Exil

Tanger, le rêve des brûleurs

Leila Kilani (Vivement Lundi ! / France 3 / INA, 2002, 52’)

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  • Prix du Documentaire au FESPACO 2003
  • Prix de la première œuvre de la Guilde des Cinéastes Africains au FESPACO 2003
  • Lauréat Prix Télémaques 2003/2004
  • Tanit d’or vidéo, Rencontres cinématographiques de Carthage 2004

Ville-fenêtre du détroit de Gibraltar, Tanger a une identité ouverte. La frontière, à Tanger, est une présence, on la voit, elle apparaît par rebond, on la sent partout : c’est l’eau. En face, il y a une ligne continue : l’Espagne, la dernière avancée naturelle de l’Europe. Nul besoin de temps clair pour voir les côtes espagnoles. L’Europe est là, proche, palpable, évidente, à portée d’yeux, elle nargue de nouveaux aventuriers à la recherche d’une vie moins difficile.
En mai 1991, l’Espagne, à l’unisson des pays membres du groupe de Schengen, décide de soumettre les ressortissants maghrébins au régime de visas. Depuis, les candidats au départ clandestin, Marocains, Maliens, Sénégalais, Mauritaniens, et autres Africains, affluent massivement et sans discontinuité à Tanger. On les appelle en dialecte marocain les herraguas, les " brûleurs ", et le brûleur est celui qui est prêt à tout accepter pour partir, celui qui est prêt à brûler ses papiers, son identité, pour faire de ce départ une entreprise irréversible. Partir est plus qu’une fantaisie, c’est une véritable obsession. en face, c’est la porte de l’Europe-Eldorado. Tanger est un nœud, un lieu et un moment où les destins individuels et l’histoire collective se rencontrent. Au-delà de la description globale d’un mouvement de masse, ce film suit l’aventure de quelques brûleurs. Il tente de rendre visible leur "territoire", réel ou non, physique ou intérieur. D’une saison l’autre, on suit l’aventure de Rhimo, Denis et Azîz, leur vie ou plutôt leur survie, les différents états de la relation changeante, conflictuelle, obscure, désespérée, mais aussi ludique et désinvolte, qu’ils entretiennent avec le défi qu’ils se sont lancé : brûler, coûte que coûte...

Dans le cadre des 10 ans de la maison de production rennaise « Vivement Lundi »