Le programme, par jour et par lieu.

Vendredi 7 février

  • 10h - 11h30 / Palais de la Culture
    Débat “Identité culturelle et/ou mondialisation ?”
    Comment, pour l’écrivain, se situer entre ces deux pôles – si tant est qu’ils soient antagonistes ?
    La planète se couvre de morts, au nom de la revendication
    “d’identité”, mais que vaut une “identité” qui ne
    s’ouvre pas continûment, se transforme au contact des
    autres et du monde – n’est-elle pas l’autre nom d’une
    prison ? Toute la modernité ne se développe-t-elle pas au
    contraire sur la critique de l’identité – et la modernité littéraire
    sur cette affirmation de Rimbaud que “Je est un
    Autre“ ?
    De toute part on (à commencer par ceux qui se revendiquaient
    hier comme “internationalistes”) dénonce la
    “mondialisation” comme la source de tous les maux
    – mais n’y a-t-il pas une parfaite mauvaise foi à confondre
    le marché mondial en voie de constitution et l’exigence
    d’universalité ?
    Bref, au lieu de s’opposer, il se pourrait bien que ces deux
    termes se rejoignent comme deux moyens de refuser
    l’altérité, le rapport à l’autre qui est l’expérience même
    que tente de mettre en jeu la littérature.
    Un temps, on a beaucoup parlé de “littérature nationale”,
    puis de “littérature post-coloniale”, Edouard Glissant a
    lancé le concept de “tout-monde”, et celui de “baroquisme”,
    Carlos Fuentes, lui, a lancé le mot de “world fiction”,
    pour affirmer que nous sommes aujourd’hui le produit
    d’un métissage culturel généralisé. Reste peut-être
    le plus difficile : penser la littérature comme expérience
    de construction-découverte de soi, à travers l’épreuve de
    l’altérité : une identité plurielle, en somme, toujours à
    recréer, qui ne vaut que pour autant qu’elle s’affirme comme
    une manière concrète de conjuguer l’universel.
    Avec Kossi Efoui, Lilyan Kesteloot-Fongang, Gisèle Pineau, Cheick Oumar Sissoko, Nagognimé Urbain Dembélé, Alain Mabanckou, Ismaël Diabaté (plasticien) et Emmanuel Goujon.

  • 15h - 17h15 / Palais de la Culture
    Projection de Coeurs piégés en Afrique
    Film documentaire de Dominique Torrès, suivi de...

Débat “L’amour, toujours l’amour”
On y revient toujours, bien entendu. Comme le théâtre
premier de nos passions, où se dévoile l’ordre même du
monde, et se déploient ses mystères…
En même temps, changent ses représentations – plus
guère de place, dirait-on, pour “l’amour idéal”, mais le
déchaînement, souvent, de l’érotisme, sinon de la pornographie,
comme si l’amour devait se réduire à la sexualité…
Mais changent-elles vraiment ? Le plus gros succès
de libraire en Afrique aujourd’hui va aux publications “à
l’eau de rose”. Si, pourtant, elles changent, ces représentations
 : parce que les femmes prennent enfin la parole.
Avec une vigueur qui décoiffe. Et c’est peut-être là
que se joue une partie essentielle pour l’avenir de la littérature
africaine – et, au-delà, bien sûr, de l’Afrique
elle-même…
Avec Maïssa Bey, Ken Bugul, Pierrette Fleutiaux, Kangni Alem, Aïda Mady Diallo, Jean-Luc Raharimanana.

