar Ben Jelloun, Maryse Condé, Dai Sijie, Ananda Devi, Chahdortt Djavann, Édouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Fabienne Kanor, Dany Laferrière, Michel Layaz, Michel Le Bris, Alain Mabanckou, Anna Moï, Wajdi Mouawad, Nimrod, Esther Orner, Grégoire Polet, Raharimanana, Patrick Raynal, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Gary Victor et d’Abdourahman A. Waberi. Édition publiée sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud Les prix littéraires d’automne – et c’est la gloire des jurés – ont mis en évidence ce qu’un certain milieu confiné avait jusque-là tenté de masquer, à savoir que la littérature française ne se réduisait pas à la contemplation narcissique et desséchante de son propre rétrécissement, mais que d’autres voix, venues d’ailleurs, lui ouvraient les portes du monde, y faisaient souffler les nouvelles du dehors qui sans ces voix ne seraient jamais venues jusqu’à nous. Alain Mabanckou nous avait pourtant prévenus : « Pendant longtemps, ingénu, j’ai rêvé de l’intégration de la littérature francophone dans la littérature française. Avec le temps, je me suis aperçu que je me trompais d’analyse. La littérature francophone est un grand ensemble dont les tentacules enlacent plusieurs continents. La littérature française est une littérature nationale. C’est à elle d’entrer dans ce grand ensemble francophone. » Même si à vrai dire personne ne parle le francophone, ni écrit en francophone. La francophonie n’exprime-t-elle pas une nostalgie d’un temps où la France se présentait comme une étoile déversant ses lueurs sur le monde ? C’est d’une constellation que nous parlons. Nous assistons à l’émergence d’une littérature de langue française détachée de la nation avec laquelle elle a entretenu des liens stratégiques, libre désormais de tout pouvoir autre que celui de la poésie et de l’imaginaire, et n’ayant pour frontières que celles de l’esprit.


L’imitation du bonheur

Gallimard - 2006

En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse d’un maître soyeux des Cévennes, n’a a priori rien à partager avec un Octave Keller, proscrit de la Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et de ses 30 000 morts. Tout les oppose : leur milieu, leurs convictions, et cette interprétation de l’insurrection parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l’Our, en aura entendu des vertes et des pas mûres. Tout les oppose, et pourtant c’est bien cette Constance qui profitera d’un incident de parcours pour fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours pour donner à la jeune femme une autre image de ceux qu’on appelle les communeux. De quoi évoquer la haute figure de l’Admirable, autrement dit d’Eugène Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, de quoi le réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que l’amour n’a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval cède devant le train, que le cinéma s’annonce, et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d’histoires. Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère porte le souvenir, valait bien qu’on renoue avec certaines pratiques romanesques...


La fuite en Chine

Les Impressions Nouvelles - 2006

On peut douter que le metteur en scène monte jamais la pièce de Claudel, mais une chose est sûre, en homme de théâtre il la place au plus haut. Au point d’offrir en présent à la jeune femme à l’esprit un peu dérangé, abordée dans la rue, le rôle d’Ysé. Ce qui ne serait qu’une façon de se monter à deux une histoire, comme on se monte la tête, si le même metteur en scène, fantasque et brouillon, n’avait l’habitude de proposer ce même rôle aux femmes qu’il séduit. Entre autres à la comédienne qui plus encore que lui attend du théâtre qu’il lui permette de dire de beaux textes. Ce qui n’est pas le cas des productions télévisuelles médiocres auxquelles elle participe et qui l’ont fait un peu connaître. Mais cela elle l’accepte, pourvu qu’en contrepartie on lui accorde un jour d’incarner l’héroïne de Partage de Midi . Alors qui sera Ysé ?


