Thierry Cruvellier est grand reporter, spécialiste des procès pour crimes contre l’humanité. Il a couvert de nombreuses zones de guerre et processus de réconciliation nationale à travers le monde, en particulier les procès pour crimes contre l’humanité.
Diplomé d’un master de journalisme à la Sorbonne, il couvre régulièrement la guerre au Sierra Leone entre 1990 et 1996. Il devient également représentant de Reporters sans frontières dans la région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, Congo, Ouganda) entre 1994 et 1995. Après le génocide rwandais, il va assister au déroulement du Tribaunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha pendant cinq ans. Il écrit alors plusieurs rapports de référence sur le TPIR pour International Crisis Group, obtient une bourse de la Fondation Nieman à Harvard en 2003, et devient rédacteur en chef de la revue électronique International Justice Tribune.
Thierry Cruvellier continue ensuite de s’intéresser à l’épineuse question des réparations et de la justice d’après guerre civile. Consultant pour l’International Center for Transitional Justice de 2003 à 2012, il a ainsi couvert la Commission Vérité et Réconciliation et le Tribunal spécial en Sierra Leone de 2003 à 2008, la Bosnie Herzegovine et le processus Justice et Paix en Colombie en 2005, et les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens pour juger les plus hauts dirigeants khmers rouges de 2007 à 2011. Il a également sensibilisé et formé de nombreux journalistes à la justice de transition à travers le monde : Sierra Leone, Cambodge, Tunisie, Croatie, Côte d’Ivoire, Syrie et Haïti.
Observateur assidu et minutieux de ces procès, Thierry Cruvellier en a fait le récit dans deux livres salués internationalement. Il publie d’abord en 2006 Rwanda, Le tribunal des vaincus – Un Nuremberg pour le Rwanda, où il raconte la lente marche du TPIR au Rwanda, ne ménageant pas ses coups de griffe contre Kigali et les institutions internationales (publié aux Etats-Unis en 2010 chez Wisconsin University Press). Puis le maître des aveux, tiré de son expérience cambodgienne : une plongée au coeur du procès de Duch, responsable de la sordide prison Tuol Sleng (S-21) à Phnom Penh où ont été torturé plus 15 000 personnes. Un livre fascinant qui interroge notre propre humanité face à l’énigme inssuportable d’un tel crime, quand on découvre la banalité du mal chez cet homme discret et poli de 67 ans, qui n’a pourtant rien d’un monstre ...
Dans son nouvel ouvrage Terre Promise, Thierry Cruvellier se fait cette fois plus personnel. Il y raconte le Sierra Leone, ce pays où il a débarqué à 23 ans avec un master de journalisme en poche, puis qu’il a appris à aimer et connaître pendant 27 ans.
Par son vécu, ses rencontres, chapitre après chapitre et telle une mosaïque, il brosse en creux le portait des habitants d’un pays qu’on pourrait penser maudit. Autrefois si riche et devenu l’une des nations les plus pauvres du monde, le Sierra Leone a connu les guerres civiles, les dicatures, les enfants soldats, les pilleurs de diamants, les seigneurs de guerre, Ebola… 27 ans de l’épopée tragique de ce peuple qui a continué à vivre, malgré tout, sans jamais perdre le sens de l’entraide, son humour, sa tolérance ! Terre Promise est une formidable fresque dans laquelle Thierry Cruvelier, grâce à « son empathie intègre et rigoureusement argumentée, met en lumière la dignité, la persévérance, le flegme, l’ironie douce. L’intense mélancolie qui naît des promesses non tenues rivalisant avec l’espoir jamais éteint qu’elles pourraient l’être un jour. (Nathalie Crom, Télérama) »