ÉNARD Mathias

France

Déserter (Actes Sud, 2023)

© Marc Melki

Figure majeure de la littérature française contemporaine, Mathias Énard a été couronné du prestigieux prix Goncourt en 2015 avec Boussole, un ouvrage plébiscité par la presse. Grand passionné de l’Orient, il construit livre après livre une œuvre toute d’érudition dans un style élaboré proche de Flaubert ou de Joyce. C’est en Europe et dans l’éternel retour de la guerre qu’il se plonge cette fois-ci avec Déserter (Actes Sud, 2023) où le récit suit des personnages aux destins s’entrecroisant, leur intimité aux prises d’une histoire globale. En février 2024 avec Balkans (ENS Éditions, 2024), il s’associe à des cartographes et artistes pour offrir une représentation intime et concrète de territoires contestés comme l’est Pristina au Kosovo. Entre géographie subjective et littérature de voyage, Mathias Énard tisse un portrait sensible de l’Europe et de ses habitants.

Après le bac, il intègre l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) où il étudie l’Arabe et le Persan. Et puis, en 1993, c’est le temps des voyages : sans véritable projet, au gré des occasions, Mathias Énard gravite autour de la Méditerranée principalement : Téhéran, Le Caire, Damas, Soueida, Beyrouth où il se pose plus longuement, Tunis, puis, en 2000, Barcelone où il s’arrête pour de bon. Dans ses valises, de huit ans d’errance, il ramène d’innombrables témoignages, d’insoupçonnables parts de l’Histoire.

Entré en littérature en 2003 avec La Perfection du tir, où l’on se tenait au plus près d’un sniper dans un pays ressemblant furieusement au Liban, il s’est imposé comme l’un des grands auteurs de sa génération grâce à son quatrième roman, Zone, un monologue sans ponctuation qui se déroule au cours d’un périple ferroviaire entre Milan et Rome. Ce prodigieux roman sur les guerres du XXème siècle, obtient le Prix Décembre et le Prix du Livre Inter en 2008.

En 2010, il publie un nouveau roman au titre prometteur Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. Direction Constantinople cette fois-ci, dans les pas d’un certain Michel-Ange venu à la rencontre des beautés de l’art ottoman. Ce livre a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2010.

Un an plus tard, Mathias Énard suit dans Rue des voleurs le parcours de Lakhdar, jeune marocain amateur de « romans de gare », du Maghreb en révolution aux rives d’une Europe au bord du gouffre. Roman d’aventure, récit de voyage, polar, hommage à la littérature populaire dont raffole son personnage principal, Rue des voleurs raconte à travers l’histoire de la transformation de son héros, la complexité d’une identité en mouvement. Un roman d’un souffle rare, initiatique et politique, dont les pages raisonnent du fracas des Printemps arabes.

Dans Tout sera oublié, Mathias Énard et Pierre Marquès unissent leurs talents et livrent un roman graphique dans lequel les mots de l’un et les images de l’autre plongent le lecteur dans la mémoire douloureuse de la guerre des Balkans. C’est alors la troisième rencontre artistique pour ces deux amis puisqu’en 2007 ils avaient publié ensemble le jouissif Bréviaires des Artificiers et réalisé en 2009 un album pour enfants intitulé Mangée, mangée ! Un conte balkanique et terrifique.

Avec Boussole, exploration onirique et éblouissante de l’orientalisme, l’écrivain érudit a « essayé de reconstruire cette longue histoire, celle de l’amour de l’Orient, de la passion de l’Orient, et des couples d’amoureux qui la représentent le mieux (…). Sans oublier ce qu’il peut y avoir de violent et de tragique dans ces récits, de rapports de force, d’intrigues politiques et d’échecs désespérés. Ce long voyage commence à Vienne et nous amène jusqu’aux rivages de la mer de Chine ; à travers les rêveries de Franz et les errances de Sarah, (il a) souhaité rendre hommage à tous ceux qui, vers le levant ou le ponant, ont été à tel point épris de la différence qu’ils se sont immergés dans les langues, les cultures ou les musiques qu’ils découvraient, parfois jusqu’à s’y perdre corps et âme. » (Mathias Énard)

Retour en France, plus précisément dans les Deux-Sèvres qui l’ont vu naître, pour son nouveau roman, Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs. On y suit un apprenti ethnologue quittant Paris pour s’installer dans un village du Poitou, où il compte mener une expérience de terrain. Bâti comme un journal de bord, le récit mêle son protagoniste à une galerie de personnages hauts en couleur et nous emporte dans une danse macabre farfelue.


