Javonaya ou la disparition des eaux

Il se met à courir.
Il remonte la plage de sable blanc – plage qui désormais s’étire jusqu’à la frontière lointaine et bleutée entre terre et ciel – et entend, plus assourdissant qu’un millier de sifflets de bateaux, le silence. Il n’y a que ses propres pas dans un sable bouillant qui font du bruit. Le vent est mort, le flux et le reflux des vagues s’est éteint. Les arbres sont comme pétrifiés, les huttes toutes silencieuses. Le ciel n’a pas un seul nuage pour atténuer la douleur.
La mer n’est plus.
Junid se sent haleter. Cette chaleur affreuse étouffe sa gorge, ses sens. Il jure presque que ses larmes sèchent tant il fait chaud. Il tourne la tête dans un sens, dans l’autre. Personne. Il n’y a personne. C’est comme les cauchemars qu’il faisait enfant. Sauf qu’ici c’est la réalité.
Il passe entre les huttes, pénètre dans une première, dans une seconde. Pas le moindre signe de vie.
Est-ce un raz-de-marée qui vient sur nous ? Songe-t-il sans pour autant y croire.
Des raz-de-marée, il en a vu. Un océan tout entier qui s’efface en une nuit, ça, il n’en a jamais vu, et penserait ne jamais en voir.
« Papa, mama ?! »
Les huttes sont vides, les repas à peine préparés délaissés, les filets à peine dépliés étalés sur le sol, le linge à moitié étendu. C’est comme si le monde était parti avec l’eau, comme si le silence avait remplacé le bruit pour assourdir et détruire les croyances de Junid.
Junid, lui, sanglote. Il halète, tente de se calmer, en vain. Il passe une main dans ses cheveux humidifiés par la transpiration, voit et sent ses jambes trembler, vibrer. Il sait que s’il reste ainsi, debout au milieu de ce désert, il va s’effondrer et ne plus pouvoir se relever.
Il fait alors quelque chose d’insensé. Parce qu’il a peur, parce qu’il sait qu’il n’y a rien d’autre à faire.
Il se retourne vers les dernières traces du rivages puis, dans un bon, s’élance et se met à courir. Il s’enfonce dans les galets, dans le sable qui autrefois reposait sous la mer sans cesser de courir. Il court vers l’horizon, le visage déchiré par la douleur. Il marche sur des cadavres d’oiseaux, de poissons, de coraux. Plus il s’éloigne de son village, plus les corps sont nombreux. Il évite de justesse la carapace vide d’une tortue, marche sur la carcasse inerte d’un requin. Ses pieds réduisent les murènes, les poissons-papillons, les rascasses, les mérous en bouillies d’arêtes et de chaire. Là-bas il y a une pauvre raie qui tente d’user ses dernières forces pour retrouver dans un élan désespéré le contact d’une eau quelconque. Sauf qu’il n’y a plus d’eau, nulle part.
Junid s’arrête là, au milieu de ce champs de morts qui empeste le sel, la viande crue et la putréfaction. Il se plie en deux et vomit sur ce qui devait être encore hier un magnifique corail champignon. Son crâne tambourine sous l’aura horriblement aride du soleil. Il a l’impression de rêver, mais non, tout est bien réel, véridique. C’est sous ses yeux propres.
Junid sent la peur, l’effroi nouer son estomac. Sa gorge est sèche, et l’horizon devant lui s’est encore agrandi et ne laisse paraître pas la moindre trace d’eau ou d’océan.
L’océan est mort dans le silence, Pense-t-il avec terreur. Le silence a remplacé l’océan.
Junid ne comprend pas. Il est perdu. Il aurait dû réparer les filets de pêche avec son père, il aurait dû aller chercher les noix de coco que sa mère vendrait dans la journée, il aurait dû récupérer, comme toujours, l’eau du puits. Il n’aurait pas dû être éveillé par le silence. Il n’aurait pas dû découvrir la mort de l’océan. Tout ça n’est pas normal, ne va pas dans l’ordre des choses.
