Dim. 10h, Salle Sainte-Anne

Poésie persane et poésie pachtoune, d’hier et d’aujourd’hui

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© Hélène Bamberger

Aujourd’hui, dans la situation dramatique à tous égards que connaît ce pays, quelle est la place de la poésie ?
Pitié pour le cœur qui n’a reçu le moindre signe de Toi !
Mort, le corps sans le message de l’âme.
Stérile, la parole d’amour étrangère à la souffrance.
Seul écoute le cœur et seul parle le verbe.

Ces vers de Djalâl-od-Dîn Rûmî grand poète mystique né à Balkh, dans le nord de l’Afghanistan, parlent au cœur de tous les Afghans. La poésie a toujours tenu une place particulière dans la culture et la vie de tous les jours. Le livre des Rois de Ferdowsi, Le Jardin des roses de Saadi, le Divân de Hafez, les quatrains d’Omar Khayâm, La Conférence des oiseaux d’Attaret et bien d’autres œuvres marquantes de la poésie persane étaient associées à tous les moments de la vie. Dire aux amis des vers de ses poètes préférés était un plaisir sans cesse renouvelé, particulièrement à Herat, la ville natale du grand poète soufi Ansari. Ustad Sarahang, le plus grand chanteur classique de son temps, chantait les poèmes de Bedel. Cet amour des Afghans pour la poésie traduisait une certaine façon de sentir le monde qui était l’esprit même d’un peuple.
Riche d’une tradition orale séculaire, la poésie pachtoune s’est développée au XXè siècle, grâce notamment au plus grand poète afghan contemporain, Sayed Bahodine Majrouh, dont l’œuvre maîtresse, Le Voyageur de Minuit est disponible dans une excellente traduction. C’est lui également qui nous a fait connaître les "landays", courts poèmes oraux généralement écrits par des femmes, véritables cris de rébellion contre l’oppression, qui chantent la guerre, l’exil, la souffrance, l’amour.
Avec Najib Manalaï, Leili Anvar, Atiq Rahimi et Michael Barry.