L’invention de l’auteur

Gallimard - 2004

Un auteur, ça invente, c’est bien le moins. Par exemple, cette histoire sur un cédérom intitulé Le Vol de Nils, à travers laquelle une ex-petite fille d’extraterrestre rend hommage à son alpiniste de père, disparu en montagne, la privant ainsi de connaître la suite des aventures de Nils Holgersson qu’il lui lisait le soir et dont il avait l’habitude d’enregistrer un épisode avant de partir sur le toit du monde. Et puis un auteur ça s’invente, au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire qu’on ne demande pas à l’inventeur d’une grotte de la fabriquer de toutes pièces en creusant la roche, non, un inventeur trouve ce qui est. Alors, comment un auteur se trouve-t-il ? D’où lui vient cette étrange idée de se reconnaître auteur quand personne ne lui a rien demandé ? Personne, vraiment ? Hum, il semblerait qu’on ne s’invente pas tout seul. Alors comment ça s’est fait ? L’auteur mène son enquête, à sa manière, en lançant devant lui sa phrase dérivante qui ramène dans ses filets un tableau de Georges de La Tour, Bernadette Soubirous, des anciens et des modernes, Jeremiah Johnson, le chevalier Taylor qui aveugla définitivement le vieux Bach, et tiens, son père avec lequel il pensait en avoir fini.


Pierre Marie Brisson : les jeux séculaires

Somogy - 2003

Peintre de notoriété internationale, Pierre Marie Brisson puise son inspiration dans l’art rupestre et la fresque, dont il s’attache à reproduire les échos oniriques et poétiques. À travers sa technique si caractéristique, entre grattage et collage, son travail privilégie la matière et la couleur. Ses décors, qui tiennent à la fois du théâtre et du cirque, sont bravés par des funambules, des amants, des oiseaux, des alpinistes impliqués dans des rêves-poursuites d’une sensualité éphémère. Des pans de mémoire venus de tous les horizons nous convient à d’insolites voyages en Camargue, à Pompéi, au Maroc et au Japon.


Régional et drôle

Joca Seria - 2002

On retrouve dans ce texte l’immense talent de Jean Rouaud : l’écriture ample et précise, une poétique discrète, sans effets superflus, sans fausse nostalgie. Et la force d’une émotion vraie lorsqu’on retrouve des bribes d’un temps qu’on croyait perdu.


Les corps infinis

Actes Sud - 2001

Echappées d’un décor de fresques pompéiennes, douze saynètes érotiques.


La Belle au lézard dans un cadre doré

Albin Michel Jeunesse - 2001

Comme sa fiancée l’avait quitté, un écrivain amer n’inventait que des histoires qui se terminaient mal. Jusqu’au jour où...


La désincarnation

Gallimard - 2001

« À ce moment précis la littérature n’a tenu qu’à un fil. Deux amis conseillaient à un troisième qui venait de leur lire une longue mélopée dans laquelle il avait mis le meilleur de lui-même, de carrément laisser tomber. Pas grave, dirons-nous. La littérature s’en remettra. Oui, mais plus comme avant. La littérature pour survivre passe ici, à Croisset, près de Rouen, par un renoncement. Car le jeune Gustave, fils bon à rien du docteur Flaubert, jusque-là s’en faisait une autre idée. Pendant de longs mois il s’était donné dans sa Tentation de saint Antoine des "éperduments de style" qu’il ne retrouverait jamais. Pour l’opérer de son "cancer du lyrisme", Maxime Du Camp et Louis Bouilhet, les deux amis, lui prescrivent un traitement de cheval : écrire un roman "à la Balzac", "terre à terre". Ce sera, contraint et forcé, Madame Bovary. Pas commodes, les temps qui s’annoncent pour ceux-là qui privilégient la phrase et le chant. Désormais le réalisme impose sa loi d’airain, les visions sont renvoyées au désert et les morts priés de ne pas ressusciter. Comme si cette fission entre la terre et le ciel renvoyait à une autre guerre secrète, déclenchée il y a plusieurs siècles autour de cette question de la double nature. La rencontre de Croisset, ultime avatar du concile de Nicée ? » Jean Rouaud.