Angoissé par cette étendue sans fin parsemée de cadavres animaux, Junid finit par faire demi-tour et rejoint son village. Il rentre dans sa hutte, récupère un sac dans lequel il met de quoi manger, de quoi boire – si peut en reste-t-il – ainsi qu’un couteau et un filet. C’est tout, tout ce qu’il lui reste, tout ce dont il a besoin. Il se relève, quitte son village et s’enfonce dans les bois. Il a l’impression que les palmiers, que les cocotiers revêtent déjà une teinte jaunâtre. Le sol sous ses pieds semble se craqueler. Il tremble de peur comme un petit enfant, sans jamais cesser de lever la tête vers le ciel dans l’espoir d’apercevoir une ou deux mouettes, en vain. Ces satanés oiseaux qu’il haïssait tant jusqu’à hier lui manquent terriblement aujourd’hui. Sur l’instant, il donnerait tout pour voir et entendre ne serait-ce qu’une pauvre mouette mourante mais encore vivante.
Junid continue son chemin. Il ramasse de-ci, de-là une noix de coco, une papaye qui lui paraît encore mangeable. Tout semble différent, et pourtant rien ne l’est vraiment. Que y a-t-il de moins que la veille, hormis le vent dans les arbres, le chant lointain de la mer et le sifflement des oiseaux ? Rien, et pourtant cela suffit pour tout changer. Junid ne reconnaît pas le monde dans lequel il avance. Quelque part, au fond de lui, il se jure de ne plus jamais toucher une seule goutte de l’alcool que son père lui avait fait goûté, même s’il sait pertinemment que ça ne changerai rien. Plus rien ne pourra être changé désormais.
Il ne sait pas combien de temps il passe dans la jungle ainsi, seul. Il sait juste qu’il marche, qu’il marche pour s’éloigner le plus loin possible de ce désert immense dans son dos qu’autrefois on nommait l’océan. La fatigue va de paire avec la peur. Il commence à imaginer des choses, à avoir des images dans la tête. Il ne tiendra pas sans l’océan. L’océan c’est l’habit qu’il met chaque matin, c’est la marteau qui l’aide à travailler, c’est la nourriture qu’il goûte, c’est la force qu’il prend. L’océan, ici, dans sa vie, c’est tout. Lui ôter la mer c’est comme ôter le filet à son pêcheur. Son travail devient dur, inutile, vain. Junid sent dans tous les pores de sa peau que sa vie est entrain de partir avec la mer, et il a peur, très peur. Sauf qu’il ne peut rien faire, il n’est qu’un spectateur, spectateur de ses propres idées, de ses propres pensées qui dors-et-déjà le rongent sous l’auréole blafarde, brûlante et suffocante du soleil. Il implore les dieux que ses parents priaient de faire tomber la nuit, de le faire s’endormir ici, au pied de ces palmiers et de faire revenir l’océan durant la nuit. Mais rien ne répond à ses appels, pas même une petite bise. C’est le silence, comme la mort, le silence et son vide assourdissant.
Mais Junid continue de marcher. Il marche et trouve enfin, dans une clairière ombragée, les gens de son village. La joie s’empare de lui durant un bref instant. Il retrouve sa mère, son père. Avec eux, se jure-t-il, tout ne peux que bien finir. Ses parents l’accueillent à bras ouverts, s’excusent de l’avoir laissé au village, pleurent avec lui. Junid embrasse le ventre rond de sa mère portant son petit frère, puis se tourne vers les autres. On lui explique alors ce qu’il s’est passé ; Le soleil s’était le levé sans la mer, voilà tout. Les animaux marins étaient déjà morts pour la plupart et les oiseaux partaient tous vers le Nord, vers le centre des terres. Certains enfants avaient été content de trouver des centaines de poisson sans l’effort de pêcher mais leur joie s’était vite ternie. La peur avait étriquée les hommes,les femmes puis les enfants un par un. Tous avaient alors décidé d’emballer leurs affaires et de quitter les lieux. Les parents de Junid, qui revenaient du marché, avaient été emportés par leur propre village sans avoir eu le temps de retrouver leur fils unique.
