CONDÉ Maryse

Guadeloupe

La vie sans fards (JC Lattès, 2012)

« La véritable intégration n’implique-t-elle pas avant tout une adhésion de l’être, une modification spirituelle ? Personne ne se souciait de l’état de mon esprit et de mon coeur. Mon coeur, tellement compatissant aux souffrancves du peuple qui m’entourait. »
La vie sans fards

Biographie

Maryse CONDE Une grande dame de la littérature. Née en Guadeloupe en 1937, Maryse Condé épouse, en 1959, Mamadou Condé, un acteur d’origine africaine. Elle part enseigner en Afrique, en Guinée, au Ghana et au Sénégal, avant de s’installer en France à la fin des années 1970. En 1985, elle obtient une bourse Fulbright pour enseigner aux Etats-Unis et séjourne pendant un an à Los Angeles. En 1986, elle rentre à la Guadeloupe mais garde un pied aux Etats Unis.

Ses 13 œuvres de fiction (traduites en de multiples langues) lui ont valu de nombreuses récompenses, dont le Grand Prix littéraire de la femme (1986) et le prix Yourcenar (1999). Avec son mari Richard Philcox, elle partage son temps entre New York, où elle enseigne à Columbia University, et la Guadeloupe. Elle a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont Ségou, Célanine cou-coupé, La Belle Créole et Histoire de la femme cannibale.

Maryse Condé a été la première femme à recevoir, pour l’ensemble de son œuvre, le prix Putterbaugh décerné aux Etats-Unis à un écrivain de langue française. Elle vit aujourd’hui aux Etats-Unis.

Pour plus de renseignements, consultez la base de données d’île en île

In English


Liens :

Interview de Maryse Condé sur evene.fr

Bibliographie :

Pour la jeunesse :

  • Chiens fous dans la brousse (Bayard jeunesse, mars 2008)
  • A la courbe du Joliba - illustrations de Letizia Galli (Grasset jeunesse, 2006)
  • Rêves amers - illustrations Bruno Pilorget (Bayard jeunesse, 2005)
  • Hugo le terrible (Editions Sépia, 1991)

Présentation de La vie sans fards

« La Vie sans fards répond à une double ambition. D’abord je me suis toujours demandé pourquoi toute tentative de se raconter aboutissait à un fatras de demi-vérités. Trop souvent les autobiographies et les mémoires deviennent des constructions de fantaisie. Il semble que l’être humain soit tellement désireux de se peindre une existence différente de celle qu’il a vécue, qu’il l’embellit, souvent malgré lui. Il faut donc considérer La Vie sans fards comme une tentative de parler vrai, de rejeter les mythes et les idéalisations flatteuses et faciles.
C’est aussi une tentative de décrire la naissance d’une vocation mystérieuse qui est celle de l’écrivain. Est-ce vraiment un métier ? Y gagne-t-on sa vie ? Pourquoi inventer des existences, pourquoi inventer des personnages sans rapport direct avec la réalité ? Une existence ne pèse-t-elle pas d’un poids déjà trop lourd sur les épaules de celui ou celle qui la subit ?

"La Vie sans fards est peut-être le plus universel de mes livres. J’emploie ce mot universel à dessein bien qu’il déplaise fortement à certains." En dépit du contexte très précis et des références locales, il ne s’agit pas seulement d’une Guadeloupéenne tentant de découvrir son identité en Afrique. Il s’agit d’abord et avant tout d’une femmeaux prises avec les difficultés de la vie. Elle est confrontée à ce choix capital et toujours actuel : être mère ou exister pour soi seule.
Je pense que La Vie sans fards est surtout la réflexion d’un être humain cherchant à se réaliser pleinement. Mon premier roman s’intitulait En attendant le bonheur : Heremakhonon, ce livre affirme : il finira par arriver. »


Argumentaire des Belles ténébreuses :

« Le visage d’Assia émergeait du linge comme une fleur. Ceux qui avaient mission de l’enterrer ne se résignaient pas à ensevelir ce miracle de perfection. Ils restaient debout à côté de la fosse ouverte.
– Pourquoi embaumer ? s’étonna Kassem.
– Je te l’ai dit, répondit Ramzi. Tous les hommes ont le même désir de préserver la beauté. L’embaumement est le seul moyen d’éviter à la beauté l’offense de la pourriture qui suit la mort.

