Danseuse dans une première vie, Lola Lafon alterne depuis un peu plus de dix ans l’écriture de chansons et de romans, où prédomine l’idée du mouvement comme « vocabulaire de vie », que ce soit celui du corps féminin ou celui de la révolte. Ses livres s’imprègnent de ses combats, féministes, anarchistes et anticapitalistes, présents depuis son premier roman Une fièvre impossible à négocier (Flammarion, 2003), l’histoire d’une jeune femme victime de viol qui trouve dans les mouvements d’extrême gauche un nouveau souffle de vie. D’origine franco-russo-polonaise, l’auteure jongle par ailleurs entre les influences de l’ouest et de l’est de l’Europe, tant dans sa musique que dans ses livres.
L’autrice-compositrice a grandi entre Paris, Sofia et Bucarest, alors sous le régime de Nicolae Ceaușescu. Entre récit de vie et guide de résistance, Une fièvre impossible à négocier rencontre un succès critique et public. Suivront De ça je me console (2007) et Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce (2011), deux romans marqués par une écriture engagée, la volonté de refuser les tendances, le paraître, la résignation : « je ne renoncerai pas à ma part de violence », dit-elle, citant l’écrivain et révolutionnaire Raoul Vaneigem.
En musique, elle hérite de Bob Dylan et Patti Smith par ses parents et découvre plus tard la chanson française avec Barbara. Ses compositions, mélanges de ces références occidentales et d’influences balkaniques, prennent l’allure d’une folk-pop européenne. Elle a sorti deux albums à ce jour, Grandir à l’envers de rien (2006) et Une vie de voleuse (2011), et organise des concerts-lectures dans lesquels elle réunit ses deux domaines de prédilection.
Après le succès de La petite communiste qui ne souriait jamais, dans lequel elle retraçait le destin de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, elle signe Mercy, Mary, Patty et s’autorise à « investir des espaces où on ne l’attend pas » (Bibliobs) et cultive son goût pour le doute, l’inconfort, et les personnages ambiguës qui tout à coup, sortent des rails et se métamorphosent. Patty, c’est Patricia Hearst, fille richissime d’un magnat de la presse américaine, enlevée par un groupe terroriste avant d’embrasser leur cause. Dans ce roman polyphonique et ambitieux, où se rencontrent les voix de femmes différentes à des époques diverses, Lola Lafon ne donne aucune réponse facile : « On ne trouvera dans ces pages ni victime, ni coupable, ni sainte, martyre ou héroïne révolutionaire » fait-elle écrire à l’un de ses personnages. Au contraire, elle nous invite à nous questionner sur ce que signifie transmettre, s’émanciper, être libre, dans une société qui n’aime pas que les femmes sortent du rôle qui leur est assigné.
Bibliographie
- Mercy, Mary, Patty (Actes Sud, 2017)
- La Petite Communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud, 2014)
- Une vie de voleuse (Flammarion, 2011)
- Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce (Flammarion, 2011)
- De ça je me console (Flammarion, 2007)
- Une fièvre impossible à négocier (Flammarion, 2003)