Sur la scène comme au ciel

Editions de Minuit - 1999

Une supposition, que, par-delà la mort, elle donne son avis sur ce livre qui lui a été consacré et en profite pour rétablir certaines vérités qui, selon elle, seraient bonnes à dire. Ce dont on est sûr, c’est qu’elle commencerait par dire ceci : Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Avant d’assener le coup de grâce : et puis, qu’est-ce qu’il en sait ? Il, étant le narrateur desdits romans sur sa famille, et par la même occasion son fils. Sur la scène comme au ciel clôt une suite romanesque qui commence par Les Champs d’honneur (sur la figure du grand-père), se poursuit par Des hommes illustres (sur la figure du père), Le Monde à peu près (sur le deuil du père), Pour vos cadeaux (sur la figure de la mère), l’ensemble composant une sorte de livre des origines.


Carnac ou le Prince des lignes

Seuil - 1999

"Il faudrait arriver sur le site de Carnac au coupe-coupe, après avoir dégagé un tunnel de verdure, comme les explorateurs tombèrent au coeur de la forêt du Yucatán sur Chichen Itza et les temples mayas. Les menhirs dégagés de leur gangue végétale nous apparaîtraient beaux comme un sou neuf, à deux doigts du secret de leur origine. Au lieu que là, alignés sur la lande rase en bordure de route, livrés sans ménagement au regard comme des momies sorties de leur sarcophage, appuyés pour certains contre le pignon d’une maison , ou plantés solitaires au milieu d’un jardin, les géants domestiqués, orphelins de sens, font peine à voir. Au premier contact, on se retient même de s’avouer un peu déçu."


Cadou, Loire intérieure

Joca Seria - 1999

Lorsque Jean Rouaud se plonge dans la poésie de René Guy Cadou c’est pour mieux tisser entre eux des liens fraternels. Le prosateur d’aujourd’hui entremêle son écriture avec les vers du poète trop tôt disparu. Il le suit, pas à pas, sur les chemins de cette Loire Intérieure dont on sait à quel point elle l’habite. Ainsi se construit une envoûtante introduction à l’œuvre de Cadou qui parvient à l’essentiel : susciter le désir de le lire ou de le relire.


Le Paleo Circus

Editions Flohic - 1998

Il y a là, à Lascaux, mettons, quelque chose qui ne tourne pas rond. Comment a-t-on pu laisser faire une chose pareille ? Or, nous sommes chez les magdaléniens, c’est-à-dire chez de fantastiques chasseurs, de vrais génies de l’armement. Et ce sont ceux-là, les gros bras qui se sont fait piéger comme des débutants . Ils auraient dû se méfier, songer aux conséquences, car enfin, après, c’en est fini de la force brutale. Non qu’on ait renoncé à son usage, mais elle paraît toujours un peu bête. Il n’y a plus que de pauvres lutteurs de cinéma pour gonfler les biceps. Depuis l’invention de ce bestiaire magique même les animaux, après avoir sagement posé sur les murs de pierre, se sont laissé domestiquer. Et il n’est pas un tyran massacreur qui ne se pique d’art et de beauté. Alors que s’est-il passé ? Qui a bien pu faire le coup ? Qu’est-ce que ce cirque ?


Pour vos cadeaux

Editions de Minuit - 1998

« Elle ne lira pas ces lignes, notre miraculée des bombardements de Nantes, la jeune veuve d’un lendemain de Noël, qui traversait trois livres sur ses petits talons, ne laissant dans son sillage qu’un parfum de dame en noir. Même si sa vie ne se réduisait pas à cette silhouette chagrine, comprenez, il m’était impossible d’écrire sous son regard. Cet air pincé par lequel se manifestait son mécontentement, j’avais dû l’affronter pour avoir ravivé, en dépit d’une prudence de Sioux, une rivalité amoureuse vieille de cinquante ans à propos d’un homme mort depuis trente. À présent qu’elle régnait dans son magasin et qu’éclatait son grand rire moqueur, je n’allais pas lui gâcher son triomphe tardif. » Jean Rouaud


Promenade à la Vilette

Somogy - 1997

Jean Rouaud nous guide dans une promenade insolite illustrée par les reportages de dix photographes contemporains. Ils nous offrent leur vision de la Cité des sciences et de l’industrie, du parc de la Villette, de la Cité de la musique..