Bibliographie

  • Déserter (Actes Sud, 2023)
  • Prendre Refuge (Casterman BD, 2022)
  • Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs (Actes Sud, 2020)
  • Désir pour désir (Réunion des musées nationaux, 2018)
  • Dernière communication à la société proustienne de Barcelone (Inculte/Dernière Marge, 2016)
  • Boussole (Actes Sud, 2015)
  • Tout sera oublié, illustré par Pierre Marquès, (Actes Sud, 2013)
  • Rue des voleurs (Actes Sud, 2012)
  • L’Alcool et la Nostalgie (Inculte, février 2011)
  • Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (Actes Sud, 2010) Prix Goncourt des lycéens
  • Zone (Actes Sud, 2008) Prix Décembre 2008, Prix du Livre Inter 2009
  • Bréviaire des artificiers, illustrations de Pierre Marquès (Verticales, 2007)
  • Remonter l’Orénoque (Actes Sud, 2005)
  • La Perfection du tir (Actes Sud, 2003) Prix des cinq continents de la francophonie, Prix Edmée de La Rochefoucauld

En tant que traducteur :

  • Yasser Arafat m’a regardé et m’a souri : Journal d’un combattant, par Yussef Bazzi (Verticales, 2007)
  • Epître de la queue : Suivi de Douze séances salées de Mohammad Ibn Mansûr Al-Hilli (Verticales, 2004)
Déserter

Déserter

Actes Sud - 2023

Quelque part dans un paysage méditerranéen orageux familier et insaisissable, en marge d’un champ de bataille indéterminé, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence. Le 11 septembre 2001, sur la Havel, aux alentours de Berlin, à bord d’un petit paquebot de croisière, un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand de génie, disparu tragiquement, resté fidèle à son côté du Mur de Berlin, malgré l’effondrement des idéologies.
La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement... le nouveau roman de Mathias Énard – vif, bref, suspendu – observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.

« J’avais entrepris l’écriture de la biographie fictive du mathématicien est-allemand Paul Heudeber depuis quelque temps lorsque la guerre en Ukraine a envahi mes carnets. Le 24 février 2022, le conflit a frappé de plein fouet mes projets. Le roman que j’envisageais ne pouvait plus être le même. La résurrection du discours – nazis, dénazifier – faisait remonter les années 1940 jusqu’à nous. La Russie assumait son impérialisme. Elle brandissait sa violence comme une fierté. Les couleurs des années 1990 (hiver, sang, feu) teintaient de nouveau l’Europe. Les chars soviétiques T72, ces boîtes plates et vertes que nous avions vues dans les champs de maïs abandonnés de Pannonie tirer sur Vukovar, roulaient vers Odessa, et leurs équipages, ces soldats russes de moins de vingt ans, brûlaient vifs trois par trois, prisonniers de leur blindage, lorsqu’un missile Javelin ouvrait leur tank comme on arrache la tête d’un oisillon avec les dents. À travers les arbres, on voyait de nouveau les animaux – les cochons, les chiens – errer jusque sur nos écrans, souvent horriblement mutilés, avant d’être achevés d’un coup de baïonnette. Odessa, l’Alexandrie de la mer Noire, allait subir le sort de Sarajevo.

J’ai compris plus ou moins à ce moment-là, alors que mes angoisses et mes cauchemars devenaient de plus en plus pressants, qu’il fallait que je m’enfonce de nouveau dans mon traumatisme de guerre, mes obsessions ; j’ai imaginé un personnage au creux d’une montagne, au bord de la Méditerranée. Il a un fusil à la main, il vient de quitter la guerre, mais il ne suffit pas de la quitter, il faut s’en défaire. Il va errer dans les territoires de son enfance avant de partir vers le nord pour passer la frontière et quitter le pays.

