Sans cesse en mouvement, tirant derrière elle sa valise, la narratrice de ce roman va d’un terminal à l’autre, engage des conversations, s’invente des vies, éternelle voyageuse qui pourtant ne montera jamais dans un de ces avions dont le spectacle l’apaise.
Arrivée à Roissy sans mémoire ni passé, elle y est devenue une « indécelable » – une sans domicile fixe déguisée en passagère –, qui a trouvé refuge dans ce non lieu les englobant tous. S’attachant aux êtres croisés dans cet univers fascinant, où personnels navigants ou au sol côtoient clandestins et laissés-pour-compte, instituant habitudes et rituels comme autant de remparts aux bribes de souvenirs qui l’assaillent et l’épouvantent, la femme sans nom fait corps avec l’immense aérogare.
Mais la bulle de sécurité finit par voler en éclats. Et quand un homme, qui tous les jours vient attendre le vol Rio-Paris – le même qui, des années auparavant, s’est abîmé en mer – tente de l’aborder, elle fuit, effrayée. Comprenant, à sa douceur et à son regard blessé, qu’il ne lui fera aucun mal, elle se laissera pourtant aller à la complicité qui se nouera entre eux.
Magnifique portrait de femme rendue à elle-même à la faveur des émotions qui la traversent, Roissy est un livre polyphonique et puissant, qui interroge l’infinie capacité de l’être humain à renaître à soi et au monde.
- « […] Dans toutes ces descriptions, l’atmosphère est parfaitement rendue, saisissante, l’écriture précise, détaillée, poétique toutefois, et même lyrique. […] L’émergence de l’espoir et d’une possible rédemption dans cette sombre fresque, âpre socialement et psychologiquement, est la grande réussite de ce roman. Elle laisse le lecteur sur cette idée qu’une fleur peut toujours éclore quel que soit le terrain sur lequel la graine est tombée. » La Croix
- « Difficile d’oublier Anna, l’héroïne du roman de Tiffany Tavernier. À 51 ans, l’auteure française, fille du cinéaste Bertrand Tavernier, signe sans doute son récit le plus singulier. […] Dans cette intrigue ciselée, Tiffany Tavernier restitue l’univers de ces sans-abri qui vivotent dans les aéroports […]. Une formidable tension règne dans ce récit pétri d’humanité et de pudeur. » Le Parisien Weekend