DREYFUS Ariane

France

La lampe allumée si souvent dans l’ombre (José Corti, 2013)

Biographie

Professeur agrégée de lettres modernes, Ariane Dreyfus est l’auteur d’une dizaine de recueils de poésie. Elle a également collaboré à des anthologies et publié de nombreux textes et poèmes dans diverses revues (Action Poétique, Aires, Arpa, etc).

Dans son dernier recueil, La lampe allumée si souvent dans l’ombre, elle évoque les lectures fondatrices de poètes contemporains qui ont inspiré sa propre écriture poétique.


Bibliographie :

  • La lampe allumée si souvent dans l’ombre, (José Corti, 2013)
  • La terre voudrait recommencer, (Flammarion, 2010)
  • Iris, c’est votre bleu, (Le Castor Astral, 2008)
  • L’inhabitable , (Flammarion, 2006)
  • La bouche de quelqu’un, (Tarabuste, 2003)
  • La belle vitesse, (Dé Bleu, collection "Le farfadet bleu", 2002)
  • Les compagnies silencieuses, (Flammarion, 2001)
  • Quelques branches vivantes, (Flammarion, 2001)
  • Une histoire passera ici, (Flammarion, 1999)
  • La durée des plantes, (Tarabuste, 1998)
  • Les miettes de Décembre, (Dé bleu, 1997)
  • Un visage effacé, (Tarabuste, 1995)
  • L’Amour 1, (Editions De, 1993)

Présentation de La lampe allumée si souvent dans l’ombre

"Qui sommes-nous ? Quand j’ouvre la bouche, de qui est faite cette voix ? Si j’avais été la seule à parler ma langue, jamais je n’aurais écrit. Il n’y a pas que les baisers pour se mêler par la bouche, par la gorge, par toute la vie. « Et maintenant écoutez-moi bien. (c’est Pasternak qui fait ainsi parler Jivago). L’homme présent dans les autres, c’est cela justement qui est l’âme de l’homme. Voilà ce que vous êtes, voilà ce qu’a respiré, ce dont s’est nourrie, ce dont s’est abreuvée toute sa vie votre conscience ». Mourir est toujours possible, plusieurs fois par jour même. Alors je prends un livre comme on rallume la lampe, et si l’ami que j’y trouve n’en est pas moins invisible, mon coeur au moins revient à lui, les mains bougent au devant des visages.

Créer ? Oui, en n’oubliant pas que la beauté commence quand deux peuvent la reconnaître. Ainsi ne peut-on pas savoir à l’avance comment la poésie sera, elle attend de voir où nous tombons, et comment on se relève."

Ariane Dreyfus

Si certains amis d’Ariane Dreyfus sont ceux de nombreux lecteurs : Colette, Nabokov, Dostoïevski, d’autres, poètes français contemporains pour la plupart, leur sont peut-être moins familiers : James Sacré, Valérie Rouzeau, Jacques Lèbre, Christophe Lamiot Enos, Jean-Louis Giovannoni, Nicolas Pesques, Éric Sautou, Stéphane Bouquet. C’est ainsi qu’à travers ses préférences, se dessine une petite histoire singulière et sensible de la poésie française contemporaine, loin des sentiers battus. Chemin faisant, elle nous livre des pages magnifiques sur la création, le quotidien, l’intimité, l’amour, la sensualité, la poésie, en somme.