Les très riches heures

Editions de Minuit - 1997

« Au départ, les routes de ces deux-là avaient peu de chance de se croiser. Mais le destin se chargeant de brouiller les donnes, ils en sont arrivés à ce point où l’on devine que ça n’allait pas fort pour eux. Ce fut leur point de rencontre. De ce point, ils ont décidé de cheminer côte à côte, d’animer leurs lignes de vie. La vie, parlons-en. Ce qu’ils font. Ils savent ce qu’ils peuvent en attendre, et ce qui n’arrivera pas. Alors ils font avec, ils font sans, s’appliquant à enrichir les heures de ce voyage à deux. » Jean Rouaud * Cette pièce a été créée au théâtre des Treize vents, à Montpellier, le 28 avril 1997, dans une mise en scène de Michèle Leca.


Le Monde à peu près

Editions de Minuit - 1996

« On nous avait laissé sur cette prophétie : vous récolterez ce qu’il a semé. Pour l’heure, le nez dans l’herbe, fauché au beau milieu d’un dribble glorieux, ce n’est pas vraiment ça. Ça quoi ? Le monde, disons. Depuis ce lendemain de Noël, sa définition a perdu en netteté. La preuve en est, lunette ou pas, on n’y voit plus clair. Et quand Gyf qui fait son cinéma ajoute à la confusion en mettant dans le même sac un boulon et une cantate de Bach, du coup on nage en plein à peu près. Heureusement, il y a la belle Théo. Encore que Théo. » Jean Rouaud


Des Hommes illustres

Editions de Minuit - 1993

Du père, on ne savait que peu de choses, sinon que sa mort, à quarante et un ans, un lendemain de Noël, avait entraîné, par une sorte de “ loi des séries ”, celles de la petite tante Marie et du grand-père maternel. Quel était donc cet homme qui avait ce pouvoir de faire le vide derrière lui ? Un homme illustre ? Comme il en existe des millions. De ceux qui se tuent à la tâche pour assurer un semblant de bien-être à leur famille et qui, rattrapés par un quotidien dévorant, ont enterré prématurément les aspirations de leur jeunesse. Tout comme ce “ grand jeune homme ”, orphelin, aux talents multiples, aimant le théâtre et la compagnie, qui n’eut que le tort d’avoir vingt ans au moment où l’Europe rejouait un “ remake ”, plus sanglant encore, du premier conflit mondial.


Les Champs d’honneur

Editions de Minuit - 1990

Ils sont morts à quelques semaines d’intervalle : d’abord le père, puis la vieille tante de celui-ci, enfin le grand-père maternel. Mais cette série funèbre semble n’avoir fait qu’un seul disparu : le narrateur, dont le vide occupe le centre du récit. C’est à la périphérie et à partir d’infimes indices (un dentier, quelques photos, une image pieuse) que se constitue peu à peu une histoire, qui finira par atteindre, par strates successives, l’horizon de l’Histoire majuscule avec sa Grande Guerre, berceau de tous les mystères. Les Champs d’honneur constitue le premier volet d’une suite romanesque qui se poursuit par Des hommes illustres (sur la figure du père), Le Monde à peu près (sur le deuil du père) et Pour vos cadeaux (portrait de la mère), et qui se clôt avec Sur la scène comme au ciel (la cérémonie des adieux), l’ensemble composant une sorte de livre des origines.

