Présence d’Haïti

On entend « reconstruction », « premières urgences », « refuges » mais qu’est-ce qu’« habiter un lieu » — et comment se reconstruire ? On n’habite d’abord que poétiquement le monde nous dit Ernest Pignon-Ernest. Nous dit Edouard Glissant. Nous disent tour à tour les écrivains haïtiens — à commencer par Frankétienne qui « Rapjazze » Port-au- Prince, « où l’or pur naît dans un creuset d’ordures ». Frankétienne auquel le réalisateur Charles Najman consacre un documentaire que nous projetterons en avant-première. Les artistes de la Grand’Rue investissent la ville en ruine, la peuple de leurs événements, saynètes, fresques. Un lieu, n’est-ce pas aussi, d’abord, un imaginaire ? Habiter un lieu suppose de le charger de son imaginaire, d’en vivre la mémoire, de l’inventer continûment. Futiles, les livres, les poèmes, les musiques ? Sans doute. Mais aussi nécessaires. Comment simplement parler de reconstruction, si ce ne sont pas les Haïtiens eux-mêmes qui réinvestissent leur espace ?

Les écrivains haïtiens avaient illuminé le festival l’année dernière. Pas moins de 13 d’entre eux feront cette année le déplacement. Pour témoigner de la réalité de Port- au-Prince 18 mois après le terrible séisme. Et de la puissance créatrice de ce peuple : 12 nouveaux livres ont été publiés depuis le dernier festival qui marquent l’émergence de voix nouvelles. Avec : Marvin Victor, Makenzy Orcel, James Noël, Jean-Euphèle Milcé, Emmelie Prophète, Marie-Célie Agnant, Yanick Lahens, Stanley Péan, Rodney Saint-Eloi, Anthony Phelps, Lyonel Trouillot, Evelyne Trouillot, Gary Victor, Dany Laferrière. Des rencontres encore et toujours, une grande matinée autour de « Comment habiter un lieu ? », des films et webdoc, cafés littéraires et lectures.