  • Ai-je vraiment envie de devenir son assistant et de tripoter des cadavres encombrants et malodorants ? se demanda Kassem. »

Samarssa : ville d’un pays imaginaire d’Afrique dirigé par un dictateur. Kassem, français, de père guadeloupéen et de mère roumaine, a été élevée dans la banlieue lilloise. Après l’attentat terroriste qui a détruit le complexe hôtelier où il travaillait, il est à la rue. En butte aux tracasseries policières, il ne devra son salut qu’à la rencontre avec le Dr Ramzi An-Nawawi, un étrange médecin spécialiste des embaumements – les « parages » – dont il va devenir l’assistant. A son corps défendant, Kassem sera le protégé de Ramzi. Mais ce médecin pas comme les autres n’a pas bonne réputation. On le soupçonne même d’être à l’origine d’une épidémie qui décime les jeunes filles et fait fructifier son commerce. Quant à savoir ce qui se passe vraiment quand il se retrouve seul avec les cadavres… Comment Kassem assumera-t-il cette proximité ? Comment prendre ses distances avec celui qui lui veut tant de bien et qui, d’une certaine façon, incarne un père, un frère de substitution ?
Sur une trame policière haletante aux multiples rebondissements, de l’Afrique à New York, en passant par Lille et Marseille, Maryse Condé nous entraîne sur les pas de Kassem, héros moderne et romantique qui a le malheur de n’être jamais au bon endroit au bon moment. A travers ce personnage attachant et complexe, elle évoque les problèmes de la filiation, de la recherche des origines, de l’attachement à une patrie, du bien-fondé des religions, etc…


Présentation de Chiens fous dans la brouse :

Deux jeunes chasseurs de lions sont enlevés pour être réduits en esclavage.
Mali, XVIIIe siècle. Au bord du fleuve Niger, les jumeaux Naba et Malobali, partis avec leur père à la chasse au lion font une fugue une nuit pour aller voir un griot. Ils sont enlevés par des voleurs d’enfants pour être vendus comme esclaves à des Blancs.
Naba se pend avant d’être acheté, alors que Malobali devient esclave à Gorée ; il change de nom et travaille pour un médecin français bienveillant. Le garçon, qui s’occupe de son verger, prend goût à ce travail, et jouit même d’une certaine liberté. Régulièrement, il apporte à l’esclaverie des fruits aux malheureux qui attendent de partir sur l’océan. Il y rencontre Ayodele, la petite fille d’un prince, punie par sa curiosité : en voulant découvrir le monde, elle s’est aussi fait kidnapper par des voleurs d’enfants...
Mais Malobali n’aurait pas dû s’aventurer jusque dans cet endroit de malheur.
Les Blancs sont arrivés, et pensant qu’il fait partie de la « marchandise en partance », le tatouent comme l’un de leurs esclaves.
Lui et Ayodele sont embarqués pour le Brésil, où ils seront revendus…

La vie sans fards

Jean-Claude Lattès - 2012

« La Vie sans fards répond à une double ambition. D abord je me suis toujours demandé pourquoi toute tentative de se raconter aboutissait à un fatras de demi-vérités. Trop souvent les autobiographies et les mémoires deviennent des constructions de fantaisie. Il semble que l être humain soit tellement désireux de se peindre une existence différente de celle qu il a vécue, qu il l embellit, souvent malgré lui. Il faut donc considérer La Vie sans fards comme une tentative de parler vrai, de rejeter les mythes et les idéalisations flatteuses et faciles. C est aussi une tentative de décrire la naissance d une vocation mystérieuse qui est celle de l écrivain. Est-ce vraiment un métier ? Y gagne-t-on sa vie ? Pourquoi inventer des existences, pourquoi inventer des personnages sans rapport direct avec la réalité ? Une existence ne pèse-t-elle pas d un poids déjà trop lourd sur les épaules de celui ou celle qui la subit ? La Vie sans fards est peut-être le plus universel de mes livres. J emploie ce mot universel à dessein bien qu il déplaise fortement à certains. En dépit du contexte très précis et des références locales, il ne s agit pas seulement d une Guadeloupéenne tentant de découvrir son identité en Afrique ou de la naissance longue et douloureuse d une vocation d écrivain chez un être apparemment peu disposé à le devenir. Il s agit d abord et avant tout d une femme cherchant le bonheur, cherchant le compagnon idéal et aux prises avec les difficultés de la vie. Elle est confrontée à ce choix capital et toujours actuel : être mère ou exister pour soi seule. Je pense que La Vie sans fards est surtout la réflexion d un être humain cherchant à se réaliser pleinement. Mon premier roman s intitulait En attendant le bonheur : Heremakhonon, ce livre affirme : il finira par arriver. »


