Les sans ressources

Il se met à courir. Courir, courir, courir trois heures durant, droit devant lui en suivant les pas des animaux. Il traverse les vallées, les plaines qu’il connaît depuis longtemps ; mais, Junid ne reconnaît rien, tout a disparu. Malgré ses efforts l’angoisse le prend. Tout est vide, froid, nu sans âme qui vive.

Au loin, il aperçoit une butte…. Malgré la fatigue, Junid entreprend la montée. Il glisse, tombe, se relève, tombe à nouveau. Il est au comble du désespoir, il songe même à abandonner, à se laisser mourir là, seul, isolé. Il ne comprend pas…
Jamais il n’a été seul, ses parents ont toujours été là pour lui. Pourquoi ont-ils disparu ? Que va-t-il devenir ? La soif et la faim l’assaillent ! Ce n’est que grâce à son courage que Junid arrive à poursuivre son chemin. Enfin, il parvient au sommet. Tout à coup, il réalise qu’il connaît ce lieu :
« L’île Tresson, je la connais bien !
Il n’y a plus une goutte d’eau !
Ce n’est pas possible… ».
En contournant la butte, le jeune garçon se retrouve devant un immense bâtiment blanc. A l’intérieur d’une pièce, il aperçoit des hommes. Parmi eux, il reconnait ses parents. Junid aimerait les rejoindre mais il ne sait pas comment s’y prendre. Soudain, derrière lui, il voit une ombre. Il n’a pas le temps de se retourner que déjà, des mains s’emparent de lui, un bandeau lui cache les yeux. Junid se débat, mais ses agresseurs l’emmènent. Il perd connaissance.
Quelques heures plus tard, il revient à lui. Il est emprisonné dans une pièce humide et froide. Il est entouré des hommes, des femmes et des enfants de son village. Dans un coin de la pièce, il aperçoit ses parents. Il rampe vers eux et leur murmure à l’oreille : « Que s’est-il passé ? »
Alors ils répondent doucement : « Des hommes habillés de noir et de blanc qui vivent dans des terriers sur la lune, n’avaient pas de ressources. Un soir, l’un des leurs a trouvé la solution suivante : construire une fusée et un aspirateur géant, aller sur terre, emprisonner tous les hommes puis voler leurs ressources. La nuit dernière, ils sont venus. Ils nous ont tous fait prisonniers, nous n’avons rien compris. Ils nous ont ordonné d’avancer les uns derrière les autres et d’ouvrir les clôtures de nos troupeaux et de nos volailles. Certains, munis d’un aspirateur géant ont puisé, l’eau du puits et d’autres se sont chargés de prélever le vent. Ils nous ont volé toutes nos ressources : nos fruits, nos graines nos légumes, nos noix de coco, notre mer nourricière… Sans poser de questions nous avons obéi. Comme tu étais à la cave, ils ne t’ont pas vu, mais ils nous ont tous amenés ici.
_Qu’allons-nous devenir ? dit Junid. Nous sommes perdus… » La journée passe ainsi, jusqu’ au soir. Tout à coup …
« Attention ! chuchotent les parents, les gardiens arrivent »…
Junid, dans un coin de la pièce, observe les hommes en noir et blanc. Il ne sait pas quoi faire. Pourrait-il attraper les clés ? Il est petit et si faible… Un gardien immense passe à l’autre bout de la pièce, les clés dépassent de sa poche arrière. Junid, la peur au ventre se faufile entre les hommes. Son sang se glace. Il est épouvanté mais rassemblant tout son courage, sans faire de bruit il parvient à attraper la clé. Le gardien qui n’a rien vu poursuit sa distribution.
Junid, mort de peur, se traîne vers un coin de la pièce et cache les clés sous une motte de terre. Enfin, les gardiens s’en retournent, Junid reprend ses esprits. Son cœur bat la chamade, il va pouvoir libérer les détenus. Jamais il n’aurait pensé être capable de faire une telle chose. Junid prévient ses parents qu’il a caché la clé. Son père réfléchit et lui demande d’attendre peu. Il faudrait ouvrir la porte lorsque la nuit sera tombée. Ainsi, les gardes endormis ne seront pas attirés.
Quand la nuit arrive, les gardes rassurés par le silence de la prison s’endorment. Le père de Junid réveille les détenus et leur demande de se tenir prêts pour sortir de la prison en silence. Junid, n’écoutant que son courage, introduit la clé dans la serrure.
Les voici presque libres.
En sortant, tous se rendent compte que les hommes en noir et blanc s’apprêtaient à partir dès le lendemain. « Il faut faire vite. » Soudain, un gardien aperçoit le père de Junid. Il donne l’alerte. C’est la panique, Les gardiens courent en tous sens et tentent d’attraper les détenus. Petits ou grands essaient de se cacher derrière les prisons. Les gardiens voient leurs pieds dépasser. Alors ils veulent les attraper mais les hommes sont trop nombreux, les gardiens se font encercler, ils veulent s’échapper mais ils échouent vite. Les hommes en noir et blanc sont vite emprisonnés.
Dans l’agitation, Junid en a profité pour monter dans la fusée, il aperçoit un bouton rouge. Sans réfléchir, il appuie dessus. Dans un fracas énorme, la terre se fend en deux à quatre endroits différents. Quatre autres bâtiments apparaissent un vert, un rouge, un gris et un bleu.
Du bâtiment vert, sortent les plantes et les arbres.
Du bâtiment rouge, sortent les animaux.
À l’intérieur du bâtiment gris, le vent est piégé.
Enfin dans le bâtiment bleu, l’eau apparaît.
Junid se rend compte qu’il a peut-être sauvé sa planète.
Junid se demande comment faire pour reprendre ses ressources.
Après être descendu, il fait le tour du bâtiment vert. Derrière, il aperçoit une porte. Juste à côté un bouton de la même couleur apparaît. Il appuie donc dessus, c’est alors que les plantes, les arbres qui étaient à l’intérieur reprennent instantanément leur place.
Derrière le bâtiment rouge, le même bouton apparaît. En appuyant dessus il libère les animaux.
Dans un craquement énorme, l’eau et le vent reprennent leur place. Junid se rend compte que sa maman a enclenché les boutons gris et bleu des deux derniers bâtiments.
« Hourra, Junid, crie t-elle , nous avons réussi ! »

Le père de Junid qui était gardien de la paix dans son village décide de renvoyer les hommes sur la lune. Pour éviter qu’ils ne reviennent, il prend la décision de leur donner des échantillons de plantes, animaux, vent et eau. Afin que ces hommes puissent vivre eux aussi avec des ressources suffisantes.
Junid, devenu un héros, est porté par les Hommes libérés.
On lui propose de devenir empereur du monde, roi de l’île ou chef de son village. Comme il n’aime pas le pouvoir, il demande à être responsable des ressources de son village. Il souhaite les protéger afin que tous puissent en profiter.

Désormais, il veille avec sa femme sur les ressources. Il transmet à ses enfants d’être bienveillant envers les autres et envers la nature.