L’histoire de Paul Heudeber, sa fidélité à l’amour et au socialisme, malgré la déportation et la guerre froide, se prolongeait dans celle du déserteur, elle s’y reflétait, et le soldat perdu envoyait ses vibrations désespérées vers Paul Heudeber et sa fille Irina. Tout se projetait, se reflétait dans les lacs autour de Berlin et dans la recherche de l’espérance. »

Mathias Énard


  • « Ses romans expérimentent les charmes, les mystères et la musicalité de la langue, tout en étant traversés par la violence de l’Histoire. » Télérama
  • « Entre poésie et conjectures scientiflques, le romancier affronte le retour de la guerre sur le sol européen, questionne l’engagement et la fldélité dans un livre perturbant, dont l’écho n’en flnit pas de résonner. » L’Humanité
  • « Ce défrichage d’une ambition démesurée trouve parfaitement sa mesure romanesque, dit toute la furie des hommes, la puissance de l’amour et la beauté de la nature. » Le Point
Prendre refuge

Prendre refuge

Casterman BD - 2021

Entre Bâmyân et Berlin, l’amour comme la plus belle des aventures.

1939, Afghanistan. Une voyageuse européenne tombe amoureuse d’une archéologue, alors que la radio annonce le début de la Seconde Guerre mondiale.

2016, Allemagne. Karsten, jeune homme passionné d’Orient, rencontre Nayla, une réfugiée syrienne, dont il s’éprend, malgré leurs différences.
À travers ces deux récits entremêlés, deux histoires d’amour atypiques se tissent au fil des pages, alliant les contraires et rapprochant des êtres qui n’auraient jamais dû se croiser.


Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs

Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs

Actes Sud - 2020

Pour les besoins d’une thèse consacrée à “la vie à la campagne au XXIe siècle”, l’apprenti ethnologue David Mazon a quitté Paris et pris ses quartiers dans un modeste village des Deux-Sèvres. Logé à la ferme, bientôt pourvu d’une mob propice à ses investigations, s’alimentant au Café-Épicerie-Pêche et puisant le savoir local auprès de l’aimable maire – également fossoyeur –, le nouveau venu entame un journal de terrain, consigne petits faits vrais et mœurs autochtones, bien décidé à circonscrire et quintessencier la ruralité.

Mais il ignore quelques fantaisies de ce lieu où la Mort mène la danse. Quand elle saisit quelqu’un, c’est pour aussitôt le précipiter dans la Roue du Temps, le recycler en animal aussi bien qu’en humain, lui octroyer un destin immédiat ou dans une époque antérieure – comme pour mieux ressusciter cette France profonde dont Mathias Enard excelle à labourer le terreau local et régional, à en fouiller les strates historiques, sans jamais perdre de vue le petit cercle de villageois qui entourent l’ethnologue et dessinent (peut-être) l’heureuse néoruralité de nos lendemains.

Mais déjà le Maire s’active à préparer le Banquet annuel de sa confrérie – gargantuesque ripaille de trois jours durant lesquels la Mort fait trêve pour que se régalent sans scrupule les fossoyeurs – et les lecteurs – dans une fabuleuse opulence de nourriture, de libations et de langage. Car les saveurs de la langue, sa rémanence et sa métamorphose, sont l’épicentre de ce remuement des siècles et de ce roman hors normes, aussi empli de truculence qu’il est épris de culture populaire, riche de mémoire, fertile en fraternité.


Boussole

Boussole

Actes Sud - 2015

La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche – Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.


