STRAUMANN Patrick

Suisse

Oyapock (Chandeigne, 2021)

Après des études d’histoire et de théorie du cinéma, cet auteur suisse collabore aujourd’hui au principal quotidien helvétique, le Neue Zürcher Zeitung et aux revues françaises de cinéma comme Vertigo et Trafic, sur des sujets ayant trait à l’esthétique et l’iconographie en particulier. En 1992, il effectue un premier voyage au Brésil ; un coup de foudre, il ne cesse d’y retourner et entretient désormais un échange nourri avec la culture brésilienne qu’il concrétise par la publication d’articles et de livres dont une monographie sur l’Aleijadinho. Dans son dernier opus Oyapock, le journaliste en voyage entre la Guyane et le Brésil suit les explorations du géographe Henri Coudreau et sa femme, Octavie. Leur mission : cartographier les tréfonds de l’Amazonie. C’est avec une écriture riche et poétique que l’écrivain nous entraîne sur les pas de ce couple d’explorateurs français de la fin du XIXe siècle.

Dans La meilleure part. Voyage au Brésil, sorte de guide amoureux, il nous conte, loin des clichés et de l’exotisme, son exploration personnelle et son admiration pour ce pays-continent, à travers anecdotes, histoires et descriptions. Un témoignage intime sur la terre des excès et des paradoxes, sur un pays à la fois rude et beau, tendre et violent, « un pays qui s’est construit comme une île au milieu d’un continent hispanophone, s’inventant une culture propre, résultât d’une globalisation avant la lettre. »

Notons sa participation à une nouvelle édition de Rio de Janeiro, la ville métisse peinte par Jean-Baptiste Debret, membre de la mission artistique française arrivée au Brésil en 1816. Superbe témoignage sur la naissance d’une ville qui se peuple de « barbiers ambulants, vendeurs de paniers, de maïs et de poules ; Africains affamés à la merci des trafiquants, esclaves de location rêvant d’affranchis­se­­ment, Noirs libres orga­nisés en confréries… » Le Rio de Janeiro du début du XIXe siècle est le parangon de la société esclavagiste. Près d’un tiers de ses habitants est né en Afrique, mais grand nombre d’Européens est venu avec la cour portugaise, fuyant les invasions napoléoniennes. Les soixante-dix lithographies et commentaires tirés de son Voyage pittoresque et historique au Brésil sont ici éclairés par les regards croisés des historiens Serge Gruzinski et Luiz Felipe de Alencastro et du romancier guinéen Tierno Monénembo. Première illustration de la société urbaine du Brésil indépendant, le Voyage pittoresque peut aussi être vu comme la véritable naissance de l’image d’une nation.

En 2013, il se penche sur une autre culture lusophone – celle du Portugal – et contribue à l’édition d’Aniki-Bóbó, enfants dans la ville, ouvrage consacré à la première œuvre de fiction du réaliste Manoel de Oliveira.


Bibliographie :

  • Oyapock (Chandeigne, 2021)
  • Lisbonne : Ville ouverte (Chandeigne, 2018)
  • La meilleure part. Voyage au Brésil (Chandeigne, 2014)
  • L’Aleijadinho. « Le lépreux constructeur de cathédrales » (Chandeigne, 2005)
Oyapock

Oyapock

Chandeigne - 2021

Henri Coudreau (1859-1899), né comme Pierre Loti, Samuel de Champlain et René Caillié dans les landes charentaises, rêve dans sa jeunesse d’expéditions au centre de l’Afrique, mais finit par s’installer à Cayenne et parcourir les forêts de la côte caraïbe.
D’abord seul, plus tard en compagnie de sa femme Octavie, il cartographie l’intérieur de la Guyane, explore les savanes de la zone frontalière entre la France et le Brésil, avant de tourner le dos aux ministères parisiens et de se mettre au service du gouvernement de Rio. Fin 1899, lorsqu’il meurt en pleine expédition, Octavie l’enterre sur les rives du Rio Trombetas et poursuit seule la mission en cours. Quatre ans, cinq expéditions et cinq livres plus tard, elle retournera sur le lieu de sa sépulture afin d’exhumer ses restes et de les rapatrier à Angoulême.
En cette seconde moitié du xixe siècle, les zones hachurées des cartes fondent à vue d’œil, les frontières restent à définir et le projet colonial français se dissout dans la chaleur équatoriale, mais l’attrait des tropiques reste puissant et la démesure de l’Amazonie ravive toutes les utopies. Aventuriers, anarchistes et chercheurs d’or peuplent une contrée façonnée par les guerres et les soulèvements des esclaves en fuite. À une époque où le caoutchouc déclenche toutes les convoitises, les Coudreau s’affranchissent progressivement de leurs missions pour se retirer dans un exil intérieur.
Un livre sur une fuite loin du bruit du temps, sur la liberté qu’offrent les fleuves et les mérites de la désertion.

