Auteur de carnets de voyage du côté du lac Baïkal ou du désert de Gobi, poète et nouvelliste, grand connaisseur de l’œuvre de Borges, l’écrivain Christian Garcin est un amateur de bourlingue. Pour plus de détails, le mieux est sans doute de se reporter à l’autobiographie passionnante qu’il a publié en 2006, J’ai grandi, dans laquelle il dévide la toile de ses souvenirs…
L’exercice biographique fut l’une des pierres angulaires de son œuvre : dans les années 90, Christian Garcin s’est attaché à rédiger de nombreux portraits, des « vidas » selon la tradition des troubadours… En 1992, il réunit le tout en un ouvrage, Vidas, et l’envoie à Gallimard, qui le publie immédiatement dans la collection de Jean Bertrand Pontalis, L’Un et l’autre. Collaborant à plusieurs revues littéraires prestigieuses, dont Théodore Balmoral et la NRF, Christian Garcin s’est depuis imposé comme un auteur total. Sans limite de genre, il touche aussi bien à la poésie, au récit, aux romans qu’aux essais sur la peinture. Il est d’ailleurs un passionné et grand connaisseur de l’histoire de l’art et de l’œuvre des plus fameux historiens de la discipline (René Huygue, Elie Faure, Llonello Venturi…).
Pratiquant avec délectation l’art du contre-pied littéraire comme avec le surprenant L’Art de la natation sub-aquatique, l’écrivain a surtout développé une impressionnante œuvre romanesque, truffée de clins d’oeils et de correspondances. Ainsi dans La piste mongole (2009), on voit reparaître quelque part en Asie l’ombre d’Eugenio Tramonti, protagoniste de deux romans précédents (Le Vol du pigeon voyageur (2000) et La Jubilation des hasards(2005)).
En 2013, Christian Garcin revisite la Sibérie Orientale et l’Extrême-Orient russe dans une enquête mené par le détective privé Zhu Wenghuan, alias Zuo Luo, alias Zorro, déjà rencontré dans Des femmes disparaissent (Verdier, 2010). Ce dernier, convaincu d’avoir enfin mis la main sur le malfrat qu’il traquait depuis longtemps, nous plonge dans Les nuits de Vladivostock, où les vapeurs de vodka se mêlent au brouillard de la Sibérie. Un polar extrême-oriental vertigineux, à déguster frappé.
Anti-guide touristique, Ienisseï est un véritable carnet de bord sur la Sibérie et la Biélorussie. Dans la première partie qui porte le nom du fleuve russe qu’il remonte, l’auteur revient sur une Sibérie marquée par le grand incendie de 2012, mais aussi par son passé, son histoire, ses camps toujours présents. Au fil de l’eau, il rencontre les populations qui survivent dans ces contrées isolées et dresse le portrait d’une région qui semble contrariée par le pouvoir en place. Même constat pour la Biélorussie, abordée dans une seconde partie, pays méconnu et sous le joug du « grand-frère » russe.
Les vies multiples de Jeremiah Reynolds retrace l’étonnant et fulgurant destin de Jeremiah Reynolds, le premier homme à poser le pied sur le continent antarctique en 1829 et à avoir fait de cette expédition un récit qui influença Edgar Allan Poe pour ses Aventures d’Arthur Gordon Pym, colonel pendant la guerre civile chilienne, avocat à New York…
Avec La perspective du condor, il s’essaye à la littérature jeunesse et nous offre un instant rare entre documentaire riche et poétique sur la beauté de la vie animale et conte philosophique sur notre société et ses actions contre la nature.
Parcourir le monde pendant 100 jours sans avion avec Tanguy Viel, c’est le pari fou que l’écrivain s’est lancé ! Travelling. Un tour du monde sans avion est le récit de ce fabuleux périple, parfait prétexte à la réflexion sur le voyage, les lieux, les noms, le rapport à l’espace et au temps, au travers d’expériences insolites et inoubliables.
Bibliographie
- Le Bon, la Brute et le Renard (Actes Sud, 2020)
- Travelling (JCLattès, 2019)
- Poèmes américains (Éditions Finitude, 2018)
- Dans les pas d’Alexandra David Néel avec Eric Faye (Stock, 2018)
- Les oiseaux de l’Amérique (Actes Sud, 2018)
- La perspective du condor (L’École des Loisirs, 2016)
- Les vies multiples de Jeremiah Reynolds (Stock, 2015)
- Ienisseï (Verdier, 2014)
- Les nuits de Vladivostock (Stock, 2013)
- En descendant les fleuves, co-écrit avec Eric Faye, (Stock, 2011)
- Des femmes disparaissent (Verdier 2010)
- La piste mongole (Verdier, 2009)
- Du Baïkal au Gobi (L’Escampette, 2008)
- L’art de la natation subaquatique (éditions Marguerite Waknine, 2008)
- À Budapest (Circa 1924, 2007)
- Le scorpion de Benvenuto (L’Escampette, 2007)
- Pris aux mots (Lexique 2) (L’Escampette, 2006)
- J’ai grandi (Gallimard, 2006) Prix Symboles de France
- La jubilation des hasards (Gallimard, 2005)
- Deux fragments oubliés (éditions des librairies Initiales, 2005)
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas (Verdier, 2005)
- Lexique (L’Escampette, 2004)
- Pierrier (L’Escampette, 2003)
- L’embarquement (Gallimard, 2003)
- Fées, diables et salamandres (Champ Vallon, 2003)
- Itinéraire chinois (une énigme) (L’Escampette, 2002)
- Une théorie d’écrivains (éditions Théodore Balmoral, 2001)
- Du bruit dans les arbres (Gallimard, 2001)
- Sortilège (éditions Champ Vallon, 2001)
- Les cigarettes (L’Escampette, 2000)
- Une odeur de jasmin et de sexe mêlés (éditions Flohic, 2000)
- Rien (Champ Vallon, 2000)
- Le vol du pigeon voyageur (Gallimard, 2000) Prix du Rotary International
- Vies volées (éditions Climats, 1999)
- L’Encre et la couleur (Gallimard, 1997)
- Vidas (Gallimard, 1993)