ATAEI Aliyeh

Iran - Afghanistan

La frontière des oubliés (Gallimard, 2023)

© Francesca Mantovani - Gallimard

Avec déjà cinq livres publiés en Iran, où elle a reçu plusieurs prix dont le prestigieux Mehregan-e-Adab, cette écrivaine, poétesse et activiste féministe née en 1982 dans la région de Darmian, à la frontière irano-afghane, est traduite pour la première fois en français cette année. Largement inspirée par son enfance et de sa propre errance entre deux pays qui se déchirent, ses textes racontent l’expérience du seuil et disent comment les blessures invisibles de l’exil se transmettent de génération en génération. La frontière des oubliés ne fait pas figure d’exception. L’écrivaine y entremêle le récit de sa fuite vers l’Iran et le destin d’autres réfugiés, oscillant entre plusieurs territoires où se croisent l’amour, la guerre et l’exil.

Le site d’Aliyeh Ataei

La frontière des oubliés

Gallimard - 2023

Neuf récits reliés composent La frontière des oubliés et retracent le parcours de l’autrice, depuis sa fuite enfant de l’Afghanistan pour se réfugier en Iran, jusqu’au présent. Dans chacune de ces vignettes de vie, elle brosse le portrait de ses compatriotes exilés, des « frontaliers » qui portent tous des traces de la guerre, des plaies profondes marquées par des balles invisibles. À chaque rencontre, l’autrice s’interroge sur la violence, l’exil et l’identité. À partir du récit de son propre vécu, Aliyeh Ataei embrasse plus largement ici le sort de tous les exilés, de tous ceux qui ont hérité des « chromosomes de souffrance » qui se transmettent de génération en génération.

Traduit du persan par Sabrina Nouri

La voix des femmes iraniennes

Saint-Malo 2023

Comment écrit-on aujourd’hui en Iran ? Que peut-on dire et écrire ? Malgré les restrictions, la production artistique est vivace et de notoriété internationale. Écoutons les femmes écrivaines nous raconter leur littérature. Nasim Marashi (L’automne est la dernière saison) dresse le portrait de sa génération qui se questionne : rester ? Quitter le pays ? Aliyeh Ataei (La frontière des oubliés) puise dans son parcours pour raconter le sort des réfugié·es afghan·nes tentant de venir vivre en Iran. Nasim Vahabi offre un récit composite sur la résistance à la censure littéraire.

Une rencontre animée par Christine Chaumeau, avec Marguerite Capelle et Julie Duvigneau à l’interprétariat.


Après-midi autour du Prix Kessel : « Je suis la mémoire du rien »

Saint-Malo 2023

À 14h, l’après-midi commençait par la remise du prix Joseph Kessel de la Scam 2023 à Sibylle Grimbert.

En suivant, une rencontre avec des passeuses déterminées à faire exister la lutte, la résistance, les disparu·es. Aliyeh Ataei collecte les récits inaudibles des réfugié·es fuyant l’Afghanistan (La frontière des oubliés) et Justine Augier (Croire) fait de son écriture le lieu de l’engagement. Témoigner serait-il un devoir moral face à la volonté d’annihiler ? « Écrire comme un défi courageux à la mort », lance ainsi Samar Yazbek dans les Portes du néant. Car les mots sont « une reproduction de la vie », des traces de ce qui n’est plus, imposent leurs présences contre la destruction.

Une table-ronde animée par Pierre Haski, à réécouter ci-dessus ! Interprète : Julie Duvigneau.

Au terme de la table ronde était projeté Myanmar Diaries, meilleur documentaire à la Berlinale 2022. Un film profondément courageux, tourné dans la clandestinité par un collectif anonyme de jeunes cinéastes, qui retrace à travers des histoires personnelles la répression de la population birmane par la junte militaire après sa prise de pouvoir en février 2021.