La meilleure part. Voyage au Brésil

La meilleure part. Voyage au Brésil

Chandeigne - 2014

Du Nouveau Monde demeuré tant de siècles caché, que tant de sages ont calomniés, où jamais Hannon en ses navigations n’aborda, ni l’Hercule de Lybie et ses colonnes, ni l’Hercule thébain dans ses entreprises, la meilleure part est le Brésil. » Sebastião da Rocha Pita (1660-1738)
« Un éblouissement : aucune cité ne négocie aussi bien ses rapports avec la nature, ne s’accomode de l’intrusion de la végétation avec autant de nonchalance. Ici, la splendeur émane de l’équilibre éphémère, de la lenteur hypnotique des métamorphoses spontanées. L’odeur du kérosène se mêle aux airs marins, des pans de brume s’étirent à flanc de collines. » Voici en quelques mots les premières impressions de l’auteur sur Rio de Janeiro, première étape d’un voyage ouvert au vertige que procure ce pays aux dimensions continentales, le Brésil. 
Dans la lignée de L’Usage du monde de Nicolas Bouvier ou de L’Apprenti touriste de Mário de Andrade, Patrick Straumann nous invite à découvrir la meilleure part du monde – à entendre le jugement de l’historien-poète Rocha Pita –, un pays à la population et la culture complexes, un Brésil intime révélant des trésors d’anecdotes et de petites histoires qui ont forgé la grande Histoire de ce pays-continent.
De Rio de Janeiro à São Paulo, de Bahia aux chutes d’Iguaçu, en passant par l’équateur, le Nordeste et le sud du Brésil, Patrick Straumann nous livre un guide amoureux de l’intérieur brésilien, loin des clichés de la samba, du football et du carnaval. Chaque étape est évocatrice de souvenirs et réveille la mémoire de celles et ceux qui ont fait, qui font et qui feront le Brésil. Que ce soit l’évocation de poètes célèbres comme Carlos Drummond de Andrade, le récit de la construction de la nouvelle capitale ou la description des terres de la province Cisplatine, chaque détail, chaque couleur, chaque son nous invitent à voir d’un nouvel œil un pays que l’on croyait connaître mais qui est encore à découvrir. 

L’esprit des lieux

Les cafés littéraires en vidéo
José FRÈCHES, Patrick STRAUMANN, Benny ZIFFER, Paolo RUMIZ - Saint-Malo 2014

Avec José FRÈCHES, Patrick STRAUMANN, Benny ZIFFER, Paolo RUMIZ.
Animé par Maette CHANTREL et Michel ABESCA.

Brésil, une passion française

Saint-Malo 2014

La Condamine, Bonpland, d’Orbigny : l’histoire des sciences naturelles françaises est brésilienne. Comme il y a une histoire française de l’Amazonie d’Alfred Métraux à Claude Levi-Strauss. Une longue histoire qui se prolonge en littérature : Jules Verne, Blaise Cendrars, Benjamin Péret, Bernanos, Paul Claudel, Henri Michaux, Jules Supervielle, Gilles Lapouge – mais qui vaut dans les deux sens : le temps n’est pas si lointain où Paris était la destination de cœur des écrivains brésiliens. Une histoire qu’évoqueront (et prolongeront) Gilles Lapouge, Pascal Dibie, Jean-Yves Loude, Jean-Paul Delfino, Patrick Straumann. Et en ouverture, le film admirable d’Alain Gheerbrandt, Des hommes qu’on appelle sauvages, contrepoint de son livre, Expédition Orénoque-Amazone, devenu un classique.
Animé par : Josiane Guéguen


Brésil, carrefour de mondes

Saint-Malo 2014

Avec Bernardo Carvalho, João Paulo Cuenca, Jean-Yves Loude et Patrick Straumann.
Animé par Willy Persello.