« Qu’allons-nous faire désormais ? Demande un jeune homme après le récit.
Oui, où allons-nous maintenant que l’eau n’est plus ? Renchérit un autre.
Les poissons sont tous morts ! Notre métier et notre nourriture avec ! S’alarme un troisième. »
La panique reprend bien vite le groupe mais une vieille femme fait taire les cris et paroles désespérés en tapant avec le bâton auquel elle s’agrippe piteusement. C’est Mama N’ytaozato, la dernière du village et épouse du défunt chef ; elle se racle la gorge puis déclame d’une voix provoquant le souvenirs de mille et un parfums, de mille et une vie :
« Il nous faut rejoindre Saint-Port-Marchand la Grande Ville pour survivre ! Il y vit là-bas contre les hauts murs du palais royal une oracle, une sibylle, vieille femme plus vieille que ma propre personne et plus sage encore que toutes les vies ici réunies ! Elle saura nous accueillir, nous guider et donner à nos questions des réponses ! Elle est le Dernier Espoir, la Dernière Étoile du Soir que nos aïeules ont prédit avec la Disparition des Eaux !
Comment se nomme-t-elle ? S’écrient certains. Comment trouver sa hutte dans la Grande Ville ?
La porte de sa hutte est décorée d’une large pierre jaune et reluisante quand l’aurore brille dessus. Il n’existe pas deux huttes comme celle de la sibylle Javonaya ! »
Un frisson parcourt l’attroupement. Junid se serre dans les bras de sa mère, tous deux protégés par son père qui fixe la vieille femme pliée par le temps. Comme tous dans son village, Junid connaît ce nom, Javonaya. Il signifie la Fin des Chemins, autrement dit, la mort des dieux que les vieillards d’ici prient. Mais personne ne contredit la vieille et pauvre N’ytaozato. Un homme annonce qu’il retrouvera cette Javonaya, suivi par un second homme, puis un troisième, un quatrième, un cinquième... Bientôt tout le village acclame la veuve du chef et commence à reprendre route vers le Nord, vers Saint-Port-Marchand.

Les exilés traversent une forêt plongée dans le silence, morte avant l’heure. Le chemin dure une journée et une nuit entière. À l’aube, ils atteignent l’orée de la vaste forêt et se retrouvent devant une large plaine, au cœur de laquelle trône Saint-Port-Marchand la Grande Ville avec ses tours, ses toitures et ses dômes enfumés par les volutes des cheminées et son grand palais aux murs de marbres et aux toits dorés, reluisant d’un éclat aveuglant sous le soleil rouge montant. Junid, avant d’entreprendre la descente de la colline en direction de la ville, trouve un palmier suffisamment large pour accompagner son poids puis grimpe dedans. Il atteint le haut de l’arbre et plisse les yeux en direction du Sud, dans l’espoir de découvrir à nouveau le bleu de l’océan. Mais il n’y a rien, rien hormis une étendue grisâtre et emprunte de poussière. Rien hormis le néant. Avec dépit, mélancolie et une profonde peur, il redescend de son arbre, aide sa mère à rester debout et à descendre le flanc de la colline. Son petit frère lui fait mal et elle est prise depuis quelques jours de vertiges mais son regard ne trahit pas sa douleur. Elle est forte, tout comme Junid voudrait l’être. Il la contemple un instant avec fierté et compassion, l’embrasse sur la joue puis entreprend la dernière ligne droite vers la Grande Ville.