La lampe allumée si souvent dans l’ombre

José Corti - 2013

"Qui sommes-nous ? Quand j’ouvre la bouche, de qui est faite cette voix ? Si j’avais été la seule à parler ma langue, jamais je n’aurais écrit. Il n’y a pas que les baisers pour se mêler par la bouche, par la gorge, par toute la vie. « Et maintenant écoutez-moi bien. (c’est Pasternak qui fait ainsi parler Jivago). L’homme présent dans les autres, c’est cela justement qui est l’âme de l’homme. Voilà ce que vous êtes, voilà ce qu’a respiré, ce dont s’est nourrie, ce dont s’est abreuvée toute sa vie votre conscience ». Mourir est toujours possible, plusieurs fois par jour même. Alors je prends un livre comme on rallume la lampe, et si l’ami que j’y trouve n’en est pas moins invisible, mon coeur au moins revient à lui, les mains bougent au devant des visages. Créer ? Oui, en n’oubliant pas que la beauté commence quand deux peuvent la reconnaître. Ainsi ne peut-on pas savoir à l’avance comment la poésie sera, elle attend de voir où nous tombons, et comment on se relève." Ariane Dreyfus Si certains amis d’Ariane Dreyfus sont ceux de nombreux lecteurs : Colette, Nabokov, Dostoïevski, d’autres, poètes français contemporains pour la plupart, leur sont peut-être moins familiers : James Sacré, Valérie Rouzeau, Jacques Lèbre, Christophe Lamiot Enos, Jean-Louis Giovannoni, Nicolas Pesques, Éric Sautou, Stéphane Bouquet. C’est ainsi qu’à travers ses préférences, se dessine une petite histoire singulière et sensible de la poésie française contemporaine, loin des sentiers battus. Chemin faisant, elle nous livre des pages magnifiques sur la création, le quotidien, l’intimité, l’amour, la sensualité, la poésie, en somme.


Nous nous attendons

Le Castor Astral - 2012

Dans L’Ange nécessaire, Wallace Stevens affirme que le poète « se réalise seulement lorsqu’il voit son imagination devenir lumière dans l’esprit des autres ». Ainsi peut-il « aider les gens à vivre leur vie ». En d’autres termes, le travail de l’imagination est d’éclairer le monde existant, mais sans se confondre avec lui : résister tout autant que répondre à « la pression de la réalité ». Or, un peintre, depuis des décennies, accomplit cela avec force et discrétion. Vous ne verrez dans ce livre aucun tableau de Gérard Schlosser, mais j’espère que vous sentirez à quel point vous êtes une part de ce « nous » dont il raconte l’histoire si commune, faite de morceaux du monde où se joue un instant de vie inévitablement partagée – Alain Jouffroy parle à juste titre de « cinéma immobile » – qu’il cadre dans la lumière de son regard et de sa pensée. Acte toujours renouvelé et réfléchi, jamais une posture. Ce livre que voici demeurera sans doute mon expérience d’écriture la plus heureuse : je n’avais plus à penser à moi, seulement à laisser mes yeux suivre les siens, partageant son désir, acceptant ses secrets. J’ai avancé au hasard, sans crainte de me perdre : son oeuvre donne la réalité, ne cessant d’y penser, et dans la réalité vécue rien n’est anodin. Alors, un poème, encore un poème, puis encore un poème, comme les pièces d’un puzzle, mais dont je n’ai pas voulu qu’elles s’emboîtent parfaitement, cela aurait été rétrécir la vie. Nous sommes tous là, même le coeur serré et le visage détourné (les mots qu’on a dits le silence s’en souvient), nous arrivons à respirer, « individus en quête d’espace naturel et d’intimité », résistant à toutes les dominations avec ces corps que l’art du peintre ne craint pas de réaffirmer depuis la photo qu’il en a faite un jour, sûr que les apparences vraiment prises au sérieux sont capables d’ouvrir toutes les portes de ce à quoi nous songeons, leurs corps et donc les nôtres, il fallait les poser ainsi dans la clarté ou dans la pénombre qui n’existent que pour eux, ces « belles barricades tranquilles dans l’incertitude ». Ariane DREYFUS


