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BROUSTE Judith

Le cercle des tempêtes (Flammarion, 2015)

©Catherine-Hélie Gallimard

En guerre contre son temps, contre les fantômes de son histoire familiale, ses vies amoureuses et sexuelles, contre la maladie, la romancière Judith Brouste née en 1948, entretient un rapport conflictuel avec le monde. Ses personnages évoluent dans un cadre et des temps qui ne correspondent pas à leurs attentes donnant l’impression qu’aucune époque ne conviendrait à ces êtres avides de libertés et d’anarchies. Loin de réconforter le genre humain sur leur soit-disant progression et avancé vers la paix universelle, elle hurle son horrible constat : l’Homme ne connaît ni évolution, ni déchéance, il est toujours en guerre et dévastateur.

En 1966, Judith Brouste ne réussissant pas dans ses études, quitte Bordeaux, sa ville natale pour Paris. Pendant une courte période, elle fréquente l’Université de Vincennes, seule faculté acceptant des étudiants sans le Bac. Cette période, qu’elle qualifie de bohème, lui paraît comme un appel à la vie, "le temps est discontinu, je dors peu, partage mon temps à écouter de la musique, à faire l’amour, à observer les choses". Elle y fait des rencontres "extraordinaires" notamment avec le célèbre psychanaliste Jacques Lacan. Après les évènements de 68, la psychanalyse semblait être la réponse à tous les maux et paraissait être la science qui amènerait les réponses spirituelles et politiques. En 1979, après quatre ans de psychanalyse avec Jacques Lacan Lacan, Judith Brouste publie son premier livre Le Rire fou des chimères : chroniques amoureuses des années 70.

En 1982, elle rejoint la rédaction du magazine Art presse et crée en 1998, avec Philippe Thureau-Dangin, journaliste et éditeur, une maison d’édition Exils.
Elle s’intéresse à la vague théâtrale du Living, qui développe une esthétique du cri et exhorte le public à participer. Ce mouvement artistique, marqué par des idées anarcho-pacifistes, fascinent justement cette romancière du désordre. La Clandestine, l’État d’alerte ainsi que Jours de guerre lauréat du Prix Verdaguer de l’Académie française en 2004 et premier volet d’une trilogie constituée par Après Shanghai et Ruines de Vienne, sont autant de titres qui montrent son appartenance à cette idéologie. D’ailleurs, son dernier roman Le cercle des tempêtes s’ouvre sur une scène de théâtre du Living Frankestein, paradise now qu’ elle assista en 1967 à Bordeaux, Ainsi c’est Frankestein qui m’apprit à mourir et à renaître.

Judith Brouste s’intéresse à la figure des Shelley, dont l’une fut l’auteur de la plus célèbre et monstrueuse des histoires Frankeinstein.
Encadrée par quelques pages d’autofiction, la biographie que consacre Judith Brouste aux deux Shelley, Percy et Mary, vient allonger une liste plutôt brève d’ouvrages en français sur ces deux personnages. Percy, c’est le poète anti-bourgeois ; Mary, sa femme, est l’auteur de « Frankenstein ». L’auteure reprend le thème du corps, de la peur, dans un contexte historique précis et détaillé, en s’appuyant sur les journaux et la correspondance. Son livre, froid dans l’enchaînement des événements, sans aucun détour par la « psychologie », enchante les corps et la révolte malgrè les trahisons, interrompu parfois par des extraits de poèmes, de journaux intimes. Leur vie est un roman, mais c’est justement ce qu’elle ne veut pas écrire.