En attendant la montée des eaux

Jean-Claude Lattès - 2010

Babakar est médecin. Il vit seul avec ses souvenirs d’une enfance africaine, d’une mère aux yeux bleus qui vient le visiter en songe, d’un ancien amour, Azelia, disparue elle aussi, et autres rêves de jeunesse d’avant son exil en Guadeloupe, berceau de sa famille. Mais le hasard ou la providence place une enfant sur sa route et l’oblige à renoncer à sa solitude, à ses fantômes. La petite Anaïs n’a que lui. Sa mère, une réfugiée haïtienne, est morte en la mettant au monde, lui léguant sa fuite et sa misère. Babakar veut lui offrir un autre avenir. Ils s’envolent pour Haïti, cette île martyrisée par la violence, les gouvernements corrompus, les bandes rebelles, mais si belle, si envoûtante. Babakar recherche la famille d’Anaïs, une tante, un oncle, des grands-parents peut-être, qui pourraient lui raconter son histoire. Mais Babakar ne rencontre personne et ne peut compter que sur lui et sur ses deux amis Movar et Fouad. Des hommes qui lui ressemblent, exilés, solitaires, à la recherche d’eux-mêmes et qui trouvent à Haïti des réponses à leur quête, un lieu de paix au milieu des décombres.


Les belles ténébreuses

Mercure de France - 2008

C’est lui ! C’est lui ! chuchotèrent les jeunes gens en proie à une vive excitation. Le docteur Ramzi An-Nawawî n’était pas un docteur comme les autres, un vulgaire guérisseur de maladies humaines. Il se consacrait exclusivement à la recherche et avait construit dans une aile de sa villa un laboratoire ultramoderne où il se livrait à des expériences sur des rats, des chats, des singes, des végétaux. Vêtu d’une gandoura sombre comme sa peau. Son visage saisissait. Sous la calotte noire des cheveux, un front ample trahissait des dons intellectuels, tandis que la bouche ourlée débordait de sensualité et que le menton creusé d’une fossette suggérait la tendresse. Kassem n’avait jamais contemplé un être aussi attirant. Né à Lille, de père guadeloupéen et de mère roumaine, Kassem ne sait où se situer et se voit forcé d’endosser des identités qu’il n’a pas choisies. Il rencontre le Dr Ramzi dont il devient l’assistant et le protégé. Le médecin a une réputation sulfureuse. Kassem soupçonne des pratiques douteuses, voire coupables. Mais Ramzi exerce sur lui une fascination dont il ne peut se défendre. Ce Dr Ramzi est-il vraiment un sauveur ? Kassem saura-t-il s’affranchir de lui ? Énigmes et rebondissements sur un rythme haletant nous entraînent dans l’univers de Maryse Condé, sur les pas de son héros au destin à la fois burlesque et pathétique.


Chiens fous dans la brousse

Bayard Jeunesse - 2008

Deux jeunes chasseurs de lions sont enlevés pour être réduits en esclavage. Mali, XVIIIe siècle. Au bord du fleuve Niger, les jumeaux Naba et Malobali, partis avec leur père à la chasse au lion font une fugue une nuit pour aller voir un griot. Ils sont enlevés par des voleurs d’enfants pour être vendus comme esclaves à des Blancs. Naba se pend avant d’être acheté, alors que Malobali devient esclave à Gorée ; il change de nom et travaille pour un médecin français bienveillant. Le garçon, qui s’occupe de son verger, prend goût à ce travail, et jouit même d’une certaine liberté. Régulièrement, il apporte à l’esclaverie des fruits aux malheureux qui attendent de partir sur l’océan. Il y rencontre Ayodele, la petite fille d’un prince, punie par sa curiosité : en voulant découvrir le monde, elle s’est aussi fait kidnapper par des voleurs d’enfants... Mais Malobali n’aurait pas dû s’aventurer jusque dans cet endroit de malheur. Les Blancs sont arrivés, et pensant qu’il fait partie de la « marchandise en partance +, le tatouent comme l’un de leurs esclaves. Lui et Ayodele sont embarqués pour le Brésil, où ils seront revendus…