Samedi 8 février

  • 10h00 - 11h30 / Palais de la Culture
    Débat “L’écrivain et son héritage”
    On est toujours le fils de quelqu’un, dit-on : reste à savoir
    si, à partir de cette constatation, on déduit que l’aventure
    de chacun est d’inventer son propre chemin, ou de mettre
    ses pas dans les chemins déjà tracés.
    Chacun est, d’une manière ou d’une autre, le produit d’une
    histoire, d’un milieu, d’une tradition, et même de l’Histoire – mais ne devient-il pas quelqu’un en gagnant son autonomie,
    en faisant l’Histoire, en se confrontant aux autres, aux
    autres héritages, aux autres traditions, à l’épreuve des
    “autres que soi” ? Et que vaut une tradition, qui, paradoxalement,
    ne se renouvelle pas ? Le passé où s’ancre la “tradition”
    fut un jour un présent – et la tradition, ce jour-là, fut
    une création. Qui décide du moment où cette création doit
    s’arrêter ? Qui décide de fermer la porte du futur – sinon
    ceux qui y ont intérêt ?
    Nous sommes le produit d’une histoire : que faire en littérature
    aujourd’hui du passé colonial, de l’esclavage, de l’immigration,
    que faire par exemple, de la culture africaine
    des langues ?
    Nous sommes toujours le lecteur de quelqu’un. Donc que
    faire de ses lectures – et surtout depuis que nous lisons de
    plus en plus et depuis le plus jeune âge des livres du monde
    entier ? Y a-t-il une filiation possible entre les générations
    des écrivains africains ? Les écrivains antillais ont-ils une expérience
    comparable à la nôtre ? Peut-on se raccrocher à
    l’histoire littéraire française ? Quels sont les auteurs français
    (ou, d’ailleurs, du monde entier) qui ont influencé la nouvelle
    génération des écrivains africains ? Peut-on, à partir de
    ce rapport à l’héritage, faire une histoire littéraire cohérente
    des écrivains francophones toutes origines confondues
    (Canada, Liban, Maghreb, Belgique, Suisse, Afrique,
    Antilles, Haïti) ? Cette notion d’héritage, croyons-nous, est
    aujourd’hui centrale, même si elle charrie de lourdes ambiguïtés – dont nous avons précisément à débattre…
    Avec Ananda Devi, Gary Victor, Mandé Alpha Diarra, Boniface Mongo-Mboussa. Animé par Bernard Magnier

  • 15.00-16.00 / Palais de la Culture
    Débat “Mots étrangers, langue maternelle”
    Depuis de nombreuses décennies, un certain nombre de
    pays d’Afrique ont mis en oeuvre des politiques de promotion
    des langues nationales. Cependant, une littérature en
    langues africaines tarde à voir le jour, excepté dans
    quelques rares régions.
    Les auteurs en langues nationales rencontrent-ils les
    mêmes difficultés que leurs confrères écrivant dans les
    langues européennes ? Quelles sont les conditions indispensables
    à l’émergence d’une littérature en langues africaines
     ? D’autres expériences tentées ailleurs peuventelles
    être utiles à l’Afrique ? En invité inattendu, pour un
    débat passionnant : Vassilis Alexakis, dont l’expérience littéraire,
    dans son dernier roman (Les mots étrangers), est
    pour le moins singulière, puisque né à Athènes, vivant en
    France, il a entrepris d’apprendre le Sango, langue parlée
    en République centraficaine. Qu’a-t-il à nous dire, celui
    qui obtint le prix Médicis en 1995 pour un roman intitulé : La langue maternelle ?
    Avec Bassiriki Touré, Gagny Kanté, Dramane Traoré, Amadou Traoré, des éditeurs africains, un représentant du NKO et Vassilis Alexakis. Animé par M. A. Samassékou.

  • 16h00 - 18h00 / Palais de la Culture
    Débat “L’écrivain et sa responsabilité”
    L’écrivain est-il responsable ? Et d’abord de quoi ? Devant
    qui ? Cette affirmation n’est-elle pas trop souvent une manière
    de rappeler l’écrivain à l’ordre, de le tenir en laisse,
    de lui demander sans cesse des comptes ?
    La question, aujourd’hui, peut paraître dépassée, ou du
    dernier comique, en France et en Europe de l’Ouest, où
    l’écrivain, le plus souvent absorbé dans la contemplation
    émerveillée de son nombril, paraît revendiquer une irresponsabilité
    radicale. Mais en Afrique ? Y a-t-il, face à la situation
    du continent, une responsabilité politique de l’écrivain
    africain aujourd’hui ? Et cela implique-t-il nécessairement
    que l’écrivain doive se faire, ou accepter d’être,
    militant, témoin, porte-parole ?
    Peut-être la réflexion des écrivains des pays de l’Est européen,
    confrontés au phénomène totalitaire ouvre-t-elle une
    voie pour l’écrivain : qu’il n’est pas nécessaire de connaître
    la vérité pour dénoncer les mensonges, que le totalitarisme,
    et le jeu de tous les pouvoirs, est d’abord de pervertir systématiquement
    le sens des mots, jusqu’à leur faire dire le
    contraire de ce qu’ils signifient. La responsabilité de l’écrivain,
    face à la barbarie, serait alors d’être “le gardien du
    sens des mots”.
    Avec Emmanuel Goujon, Ludovic Obiang, Michèle Rakotoson, Jean-Luc Raharimanana, Sory Birama Singaré, Adame Bâ Konaré. Animé par Jacques Chevrier.

