Les Étonnants Voyageurs sont de retour à Haïti !

Haïti meurtrie mais debout. L'île accueille une nouvelle édition du Festival international du livre et du film, du 1er au 3 décembre.

Par

Port-au-Prince accueille le festival Étonnants Voyageurs du 1er au 3 décembre.
Port-au-Prince accueille le festival Étonnants Voyageurs du 1er au 3 décembre. © Melani Le Bris

Temps de lecture : 4 min

Un festival de théâtre qui bat son plein depuis le 21 novembre. Un festival de littérature trois jours durant (du 1er au 3 décembre). Une nuit blanche festive pour couronner le tout. Voici l'actualité culturelle de Port-au-Prince, capitale d'Haïti. Étonnant, non ? Les Étonnants Voyageurs (Le Festival international du livre et du film de Saint-Malo) sont arrivés de partout pour aller dès ce jeudi 1er décembre à la rencontre des écrivains haïtiens : une cinquantaine d'auteurs qui se rendent dans les écoles, les lycées, investissent les lieux de la ville (et d'autres, en province aussi) pour échanger durant trois jours autour de « la construction de soi », le thème de cette quatrième édition haïtienne.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Ah ça, chaque Haïtien peut en parler en connaissance de cause ! Si tu ne construis pas toi-même, l'État ne t'y aidera pas, pourrait résumer la condition d'un peuple qui, le premier, s'est révolté pour son indépendance (1804). La résistance du créateur face au chaos ? Demandez donc la recette au poète Frankétienne ! Stupéfiante endurance à se reconstruire, voilà « la leçon haïtienne », dit Dany Laferrière. « La culture ne saurait remplacer l'agriculture, mais elle nous aide à ne pas trop s'apitoyer sur nous-mêmes, explique l'académicien français du Québec, qui est de retour dans son pays natal pour le festival qu'il codirige avec Michel Le Bris et Lyonel Trouillot. Ce dernier, depuis Port-au-Prince, travaille de pied ferme depuis des mois à la mise en place de l'événement, entre ouragan et élections. « Cet échange entre écrivains et lecteurs, écrivains en devenir et citoyens de Haïti et du monde est essentiel, car il est toujours urgent de discuter de la condition humaine. Ici comme ailleurs. Aux heures les plus dures. »

Et l'on sait comme elles le sont, dures. Mais sait-on à quel point Haïti tient « debout », comme disait encore Laferrière, par la culture ? Ateliers d'écriture du jeudi autour de Lyonel Trouillot, le rendez-vous hebdomadaire des Vendredis littéraires, association pour la lecture sous la houlette du militant poète et professeur Marc Exavier, rencontres dans les bars de la ville, comme au Yanvalou devenu épicentre de la vie culturelle : le poète James Noël y a dédicacé son dernier recueil de poèmes La Migration des murs (éd. Galaade).

Contexte bouillonnant

Au moment même où le festival malouin y entame son riche programme, le Festival de théâtre 4 chemins, dirigé par le dramaturge Guy Régis Jr, présente sur diverses scènes aussi bien Médée de Laurent Gaudé qu'un Mohammed Ali par le Congolais Dieudonné Niangouna. La ville vibre aussi avec des « apéros-débats » autour des relations entre Haïtiens et Dominicains. C'est dans ce contexte bouillonnant que s'installe le festival Étonnants Voyageurs, désormais familier des lieux. Surtout depuis l'édition 2010 qui n'eut pas lieu : le 12 janvier 2010, veille de l'ouverture, l'île fut dévastée par un terrible tremblement de terre.

Durant trois jours, jusqu'à samedi, le Bosniaque Velibor Colic, le Turc Hakan Günday, la voyageuse belge Lieve Joris (qui devait partir pour l'édition 2010), le Congolais de Belgique In Koli Jean Bofane, la Mauricienne Ananda Devi, ou encore Paule Constant, Prix Goncourt en 1998, et Jean Rouaud, pour ne citer qu'eux, vont échanger avec des écrivains haïtiens : les poètes Dominique Batraville, Inema Jeudi, Coutechève Lavoie Aupont, Bonel Auguste. Certains ont déjà pignon dans les librairies françaises, comme les romanciers Gary Victor et Evains Wêche, venu de Jérémie, sa ville du Sud dévastée par l'ouragan Matthew début octobre. Citons également Louis-Philippe Dalembert et Makenzy Orcel de retour au pays pour l'occasion. Ils rendront hommage aux grandes figures de la riche histoire littéraire haïtienne, de Marie Vieux Chauvet au poète René Philoctète. La réalité haïtienne est aussi au cœur des débats : dans une rencontre sur la reconstruction, poètes et bâtisseurs réuniront leurs forces.


Nuit blanche

Pascale Monnin sera à la Tour 2004 à Port-au-Prince. © Josue Azor

Pour conclure en beauté, la ville se réinvente by night avec une nouvelle nuit blanche. Les écrivains seront reçus par l'écrivaine et directrice de la Bibliothèque nationale d'Haïti, Emmelie Prophète, et partout, les artistes s'empareront des lieux. Les vidéastes ont carte blanche dans la nuit noire. L'occasion de redonner vie au célèbre Centre d'art qui vit passer des Breton, Wifredo Lam, et qui a été détruit par le séisme.

Nuit blanche à Port-au-Prince. © Mackenson St Felix

Quand la fièvre du samedi soir sera retombée, Port-au-Prince n'attendra pas longtemps pour endosser de nouveau des habits de culture : Gary Victor est l'invité de la Foire internationale du livre d'Haïti qui se tient quasiment dans la foulée du 9 au 11 décembre ! Et si, abasourdis par tant d'énergie, vous souhaitez en ressentir quelques vibrations, rendez-vous ce même week-end au Salon du livre haïtien de Paris avec les romancières Yanick Lahens (prix Femina 2014) et Kettly Mars, et plus tard encore à la Maison de la poésie, autour de la revue haïtienne du monde entier Intranqu'Illîtés le 16 décembre.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaire (1)

  • Tj85710

    On dit "en" Haïti, et "à" la Guadeloupe... Eh oui !