Victoire ou la saveur des mots

Mercure de France - 2006

Victoire ne savait nommer ses plats et ne semblait pas s’en soucier. Elle était enfermée le plus clair de ses jours dans le temple de sa cuisine, petite case qui s’élevait à l’arrière de la maison, un peu en retrait de la case à eau. Sans parler, tête baissée, absorbée devant son potajé tel l’écrivain devant son ordinateur. Elle ne laissait à personne le soin de hacher un cive ou de presser un citron comme si, en cuisine, aucune tâche n’était humble si on vise à la perfection du plat. Elle goûtait fréquemment, mais, une fois la composition terminée, ne touchait pas. Cuisinière au savoir-faire inoubliable, Victoire Élodie Quidal travaille au service d’Anne-Marie et Boniface Walberg, à La Pointe. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne qui la réclame dans ses cuisines... Victoire, qui n’a pas été épargnée par le destin, connaîtra-t-elle enfin son heure de gloire ? C’est avec une affection toute particulière que Maryse Condé brosse le portrait attachant de cette femme qui fut aussi sa grand-mère.


A la courbe du Joliba

Grasset Jeunesse - 2006

La Côte d’Ivoire se déchire. Aïcha et ses sœurs, Salima et Réhane, doivent quitter leur village et prendre le chemin du Mali, avec leur mère. Leur père, lui, doit partir lutter aux côtés des siens. L’effervescence du trajet en bus passée, à l’angoisse du voyage et de l’inconnu fait vite place l’étonnement face à la richesse des rencontres : à Bamako, il y a d’abord les cousins qui portent des blue-jeans et mangent dans des fast-food ; il y a ensuite ce jeune rappeur débrouillard, Fama, qui leur tiendra compagnie sur le bateau qui les mène jusqu’à Ségou et Mopti… Au fil du Joliba, les échanges culturels et les aventures surprenantes et imprévues que vont vivre les fillettes vont leur faire découvrir la vie et le monde, et faire souffler sur leurs cœurs une sensation de liberté jusqu’alors inconnue, qui n’est autre que le début de l’adolescence.


Histoire de la femme cannibale

Mercure de France - 2005

Est-ce que vous n’allez pas retourner chez vous ? Chez moi ? Si seulement je savais où c’est. Oui, le hasard m’a fait naître à la Guadeloupe. Mais, dans ma famille, personne ne veut de moi. À part cela, j’ai vécu en France. Un homme m’a emmenée puis larguée dans un pays d’Afrique. De là, un autre m’a emmenée aux États-Unis, puis ramenée en Afrique pour m’y larguer à présent, lui aussi, au Cap. Ah, j’oubliais, j’ai aussi vécu au Japon. Cela fait une belle charade, pas vrai ? Non, mon seul pays, c’était Stephen. Là où il est, je reste. La disparition de Stephen, assassiné dans une rue du Cap, est le dernier coup du sort pour Rosélie Thibaudin... Un drame qui la frappe de plein fouet, mettant un terme brutal à vingt ans d’un bonheur apparemment tranquille. En effet, exilée, étrangère dans tous les pays, Rosélie cumule toutes les « tares » : elle a quitté son île pour « l’Afrique marâtre » et a formé un couple mixte avec un Blanc « même pas métropolitain ». Dans une Afrique du Sud berceau de tous les racismes, Rosélie devra réapprendre à vivre seule.


Rêves amers

Bayard Jeunesse - 2005

Paru sous la titre "Haïti chéri". Rose-Aimée vit heureuse dans son petit village à Haïti, jusqu’au jour où la misère l’oblige à quitter les siens. Placée en ville comme domestique, elle doit supporter le mépris de sa patronne. Heureusement, elle a l’amitié de Lisa. Fraternité contre méchanceté, courage contre cruauté, à quel prix la liberté quand le quotidien est l’enfer ?


La planète Orbis

Jasor - 2002

A l’invitation du messager, José, un Guadeloupéen âgé de quinze ans, passionné de reggae et de rap, quitte sa cité et embarque sur un vaisseau spatial en direction de la planète Orbis, située non Ioin de la Lune, entre la Terre et Mars. Guidé par soli Mentor, il fait partie, en compagnie d’autres jeunes venus du monde entier, des trente Elus du Peuple de la Caraïbe désignés par la Khadri. l’Assemblée des Sages, pour être investis d’une mission. Car " seuls les jeunes sont capables de réinventer la vie et peuvent être tentés d’accomplir un exploit pour le bien de l’univers ". II apprendra l’histoire de Khom-Drasi, peuple valeureux chassé de la Terre par de violents intrus et qui suivit, il y a trois millions et demi d’années. " le gué des étoiles de la Voie Lactée " en direction de la planète Orbis. A force de travail, ils parvinrent à transformer ce lieu aride en une terre hospitalière, de paix et de bonheur. Au bout de son voyage initiatique, José rencontrera Wyriyamu, le Guide Suprême, qui lui présentera le sens de sa mission. Le jeune Guadeloupéen sera libre de choisir son engagement " pour que la Terre retrouve meilleur goût ".