Remise du Prix Littérature-Monde

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Jamey BRADBURY, Lola GRUBER, Ananda Devi ANENDEN, Michel LE BRIS, Anna MOÏ, Atiq RAHIMI, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2019

Avec Jamey BRADBURY, Lola GRUBER et les membres du jury Ananda Devi ANENDEN, Michel LE BRIS, Anna MOÏ, Atiq RAHIMI, Jean ROUAUD

Animé par Maëtte CHANTREL


Traversées littéraires

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Jean-Paul KAUFFMANN, Lauren ELKIN, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2019

Avec [Jean-Paul KAUFFMANN, Jean ROUAUD
Animé par Maëtte CHANTREL, Pascal JOURDANA, Michel ABESCAT


L’historien et le romancier

Les grands débats à voir et à réécouter
Jean Rouaud, François Hartog, François Taillandier, Eliott Perlman - Saint-Malo 2013

Avec Jean Rouaud, François Hartog, François Taillandier, Eliott Perlman. Animé par Hubert Artus.


EN ECOUTE SEULE

Participants : Jean Rouaud, François Hartog, François Taillandier, Eliott Perlman, un débat animé par Hubert Artus.


L’avenir du roman

Les grands débats à voir et à réécouter
Saint-Malo 2013

Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE


Que peut la littérature ?

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Jean ROUAUD, Atiq RAHIMI, Julien MABIALA BISSILA, Boualem SANSAL, Valérie ZENATTI - Saint-Malo 2013

Participants : Jean ROUAUD, Atiq RAHIMI, Julien MABIALA BISSILA, Boualem SANSAL, Valérie ZENATTI


Albert Camus révolté, témoin gênant

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Jacques FERRANDEZ, Yahia BELASKRI, Boualem SANSAL, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2013

Participants : Jacques FERRANDEZ, Yahia BELASKRI, Boualem SANSAL, Jean ROUAUD


Les mots pour le dire

Les cafés littéraires en vidéo
Yanick LAHENS, Holly GODDARD-JONES, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2013

Participants : Yanick LAHENS, Holly GODDARD-JONES, Jean ROUAUD. Animé par Pascal JOURDANA


Ils rêvaient d’un autre monde

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Avec Michel Lebris, Jean Rouaud et Anne Vallaeys

Une vidéo réalisée par Cap7Média.


Fables

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Jean ROUAUD, Patrick CHAMOISEAU, Björn LARSSON, Bernard GIRAUDEAU - Saint-Malo 2009

Bienvenue au Café Littéraire

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Jacques SCHWARZ BART, Edouard GLISSANT, Amin MAALOUF, Alain MABANCKOU, Anna MOI, Erik ORSENNA, Jean ROUAUD, Michel LE BRIS et René COUANAU - Saint-Malo 2007

Fous d’Amérique

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Jean RASPAIL, Jean ROUAUD, Patrick DEVILLE, Patrick RAYNAL - Saint-Malo 2006

Ecritures croisées

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec Jean-Pierre ABRAHAM, Michel QUINT, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2001

Avec Jean-Pierre ABRAHAM, Michel QUINT, Jean ROUAUD

Pour saluer la revue Apulée

Soirée avec Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Yahia Belaskri, Jean Rouaud, Ananda Devi, Jeanne Benameur, Colette Fellous, Yvon le Men, Shu Cai, Adlène Meddi, Felwine Sarr, Jean-Luc Raharimanana, Georges-Olivier Chateaureynaud, Yoann Minkoff - Saint-Malo 2019

Avec Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Yahia Belaskri, Jean Rouaud, Ananda Devi, Jeanne Benameur, Colette Fellous, Yvon le Men, Shu Cai, Adlène Meddi, Felwine Sarr, Jean-Luc Raharimanana, Georges-Olivier Chateaureynaud, Yoann Minkoff


Grand entretien avec Jean Rouaud

Saint-Malo 2019

Avec Jean Rouaud
Animé par Pascale CLARK


Mohamed Mbougar Sarr et Einar Már Guðmundsson : rencontre autour des prix Littérature-Monde

Avec Mohamed Mbougar Sarr, Einar Már Guðmundsson, Ananda Devi, Anna Moï, Dany Laferrière, Michel Le Bris et Jean Rouaud. - Saint-Malo 2018

Rencontre avec les lauréats du prix Littérature-Monde 2018 Mohamed Mbougar Sarr et Einar Már Guðmundsson (traduit par Éric Boury). Avec les membres du jury Ananda Devi, Anna Moï, Dany Laferrière, Michel Le Bris et Jean Rouaud. Animé par Sophie Ékoué.


