Hi han han han !

écrit par Tom Roussel, élève de 5ème au collège Léon Jozeau-Marigné à Isigny Le Buat (académie de Caen)
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Corentin s’étonne de n’être pas plus impressionné. Remarquez, il ne s’est jamais évanoui de sa vie. Mais il n’a jamais rencontré de cadavre non plus. Monsieur Mouron est étendu dans toute sa rondeur. Il porte son costume trois pièces et son éternel noeud papillon. Ce gros dandy cachait ses bourrelets sous des vêtements impeccables. Par terre, tas flasque comme une flaque de boue, il a l’air paisible. Son rictus s’est transformé en sourire d’ange grassouillet. Chacune de ses cuisses est un tronc d’arbre. Cette masse est couverte d’un sang qui coule encore. Une aiguille de métronome en plein coeur, quelle fin horrible pour un prof de solfège. Corentin n’est pas attendri par cet ancien ennemi qui ne respire plus, mais s’il l’a maintes fois maudit, il n’a jamais souhaité sa mort. M. Mouron abusait de son pouvoir et se servait du solfège comme d’un instrument de torture. Mais qui en voulait à ce point au prof sadique ? Combien de fois a-t-il poussé Célia la violoncelliste aux larmes ? Et la petite Natacha, n’a-t-elle pas juré que si elle le rencontrait une nuit de pleine lune, elle lui enfoncerait sa flûte dans la gorge ? Et Guillaume, si sublime au piano, garçon massif et fort qui s’est écroulé après avoir raté l’examen de fin d’année en hurlant : "Qu’il crève !"
Mouron était aussi détesté par ses collègues du conservatoire. Mais nul ne le haïssait autant que la belle directrice, Madame Van den Blois, qui n’attendait que la retraite de ce croque-notes. L’a-t-elle hâtée ? Et si oui pourquoi ? Personne ne connaît le moindre détail de sa vie, mais avec l’arrivée de la police, on ne va pas tarder à être servi.

Puis la police arrive sur les lieux du meurtre. L’inspecteur de police, Monsieur Bourgeron, vêtu d’un grand manteau et d’un chapeau gris marche avec son allure de gentleman vers Corentin. Il lui dit d’un air snob, en pinçant le nez comme si le jeune musicien sentait mauvais :

« Bonjour, tu dois être le petit Corentin ? »

« Oui, répond-il très intelligemment. Pour une fois qu’il est sûr de sa réponse ! »

« Je sais que c’est la première fois que tu vois un cadavre. Tu es peut-être choqué, mais j’ai besoin de ton témoignage ! Viens dans le bureau de la principale dans une heure ! »

« Oui », répond encore Corentin, sidéré d’avoir donné deux bonnes réponses de suite !

Pendant cette heure, Corentin mène son enquête. Attention le pire reste à venir...

L’heure écoulée, il se dépêche de descendre les escaliers et se précipite vers le bureau de la principale. Mais cet idiot se prend la porte du bureau, car l’inspecteur Bourgeron l’ouvrait justement à ce moment à toute volée. Corentin se frotte la figure, complètement sonné, et éclate de rire comme un âne : « Hi han han han ! » . L’inspecteur, le questionne :

« Corentin, à quelle heure as-tu trouvé ce cadavre ? »

« Entre 16h30 et 17 h : je ne sais plus exactement à cause de mon état de choc... et de la porte que je viens de me prendre en plein nez. Hi han han han ! »

« As- tu touché à M.Mouron ? »

« Euh ... non j’ai toujours eu peur de m’étouffer dans sa graisse ou de m’enfoncer dedans. Hi han han han ! »

L’inspecteur ne sembla pas apprécier son humour débile ! Et il dispute Corentin. Alors le jeune garçon sort en fermant la porte violemment, pour montrer son mécontentement. Mais il se coince les doigts comme un idiot, se roule sur le sol comme un chien qui joue et crie comme un bœuf !

« Meuh c’est pas juste ! »

Corentin, une fois relevé, part manger puis retourne dans sa chambre d’internat. Il note certains suspects dans son petit carnet, comme Guillaume , la directrice , les professeurs, etc ...

Corentin se détend sur « Mass Media » de Kiemsa, son groupe et morceau préférés. Soudain, il lui vient une idée, ce qui est finalement assez rare...Mais vous ne saurez pas ce que c’est, car il l’oublie aussitôt !

Le lendemain,il a un doute : son professeur de harpe lui semble louche ! Peut-être est-ce seulement parce qu’il lui a mis une mauvaise note ! Mais passons... Donc, il le suit silencieusement. Son prof est tellement idiot qu’il parle tout seul :

« C’est génial que le vieux Mouron soit mort ! Comme ça la prime est à moi hé hé. »

Corentin rentre vite dans sa chambre, et téléphone au commissaire. Ainsi, le prof de harpe devient le premier suspect.

Très vite, ce trouillard avoue en pleurant et en faisant dans sa culotte. Il est jugé au tribunal et emprisonné à perpétuité. Depuis cette affaire, tout le monde trouve Corentin très intelligent ! Comme quoi, tout peut arriver !