La Belle Créole

Mercure de France - 2001

Lorsque Dieudonné, jardinier de son état, sort de prison après avoir été acquitté pour le meurtre de Loraine, sa riche maîtresse békée croqueuse de jeunes hommes, il se retrouve dans une ville au bord de l’insurrection. Économie sinistrée, conflits sociaux, affrontements syndicaux et politiques, haines raciales : en 1999, Port-Mahault vit des heures difficiles. Dans cette ambiance délétère, Dieudonné, renié par sa famille et par bon nombre de ses amis, retrouve tout naturellement le chemin de sa Belle Créole, le bateau qui lui sert de refuge et de repère, vestige heureux d’un passé révolu. Le savant récit de Maryse Condé livre peu à peu les clés de ce mystérieux personnage frappé du sceau du malheur, figure tragique d’une histoire d’amour passionnelle. Dans une nature luxuriante, elle met en scène des personnages au grand cœur et aux nobles idéaux. Sorte d’Amant de Lady Chatterley sous les tropiques nourri par une langue fleurie et baroque, loin de tout cliché exotique, La Belle Créole peint dans une tonalité sombre le destin d’un grand héros romantique.


Cèlanire cou-coupé

Robert Laffont - 2000

Il y a cinq ans, à la Guadeloupe, un bébé a été trouvé, la gorge tranchée, sur un tas d’ordures. Il a survécu à ses blessures. La lecture de ce fait divers abominable a touché profondément Maryse Condé. Une telle mutilation subie quand on est un bébé marque une vie d’une manière monstrueuse. Comment peut-on survivre en portant à son cou une cicatrice aussi horrible ? Pour répondre à cette question, Maryse Condé a créé l’étonnant personnage de Célanire Pinceau, dite " Célanire cou-coupé " et a replacé ce drame dans le contexte du début du siècle et de la colonisation. La blessure abominable devenant le symbole du crime commis contre les populations indigènes et la révolte de son héroïne celle de tous les révoltés.Une nouvelle fois, avec la force et la cruauté qui hantent son œuvre, Maryse Condé met en scène le supplice des peuples opprimés, et plus particulièrement celui des femmes martyrisées. Dans ce roman " endiablé " où les vivants et les morts se mêlent parfois amoureusement, Maryse Condé trace à l’encre rouge sang le destin de Célanire Pinceau, bébé sacrifié à sa naissance sur l’autel de la réussite politique d’un Blanc et qui n’aura assez de toute sa vie pour se venger du crime dont elle a été la victime.


Le cœur à rire et à pleurer

Robert Laffont - 1999

Dans la Guadeloupe des années cinquante, on tient son rang en se gardant de parler créole ; on méprise plus noir et moins instruit que soi. Les conventions priment les sentiments : on ne cède pas aux larmes devant le cadavre d’un être cher ; on cache, infamie, un divorce dans la famille.Contre des parents qui semblent soudés surtout par le mensonge, contre une mère aussi dure avec les autres qu’avec elle-même, contre un père timoré, la petite Maryse prend le chemin de la rébellion. L’insoumission, la franchise assassine, l’esprit critique forgent son caractère. La fuite dans un monde imaginaire, la soif de connaissance, les rêves d’autonomie et de liberté la guident vers son destin d’écrivain.Mais peu à peu la mémoire adoucit les contours, les épreuves de la vie appellent l’indulgence, la nostalgie de l’âme caraïbe restitue certains bonheurs d’enfance. Et Maryse se souvient alors de cet instant qui lui redonna l’amour des siens, de cette ultime nuit ou « roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d’âge et d’arnica, dans sa chaleur », elle retrouva sa mère en la perdant.


Pays mêlé

Robert Laffont - 1999

« Aux yeux de ses compatriotes, Belle était une énigme. En ces temps ou les femmes ne remettaient en question ni leur dépendance vis-à-vis de l’homme, ni leur sujétion vis-à-vis de leurs enfants, toute sa conduite choquait. Nous avons déjà indiqué la manière dont elle traitait Jean Hilaire Endomius. Quant à son unique fille, au lieu de la chérir comme la prunelle de ses yeux, elle la laissait aller pieds nus, écorchant ses talons aux cailloux des ruelles, vêtue d’une méchante robe de cotonnade aux couleurs passées, sa tignasse rougie par le soleil et la sueur. Pourtant, si sévèrement qu’on la jugeât, Belle se jugeait plus sévèrement encore. Cela, on l’ignorait. »On trouve dans ce recueil un mélange insolite de destins situés à la croisée d’une modernité agressive et d’un passé hanté par le souvenir des révoltes d’esclaves « marrons ».


