CASTERA Georges

Haïti

Les Cinq lettres (Mémoire d’encrier, 2012) ; Haïti parmi les vivants, collectif (Actes Sud, 2010)

« Ce n’est pas avec de l’encre
que je t’écris
C’est avec ma voix de tambour
assiégé par des chutes de pierres

Je n’appartiens pas au temps des grammairiens
mais à celui de l’éloquence
étouffée
Aime-moi comme une maison qui brûle »
Extrait de l’Encre est ma demeure (Actes Sud, 2006)

Biographie

© G. Le Ny

« J’écris le plus souvent sur des petits bouts de papier, en marchant dans la rue ou en voiture. » La poésie de Georges Castera est ainsi : voyageuse, aux prises avec la réalité, en contact direct avec le bruit du monde, avec la rumeur des rues.

Grande personnalité de la littérature haïtienne contemporaine, Georges Castera est né le 27 décembre 1936 à Port-au-Prince (Haïti). Dès son plus jeune âge il écrit. Fasciné par les lettres, il rencontre des auteurs tels que René Bélance, les frères Marcelin et des peintres tels que Bernard Wah, Roland Dorcely. Il commence à se faire connaître dans les journaux de Port-au-Prince dans les années 50.

Il débarque en Europe en 1956 où il découvre une toute autre jeunesse, désireuse de révolutionner le monde. Dans ses écrits il prend toujours le parti des petites gens : chez Castera, poésie et révolution vont de pair. En Espagne, il commence des études de médecine mais les abandonne au profit de sa carrière poétique. Installé aux Etats-Unis dans les années 1970, il travaille au théâtre avec les metteurs en scéne Syto Cavé et Hervé Denis. En 1986, à la chute de Duvalier, Georges Castera décide de rentrer en Haïti, après 30 ans d’exil.

Poète, dessinateur et directeur littéraire aux éditions Mémoire, il écrit en français, en créole et en espagnol. Il a publié plus de quinze recueils de poésie créole et huit recueils de poésie française. Il est membre fondateur de l’Association des écrivains haïtiens.

En 2006, Georges Castera a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe pour Le Trou du Souffleur et, en 2007, l’Ordre National Honneur et Mérite lui a été décerné par le Président de la République d’Haïti, René Préval.

« Poète moderne et engagé, dialoguant avec les grandes démarches poétiques du XXème siècle, il est aussi celui qui nous a amenés au plus près des écritures croisées qui font les liens entre les peuples. » écrivait Lyonel Trouillot en 2006 dans la préface à l’anthologie L’encre est ma demeure parue chez Actes Sud. L’encre est ma demeure donne son titre à l’édition 2012 du festival Étonnants Voyageurs à Port-au-Prince.


En savoir plus :


Georges Castera, 5 Questions pour Île en île par ileenile


Bibliographie :

  • Les Cinq lettres (réédition, Mémoire d’encrier, 2012)
  • Haïti parmi les vivants, collectif (Actes Sud, 2010)
  • Le coeur sur la main, ill. Mance Lanctôt (Mémoire d’encrier, 2009)
  • Le trou du souffleur (Caractères, Paris, 2006)
  • L’encre est ma demeure (Actes Sud, Paris, 2006)
  • Brûler (Port-au-Prince : Éditions Mémoire, 1999)
  • Voix de tête (Port-au-Prince : Éditions Mémoire, 1996)
  • Quasi parlando (Port-au-Prince : Imprimerie Le Natal, 1993)
  • Les Cinq lettres (Port-au-Prince : Imprimerie Le Natal, 1992)
  • Ratures d’un miroir (Port-au-Prince : Imprimerie Le Natal, 1992)
  • Le Retour à l’arbre, avec des dessins de Bernah Wah (New York : Calfou Nouvelle Orientation, 1974)

Présentation de Les cinq lettres

Dans tes actes et ta pensée
ne dors pas du sommeil
des énigmes.
Prends les livres en otage
pour ne pas te voiler d’incohérence
te mentir à voix basse

« Un seul mouvement. Un seul geste que ce regard, libre comme l’oiseau qui plane. Je lis et relis Les cinq lettres comme si l’alphabet nous était conté pour mieux com- prendre le monde. » Rodney Saint-Éloi, extrait de la préface


Présentation de Haïti parmi les vivants

“Que peut la littérature devant l’ampleur du drame ? Rien, mais surtout pas se taire.”

Certains des auteurs qui interviennent ici ont écrit dans l’immédiateté du séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier 2010. D’autres, dans les semaines suivantes, ont voulu révéler (parfois à demi-mot) l’impact de cette catastrophe dans leur vie, leur imaginaire, leur citoyenneté, leur identité. Ensemble, ces témoignages publiés à chaud par Le Point et ces textes de création ne prétendent rien d’autre qu’exprimer une nécessité : Haïti parmi les vivants.
Ce livre est le fruit de la collaboration du magazine Le Point, des éditions Actes Sud et de l’Atelier Jeudi soir à Port-au-Prince. Il est publié et vendu au profit de la reconstruction culturelle et éducative en Haïti.


Présentation de Le Coeur sur la main

Aller à la découverte des mots. Être dans un univers prodigieux à l’écoute des oiseaux, des fleuves, des mers, des voyages, des terres et des villes ! Pour écrire un poème, / je choisis un mot, puis un autre mot / tout aussitôt : ils font la paire, / puis un autre mot tout étonné d’être là entre les deux qui rient aux éclats / de l’intrus arrivé après eux sans connaître les règles du jeu. / Mais rira bien qui rira le dernier !

Présentation de L’encre est ma demeure

"La poésie de Georges Castera ne tolère pas la nostalgie. Ce n’est pas au passé mais à la rébellion qu’elle est restée fidèle. L’entrée en poésie (en créole de surcroît, dans cette langue qui, dans les années 1950, n’est pas encore reconnue telle par les doctes comme par le grand monde) constituera d’ailleurs la plus grande rébellion. Quand on se nomme Georges Castera fils, on se doit (le devenir médecin comme son père, surtout après deux ans de France, onze ans d’Espagne. On ne transite pas quinze ans aux Etats-Unis à mener une vie d’ouvrier avant de revenir au pays les poches pleines de poèmes ! (...) Dans ce travail d’écoute et de mise en images, l’exil n’est pas une thématique. Georges Castera est parti d’Haïti en 1956, quelques mois avant l’élection de François Duvalier, pour ne rentrer au pays que trente ans plus tard, peu (le jours après la chute de Jean-Claude. Il n’a vécu de l’intérieur ni la violence du père ni l’incurie du fils. Mais il n’y a aucune culture de l’exil dans sa poésie, aucune mythologie légitimant l’absence. (...) Castera est celui dont la poésie tire encore sur les halles des assassins (le peuples, les commandeurs d’usine, les vieilleries poétiques et conjugales qui condamnent à l’immobilisme.
Pour nous, Haïtiens, sa langue fut et demeure la force ouvrière de notre résistance à la dictature du capital et à la dictature. Poète moderne et engagé, dialoguant avec les grandes démarches poétiques du XXe siècle, il est aussi celui qui nous a amenés au plus près des écritures croisées qui font les liens entre les peuples."

Lyonel Trouillot (extraits de la préface)

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Y a-t-il des langues plus poétiques que d’autres ?

Saint-Malo 2010

Avec Bruno Doucey, Kim Thuy, Georges Castera, Jacques Darras, Mohammed El Amraoui. Un débat animé par Jacques Darras.

Son à venir.


Haïti, un peuple de poètes

Haïti, un peuple de poètes

Saint-Malo 2010

Son à venir.