  • 21h00 / Centre Culturel Français
    Projection de Fatou la Malienne
    Un film de Daniel Vigne.

Dimanche 9 février

  • 10h00 - 11h3O / Palais de la Culture
    Débat “Figures naturelles et surnaturelles”
    Au nom du “réalisme”, tout un courant romanesque s’est
    voulu étranger aux puissances jugées trompeuses, ou
    même dangereuses, du mythe. Qu’en est-il aujourd’hui ?
    Les grandes oeuvres romanesques ne sont-elles pas celles
    qui, au contraire, nous montrent que le “réel” est infiniment
    plus complexe que ne l’imaginent les “réalistes”,
    et l’âme humaine plus vaste qu’ils ne feignent de le croire,
    où se déploient des puissances insoupçonnées – et
    n’est-ce pas le propre du mythe, que de déployer dans la
    trame d’une histoire cette inépuisable profondeur du
    monde, et de soi ? Le recours au mythe : peut-être une
    voie royale pour la littérature africaine aujourd’hui…
    Avec Gary Victor, Gisèle Pineau, Ananda Devi, Pascal Baba Coulibaly, Lucien Gourong, Danny Laferrière.

Lundi 10 février

  • 10h00 - 11h30 / Palais de la Culture
    Editeurs du Nord, éditeurs du Sud
    Les éditeurs du Nord et du Sud répondent aux questions des auteurs et des lecteurs. Avec un premier bilan d’“Afrilivres” (association d’éditeurs francophones d’Afrique sub-saharienne), par Isabelle Bourgueil.

- 11h30 - 12h30 / Palais de la Culture
Café littéraire
Avec Gary Victor, Danny Laferrière, Gisèle Pineau, Ken Bugul et Alain Mabanckou.

  • 15h00 - 16h30 / Palais de la Culture
    Débat : “Le roman, un genre en voie de disparition... ou en pleine santé ?”
    On annonce périodiquement sa mort. Mort du roman
    “engagé”. Mort du roman “d’avant-garde”. Mort du roman
    “psychologique”. Le roman, à travers les âges ne s’est
    jamais déployé que dans l’annonce de sa mort à venir, ou
    le constat (à chaque fois illusoire) de son trépas. Mais à
    chaque fois n’est-ce pas plutôt de la mort d’une école,
    d’un courant, d’une chapelle, d’une idéologie qui prétendait
    tenir en cage la littérature – laquelle toujours
    s’échappe et ne vit jamais mieux que dans les marges ?
    Alors, toujours en vie le roman ? Mais sous quelles formes
    nouvelles ? Ou bien, réellement en péril ? Après tout il
    est né un jour, dans une culture donnée : figure historique,
    il est probablement mortel, genre né dans une culture,
    il peut se découvrir étranger à telle autre. Mais que
    signifierait alors sa disparition – de l’idée qu’il engage des
    pouvoirs de la fiction, de l’imaginaire, de l’être humain
    lui-même ? Reste peut-être plutôt à le réinventer…
    Avec Maïssa Bey, Michel Le Bris, Abdoulaye Karim Dembélé, Boniface Mongo-Mboussa, Ludovic Obiang, Eugène Ebodé, Natacha Appanah-Mouriquand.
    Animé par Romuald Fonkua.

  • 17h00 / Palais de la Culture
    Clôture du festival