Desirada

Robert Laffont - 1997

Secrets et mensonges, est-ce le seul héritage que sa grand-mère, Nina, et sa mère, Reynalda, vont léguer à la narratrice ? Trois femmes, trois générations séparées bien qu’unies par le sang. Enfant abandonnée, Marie-Noëlle grandit à la Désirade, jusqu’au jour ou sa mère l’a fait venir en France. Mère inconnue, terre inconnue. À Savigny-sur-Orge, elle se morfond dans une cité, sans jamais trouver sa place dans cette famille, pourtant la sienne. Commence alors pour elle une douloureuse quête sur la vérité de sa naissance.Elle interroge Nina et Reynalda. Leurs aveux sont affabulés, leurs demi-vérités ajoutent au mystère, ni l’une ni l’autre n’est disposée à livrer son histoire vraie.Si déguisées soit-elle, ces confidences font apparaître des femmes libres à tout prix, en lutte contre un destin qui veut les clouer : maternités non désirées, hommes non choisis, traditions frelatées d’un pays en rupture d’histoire. Long chemin, longue peine avant que, revenue à la Désirade, Marie-Noëlle ne conclut à la vanité des hantises familiales. Et vivre devient alors sa seule vérité.À travers de puissantes figures romanesques, c’est toute l’histoire des Antilles modernes qui se déploie ici, dans une langue qui associe la concision des grands Anglo-Saxons à la verve enchantée du créole.


En attendant le bonheur (Heremakhonon)

Seghers - 1997

Réédition Inspiré par les tragiques événements de 1962, dans la Guinée de Sékou Touré, « Heremakhonon » (expression signifiant « Attends le bonheur ») est l’histoire d’une désillusion. Véronica est une Guadeloupéenne un peu perdue en quête d’identité. Partie à la recherche du passé africain, elle ne trouve que pauvreté, dictature et bourgeoisie corrompue. Ses démêlés sentimentaux traduisent bien son désenchantement. En choisissant d’aimer Ibrahima Sory, son « nègre avec aïeux » aux manières princières, Véronica s’aperçoit peu à peu qu’elle s’est trompée de camp. En réalité, Ibrahima a les mains sales du sang de son ami Saliou. Et c’est pour ne pas avoir à choisir entre l’amour et l’amitié, entre deux visions de l’Afrique, que Véronica choisit la fuite.


Une saison à Rihata

Robert Laffont - 1997

Une ancienne ville coloniale abandonnée à sa torpeur, que traverse un fleuve boueux : Rihata. Une grande maison délabrée, au jardin envahi d’herbes de Guinée, et ses occupants : Marie-Hélène, Antillaise déracinée, Zek, son mari, directeur régional de la Banque autonome pour le développement, et leurs enfants.Marie-Hélène a connu Zek à Paris, ou ils étaient tous deux étudiants. Elle l’a épousé et l’a suivi en Afrique dans cette République noire gouvernée par un tyran. À N’Daru, la capitale, un drame a marqué le couple. Puis Marie-Hélène a follement aimé le frère cadet de Zek, Madou. Dans ces conditions, l’installation à Rihata a pris l’allure d’une fuite.Marie-Hélène, insatisfaite, blessée et blessante, confrontée à un milieu clos pour lequel elle reste « l’étrangère », est sur le point de se résigner à vieillir quand Madou reparaît, ministre en mission. Avec lui renaissent la tentation d’exister et l’espoir d’un autre horizon...Une société inadaptée, écartelée entre tradition et « modernisme », des hommes et des femmes exilés de l’intérieur, c’est « Une saison à Rihata », ce roman envoûtant ou se révèle, complexe et troublante, l’Afrique nouvelle.


