Un monde presque comme le notre

Ecrit par LEONHARDT Flore (4 eme, Collège Saut du Lièvre de Strasbourg)

Un monde presque comme le notre

Elle esquissa un pas à reculons, puis fit une brusque volte-face et s’éloigna en s’efforçant de ne pas courir.

Elle disparut s’enfermer dans sa chambre, effrayée par le monstre qu’elle venait d’apercevoir. D’habitude, Lola n’avait peur de rien. C’était une jeune fille rebelle. Elle avait les cheveux longs, raides, de couleur noire et aux pointes violettes. Elle portait souvent des jeans destroys, des t-shirt ACDC ou Iron Maiden et des chemises à carreaux rouges ou violets. Malgré son attitude et ses vêtements, elle était la meilleure de sa classe.

  • Mais qu’est-ce-que c’était que ce monstre ! s’écria Lola. Moi qui n’ai jamais peur de rien, il m’a foutu une de ces trouilles !
  • Tu parles de moi ? demanda une voix rauque.
    Lola se retourna et ce qu’elle vit était monstrueux. Il la regardait depuis la fenêtre de sa chambre. Et l’appellation monstre était correcte car il s’agissait d’une sorte de mélange entre un ogre et un troll. Il faisait quatre mètres de haut, avait la peau verte, trois cheveux noirs sur la tête. Ses canines étaient longues de presque un mètre, jaunes et pointues, sa tête était ronde et joufflue. Il portait une sorte de jupe déchirée marron et des bottes en toile. Il était plutôt ridicule en fait.
    Le seul point qui était terrifiant c’était qu’il avait la peau sur les os.
  • Je n’aime pas qu’on me traite de monstre ! Les autres le font déjà assez ! Pleurnicha l’animal.
  • Les… autres ?!?! S’étrangla Lola.
  • Oui ! Tu pensais que j’étais le seul ? demanda-t-il.
  • Oui, un peu… Et sinon comment t’appelles-tu ? demanda Lola d’une voix tremblante.
  • Je m’appelle Oracion ! Et toi ? demanda Oracion.
  • Lola. Et pourquoi es-tu ici ? répondit-elle toujours apeurée.
  • Je m’ennuyais et j’en avais assez d’entendre des méchancetés ! s’exclama-t-il.
  • Et que te dit-on ? Questionna-t-elle, énervée.
  • S’il te plaît, ne te mets pas en colère, je ne veux pas être méchant ! Oracion recula d’un pas.
  • Je ne suis pas énervée contre toi ! C’est juste que je déteste les gens qui s’en prennent aux autres. Quand j’étais au CP on se moquait de moi à cause de mon look, alors j’ai pris des cours de karaté et depuis plus personne ne me cherche, répondit-elle assez fière.
  • Apprends-moi ! S’exclama-t-il.
  • T’apprendre quoi ? demanda-t-elle.
  • Le katamé ! s’exclama Oracion.
  • On dit kaRaTé ! Et non je ne peux pas te l’apprendre ! Je ne suis pas prof, répondit-elle agacée.
    Après cette longue discussion, Lola réalisa qu’elle n’avait plus peur d’Oracion mais qu’elle était extrêmement énervée contre ceux qui se moquaient de lui. Lola avait un grand sens de la justice, elle n’aimait guère être accusée à tort ou que les autres le soient. Un jour, elle avait même pris la défense de la fille qu’elle détestait le plus. Sa professeure d’histoire avait presque organisé un tribunal dans la salle de classe. Depuis ce jour, dès que quelqu’un avait un problème on demandait à Lola de le résoudre. Elle resta pensive un long moment, elle avait le choix : aider Oracion et devoir pénétrer dans un monde totalement inconnu ou finir sa vie avec sur la conscience l’idée de ne pas avoir aidé une personne en difficulté. Le choix pour elle était assez dur, elle se répétait : ’’Les monstres, la méchanceté, la culpabilité…’’
    Elle prit la décision d’aider Oracion mais elle voulait emmener un bâton ou quelque chose pour se défendre.
  • Je veux venir avec toi pour t’aider avec ton problème de moquerie, mais je veux pouvoir emmener une arme, énonça-t-elle après un long moment de réflexion.
  • Si tu veux une arme, tu n’as qu’à l’invoquer comme tout le monde, répondit Oracion.
  • Je dois te rappeler un petit détail important que tu as oublié… On ne vient pas du même monde, je ne sais pas invoquer d’arme, moi ! rétorqua-t-elle irritée.