Junid n’a pas l’occasion de voir les portes de bronze de l’entrée de Saint-Port-Marchand. Le long des remparts s’étendent des milliers, des millions de tentes et d’abris pauvrement édifiés. Des familles, des hommes seuls, des brigands, des parjures, des vieillards s’entassent dans ce vaste bidonville. La garnison de la cité repousse ceux qui frappent contre la porte de bronze close ; tout n’est que cris, que faim et qu’infamie dans ces maigres confins. Les gens pleurent, hurlent, se battent aussi. C’est un chaos effroyable et Junid sent les mains de sa mère le serrer contre elle ; son père a chargé son harpons. Junid sort le petit et miteux couteau, seul souvenir de sa hutte, et le garde près de lui. Sur leur passage, les gens les dévisagent, les fixent avec un regard malsain, comme envieux ou affamé.
« Restez près de moi, Dit le père alors qu’ils atteignent l’imposante porte en bronze. »
Derrière les hauts murs on voit les dômes, les flèches, les girouettes immobiles – le vent n’est toujours pas reparu – des bâtiments qui s’étalent le long de la baie de Saint-Port-Marchand. Sauf qu’aujourd’hui la baie n’est plus qu’une plaine de sable pouilleuse recouverte de poissons déchiquetés et d’épaves de voiliers. La garnison de la Grand Ville tend ses arcs en direction des nouveaux arrivants.
« Que voulez-vous ? Clame l’un d’eux.
Rentrer, trouver abris et confort ! S’exclame l’un des hommes du village.
La mer a disparue des rivages de notre village ! Lâche une femme que Junid connaît de vue. L’eau à disparue au Sud !
L’eau à disparue partout, Rétorque le garde, impassible, presque agressif. À l’Est, à l’Ouest, au Sud, au Nord, l’eau n’est plus et c’est ainsi !
Pourrait-on au moins rentrer ? Nous avons soif !
Tout le monde ici a soif ! Le Raja interdit aux nouveaux arrivants d’entrer dans la cité, il veut garder l’eau en lieux sûr pour la préserver ! »
La réponse est suivie de cris indignés et injuriés. Le garde reste un instant insensible puis hurle sauvagement pour faire taire la vague de sèches insultes.
« Si vous voulez restez, vous n’avez qu’à trouver une hutte dans les environs ! Nous ne rouvrirons les portes qu’une fois l’océan revenu ! »
Cette remarque fait hurler les gens. La colère éclate, et les affronts commencent. Un homme est frappé, un autre répond et bientôt c’est la garnison même de la cité qui tire les flèches de ses arcs sur la foule, dans le tas. La folie s’empare du bidonville, on se bouscule, se vole, s’attrape, se frappe à mort. Junid tire la main de sa mère pour l’éloigner du chaos qui ensevelit la centaine de milliers de huttes sous un raz de marée de violence.
C’est là qu’il voit son père tomber au sol. Il voit la flèche qui lui a traversé les côtes, et voit sa bouche étouffée par une marée giclant de sang. Il pousse sa mère encore un peu plus loin des combats puis se met à aboyer, à glapir, à hurler à s’en déchirer les poumons.
« PAPA ! »
Il voit le corps de son père remuer, tressaillit puis, lentement, cesser de remuer, tout comme l’avait fait la raie l’autre jour, quand l’océan avait disparu. Junid tente de faire demi-tour mais les gens passent en courant, le bousculent, le repoussent. La dernière image des combats qu’il voit est celle du cadavre de son père se faisant piétiner, écrasée par des gens terrorisés.
Retenant ses larmes, il entraîne sa mère dans le dédales de huttes et de cabanons. Dans son dos, il entend les combats le suivre, grandir, gonfler. Les murs de la cité ressemblent à de sombres montagnes d’où sifflent une pluie de flèches.
« Par-là, mama, la hutte de Javonaya, par-là ! »
La main qu’il tire le lâche. Junid se retourne et voit sa mère s’asseoir, lentement, contre une hutte. Là-bas, là où le chaos a fait du bidonville une gigantesque scène de combats sanglants, des feux éclatent. Des hommes brûlent les huttes.
« Mama, S’écrie Junid, désespéré. Relève-toi, je t’en prie, relève-toi, suis-moi, c’est presque finit !