Traversée de la mangrove

Gallimard - 1995

A Rivière au Sel, en plein coeur de la forêt, on veille un mort, un homme qui est arrivé dans le village quelques années auparavant et dont on ne sait pas grand-chose. Est-il cubain ? Colombien ? A-t-il déserté ? Pourquoi est-il revenu en Guadeloupe ? Les réponses ne sont pas claires. Cependant, peu importe la véritable identité de cet homme. Ce qui importe, c’est l’image que chacun des individus présents à la veillée garde de lui et les modifications subtiles ou essentielles qu’il a apportées dans leur vie. Dans le temps clos de cette seule nuit, au-delà de la petite communauté que l’on regarde, c’est toute la société guadeloupéenne d’aujourd’hui qui se dessine, avec ses conflits, ses contradictions et ses tensions.


La migration des cœurs

Robert Laffont - 1995

Maryse Condé avait toujours rêvé d’adapter à l’univers caraïbe le roman d’Emily Brontë Les Hauts de Hurlevent. La Migration des coeurs en est une libre variation, pleine de violence et de sensualité. Elle réincarne en Razyé le personnage de Heathcliff et fait de Cuba et de la Guadeloupe, dans le dernier quart du XIXe siècle, le cadre de la passion meutrière qui le lie à Cathy. Amours dévorantes, haines ancestrales, rivalités familiales, forces occultes de la religion, l’auteur nous offre un voyage exotique et luxuriant et nous révèle les émotions et les déchirements des âmes et des corps. L’écriture ? langue métisse, alliance charnelle de français et de créole ?, la structure inventive et subtile, la vérité tragique des personnages donnent à ce roman toute sa force d’envoûtement.


La colonie du nouveau monde

Robert Laffont - 1993

Elle était Tiyi, mère des princesses Néfertiti et Meritaton, enceinte d’un nouvel enfant du Soleil Aton.Un an plus tôt, venant de la Guadeloupe en passant par le Venezuela, ils avaient échoué dans la petite ville de Santa Marta, sur la côte caraïbe de la Colombie, avec Mandjet et Mesketet, leurs derniers fidèles.Ils n’avaient trouvé là que la misère et le mépris. Par dérision, les habitants de Santa Marta avaient appelé le petit groupe des adorateurs du Soleil « la colonie du nouveau monde ». Aton avait continué ses dévotions, mais Rê, le Soleil, était devenu sourd à ses appels. Ils voulaient retourner en Egypte, le berceau de la religion première, mais les fonds manquaient et le bateau qui devait cingler vers la Terre promise n’avait pas pris la mer.C’était ici, à La Ceja, sur cet hectare de terre aride, qu’allait s’achever le rêve sincère de fonder une religion nouvelle. C’était ici qu’ils allaient tous périr, dans la cupidité, la haine et la folie. Abandonnés des hommes. Abandonnés de Dieu.


Hugo le terrible

Sepia Editions - 1991

« 16 septembre 1989, 15h35. Attention, cyclone Hugo se dirige rapidement sur la Guadeloupe. Rejoignez les habitations ou les abris. Alerte 2 déclenchée ce jour à compter de 12 heures » Préfet Région Guadeloupe Les écoliers vont vivre une rentrée scolaire pas comme les autres. Michel abandonne ses leçons et se prépare, avec sa famille, à résister à Hugo le terrible.


La vie scélérate

Robert Laffont - 1987

Terrible destin que celui des Louis. Originaire de Guadeloupe, c’est Albert, premier de la lignée, qui donna à la famille ses lettres de noblesse. Du canal de Panama jusqu’aux contreforts de la Californie, il fit la richesse et la renommée des Louis. Ses fils, Jacob et jean, reprirent le flambeau et les Louis comptent aujourd’hui parmi les membres les plus influents de la bourgeoisie locale. Un succès sans pareil pour des Noirs résidents de La Pointe. Mais il y a des noms que l’on ose toujours pas prononcer dans la famille. Ceux de fils, d’oncles et d’enfants bannis pour avoir dédaigné les avantages qu’offrait une fortune mal acquise. Des noms de fantômes qui attendent que justice leur soit rendue. C’est aussi cette autre histoire qui nous est racontée.


Haïti chérie

Bayard Jeunesse - 1986

Rose-Aimée a treize ans. Elle aime son village et ses parents. Pourtant, la misère l’oblige à partir à la ville où elle est placée comme domestique chez une riche patronne. Des événements dramatiques l’y attendent. Fraternité contre méchanceté. Courage contre cruauté. Rose-Aimée réussira-t-elle, à quitter l’île et ce terrible univers ?


