DIOP Alice

France

Nous (Athénaïse, 2020)

© Aurélie Lamachère

Avec des films documentaires bouleversants à l’écriture fine et nuancée, Alice Diop cherche à retrouver le singulier pour dire l’universel. Politiquement engagée, elle renverse les discours stéréotypés et évite les étiquettes pour redonner une voix aux individus que l’on exclut de l’espace commun en les dissimulant derrière des termes génériques. Primé à la Berlinale 2021, son dernier documentaire questionne le « nous » derrière le titre de Libération au lendemain des attentats de Charlie Hebdo : « Nous sommes un peuple ». La cinéaste cherche des réponses en partant à la rencontre des personnes et communautés vivant le long de la symbolique ligne du RER B. Une fresque fascinante sur le vivre-ensemble.

Née en 1979 à Aulnay-sous-Bois, Alice Diop grandit jusqu’à l’âge de dix ans dans la Cité des 3000. Durant ses études d’histoire, elle découvre le travail d’Eliane Latour et réalise alors la force des messages pouvant être véhiculés par le cinéma. Elle passe un DESS Image et société à l’université d’Evry et intègre un atelier d’écriture à la Fémis. Réalisatrice pour L’Oeil et la Main (France 5), elle est lauréate de la Bourse « Auteur de documentaire » de la Fondation Jean-Luc Lagardère.

À travers ses films, Alice Diop raconte la diversité culturelle. Elle signe depuis 2005 des documentaires de création, dont La tour du monde, Clichy pour l’exemple et Les Sénégalaises et la Sénégauloise. En 2011, elle réalise La mort de Danton, un moyen-métrage qui relate le quotidien de Steve, 25 ans originaire d’Aulnay qui entreprend à l’insu de ses proches une formation d’acteur au cours Simon. Documentaire qui obtient le Prix des bibliothèques au festival du Réel à Paris, le Grand Prix du festival du film d’éducation et une étoile de la Scam 2012.

Avec La Permanence en 2016, Alice Diop filme les consultations de médecine générale du Docteur Geeraert, accessibles sans rendez-vous aux migrants dont les maux dépassent largement le cadre de la visite médicale. Loin des débats stériles et de la banalité des discours politiques, le film donne toute sa place à la singularité des parcours, Alice Diop ne filme pas “des migrants“, mais Mamadou, Joginder, Husseyn, Mohammed, Mariama, Surgit, Iqbal, Liaquat et Sivakumar. Un film qui fait échos au discours de Chimamanda Ngozie Adichie lors de la journée mondiale de l’humanitaire en 2016 : « Personne n’est juste un réfugié. (…) Je voudrai suggérer aujourd’hui qu’il est temps pour un nouveau récit, un récit dans lequel on voit vraiment les gens dont on parle ». Ces gens, Alice Diop nous les montre.

Son film Vers la tendresse (2016) adopte la même démarche, et pour sortir des représentations collectives, utilise le même mouvement, partir du singulier pour atteindre l’universel. Il ne s’agit pas seulement d’un film sur le sentiment amoureux dans les quartiers populaires, c’est aussi un film qui parle de la mise en scène de la masculinité, du rôle social, de la marginalité, et du décalage entre ce qui peut se dire en groupe et ce qui ne se dit que dans la confidence. À partir d’entretiens sonores, portés par des images de fiction où les personnages que l’on voit ne sont pas toujours ceux qui parlent, l’auteur pose la question de la représentation de soi dans l’espace public. Pour sa Première Mondiale au festival de films de femmes de Créteil 2016, Vers la Tendresse a remporté le Prix INA réalisatrice créative du meilleur court-métrage francophone, le César du meilleur court-métrage ainsi que le Prix du public du meilleur court-métrage français.


Filmographie :

  • Nous (Athénaïse, 2020)
  • La permanence (Athénaïse, 2016)
  • Vers la tendresse (Les films du Worso, 2016)
  • La mort de Danton (Mille et une. Films, 2011)
  • Les Sénégalaises et la sénégauloise (Point du jour, 2007)
  • Clichy pour l’exemple (France 5, 2006)
  • La tour du monde (France 5, 2006)

Vers la tendresse

Les films du Worso - 2016

Ce film est une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles. Les déambulations des personnages nous mènent à l’intérieur de lieux quotidiens (salle de sport, hall d’immeuble, parking d’un centre commercial, appartement squatté) où nous traquerons la mise en scène de leur virilité ; tandis qu’en off des récits intimes dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités.