Bibliographie

Romans

  • Le cercle des tempêtes (Flammarion, 2015)
  • Ruines de Viennes ( Flammarion, 2010)
  • Après shangaï ( Gallimard, 2006)
  • Jours de guerres (Gallimard, 2004)
  • Le Vrai mobile de l’amour (Seuil, 1996)
  • L’Etat d’alerte (Seuil, 1994)
  • La Clandestine (Quai Voltaire, 1992)
  • Le Rire fou des chimères (Les formes des secret,1979)

Essai

  • L’appel du Sahara avec Pierre Brullé (Place des victoires, 2011)

Poèmes

  • Odna, la nuit , (Christiane Malval, 2011)
Le cerle des tempêtes

Le cerle des tempêtes

Gallimard - 2014

Comment et pourquoi, en 1816, Mary Shelley, une jeune femme de dix-neuf ans, écrit-elle l’histoire la plus horrible de tous les temps ? À la suite de sa propre blessure, Judith Brouste découvre Frankenstein et la vie du poète anglais Shelley (1792-1822), son engagement poétique et révolutionnaire. Le cercle des tempêtes dévoile cette réalité cachée de la création, celle de la double écriture de Mary et Percy Shelley, liée aux événements de leur vie, de leur errance, de leur folie. Roman vrai, inspiration d’une autobiographie. Judith Brouste reprend le thème du corps, de la peur, dans un contexte historique précis et détaillé, en s’appuyant sur les journaux et la correspondance.


Revue de presse


Vidéo

Judith Brouste vous présente son ouvrage :

Lien

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Ruines de Vienne

Flammarion - 2010

« J’ai huit ans, l’été 1956, lorsqu’elle a voulu revenir au Sacher. Vienne n’est plus occupée par les Allemands ni par les armées victorieuses. Plus de chars au pied de la Grande Roue ni de marché noir. Plus de soldats russes ni de police internationale. Les décombres ont été déblayés depuis longtemps devant le café Mozart. Maria cherche les lieux dont elle a conservé les noms, le Dianabad, Marienbrücke, le quartier de Josefstadt derrière l’université, où elle donnait ses rendez-vous. Elle m’entraîne par la main à Margaretenstrasse, comme par inadvertance, lunettes noires, chevelure platine, gourmette en or à breloques, jupe droite sur ses fines jambes. Sa jeunesse. »


Après Shanghai

Après Shanghai

Gallimard - 2006

« À la fin du jour, je devenais l’otage d’une autre vie commencée au bar du Black Cat, où des filles aux cheveux laqués d’huile d’orchidée, avides de fortune, offraient leur cœur sur la glace pilée des drinks. Lumières de Shanghai, aventure espagnole, désastre d’un amour, féeries d’un monde mort. Décombres splendides sur lesquels il avait bâti une famille. Doucement, j’allais piller, piétiner les images de ses merveilles. »


Jours de guerre

Jours de guerre

Gallimard - 2004

« Tous des porcs. Tous des salauds. Ils sont là, ils m’attendent. Dès que je sors, ils me cernent, me frôlent, m’empêchent de penser, de vivre. Ils sont là, collés contre moi, comme des tiques dont je n’arrive pas à me débarrasser. C’est dégoûtant, immonde. Me poursuivre, ne jamais me laisser de répit, me voler ma pensée, prendre possession ainsi de moi. Partout ils me voient, me suivent, me fixent. Leurs regards sont des monstres vides collés sur moi, des sangsues dont il faut me défaire une à une. C’est infect. Cela m’épuise, on n’a jamais fait ça à personne. »


L’Etat d’alerte

Seuil - 1994

Une femme blessée au sein. La vie ne va plus de soi. Alors ses jours sont occupés à ne pas mourir. Il faut tenir, souffrir, résister. Vivre l’enfer pour son bien.

Puis l’épreuve est passée. « Rien n’est grave, sauf la mort », lui a dit le patron de chimio. Qui est-il, ce sauveur de vies, sous son masque ironique ? Elle va oser le savoir. Et, avec lui, redécouvrir que, sans amour, il n’y a que de petites attaches.

Ailleurs est le village de celui qu’elle attend. Pour affronter le vrai péril. N’avoir plus rien ni personne à posséder. Mais quelqu’un à aimer.