  • Oh ! Je vois ! Et bien je vais t’apprendre. En fait, c’est très simple, tu imagines une arme et une partie de ton aura va se matérialiser et prendre la forme de l’arme que tu as imaginée, mais il est possible que tu n’obtiennes pas l’arme imaginée, répondit-il, comme si c’était normal.
  • Pourquoi ? demanda-t-elle, curieuse.
  • L’arme doit être compatible avec la personne. Si tu es douée au maniement de l’épée, tes chances d’avoir un arc sont faibles, dit-il.
  • Très bien, alors je crois que je vais prendre un arc si j’y arrive, répondit Lola, pas très sûre d’elle quand même.
    Elle ferma les yeux et s’imagina un arc assez simple, une branche de bois pliée avec une corde, puis elle sentit quelque chose d’inexplicable, une sorte de puissance supplémentaire qui quittait son corps. Quand elle rouvrit les yeux, elle avait devant elle un arc en bois de bouleau, les deux extrémités étaient bleues avec une partie en métal qui retenait le fil de l’arc qui était extrêmement fin. La poignée de l’arc était en métal de couleur argentée, avec un bandage rouge pour montrer l’endroit où il fallait poser la flèche et viser. Le métal était décoré avec des gravures qui représentaient des feuilles emportées par le vent. Dès que Lola prit l’arc en main, sa vision avait changé pendant un court instant, tout était noir et les contours des meubles et des murs étaient bleus, puis, tout redevint normal. Oracion applaudit Lola d’avoir réussi l’invocation puis il lui fit signe de sortir.
    Une fois dehors, Oracion expliqua à Lola que l’entrée de son monde se trouvait dans une grotte sur le mont Syrof. Oracion s’exclama :
  • Ah ! Oui j’ai oublié de te dire, les armes ne tuent pas, quand tu toucheras un ennemi avec tes flèches, elles déposeront des particules de couleur sur ton adversaire. Au sein de mon peuple, nous aimons combattre mais nous ne voulons tuer personne, mais quand il s’agit d’un humain…
  • Il se passe quoi quand il s’agit d’un humain ? demanda Lola.
  • Tu seras leur repas ! Si tu pouvais aussi te trouver un autre nom,
    ce serait mieux, répondit-il.
  • Un autre nom ? Pourquoi ?
  • Sinon ils vont essayer de te retrouver. On peut sortir ou rentrer dans mon monde comme on veut, il n’y a pas de porte à franchir.
  • Ok… Que penses-tu de Rio comme autre prénom ?
  • Rio, c’est plutôt bizarre, mais ça sonne bien, allez, va pour Rio ! dit-il un sourire aux lèvres.
    Puis ils se mirent en route pour le mont Syrof. Lola n’était pas très inquiète à propos des combats, mais elle se questionnait sur sa vue. Pourquoi avait-elle changé quand elle avait pris l’arc ? Elle voulait demander à Oracion, mais ils arrivèrent devant l’entrée de la grotte. Oracion fit apparaître son arme à lui. Il s’agissait d’une massue en bois avec quelques bandages blancs. Lola demanda :
  • Pourquoi fais-tu apparaître ton arme ?
  • Je te l’ai dit, nous aimons nous battre entre nous… Je te conseille de faire attention à partir de maintenant, ils te demanderont ton prénom puis te demanderont un combat, il faut que tu gagnes chaque combat si tu ne veux pas te faire manger, répondit-il.
  • Compris ! Alors essaye de m’amener le plus vite possible aux gens qui t’embêtent, que je les remette à leur place ! dit-elle, déterminée.
    Ils entrèrent dans la grotte. Lola n’était pas particulièrement inquiète, mais quand elle regardait Oracion, lui, était nerveux. Lola voulait le rassurer, mais sa vue changea de nouveau, cette fois-ci, plus longtemps. Elle avait l’impression de pouvoir se déplacer sans bouger de l’endroit où elle se trouvait. Puis sa vue redevint normale et elle demanda à Oracion :
  • Oracion ! Depuis que j’ai pris l’arme en main ma vue change, c’est normal ?
  • Elle change ? Tu deviens aveugle ? demanda-t-il l’air surpris.
  • Non, je ne deviens pas aveugle, le décor devient noir et les contours bleus et pour la couleur des humains, c’est le contraire, ils sont bleus aux contours noirs. Et puis je peux me déplacer sans bouger, répondit-elle.
  • Je ne sais pas ce que c’est… Il faudra demander au chef du village, je suis sûr qu’il aura une solution ! répondit-il confiant.
    Arrivée dans le village d’Oracion, Lola se fit dévisager par les monstres autour d’elle. Ils ressemblaient à Oracion, mais eux ils n’étaient pas minces à faire peur, au contraire, ils étaient énormes ! Lola n’avait pas eu à faire de combat, et elle se dit que c’était tant mieux. Oracion la conduisit vers un groupe de monstres. Elle ne put s’empêcher de rire car ils se comportaient comme des jeunes qui essayaient de faire les racailles mais qui n’y arrivaient pas.