Ce que l’art des grottes nous dit

avec Jean Rouaud et Yvon Le Men - Saint-Malo 2018

Animé par Yvon Le Men
Avec Jean Rouaud et Yvon Le Men


Pour saluer la revue Apulée

Avec Yahia Belaskri, Juliette Thomas, Omar Youssef Souleimane, Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Jean Rouaud et Éric Sarner. - Saint-Malo 2018

Lectures et rencontres en musique à l’occasion de la parution du nouveau numéro de la revue Apulée — «   Guerre et paix  » — avec certains des auteurs ayant contribué au numéro. La revue, lancée par Hubert Haddad, entend parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.

Avec Juliette Thomas, Omar Youssef Souleimane, Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Jean Rouaud, Éric Sarner.
Animée par Yahia Belaskri.


Le sociologue et le romancier

avec Jean Rouaud, Jean Viard et Hubert Haddad - Saint-Malo 2018

Animé par Marie-Madeleine Rigopoulos.
avec Jean Rouaud, Jean Viard et Hubert Haddad


Homme-Animal

avec Alexis Gloaguen et Jean Rouaud - Saint-Malo 2018

Animé par Claudine Glot.
Avec Alexis Gloaguen et Jean Rouaud


Stances

Avec Jean Rouaud - Saint-Malo 2017

"Stances" parJean Rouaud


Les enjeux de la culture

Avec Christiane Taubira, Patrick Chamoiseau, Jean-Michel Le Boulanger ; Jean Rouaud - Saint-Malo 2017

La culture comme rempart contre la barbarie ? Pas si simple : toutes les cultures ne se valent pas. La preuve : il y eut une culture nazie, des artistes nazis, des philosophes nazis, dont un qui embarrasse bien le monde intellectuel. Non : le combat est à l’intérieur de la culture. Pour une certaine idée de l’être humain… Une rencontre en ouverture de la matinée « littérature-monde », entre Jean-Michel Le Boulanger, Christiane Taubira, Jean Rouaud et Patrick Chamoiseau.

Avec Christiane Taubira, Patrick Chamoiseau, Jean-Michel Le Boulanger, Jean Rouaud


"Stances" de Jean Rouaud

Avec Jean-Rouaud - Saint-Malo 2017

Avec Jean-Rouaud


De quel amour blessée

Avec Alain Borer et Jean Rouaud - Saint-Malo 2015


Avec Alain Borer et Jean Rouaud


Écoutez la chanson bien douce qui ne pleure que pour vous plaire…

Avec Yvon Le Men, Jean Rouaud, Emmanuel Delloye, Thierry Robin, Wilfried N’Sonde - Saint-Malo 2015


Avec Yvon Le Men, Jean Rouaud, Emmanuel Delloye, Thierry Robin, Wilfried N’Sonde


14-18, au-dessous de la mêlée

Saint-Malo 2014

Avec Jean Rouaud et Bruno Doucey.
Animé par Yvon Le Men.


Nouveau monde, nouvelles formes romanesques

Saint-Malo 2014

Avec Li Er, Bernardo Carvalho, Luiz Ruffato, Miquel de Palol et Jean Rouaud.
Animé par Yann Nicol.


De la musique avant toute chose

Avec Jean Rouaud, Éric Sarner, Julos Beaucarne et Alexis Gloaguen - Saint-Malo 2012

Une rencontre, entre littérature, poésie et musique autour de Jean Rouaud, Éric Sarner, Julos Beaucarne et Alexis Gloaguen, animée par Yvon le Men.