Revue de presse :

« De la violence misogyne à la possibilité d’aimer : tel est le mouvement ascendant de Vers la tendresse, film d’une grande beauté et porteur d’espoir. »
François Ekchajzer, Télérama

« La jeune cinéaste Alice Diop aime poser son regard sur les zones en lisière. Son court métrage "Vers la tendresse", (…) explore l’intimité amoureuse de quatre jeunes hommes de la banlieue parisienne. Une réussite cinématographique. »
Sylvie Braibant, TV5 Monde

Nous

Nous

Alice DIOP (Athénaïse/2020/115’) -

Au lendemain de la manifestation du 11 janvier 2015 en réaction aux attentats, Alice Diop se questionne sur cette foule majoritairement blanche alors que Libération titre en une « Nous sommes un peuple ». Elle part alors à la rencontre de tous ces « autres » qui ne sont pas sur la photo, en suivant la ligne B du RER. Ce périple met en lumière un territoire contrasté et esquisse un portrait choral de Franciliens saisis dans leur quotidien. Devant la caméra défilent visages et paysages de banlieue, pavillons avec jardins et grands ensembles, composant envers et malgré tout une vacillante mémoire collective.


La bande-annonce


La permanence

La permanence

Alice DIOP (Athénaïse/2016/96’) -

La consultation se trouve à l’intérieur de l’hôpital Avicenne. C’est un ilôt qui semble abandonné au fond d’un couloir. Une grande pièce obscure et vétuste où atterrissent des hommes malades, marques dans leur chair, et pour qui la douleur dit les peines de l’exil. S’ils y reviennent encore, c’est qu’ils ne désespèrent pas de trouver ici le moyen de tenir debout, de résister au naufrage.


Vers la tendresse

Vers la tendresse

Alice DIOP (Les Films du Worso/2016/39’) -

Une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue.
En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles. Les déambulations des personnages nous mènent à l’intérieur de lieux quotidiens (salle de sport, hall d’immeuble, parking d’un centre commercial, appartement squatté), où nous traquerons la mise en scène de leur virilité ; tandis qu’en off des récits intimes dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités.

Rencontre avec la réalisatrice du film : "Vers la tendresse"

Avec Alice Diop - Saint-Malo 2017

Rencontre avec la réalisatrice du film "Vers la tendresse".

Une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles. Les déambulations des personnages nous mènent à l’intérieur de lieux quotidiens où nous traquons la mise en scène de leur virilité. En off, des récits intimes dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités.

Avec Alice Diop

Animé par Géraldine Delaunay


Le souci des gens

Avec Alice Diop, Raphaël Krafft, Gérard Mordillat, Anne Nivat - Saint-Malo 2017

Ceci n’est pas la qualité la plus frappante de notre littérature – dans un pays pourtant si prompt à se draper dans le drapeau de sa Révolution. Mais imagine-t-on chez nous des gardiens de vache agrandis aux dimensions de héros mythologiques, comme ailleurs dans le western ? Les gens ! Tout juste paraissent-ils bons chez nous pour des enquêtes sociologiques. Aussi, quel bonheur quand nous rencontrons des œuvres où nous pouvons nous reconnaître en notre commune humanité !

Avec Alice Diop, Raphaël Krafft, Gérard Mordillat, Anne Nivat

Animé par Géraldine Delaunay


Qu’est-ce qu’être humain ?

Avec Alice Diop, Ananda Devi, Patrick Chamoiseau - Saint-Malo 2017

Avec Alice Diop, Ananda Devi, Patrick Chamoiseau

De berceau de civilisation, la Méditerranée est devenue un cimetière marin – mais qu’est-ce qui meurt, de nous, avec ces malheureux ? Ailleurs, nous multiplions les camps. Mais qu’est-ce que nous nous enfermons de nous-mêmes, ce faisant ? Rester « entre soi » ? Mais que reste-t-il alors de ce « soi » ? Qu’est-ce que cela veut encore dire pour nous, d’être humain ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Il y a un imaginaire de l’être ensemble à refonder. Avec Patrick Chamoiseau, Edgar Morin, dont toute la pensée tend vers la définition des contours d’un nouvel humanisme, Raphaël Glucksmann, qui après un séjour à Calais a publié un texte fort, dans Médiapart sur la faillite de l’idéal républicain : De quoi Calais est-il le nom ?, Shumona Sinha a été interprète auprès de l’Ofpra, chargé de gérer les demandes d’asiles politiques, dans Assommons les pauvres !, elle dressait un constat sans complaisance et publie Apatrides (Éditions de L’Olivier), Raphaël Krafft avec Passeur (Buchet-Chastel) qui, en racontant l’ascension du col de Fenestre pour aider des réfugiés à atteindre la France, met en exergue l’absurdité des lignes imaginaires dans un document profondément humain. Retour ligne manuel.

« Je n’ai pas voulu faire un film militant qui dénoncerait quoi que ce soit, mais un film qui assigne une place au spectateur, l’invite à regarder ces hommes comme on a rarement l’occasion de les voir. » précise Alice Diop (Télérama) La Permanence (2016) a bouleversé le public du Cinéma du réel : à l’hôpital Avicenne, la réalisatrice a filmé pendant un an les consultations par un médecin de migrants malades, brisés par l’exil, l’expression des visages, l’entrecroisement des histoires et des voix. Un grand film, présenté par la réalisatrice.