  • Salut Darius… dit Oracion. Je suis là pour te dire d’arrêter de m’embêter…
  • Tu n’es pas très convaincant, murmura Lola.
  • Arrêter de t’embêter ? Comme c’est mignon, mais désolé pour toi, c’est juste trop marrant ! ricana Darius méchamment.
  • Oh ! On t’a déjà appris la politesse, crétin ? s’écria Lola.
  • Ah… Mais je vois que tu as apporté de l’aide ! Tu crois vraiment qu’une humaine va faire le poids contre nous ? Tu n’es pas très courtois…. AIE !!! s’écria Darius.
  • Alors, comme ça je ne fais pas le poids ? répondit Lola qui venait de lui décocher une flèche dans l’œil gauche.
  • Les flèches ne blessent pas, je sais, mais tu auras des particules dans l’œil jusqu’à ce que nous finissions notre combat ! dit-elle, sûre d’elle.
  • Très bien, l’humaine, tu vas finir en charpie ! s’écria Darius.
    Oracion s’était tu, il n’osait plus bouger, quant à Lola elle commença à s’étirer pour se préparer à combattre.
  • Avant chaque combat, on doit se serrer la main et dire notre prénom, commença Darius.
  • Pas de souci ! répondit Lola en serrant la main de Darius.
  • Je m’appelle Darius, dit-il.
  • Je m’appelle Rio, répondit-elle.
    Ils se séparèrent et se positionnèrent pour le combat. Un rectangle était tracé sur le sol, chacun se plaça d’un côté et le combat commença. Lola ne bougea pas, elle commença par tirer une flèche dans le ventre du monstre, pour elle, le plus important était qu’il ne devait pas invoquer son arme. Pas d’arme donc pas moyen de se défendre. Elle en tira trois dans l’estomac et quatre sur chaque bras, mais il réussit quand même à invoquer son arme. Il possédait une épée, rien d’extraordinaire, mais Lola crut halluciner quand elle le vit avoir un maniement parfait. Elle commença à se dire que l’affronter n’allait pas être facile. Elle ferma les yeux et sa vue changea de nouveau mais cette fois, c’était encore différent, elle vit les mouvements futurs de son adversaire. Quand Darius commença son attaque, elle l’évita comme si c’était normal, sauf que sa vitesse, son endurance, sa force, sa détente tout avait augmenté. Elle réussit à décocher une flèche à l’arrière du crâne du monstre. Imaginez sa frayeur lorsqu’elle sauta par-dessus lui de cinq mètres de haut avant de retomber sur ses pieds. Elle comprit qu’elle pouvait gagner ce combat car elle était plus rapide que lui, mais elle n’avait pas prévu le coup d’épée qui lui arriva droit sur la tête.
    Lola se réveilla sur la table de sa cuisine, pas d’arme, pas de blessure, et pas d’Oracion. Alors… tout ce qui s’était passé n’était qu’un rêve ? Lola se sentit un peu triste mais elle termina son après-midi comme d’habitude. Elle prépara la table pour le souper avec ses parents, elle prit une douche, soupa et se coucha. Le lendemain elle se prépara pour aller à l’école, mais elle remarqua que son réveil n’avait pas sonné et elle était en retard. Elle se mit à courir. Sa course était aussi rapide que lorsqu’elle avait combattu Darius, mais elle ne s’en préoccupa pas, elle s’habilla au quart de tour, et engloutit son petit déjeuner, puis profitant de sa vitesse extrême elle courut jusqu’à son école. Elle arriva et fut soulagée de voir que les élèves étaient toujours dans la cour ainsi que sa classe, le seul point négatif était que la grille était fermée. Sans se poser de question, elle sauta par- dessus la grille, puis courut jusqu’à sa classe. Une fois dans le rang, Lola réalisa qu’elle venait de sauter deux mètres de haut et une de ses camarades de classe lui demanda :
  • Comment as-tu fait pour rentrer ? Le portail était fermé ?
  • J’ai sauté… répondit Lola bouche bée.
  • Tu as sauté ? Par-dessus le portail ? Allons, je sais que tu es plutôt forte en sport mais c’est impossible, répondit sa camarade qui ne pouvait s’empêcher de rire.