« Dans Boussole, le romancier invite à une nuit d’insomnie et à un voyage dans les souvenirs d’un musicologue amoureux du Proche-Orient. Hypnotique. Boussole, dont chaque page sort le lecteur de lui-même, le confronte à une infinité de sujets et de personnages dont il ignore tout pour les lui rendre plus proches. » Raphaëlle Leyris, Le Monde des Livres

« Le lecteur est dans les souterrains orientaux de la culture occidentale. Celui qui tient la torche est un musicologue autrichien, Franz Ritter, mais il pourrait tout aussi bien s’appeler Mathias Énard. Les cultures orientale et musicale de l’un et l’autre sont stupéfiantes et saturées, un peu monstrueuses, mais elles semblent couler de source (et de bibliothèque) sans être passées par Wikipedia. Le voyage descend en spirales, par digressions, comme une rêverie s’élève du fumeur d’opium. » Libération

« Boussole de Mathias Énard domine la rentrée littéraire. Plus ambitieux, plus savant, plus réussi que tant d’autres. L’érudition est là, sans limite, excessive, dynamitée par des ruades, des accélérations de l’écrivain qui sauvent le roman de l’écueil. L’exercice est admirablement mené, quasi parfait, formant un récit au cours puissant comme un fleuve. » Etienne de Montéty, Le Figaro Littéraire.

« Dans Boussole, le lecteur sent l’auteur attiré par un havre, dont il ne saurait faire son port d’attache mais qu’il oppose aux « simagrées » des bigots : la spiritualité. Cette voie n’est pas la sienne – paresse ou incomplétude ? Ainsi s’interroge l’intéressé à voix haute, sans pour autant répondre : c’est à la fois honnête et habile… » La Croix.


Tout sera oublié

Actes Sud - 2013

"L’été 1991, les Serbes, les Bosniaques, les Croates commencent à se foutre sur la gueule et vingt ans plus tard on me demande d’imaginer un monument qui ne soit ni serbe ni bosniaque ni croate pour cette guerre oubliée plus que terminée.
- Seul un artiste international comme vous peut dessiner quelque chose d’intéressant, on m’a dit. Quelque chose qui ne soit pas partisan, on m’a dit. Qui prenne en compte les souffrances de tous les camps, on m’a dit. Drôle d’idée qu’un monument à la souffrance, j’ai pensé", Pierre Marquès
C’est alors que commence pour les auteurs une traversée des ruines de cette guerre balkanique, pour qui "les souvenirs, les traces, les marques sur les façades, sur les visages, le passé devient la seule façon de voir le présent." Un roman graphique, premier d’une longue série. "Pierre Marquès, dit Mathias Énard, reprend et transforme les grandes problématiques de l’art contemporain, donnant ainsi une signification profonde et engagée à un médium que certains croyaient en danger d’extinction : la peinture."


Rue des voleurs

Actes Sud - 2012

C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi.
Commence alors une dérive qui l’amènera à servir les textes – et les morts – de manières inattendues, à confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les projets d’exil.

Dans Rue des Voleurs, roman à vif et sur le vif, l’auteur de Zone retrouve son territoire hypersensible à l’heure du Printemps arabe et des révoltes indignées. Tandis que la Méditerranée s’embrase, l’Europe vacille. Il faut toute la jeunesse, toute la naïveté, toute l’énergie du jeune Tangérois pour traverser sans rebrousser chemin le champ de bataille. Parcours d’un combattant sans cause, Rue des Voleurs est porté par le rêve d’improbables apaisements, dans un avenir d’avance confisqué, qu’éclairent pourtant la compagnie des livres, l’amour de l’écrit et l’affirmation d’un humanisme arabe.


  • "Profond, intelligent, aussi rapide et palpitant que le coeur de ses héros indociles, Rue des voleurs est un nouveau documentaire de l’âme, celle d’une poignée d’Arabes en pleine révolution." Le Point
  • "Ce qui charme dans Rue des voleurs, c’est sa langue et sa ver- ve, son sens du récit ex ses références à la littérature et à la poésie. Enard est un fabuleux conteur" Le Figaro Littéraire
  • "Mathias Énard compose un bel itinéraire d’enfant perdu, où les littératures de toutes les civilisations se rejoignent pour conduire vers un destin si proche du nôtre ce minus- cule personnage, si petit sur la fresque de l’histoire, immense dans l’espace de la page." L’Humanité
  • "Un récit épique, férocement lucide, qui fait retentir les révolutions arabe et européenne d’une même voix, les agrège dans une même quête de liberté, perdue d’avance." Marianne

