Portraitiste des communautés humaines, Charles Fréger bâtit depuis une vingtaine d’années un inventaire de « Portraits photographiques et uniformes » dont l’étonnante variété et l’exotisme exacerbé captivent d’emblée le regard. Photographiées dans les quatre coins du monde, ses séries se consacrent à l’uniforme sous toutes ses coutures : celui de sportifs, d’ouvriers, de bretonnes en coiffe traditionnelle, de rituels d’un temps passé… Ses photographies, souvent prises en pied, s’apparentent à des peintures qui donnent à voir le sentiment d’appartenance d’individus à leur communauté d’héritage ou d’élection. Exposé en Europe comme aux Etats-Unis et au Japon, son travail semble « mesurer les écarts d’une tenue à l’autre, d’une tribu à l’autre, tous ces écarts qui font qu’on est soi parmi les autres » (Didier Mouchel). Dans son ouvrage Yokainoshima, Célébration d’un bestiaire nippon, le photographe met en scène des figures rituelles de la culture traditionnelle japonaise. Par leurs références animales, par leurs couleurs vives, ses costumes soulèvent l’imaginaire et fascinent par leur étrangeté. Dans la continuité, son nouveau livre s’intéresse aux figures divines de l’hindouisme, qui se comptent aujourd’hui en centaines de millions - et le panthéon continue de s’étendre. Le photographe en capture de fabuleuses incarnations, à l’occasion de performances rituelles et sacrées dans les temples, les théâtres et les rues.