Pour saluer Ernest Pignon-Ernest

Saint-Malo 2011

Avec Ernest Pignon-Ernest et Jean Rouaud.


Pourquoi se raconte-t-on des histoires ? De la nécessité de fictionner le monde

Saint-Malo 2011

Il y a de l’indicible. C’est même pour cela qu’il y a littérature. Si tout était dicible, tout serait dit depuis longtemps, et nous n’en ferions pas tant d’histoires ! Mais des histoires, justement, nous en racontons depuis l’aube des temps... « Ce simple mystère : raconter des histoires » disait Henry James. Pourquoi, ce « besoin de fictions » ? « Indicible »... C’est peut-être vite dit. Si le « fictif » n’est pas le vrai, il n’est pas non plus le faux : peut-être faudrait-il enfin admettre qu’il dit quelque chose qui ne peut pas être dit autrement. Et en tirer toutes les conséquences : qu’il y a un autre ordre de connaissance que celle rationnelle, discursive — une connaissance relevant de l’imaginaire. Par laquelle nous pouvons lier connaissance avec l’autre. Et habiter le monde...

Avec Jean ROUAUD, Michel LE BRIS, Kossi EFOUI , Hubert HADDAD, Sylvie LAURENT, animé par Hubert Artus.


C’est quoi la France ?

Saint-Malo 2011

Au « manifeste pour une littérature-monde en français » appelant à rompre avec la séparation entre la supposée « vraie » littérature française et les littératures dites francophones, pour penser un vaste ensemble des littératures de langue française perçues sur un pied d’égalité, certains ont pu réagir comme s’ils se trouvaient dans une forteresse désormais assiégée — sans voir que cette France « pure » relevait du phantasme, que cet « extérieur » inquiétant, qu’ils tentaient de contenir dans les marges, était depuis longtemps à « l’intérieur », que la France était pluriethnique et multiculturelle. Après Je est un autre publié l’année dernière chez Gallimard, le dernier numéro de la NRF (Un tour de la France) vient utilement nous le montrer, au sommaire duquel nous retrouvons bien des signatures amies. Alors, c’est quoi, la France ?

Avec Jean ROUAUD, M. Kebir AMMI, Maylis DE KERANGAL, Souleymane Bachir DIAGNE , Abdelwahab MEDDEB. Un débat animé par Transfuge.


Edouard Glissant, poésie et politique

Saint-Malo 2011

Avec Jean ROUAUD, Michel LE BRIS, Patrick CHAMOISEAU, HADDAD Hubert


Je est un autre

Je est un autre

Saint-Malo 2010

Comment l’écrivain se doit d’intervenir dans le champ politique autour du débat sur l’identité nationale, avec Jean Rouaud, Michel Le Bris, Abdourahman Waberi et Farid Abdelouahab. Ne sommes-nous pas ancré avant tout dans des "familles" poétiques et imaginaires, aussi vastes que le vaste monde ?

Je est un autre
Avec Michel Le Bris, Jean Rouaud, Abdourahman Waberi, Farid Abdelouahab.

Littérature-monde Acte III

Saint-Malo 2009
Samedi : 17h30 - Littérature-monde acte III
Michel Le Bris, Anna Moï, Alain Mabanckou, Dominic Thomas, Bill Cloonan, Charles Forsdick, Abdourahman Waberi, Jean Rouaud. Animé par Philippe Thureau-Dangin

La langue française : langue-nation, langue-monde ou langue morte ?

Saint-Malo 2009
Samedi : 14h30 - La langue française : langue-nation, langue-monde ou langue morte ?
Jean Rouaud, Dai Sijie, Claude Hagège, Claude Duneton, Jean-Michel Djian. Animé par Philippe Delaroche

Adieu aux avants-gardes

Saint-Malo 2008
14h15 : Adieu aux avants-gardes
André VELTER, Jean ROUAUD, Tahar BEN JELLOUN, Alain MABANCKOU

Entre prose et poème

Saint-Malo 2008