À la découverte des autre peuples

Nuages apportant la nuit

Stéphane Breton (Les films d’Ici, 30’, 2007)

image

Que se passe-t-il la première fois qu’on se trouve devant quelqu’un qu’on ne connaît pas ? » Dans une forêt obscure comme celles des contes de Perrault, un homme qu’on ne verra jamais s’interroge en marchant sans savoir où il va, chemine au gré de ses rencontres avec des « diables » qui le détaillent d’un air intrigué, intéressé ou goguenard, et lui parlent de « barbaque » à dénicher dans les entrailles de leur labyrinthe végétal.

L’œil de cet étranger, auquel le cinéaste et ethnologue Stéphane Breton prête sa voix, épouse le point de vue de l’appareil photo qu’il emporta dans ses séjours chez les Wodani de Nouvelle-Guinée. Sur certains des clichés qu’il en a rapportés, recadrés et montés pour les besoins de cette fiction d’une demi-heure, les regards-caméra des Papous donnent vie à son personnage d’observateur égaré dans une quête dont il ignore le sens. Amorcent une intrigue en forme de « chasse au Snark », qui nous renvoie à l’inconfort de notre propre position, peinant à nous faire un chemin dans cette forêt de signes, de brumes et de visages inconnus.

Composé d’images fixes, Nuages apportant la nuit apparaît au final comme une déroutante histoire de subjectivités. Un conte philosophique, dont il ressort que le regard des indigènes et celui du narrateur convergent vers celui du spectateur, appelé à donner sens à ce montage de points de vue – à le faire « fictionner ».