CAVÉ Syto

Haïti

D’amour à mort / Damou a mò (recueil de chansons). (Port-au-Prince : L’Imprimeur II, 2015)

Syto Cavé est né le 7 août 1944 à Jérémie (Haïti). Après quatre ans au Conservatoire d’Arts dramatiques à Port-au-Prince, il s’exile en 1968 aux Etats-Unis avec sa femme, l’écrivaine et peintre Yanick Jean, et s’installe à New York où il reste jusqu’en 1982.
Les années newyorkaises sont marquées par la fondation de la troupe de théâtre Kouidor avec d’autres ecrivains de la diaspora : Georges Castera, Jacques Charlier, Hervé Denis, Daniel Huttinot, Josaphat-Robert Large et Jean-Marie Roumer. Pendant une dizaine d’années, cette troupe expérimentale et
politisée jouera à travers le monde un répertoire allant de Brecht à Kateb Yacine en passant par Ionesco et Césaire.

En 1982 il décide de rentrer en Haïti et monte à Port-au-Prince, avec Cayotte Bissainthe, Hervé Denis, Lyonel Trouillot et Pierre-Richard Narcisse, l’Atelier des Arts et Spectacles (ADASA), puis la compagnie théâtrale Vigie, avec Toto Bissainthe. Syto Cavé est l’auteur de plus d’une douzaine de pièces de théâtre, en créole et en français. En plus d’écrire et de mettre en scène ses propres pièces, il réalise des mises en scènes des œuvres d’autres auteurs, tels que Simone Schwarz-Bart (Ton beau capitaine, 1985-86), Ina Césaire (Rosanie-Soleil, 1987-88) et Claude Innocent (Ce fou d’empereur, 2000).
Il vit à Pétion-Ville, où il continue à se consacrer au théâtre et à l’écriture.

Avec le plasticien Alain Blondel, Syto Cavé a écrit « Girouette et Pisse-vinaigre », texte lu à Paris au Lavoir Moderne en février 2011. Tentant d’échapper aux règles imposées par marchands et communicants à l’expression contemporaine, la pièce fait naitre un bric à brac vigoureux où les mots semblent sʼélargir, permettant aux sujets qui les portent dʼentrevoir de nouveaux paysages.

Une rose rouge entre les doigts, recueil de textes poétiques, a par ailleurs été publié en France en 2011 par les éditions Zellige.

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Bibliographie :

Nouvelles :

  • Une rose rouge entre les doigts (Zellige, 2011)
  • Qui d’un soir (Rivarticollection, 2009)
  • Van Cortland Club (Rivarticollection, 2004)
  • Le singe du dormeur (Regain / CIDIHCA, 1999)

Théâtre en français :

  • On m’a volé mon corps, 1994
  • Songe que fait Sarah, 1990.
  • Maître Carré. 1989
  • Telcide et Duréna (Telcide ak Duréna), écrite en collaboration avec Régine Charlier,
    1978
  • Théodora. 1977
  • Les chants de Mélanie, 1977
  • Quelle mort tua l’empereur, 1975
  • Le chiffre sept. 1974
  • La parole des grands fonds, 1973
  • Mémoires d’un balai, 1971

Poésie :

  • D’amour à mort / Damou a mò (recueil de chansons). (Port-au-Prince : L’Imprimeur II, 2015)
  • La Cabine jaune (New York : Riv’Art’, 2015)
  • Qui d’un soir (Montréal : CIDIHCA, 2011)
  • « Qui de nous a cassé la lampe ? » / « Kiyès ki kase lanp lan ? ». (Conjonction 196, octobre-novembre-décembre 1992)
  • « Laisser-Passer » / « Lesepase » ; « Point final » / « Pwen final » (Conjonction 195, juillet-août-septembre 1992)

Présentation de Van Cortland club :

Rose vit au troisième étage, dans la chambre 37, depuis déjà dix ans. Sur sa coiffeuse blanchie par la poussière gît un antique coffret d’où pendent des colliers jaunes et verts. Quelques photos de famille accrochées à un miroir fêlé tremblotent quand passe le métro aérien. Dans le jour qui se lève, tout en se maquillant, elle les regarde avec tendresse. Elle parle à plus d’un mort et à une nièce vivant en Europe de l’Est. Et des voix lui viennent aussi bien de la nièce que du monde défunt. Des voix lui reviennent et l’aident à s’embellir. Son visage se refait lentement, quittant, sous l’éponge et le fard, les crevasses du sommeil et de l’âge. Elle se remet les dents, puis se rougit les lèvres. Les voix à l’unisson chantonnent dans sa tête. Elle sourit. Le plein jour baigne sa chambre. Il lui faut descendre aujourd’hui. Elle descend toutes les fois qu’il fait beau, entre midi et une heure. Le soleil chante et la protège à pareille heure. Quand elle ne l’entend pas, elle reste là. Elle l’attend. Elle sait qu’un jour il reviendra.

Nouvelle traduction : Une rose rouge entre les doigts

Nouvelle traduction : Une rose rouge entre les doigts

(Zellige, 2011) - 2011

J’ai rencontré bien d’autres femmes que j’ai aimées après, dans le temps que j’ai eu de ne pas t’avoir revue. Et le temps qu’il me reste est si peu à te voir. Me réapprendre auprès de toi. Me faire des jours à mieux te dire.
J’ai voulu cette nuit-là danser avec toi une musique d’Augustin Lara : Noche de Ronda. Je crois l’avoir dansée avec une autre femme dans un temps imprécis de grande timidité. Je voudrais rattraper cette musique avec toi, la laisser nous emmener ailleurs, dans la fusion de deux corps qui se sont finalement retrouvés. Vas-tu pouvoir danser ? Je ne t’ai jamais vue le faire. On y arrivera j’en suis certain...