GUNARATNE Guy

Royaume-Uni

Au rythme de notre colère, traduit de l’anglais par Laurent Trèves (Grasset, 2020)

Enfant de l’immigration, Guy Gunaratne livre un premier roman polyphonique éblouissant. D’origine sri-lankaise, né au Royaume-Uni, il a grandi dans le nord-ouest de Londres, à Neasden où se déroule une partie de l’intrigue. Inspirée d’un fait réel datant de 2013, elle s’ouvre sur une vidéo montrant un enfant noir revendiquer le meurtre d’un jeune soldat britannique et appeler au djihad. Marqué par la ressemblance entre cet enfant et ceux avec qui il allait à l’école, le journaliste et réalisateur se replonge dans ce passé londonien et fait face à ce sentiment « inconfortable d’identification avec le monstre ». Explorant l’obsession humaine des extrêmes, quels qu’ils soient, il livre un premier roman puissant, féroce, au rythme entêtant et nerveux. À travers les voix de cinq narrateurs, c’est autant la langue de Neasden, authentiquement créole, que l’histoire de l’Angleterre qui prend vie, entre hier et aujourd’hui, entre affrontements et fuites.

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Bibliographie

  • Au rythme de notre colère, traduit de l’anglais par Laurent Trèves (Grasset, 2020)
Au rythme de notre colère

Au rythme de notre colère

Grasset, 2020 - 2020

Dans une cité du nord de Londres, trois amis s’apprêtent à se retrouver pour disputer un match de foot au pied des quatre tours où ils ont grandi : Yusuf le fils de l’ancien imam de la mosquée aujourd’hui décédé, Selvon pour qui le sport est l’unique chemin vers la liberté, et Ardan dont les talents de rappeur sont encore étouffés par sa timidité. Le premier est d’origine pakistanaise, le deuxième antillaise, le dernier irlandaise. Des racines différentes et pourtant un même destin qui se profile dans ces rues qui suintent la violence, et que nous arpentons avec eux pendant les 48 heures suivant la diffusion d’une vidéo qui enflamme la cité. Sur les écrans on peut voir le meurtrier d’un soldat britannique, qui avait achevé le militaire avec un couteau de boucher, appeler au Jihad dans les rues de Londres. L’assassin est un jeune noir islamiste qui portait les mêmes baskets que Yusuf, Selvon et Ardan, avec « son visage, comme un miroir, qui réfléchissait la peur et la confusion de [leur] cœur. »

La cité est désormais prise en étau entre les manifestations de skinheads venus en découdre et de jeunes musulmans animés par la haine de l’Occident, endoctrinés par le nouvel imam de la mosquée. La rage gronde et envahit la cité, replongeant la mère d’Ardan dans son passé lorsque sa famille, membre de l’IRA, baignait dans une insoutenable violence quotidienne ; ramenant également le père de Selvon à l’époque de son arrivée en Angleterre depuis les Antilles, et au racisme électrique qui l’avait alors accueilli. Pour les trois amis et leur famille, ces deux journées vont être douloureuses et cruciales, car dans ces rues de Londres, la colère est indispensable à la survie.

Récompensé par de nombreux prix littéraires pour ce premier roman, Guy Gunaratne revisite le roman choral pour nous offrir un livre d’une puissance inouïe. Il nous fait écouter ces cinq voix qui martèlent la terrible banalité de vies usées par la violence et dont on découvre, page après page, les blessures profondes et les combats quotidiens. Au rythme de notre colère est un livre réaliste, brut, sur la fureur de nos rues.

Revue de presse

  • « Gunaratne fait rimer la violence avec la violence : les émeutes raciales de Notting Hill, en août 1958, avec le défilé des skinheads vers la mosquée de Neasden aujourd’hui ; le terrorisme djihadiste du XXIe siècle et celui de l’Armée républicaine irlandaise hier. Et au milieu de cette foule déchaînée, des individus contraints de choisir leur camp. Au rythme de notre colère n’est pas une fable morale. Ceux qui survivent sont ceux qui fuient, chez Gunaratne, "prêts à courir, à courir encore et toujours, à courir à jamais juste pour prouver que c’est possible". » Le Monde
  • « Un premier roman aux allures de grenade dégoupillée » Le Figaro
  • « Même si ce livre devient tragique, il reste totalement vivant, voire joyeux. Chaque page, à force d’exubérance linguistique, porte sa propre aventure. » New Yorker