La terre voudrait recommencer

Flammarion - 2010

La terre voudrait recommencer Et si le cirque était une clairière dans la nuit où nous sommes tous ? Jongleurs aux yeux ouverts, trapézistes sexués, funambules vibrants, regardez-les, aussi éveillés que le Petit Poucet dans sa forêt, trouvant un chemin là où on n’y croyait pas, sans doute la terre les sent sur elle. Des humains - moi, vous, eux - s’y installent ou y passent, chaque poème trace de quoi respirer. Un jour même, pour aller plus loin que toute seule, j’ai entrelacé mon écriture à celles de sept enfants rencontrés en atelier d’écriture. Par cette transfusion réciproque, le Petit Poucet s’est démultiplié en frères et en soeurs, toujours surprenants, jamais étrangers. A la fin du poème l’enfant prend congé, il a construit son propre départ, il sort des pages d’où sortent des chemins.


Iris c’est votre bleu

Le Castor Astral - 2008

« Cette fois, la fleur c’est un homme. Cet homme qui reste près de moi et sa fleur se dresse. Beauté et fragilité de l’incarnation, du lien dans le temps. Et comme il n’y a pas d’instant sans son basculement, « je veux bien au bord si c’est avec toi ». Et comme la terre elle aussi a désormais perdu l’éternité, on n’ose même plus s’accrocher à l’herbe. On le fait, on continue à toucher ce qui semble nous porter, mais très doucement maintenant. Près de moi, il y a aussi des enfants qui finissent de grandir, avec ce silence particulier de quitter l’enfance sans savoir encore qu’elle reviendra avec l’amant, l’amante. Comme Valérie, quand elle se penche sur le papier ou la toile, autre pinceau d’amour, encore de l’eau pour les fleurs uniques. Ailleurs, Rwanda, Iran, Afghanistan, d’autres silences, celui des êtres, souvent des femmes, dont la vie est arrachée à vif. Ailleurs ou tout près, c’est pareil, il n’y a que Dieu qui est loin, puisqu’il n’existe pas. Ce livre a commencé avec un iris sous le bleu du ciel nu. » Ariane Dreyfus


L’inhabitable

Flammarion - 2006

Cimetière de Bagneux. Robert Doisneau, dans son cercueil, vient d’être descendu au fond d’un trou. La terre ne l’a pas encore recouvert. Henri Cartier-Bresson est là, croquant une pomme. Quand c’est son tour de passer devant son ami, il lui lance la moitié de sa pomme. Je dédie ce livre à Stéphane Bouquet, à ses phrases tendues. A sa poésie, à son amitié, par lesquelles le vertige au-dessus du vide a été vivable, mué en cette légèreté ivre quand on se nourrit de peu. L’amitié comme la poésie relève sans remplir les mains, fait sourire sans que rien n’ait changé, s’asseoir côte à côte au milieu des ruines. Donne le temps et pourtant personne ne touche les corps. Parfois l’amour vient réellement, cela aussi a un nom, le nom de quelqu’un. Alors cet autre vertige, celui d’être à la fois une et deux, de ne jamais cesser d’être cela autant que ceci. Incroyable perspective, fabuleux appareillage.


La bouche de quelqu’un

Tarabuste - 2003

La belle vitesse

Le Dé Bleu - 2002

Des poèmes ? Des notes ? Des instants saisis au vol de l’émotion ? Faut-il vraiment chercher à définir ce qu’on nous propose ici ? La tendresse doit-elle absolument entrer dans un cadre ? Car il s’agit bien de tendresse et d’émotion dans ces pages que l’on tourne lentement : des éclats de la vie de Paul et d’Anne, deux jeunes enfants encore à l’âge des peluches et des shérifs qui passent dans l’escalier et le parent qui les regarde, qui les aime… Et dont les mots, autrement qu’un appareil photo saisissent les éclairs. On peut difficilement lire ces pages sans retrouver comme en surimpression ses propres souvenirs de parents, ses propres souvenirs d’enfance. Nos enfants relisent notre enfance… Donner nos propres souvenirs à nos enfants, c’est souvent les rassurer, les aider à cheminer… Leur renvoyer par le miroir des mots leur enfance, c’est peut être leur permettre de mieux la vivre… Je ne sais pas, mais le livre est comme un petit câlin, bref mais dont le sourire dure en sourdine dans la mémoire… Valérie Linder joue avec les taches de couleurs, à cet âge là on en a souvent plein les doigts. Il est heureux que parfois, le bout des doigts retrouvent des couleurs…


