Née en 1968 à Alger, Elisabeth Leuvrey est une ancienne élève de l’Institut de Langues Orientales de Paris. Entre 1991 et 1998, elle est assistante de réalisation pour la société Album Productions sur les films de Jean-Luc Léon (Les Lapirov passent à l’Ouest, Un tramway à Moscou, Le marchand, l’artiste et le collectionneur). Elle prépare actuellement une trilogie documentaire en Algérie qui a reçu la bourse Louis Lumière (Villa Médicis Hors les Murs), la bourse de la SCAM Brouillon d’un rêve ainsi que l’aide à l’écriture du CNC.
Son premier long-métrage, La Traversée, évoque celle de nombreuses personnes transitant chaque été entre l’Algérie à la France. Sur le bateau, dans cet entre-deux pays, la parole se libère et les passagers se racontent, s’expriment sur l’identité, l’appartenance, le déracinement.
At(h)ome, son dernier film, revient plus de 50 ans après la fin de la guerre de libération, en plein Sahara : d’une zone désertique irradiée aux faubourgs d’Alger, elle suit aux côtés d’un photographe algérien, le parcours des retombées d’une explosion nucléaire dont les traces dramatiques interrogent la responsabilité des nations.
Filmographie :
- At(h)ome (Les Écrans du large, 2013)
- La traversée (Les Écrans du Large, Alice Films & Artline Films, 2013) - Prix du Patrimoine, Cinéma du Réel / Paris, 2013 ; Prix Planète Thalassa au Festival du Film Marin / St-Cast Le Guildo, 2006 ; Prix Découverte SCAM / 2008 ; Prix Europa 2007 - représente la France ; Préselectionné pour le Prix Albert Londres 2008 ; Prix Bouamari Vautier 2013
- Matti Ke Lal - fils de la terre (elisabeth leuvrey & GREC, 1998) - Premier Prix - Meilleur Court Métrage Européen Filmfest Ludwigsburg, Stuttgart / Allemagne 1999 ; Meilleur Court Métrage Documentaire Festival International du Film de Melbourne / Australie 1999
- Oh, tu tires ou tu pointes ? (Le GREC & Shellac sud, 2013, réalisé pour la collection Territoires dans le cadre de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture
Résumé de La traversée :
Chaque été, le navire " L’île de beauté " ramène d’Alger à Marseille ceux qui rentrent de vacances comme ceux qui viennent en France pour la première fois. Dans la parenthèse du voyage, les conversations des passagers dessinent une autre vision de l’émigration, de l’appartenance, du pays et de l’avenir.
A l’écoute des deux rives de la Méditerranée qui sont aussi celles de son histoire personnelle, Elisabeth Leuvrey s’est vite laissée convaincre que c’est là dans le temps d’une traversée de ferry, entre la France et l’Algérie, que les langues ont le plus de chance de se délier et que la parole de ces " sans histoire " et de ces " sans voix " peut-être recueillie. La réalisatrice et son équipe ont entrepris tout au long de 20 traversées d’être à l’écoute de ce qui se joue dans ce théâtre mobile, dans cet " entre-deux " entre société d’accueil et société d’origine, mais aussi entre passé et présent. Durant ces quelque vingt heures à chaque fois où les passagers s’affranchissent des pesanteurs de leurs rapports à la famille, au groupe, aux sociétés, aux Etats et aux frontières, la parole de ces émigrés-immigrés se met à vivre et à éclairer des histoires singulières, souvent douloureuses, toujours heurtées et qui peinent à trouver leur place dans la mémoire collective en France comme en Algérie.
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