N-non, mal, Junid, trop mal... »
Il voit sa mère se mettre à hurler de douleur, voit les veines et les rides le long de sa gorge et voit sa bouche grande ouverte en direction d’un ciel bleu et dépourvu de nuage, de pluie, d’espoir.
Junid réalise alors ce qu’il se passe. Sa mère accouche.
Oui, dans ce chaos, dans cette terreur totale, alors que les cabanons et les huttes prennent feu, alors que les pères sont criblés de flèches et piétinés par leurs propres amis, alors que les vieillards sont jetés hors de leurs tentes, éventrés, égorgés, alors que les femmes sont traînées dans les rues poussiéreuses et battues, violées, alors que le monde est entrain d’être saccagé, sombrant et croulant sous la frayeur, une femme accouche, là, ses cris de souffrance sans noms assourdis et étouffés par la mort.
Elle tend à Junid son petit frère et quitte ce monde en quelques secondes, libérée de la douleur, de la peur, de l’appréhension et de toutes ces émotions qui la définissaient jusque lors comme vivante. Sa tête tombe lourdement sur le côté et son cœur en sa poitrine cesse de battre.
« Mama... ? »
Le bébé dans les bras de Junid se met à pleurer. Junid le berce d’une main et remue sa mère de l’autre. Elle reste inerte. Il sent les larmes le prendre, lui nouer la gorge avec leur goût amèrement salé. Il hoquette et, sans pouvoir retenir le raz-de-marée de pleurs qu’il contient, il se jette dans les bras de sa défunte mère en s’excusant, en balbutiant à quel point il l’aime, à quel point il est fier d’elle. Il reste un long moment ainsi, son petit frère sanglotant dans les bras, sur le corps sans vie de sa mère, écoutant le son des flammes crépitantes, des hommes mourants et des femmes hurlantes, heureux de ne plus avoir à affronter le silence.
Il finit somme toute par se relever et, le dernier membre de sa famille dans les bras, trouve dans ce dédale chaotique la hutte à la porte de laquelle luit une pierre jaunâtre. Il renifle pour effacer ses dernières larmes qui perlent à ses yeux puis toque et entre. La vieille sibylle Javonaya est là, assise en tailleur. Autour d’elle sont posés de vieux livres en cuir, des pots aux contenants sombres, des herbes et des pots tibétains. À son arrivé la sibylle se redresse brusquement et le dévisage. Ses yeux sont d’un noir comme une nuit sans lune. Elle ne dit rien, ne bouge pas d’un pouce. Junid hésite, puis vient s’asseoir en face d’elle. Javonaya lève sa main ridée et tremblante et frôle la joue humide de Junid, plongeant son regard dans les yeux rougis du jeune garçon.
« Triste rougeur pour une triste douleur... Murmure-t-elle, et Junid jure qu’à cet instant le monde est devenu sourd et muet.
Que va-t-il m’arriver, à moi et mon frère désormais ? Demande-t-il, car c’est la seule chose qu’il souhaite savoir, vouloir. »
La femme ferme les yeux, puis prend ses mains et les caresse avec bienveillance. Elles sont glacées.
« Tu vas vivre, Junid, Bruisse-t-elle d’une voix rauque. Vivre c’est bien, quand on a une raison pour cela. Tu as une raison. Ta raison est dans tes yeux, ta raison est dans tes bras. Ta raison a sombré mais va revenir. Ta raison sort enfin du rêve, maintenant. »

Junid s’éveille en sursaut. Le feu, la mort, la Grande Ville, Javonaya... Tout ça a disparut. Il est étendu sur son lit, il entend les mouettes brailler et, plus fort que tout, la mer chanter.
En un bon envahit par l’espoir et la délivrance, il sort de la hutte dans laquelle il dormait et se découvre à nouveau dans son village. Sa mère est là, le ventre encore rond, étendant le linge et son père un peu plus loin, discutant avec les autres pêcheurs.
Devant lui, dans l’immensité de l’horizon, l’océan reluit et grandit sous le bleu du ciel.