Les compagnies silencieuses

Flammarion - 2001

Les mains vides, les pieds nus, le plus gros des vêtements ôté, on n’a besoin de rien pour danser. On n’est rien encore, on ne sera rien de plus. L’éclosion. De la danse il ne reste, s’il en reste, que des souvenirs de plus en plus fragiles : l’ai-je vraiment vu, l’ai-je vraiment fait ? C’est bien notre vie. Avec ce livre j’ai trempé des moments d’existence dans la danse - ou dans la pensée de la danse : elle pense, puisqu’elle est silencieuse - parce qu’alors, la honte cesse. Le plus nécessaire, et le moins lointain des horizons. A. D.


Quelques branches vivantes

Flammarion - 2001

Ce livre - contemporain des Miettes de décembre - a été commencé il y a plus de vingt-cinq ans. Je m’appuie encore sur ces branches, vérifiées vivantes à chaque moment de réécriture. Certes je ne vois pas toujours l’arbre, cet arbre qui abriterait, ou qui ferait voir plus haut, plus loin. Ferait comprendre Plutôt nous sommes posés sur le vide, avançant dans l’inconnu de nous-même. L’angoisse n’y manque jamais de nourriture. Et pourtant, toujours neuf, rien n’égale ce vertige de l’autre rencontré sans s’écarter. Mais jusqu’où se pencher ? Oserais-je sans la poésie ? C’est elle qui me tire. Ne plus attendre n’empêche pas que l’enfance, autre nom du présent, demeure. Sous l’écorce le bois vert. Même tombé, le noyau obstiné.


Une histoire passera ici

Flammarion - 1999

Une suite de variations, de récits abrégés, elliptiques, scandés (en prose comme en vers) sur les cow-girls et les Indiennes de l’Ouest américain, primitif ou mythique. L’accent est mis sur la tribu des femmes, des "héroïnes" qui constituent une étrange galerie de portraits.


La durée des plantes

Tarabuste - 1998

Les miettes de Décembre

Le Dé Bleu - 1997

« Car la beauté existe là où le souffle / A une figure qu’on peut oublier ». Dans ces Miettes de Décembre, Ariane Dreyfus rassemble ces « figures » de la beauté que sont les visages passants et les prénoms changeants d’une femme, de sa petite fille, ó de toute femme et toute petite enfance peut-être ó et qu’un improbable récit nous dévoile et nous voile dans le même temps. Bribes d’histoire, instants de vie, enfances émiettées que la langue nous laisse entendre dans le mélange de ses voix possibles (celles des naïvetés et des émerveillements, des découvertes, des craintes et des blessures, celle de la vie tout simplement, de la mort aussi). Qu’on ne s’y trompe pas, il n’y a aucune posture facile dans ces poèmes, mais bien plutôt la force d’une voix à la fois douce, tendre, tout imprégnée d’une vie en perpétuel mouvement et d’une grammaire poétique qui bute sur les pierres de doute parsemées sur le chemin où mère et petite fille marchent ensemble. Alliant morceaux de dialogues, récits inachevés, questions (souvent sans réponse), aphorismes et vers, les poèmes d’Ariane Dreyfus ont cette capacité rare de condenser l’éveil que produit chaque moment de bonheur comme volé au temps qui passe et la gravité des scènes que l’existence nous réserve. Ces scènes, ces moments, qui sont, peut-être, parfois les mêmes, nous disent « où l’âme respire dans un corps ». « Les lumières s’allument, pas les visages. / Mais les visages avancent. Eux. »


Un visage effacé

Tarabuste - 1995

L’Amour 1

Editions De - 1993