L’Alcool et la Nostalgie

Inculte éditions - 2011

Réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone de Jeanne qui lui apprend la mort de Vladimir, Mathias part dans l’heure à Moscou pour y retrouver celle qui reste, son amour défunt. Dans la douleur du deuil, au cœur d’une ville déboussolée — vaste terrain vague peuplé par des ombres —, les anciens amants se retrouvent brièvement réunis autour de la dépouille de leur ami. Mais il va falloir l’escorter jusqu’à son village natal, au fin fond de la Sibérie, pour l’y enterrer. Un voyage que Mathias effectuera seul aux côtés de son compagnon silencieux, à bord du célèbre Transsibérien qui relie Moscou à Vladivostok. Trois mille kilomètres à parcourir à travers une fabuleuse succession de paysages, et autant de souvenirs de la féroce et complexe histoire d’amour qui met en scène les trois complices dans les lieux interlopes de la capitale russe, au milieu des volutes d’opium. Dans ce récit s’invitent également en résonance l’histoire politique et culturelle russe : la guerre civile menée par Trotski, les goulags racontés par Chalamov, les Premiers Honoraires de Babel. Un texte où les ombres de Dostoïevski, Axionov et Gogol ne sont jamais bien loin… Tout comme Tchekov, qui prétendait que face à la mort, il ne reste que l’alcool et la nostalgie.


Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants

Actes Sud - 2010


13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu’il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l’invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d’un pont sur la Corne d’Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l’étrangeté byzantine, Michel Ange, l’homme de la Renaissance, esquisse avec l’Orient un sublime rendez-vous manqué.


  • "C’est un voyage merveilleux auquel nous convie l’auteur, rythmé par les clameurs et les chuchotements, baigné de couleurs et de parfums."
    Télérama, 21 aout 2010
  • "A partir de la figure de Michel-Ange, Mathias Enard construit un roman poétique et sensible, mais non dénué de préciosités."
    Le Monde, 22 octobre 2010
  • "Il n’y a pas que le style qui soit envoûtant dans le livre de Mathias Enard, ni cet art qu’il a de varier ses métaphores et de faire alterner les points de vue. Il y a aussi cette façon de brouiller la frontière entre le rêve et la réalité. "
    Le Magazine littéraire, septembre 2010

Zone

Actes Sud - 2008

Par une nuit décisive un voyageur lourd de secrets prend le train pour Rome, revisite son passé et convoque l’Histoire, dans un immense travelling qui mêle bourreaux et victimes, héros et criminels des guerres de la Méditerranée : une Iliade de notre temps.
Trajet, réminiscences, aiguillages, allers-retours dans les arcanes de la colère des Dieux. Zeus, Athéna aux yeux pers et Arès le furieux guident la mémoire du passager de la nuit, fils d’un Français qui a fait la guerre d’Algérie et d’une pianiste d’origine croate. Adolescent doublement imprégné de patriotisme, puis d’extrême-droitisme, il a prolongé son service militaire en sections spéciales et autres commandos, puis s’est fiancé avec la très blanche Marianne. Mais la guerre d’indépendance de Croatie, puis la Bosnie ont fait bouillir le sang qui coulait dans ses veines.


  • "Mathias Enard, aède intraitable aux méchantes ruses, a composé une Iliade contemporaine aux scènes terrifiantes, où l’on peine parfois à reprendre haleine." Télérama
  • "Zone est un roman réaliste et onirique, un livre du paradis et de l’enfer, un livre psychique et nomade, architectural autant que littéraire."Rue89

Bréviaire des artificiers, illustrations de Pierre Marquès

Editions Verticales - 2007

 Manuel de terrorisme à l’usage des débutants, ce livre, agrémenté d’une cinquantaine d’illustrations, renseignera utilement l’amateur de savoir-vivre, et si nécessaire, de savoir-mourir. Pour éclairer sa lanterne – comme Virgilio, un apprenti artificier des îles Caraïbes –, il profitera des dix leçons de sagesse d’un maître en ces matières explosives. Les auteurs tiennent à décliner toute responsabilité quant aux conséquences esthétiques, politiques ou digestives liées à la mise en pratique des conseils ici recueillis. Toute ressemblance avec des personnes présentes ou à venir serait certes surprenante, mais pas impossible.


