L’enfant déçu

Écrit par : DUMONT Mathis (3ème, Collège de Jules Michelet, Beauvais)

« J’avais tellement prié, tellement espéré que la guerre le garde pour elle ».

Mon père cet inconnu était devant moi, il me paraissait immense. Le voir habillé en civil m’a blessé, j’espérais le voir en militaire. J’avais une seule idée qu’il retourne à la guerre, je ne voulais pas qu’il prenne ma place auprès de ma mère. Il nous avait abandonné pendant quatre ans et ce petit garçon haut de ses dix ans, voulait qu’il retourne d’où il venait.

Peut être parce que j’avais peur que cet homme prenne ma place à la maison. Avec ma mère nous étions très complice. Elle me réconfortait lorsque je pleurais, lorsque j’avais mal, lorsque j’avais une peine de cœur. La nuit nous dormions tout les deux, c’était mon ange gardien.

Mais cet homme souhaitait que je lui cède cette place, je le détestais. J’avais envie qu’il meurt mais au fond de moi je savais que s’il disparaissait ma mère risquerait de se laisser mourir aussi.

Ma mère me glissa dans l’oreille de lui donner sa chance. Mais j’avais énormément peur de lui, de sa réaction. Il me terrorisait. Cet homme baraqué arborait une barbe de cinq jours.

Pour ne pas blesser ma mère , j’essayais d’échanger avec lui, mais c’était très difficile.

Un jour je lui proposais d’aller à la pêche, il accepta

« Connaissais tu les noms des poissons d’eau douce ? » questionna mon père
— « Non » ,dis-je !

« Il y a l’anguille, le brochet, commença mon père en souriant

— « Oui si tu le dis » .

La nuit tomba, en rentrant il mit sa main sur mon épaule, je sursautais et lui demandais de ne pas me toucher. Je n’ arrivais pas à discuter avec cet inconnu, je lui en voulais de m’avoir laissé.

Hélas, au fil des jours, je découvrais un autre homme ; un alcoolique.

Pendant son absence ma mère avait travaillé pour économiser quelques sous en travaillant à plusieurs endroits. Elle m’était cet argent durement mis de côté toutes les semaines sous le matelas. Un beau jour mon père trouva la cachette, il lui prit tout.

Il s’était mis à boire au bar du coin et ce de manière quotidienne. Ma mère pleurait de le voir détruire notre famille. Elle était triste, il ne lui apportait aucune aide.

Pourquoi cette guerre a t-elle pris mon père ? Pourquoi cette guerre me rend un père que je ne connaissais plus ? Ce sont des questions qui vont probablement rester sans réponse.

J’essayais de comprendre pourquoi il était ainsi, alcoolique !
Je m’étais fais à l’idée qu’il finirait par mourir un jour et que ma mère et moi nous pourrions vivre comme avant lorsqu’il était parti.

Pour l’instant je devais vivre avec lui et le voir détruire ma mère sans pouvoir intervenir, je n’avais que dix ans.

Un soir, totalement ivre, cet inconnu rentra chez nous tenant une bouteille dans la main en criant « je hais cette guerre, que ma famille me soit rendue ! »
Ma douce mère voulait lui prendre la bouteille des mains elle fut projetée en arrière plan, ce qu’il fit trembler les murs.

Je descendis en trombe et vis ma mère allongée sur le sol, se tenant la joue qui avait viré à l’écarlate.
Avec un élan de bravoure je sautais sur cet homme qui se faisait passer pour mon père et le tapais de toutes mes forces.
Au fur et à mesure que cet ancien militaire subissait mes coups, il rétrécissait. Il n’atteignit bientôt plus que la taille d’une feuille de chêne. Je l’enfermai dans la bouteille qu’il tenait peu de temps avant l’altercation pour ne plus jamais qu’il en sorte.

Désormais il ne nous sert plus que de décoration sur le mur de la cheminée comme un poisson dans un bocal.