  • Non c’est la vérité, j’ai sauté par-dessus…
    Lola répondit comme si elle se trouvait dans un autre monde. Sa camarade se tut. Pendant les cours, elle ferma les yeux et sa vue bizarre revint. Elle pouvait se déplacer les yeux fermés, elle savait où elle allait. Son rêve était-il la réalité ou bien imaginaire ? Pendant la récréation un garçon qui haïssait Lola vint se mettre devant elle et commença :
  • Salut la punk !
  • Que me vaut ce plaisir, mon cher Marius ? Lola s’arrêta.
  • Quoi ? T’as perdu ta répartie ? Si c’est le cas, je crois que je vais bien m’amuser aujourd’hui, répondit-il, confiant.
  • Non, ce n’est pas ça, tu m’as rappelé quelque chose d’assez immonde… répondit-elle.
  • Tu sais ce qui va se passer ce soir à dix-huit heures ? demanda-t-il.
  • Il y a Karaté et tu vas encore essayer de me battre car je suis le seul rempart qui t’empêche de t’en prendre à Octave, répondit-elle.
    Marius partit dégoûté, Lola, elle, de son côté, se souvenait de comment elle avait protégé Octave de Marius. Marius se moquait continuellement de lui et lui disait qu’il était nul et pleurnichard. Cette histoire lui rappela celle d’Oracion et de Darius. La fin de la journée se déroula normalement, elle rentra chez elle et prit son sac de karaté puis en passant devant un miroir elle remarqua qu’elle portait un ras-du-cou avec une pierre. Le ras-du-cou était en velours noir au pendentif serti d’une pierre jaune ovale. Il y avait comme motif à l’intérieur de cette pierre un brin d’ADN, les côtés de l’hélice étaient bleus et les petites barres rouges. Lola ne se souvenait pas d’avoir eu un jour en sa possession un bijou de la sorte, mais elle le laissa à son cou. Etait-ce un souvenir ? Elle pensa qu’il avait un rapport avec son rêve étrange.
    Pendant son cours de karaté, sa vitesse et sa force étaient augmentés. Comme dans son rêve, elle remporta tous ses combats, puis elle se dit que dans son rêve il fallait se battre, comme ici, à ses cours de karaté durant lesquels le professeur avait l’habitude de faire combattre les élèves quand il y avait un petit différent entre eux. A la fin du cours, son professeur fit signe à Lola de rester. Ils attendirent que tout le monde soit parti.
  • Alors ? Comment as-tu trouvé les monstres ? Tu n’as pas eu peur ?
  • Attendez ! Comment savez-vous ?… S’écria Lola.
  • Calme-toi, je suppose que quelqu’un qui est courant d’une chose aussi absurde, ça fait bizarre, non ? demanda-t-il.
  • Je veux dire… Non ça allait. Mais j’ai eu peur d’Oracion. Ils sont réellement vrais ? répondit-elle choquée et inquiète.
  • Bien sûr ! De temps en temps, ils viennent chercher des humains pour voir s’ils sont forts ou faibles puis ils leur laissent le droit d’invoquer une arme. Mais pour toi, c’était encore autre chose. Tous les cent ans un humain naît avec le pouvoir de l’aura. Ce qui veut dire qu’un jour tu aurais pu débloquer tes pouvoirs seule, mais je pense qu’Oracion voulait t’aider. Lola, tu passes ton temps à aider les autres mais tu ne penses pas à toi-même, expliqua-t-il.
  • Je vois… Et la pierre autour de mon cou ? demanda-t-elle.
  • Pour contrôler ton pouvoir, pour l’instant si tu ne la portes pas, tu te feras dévorer par ton aura. Mais je dois t’avouer que je n’avais jamais vu ce que tes yeux sont capables de faire… et ta force, ta vitesse et tout le reste, c’est incroyable. On aurait dit le premier gardien de l’aura, dit-il stupéfait.
  • Et que dois-je faire ? Empêcher les monstres d’attirer trop d’humains ou un truc dans le genre ? demanda-t-elle.
  • Exactement. répondit-il.
    Lola rentra chez elle, puis sa lourde tâche de gardienne commença. Cependant, elle décida de changer les règles, les monstres viendraient à la surface terrestre autant qu’ils le souhaiteraient, ainsi, aussi bien les humains que les monstres pourraient vivre dans la paix et la tranquillité.
  • Fin de l’histoire ! Maintenant il est temps d’aller au lit, ma chérie… dit Cornélia.
  • Maman, je sais que les humains et les monstres vivent en paix, mais nous, qui nous a appris la magie ? demanda la petite fille.
  • C’est Lola. Et si toi tu t’appelles Rio, c’est pour rendre hommage à ton arrière-grand-mère. Maintenant, au lit. Bonne nuit, ma chérie, répondit Cornélia.
  • Bonne nuit, maman … répondit Rio avant de s’endormir.