C’est avec beaucoup d’émotion que de nombreux lecteurs découvrent à la fin des années 1980, dans le célèbre magazine (À Suivre), les premières planches de BD signées par Benoît Peeters et François Schuiten. De l’esprit du premier naissent des récits eschatologiques et oniriques, où l’on croise les figures de génies littéraires et de grands scientifiques, de Jules Verne à Hitchcock en passant par Einstein, dans une atmosphère étrange et mystique, très fin de siècle. François Schuiten, quant à lui, réalise des dessins soignés, minutieux, qui apportent à l’époque un grand coup de vent frais au 9ème art, les Cités Obscures, qu’il dessine avec beaucoup de brio, donnent le vertige et écrasent le lecteur sous le poids de leurs ténèbres.
Né à Bruxelles en 1956 dans une famille d’architectes, il n’a que 16 ans lorsque ses planches sont publiées pour la première fois : Mutation, une histoire courte entièrement dessinée au bic, paraît dans l’édition belge de Pilote. À l’atelier bande dessinée de l’Institut Saint-Luc, il rencontre Claude Renard avec qui il réalisera deux albums : Aux médianes de Cymbiola et Le Rail, regroupés sous le titre Métamorphoses. Avant de collaborer avec son grand ami Benoît Peeters, c’est avec son frère Luc, qu’il élabore au fil des ans le cycle des "Terres creuses" dans les pages de Métal Hurlant. Trois albums sont parus à ce jour : Carapaces, Zara et Nogegon.
C’est cependant pour la série des Cités Obscures, que François Schuiten est mondialement connu. Les albums du duo franco-belge, traduits dans une dizaine de langues, obtiennent de nombreuses récompenses au fil des années. La Fièvre d’Urbicande reçoit ainsi l’Alfred d’or du festival d’Angoulême en 1985, avant que Schuiten ne décroche le Grand Prix en 2002 pour l’ensemble de son œuvre. N’hésitant pas à sortir du cadre traditionnel de la bande dessinée, les deux amis écrivent à deux des scénarios, co-scénarisent des docu-fictions, Le Dossier B et L’Affaire Desombres, et de nombreuses expositions sur le monde des Cités Obscures.
Toujours novateur, François Schuiten évolue aussi en solo dans plusieurs projets monumentaux. Scénographe virtuose, il réalise, entre autres, la scénographie de l’opéra de Rossini, La Cenerentola, celle du Musée des Ombres, présenté successivement à Angoulême, Sierre, Bruxelles et à Paris, ainsi que le Pavillon du Grand-Duché de Luxembourg à l’Exposition Universelle de Séville. Ses talents de dessinateurs le ramènent naturellement à l’architecture : on lui confie la conception de deux stations de métro, Porte de Hal à Bruxelles, et Arts et Métiers à Paris. Dans son dernier album, La Douce, il s’échappe des Cités Obscures, avec un récit mélancolique, mais aussi un défi technologique : il s’attaque dans cet album à la réalité augmentée.
Bibliographie
- Aquarica, tome 2 (Rue de Sèvres, 2022) avec Benoît Sokal
- Aquarica, tome 1 (Rue de Sèvres, 2017) avec Benoît Sokal
- Revoir Paris (Casterman, 2014 et 2016) avec Benoît Peeters
- La Douce (Casterman, 2012)
- Le guide des cités (Casterman, 2011)
- L’Echo des Cités : Histoire d’un journal (Casterman, 2010)
- Les Terres Creuses, Tome 3 : Nogegon (Casterman, 2010)
- Les Mers perdues (Attila, 2010)
- Un opéra pictural - Livre avec un DVD (i Editions !, 2006)
- Les portes du possible (Casterman, 2005)
- La Maison Autrique : Métamorphose d’une maison Art Nouveau (Les impressions nouvelles, 2004)
- Les cités obscures : La frontière invisible (Casterman, 2004)
- Mary la penchée (Casterman, 2002)
- L’aventure des images - T167 De la bande dessinée au multimédia (Autrement, 1996)
- Les chevaux de lune (Duculot, 2004)
- Les Cités obscures : Le Guide des Cités (Casterman, 2002)
- Les Cités obscures, tome 1 : La Frontière invisible (Casterman, 2002)
- Les Cités obscures : L’Echo des cités (Casterman, 2001)
- Voyages en utopie (Casterman, 2000)
- L’archiviste (Caterman, 2000)