Segou Tome 2 : La terre en miettes

Robert Laffont - 1985

« Ségou », la grande saga africaine de Maryse Condé, et son best-seller, a fait vibrer plus de deux cent mille lecteurs, fascinés par cette Afrique ancienne de l’animisme et de la traite des Noirs, et dont les royaumes, jadis florissants, vont connaître le déclin et la ruine.Après « Les Murailles de terre », nous découvrons dans « La Terre en miettes » le destin de la deuxième génération des Traoré, de la noble lignée des Bambara, bouleversée par le raz de marée islamiste animé par les Toucouleurs qui ont investi Ségou, en 1860. Une famille déchirée entre ses racines, l’Islam et bientôt le Catholicisme. La fatalité s’acharne sur un peuple et une culture, sans que la France du second Empire ne mesure la gravité des événements.Cette geste, peuplée d’inoubliables figures de femmes, est tout à la fois un cri d’espoir, un chant d’agonie, un appel à la tolérance. Par sa puissance d’évocation, Ségou est à la mesure des terres du Sahel, une oeuvre portée par un souffle qui est la mémoire de l’Afrique, l’expression même de son âme.


Segou Tome 1 : Les murailles de terre

Robert Laffont - 1984

Jamais écrite jusqu’ici, voici la grande saga africaine. Pour qu’elle fût vraie – dans la sensibilité et l’esprit comme dans les faits –, il importait que son auteur fût d’origine africaine et connût tout de l’Afrique noire par science et par connaissance intime. Tel est le cas de Maryse Condé : elle est guadeloupéenne, elle a longtemps vécu dans l’Afrique du Sahel, elle est professeur de littérature négro-africaine à l’université Paris IV et elle est écrivain et même romancière. « Ségou » est né, spontanément, de ce savoir profond et de ces dons.Ségou, c’était, à la fin du XVIIIe siècle, entre Bamako et Tombouctou – dans l’actuel Mali – un royaume florissant qui tirait sa puissance de la guerre. À Ségou, on est animiste ; or, dans le même temps, une religion conquérante se répand dans les pays du Niger : l’Islam, qui séduit les esprits et se les attache.De ce choc historique naîtront les malheurs de Ségou et les déchirements de la famille de Dousika Traoré, noble bambara proche du pouvoir royal. Ses quatre fils auront des destins opposés et souvent terribles, en ce temps ou se développent, d’un côté, la guerre sainte et, de l’autre, la traite des Noirs.Ainsi, acteurs et victimes de l’histoire, il y a les hommes.Mais, plus profondément, il y a les femmes, libres ou esclaves, toujours fières et passionnées, qui, mieux que leurs époux et maîtres, connaissent les chemins de la vie.« Ségou » est un roman si riche et si divers qu’on ne le peut résumer. Il est à la mesure – à la démesure – de ces terres du Sahel qui s’étendent sous un ciel immense. Un grand souffle le parcourt et l’anime : c’est l’âme même de l’Afrique.


Moi, Tituba sorcière…

Mercure de France - 1982

Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu’à l’amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s’arrête l’histoire. Maryse Condé la réhabilite, l’arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d’esclaves.


Heremakhonon

Editions 10/18 - 1976

Inspiré par les tragiques événements de 1962, dans la Guinée de Sékou Touré, « Heremakhonon » (expression signifiant « Attends le bonheur ») est l’histoire d’une désillusion. Véronica est une Guadeloupéenne un peu perdue en quête d’identité. Partie à la recherche du passé africain, elle ne trouve que pauvreté, dictature et bourgeoisie corrompue. Ses démêlés sentimentaux traduisent bien son désenchantement. En choisissant d’aimer Ibrahima Sory, son « nègre avec aïeux » aux manières princières, Véronica s’aperçoit peu à peu qu’elle s’est trompée de camp. En réalité, Ibrahima a les mains sales du sang de son ami Saliou. Et c’est pour ne pas avoir à choisir entre l’amour et l’amitié, entre deux visions de l’Afrique, que Véronica choisit la fuite.

L’avenir du roman

Les grands débats à voir et à réécouter
Saint-Malo 2013

Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE


"Je" de mémoire

Les cafés littéraires en vidéo
Alain MABANCKOU, Maryse CONDÉ, Boualem SANSAL, Roland COLIN - Saint-Malo 2013

Participants : Alain MABANCKOU, Maryse CONDÉ, Boualem SANSAL, Roland COLIN


Pour saluer Maryse Condé

Les cafés littéraires en vidéo
En présence de Maryse Condé - Saint-Malo 2008

Pour saluer Maryse Condé

Saint-Malo 2008
16h30 : pour saluer Maryse Condé
Gisèle PINEAU, Dany LAFERRIERE, Moussa KONATE, Maryse CONDE.