Remonter l’Orénoque

Actes Sud - 2005

Dans les corps qu’ils ouvrent, les patients qu’ils soignent, et jusque dans leur amitié, deux chirurgiens cherchent, comme à tâtons, une vérité qui justifierait leur propre existence. Youri opère sous les yeux de Joana, la jeune infirmière qu’Ignacio convoite ; au coeur d’un été caniculaire et d’un hôpital en pleine déliquescence, l’un se perd dans la passion comme l’autre dans l’alcool et la folie. Ils pousseront Joana à les fuir, à entreprendre un long voyage au Venezuela : remonter le grand fleuve Orénoque sera pour elle l’occasion de démêler, depuis le ventre tiède d’un cargo, l’écheveau de leurs vies. Au fil de ce voyage vers l’Amazonie, le deuxième roman de Mathias Enard nous emporte au centre d’un triangle amoureux dont les sommets seraient la naissance, le corps et le désir, tous trois si ténus qu’ils ne sont peut-être que des reflets sur les eaux boueuses d’une rivière mythique.


La Perfection du tir

Actes Sud - 2003

Tout est dans la concentration. Tout est dans la patience, le calme, la maîtrise du souffle. Les bons jours, un seul tir parfaitement réussi suffit à lui donner la joie du travail accompli. Alors, le narrateur redescend de ce toit d’immeuble où il s’était embusqué pour tuer – dans cette ville livrée à la guerre civile –, et il rentre chez lui, retrouver sa mère à demi folle. Puis survient Myrna, une jeune fille de quinze ans embauchée pour prendre soin de la mère malade. Myrna dont la naissante féminité devient pour lui un objet de fascination, un rêve d’amour – l’autre chemin vers la perfection ? Mathias Enard décrit avec une saisissante empathie la psyché de son héros, complexe et perturbée. Le réalisme et la paradoxale poésie de sa langue reflètent la cruauté d’un monde abandonné au mal, sans autre bonheur que l’excellence dans l’art d’imposer inexorablement la loi de la force. Né en 1972, Mathias Enard a étudié le persan et l’arabe et fait de nombreux séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone. La Perfection du tir (Actes Sud, 2003) a reçu en 2004 le Prix des cinq continents de la francophonie. Chez Actes Sud, Mathias Enard a ensuite publié Remonter l’Orénoque (2005) et Zone (2008).

Nouveaux médias, nouvelles écritures

Grands débats en vidéo
Saint-Malo 2014

En duplex avec le Banff Centre d’Alberta, consacré aux nouvelles écritures (Canada).

À nouveaux médias, nouvelles formes d’écriture – un espace que nous commençons à peine à explorer. Et une révolution peut être comparable à celle de l’imprimerie. En direct, dimanche, un duplex avec le Banff Centre au Canada, consacré aux nouvelles écritures. Là-bas, seront donnés les premiers résultats du programme franco-canadien « Lab Emergence », lancé par les services culturels de l’ambassade de France et l’Institut français : créateurs multimédias, écrivains réunis pendant une semaine viendront y présenter le résultat de leurs travaux – et dialogueront avec des écrivains rassemblés à Saint-Malo, passionnés par cette nouvelle ouverture.

Avec, côté français : Serge Bramly, François Beaune, Julien Delmaire, Mathias Énard.
Avec coté canadien : Charles Trahan, Jean Songe, Margaux Missika, David Dufresne
modéré par Christophe Musitelli et Guillaume Duchemin.


Méditerranée des deux rives

Grands débats en vidéo
Saint-Malo 2014

Avec Paolo Rumiz, François Beaune, Elisabeth Leuvrey, Mathias Énard, Benny Ziffer, Pascal Blanchard, Georgia Makhlouf, Yahia Belaskri et Yves Gonzalez-Quijano
Animé par Yahia Belaskri.

Parti sur les traces d’Hannibal, de Sardaigne en Turquie, Paolo Rumiz redonne vie à ce que fut son rêve méditerranéen, tou- jours actuel, opposé au rêve impérial de Rome. Colette Fellous, née à Tunis, revient continûment à ce qui, en cette Méditerranée, structura son imaginaire, François Beaune a fait un tour de Méditerranée en collectant des histoires et c’est une belle réussite, Mathias Énard, de ses années d’errance autour de la Méditerranée, a tiré la matière d’une fresque magistrale, Benny Ziffer, auteur israélien, nous livre les carnets de ses voyages en quête d’une identité levantine, par une démarche comparable à celle de la romancière libanaise Georgia Makhlouf. Dans La Traversée, Elisabeth Leuvrey propose un sublime documen- taire sur l’exil, l’immigration, l’identité, la vie et les émotions de ces passagers qui flottent entre deux mondes, France et Algérie, et Yahia Belaskri écrivain algérien vivant en France depuis les émeutes de 1988, prix Ouest-France pour Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut, conduira les débats.


La culture c’est la paix ? C’est aussi la guerre

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Boualem Sansal, Mathias Énard - Saint-Malo 2013

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Boualem Sansal, Mathias Énard
Animé par Yann Nicol


Aux frontières de l’Europe

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard - Saint-Malo 2013

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard. Animé par Hubert Artus


En audio

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard. Animé par Hubert Artus


L’avenir du roman

Les grands débats à voir et à réécouter
Saint-Malo 2013

Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE


Une autre façon de dire l’Histoire

Les cafés littéraires en vidéo
Mathias Énard, Clément Caliari, David Van Reybrouck, Dimitris Stefanakis - Saint-Malo 2013

Participants : Mathias Énard, Clément Caliari, David Van Reybrouck, Dimitris Stefanakis


L’histoire est un roman

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Avec Mathias Enard, Kebir M. Ammi, Jean Teulé, Olivier Weber

Une vidéo réalisée par Cap7Média.


Le roman de l'Histoire

Le roman de l’Histoire

Les cafés littéraires en vidéo
Avec DUONG Thu Huong, Mathias ENARD, Jean-Marie BLAS DE ROBLES - Saint-Malo 2009

Avec DUONG Thu Huong, Mathias ENARD, Jean-Marie BLAS DE ROBLES

Le roman de l Histoire

Café littéraire : Le souffle de l’histoire

Avec Leonardo Padura, Bob Shacochis, Mathias Énard - Saint-Malo 2016


Avec Leonardo Padura, Bob Shacochis, Mathias Énard


L’invention de l’Orient

Avec Hyam YARED, Mathias ÉNARD, Charles KING et Tariq ALI - Saint-Malo 2016


Avec Hyam YARED, Mathias ÉNARD, Charles KING et Tariq ALI
Animé par Baptiste LIGER de LIRE


L’ambition romanesque

Saint-Malo 2014

Avec : Mathias Énard, François Taillandier
Animé par : Emmanuelle Dancourt


Les routes du nord

Saint-Malo 2011

Avec Mathias ENARD, Cédric GRAS, Mélanie VINCELETTE, Dominique FORTIER. Un débat animé par Jean-Claude Lebrun.


Alexandrie, Istanbul, Constantinople... villes carrefours de civilisations

Saint-Malo 2011

Avec : Mathias ENARD, STEFANAKIS Dimitris, animé par Transfuge


Les enfants d'Aimé Césaire

Les enfants d’Aimé Césaire

Saint-Malo 2011

Le Cahier d’un retour au pays natal ? “Ça m’a fumé la tête." Léonora MIANO
 

Avec Daniel MAXIMIN, Léonora MIANO, Alain MABANCKOU, Mathias ENARD
Animé par Romuald FONKOUA.


Ma Méditerranée

Saint-Malo 2009
Dimanche : 14h00 - Ma Méditerranée
avec Bernard Du Boucheron et Mathias Enard

Romans-monstres, romans-mondes

Saint-Malo 2009
Samedi 17h15 : Romans monstres, romans-monde
avec Duong Thu Huong, Steve Toltz, Ilija Trojanow, Mathias Enard, Jean-Marie Blas de Roblès, animé par Baptise Ligier