ONFRAY Michel

France

Contre-histoire de la philosophie : Tome 6, Les radicalités existentielles (Grasset, 2009)

Michel Onfray
© Gantier/Gamma

“Anticonformiste”, “iconoclaste”, “esprit libre” ou “frondeur”, la réputation de Michel Onfray le précède. Personnage médiatique, c’est grâce à son œuvre, à la fois riche et originale, qu’il doit cette réputation de philosophe "empêcheur de penser en rond". Doté d’une plume d’exception, il a remis au goût du jour les théories oubliées de l’hédonisme tout droit sorties de l’antiquité, défend l’athéisme et prône une éthique fondée sur l’esthétique : pour Michel Onfray, la philosophie est un art de vivre. Auteur de six ouvrages en 2008, il publie plus vite que son ombre, soulève généralement la polémique et est sans aucun doute l’un des philosophes contemporain les plus lus, les plus diffusés et écoutés dans notre société.

Né en 1959 à Argentan, rien ne semblait le prédestiner à une carrière de philosophe. Pourtant, c’est la voie qu’il choisit. Il devient prof de philo dans un lycée technique en 1983, une carrière à laquelle il met fin en 2002. Raison invoquée : l’enseignement de la philosophie tel que le conçoit l’éducation nationale n’apprend pas à philosopher, il ne fait que reprendre l’histoire officielle de la discipline. Il créer alors sa propre université - l’université populaire de Caen - et commence à y enseigner une contre-histoire de la philosophie, ravivant au passage la flamme de l’université populaire et propose l’accès gratuit à la culture pour tous, plus exactement dans la limite des places disponibles, car Michel Onfray à chaque conférence fait salle comble et faute de place, il faut toujours refuser du monde.
Véritable touche à tout, il fonde un second établissement en 2006. Partant du constat que les problèmes de surpoids et d’obésité touchent surtout les classes sociales les moins aisées, il crée l’université du goût dans le but avoué de réduire la fracture sociale du goût et d’aider les moins fortunés à mieux cuisiner et à mieux s’alimenter. L’université du goût est devenu depuis un haut lieu de la gastronomie et c’est dans le cadre de cette spécialité qu’il interviendra au festival, sous le chapiteau Saveurs du monde.
Auteur de plusieurs livres sur le sujet, il a notamment publié Le ventre des philosophes, La raison gourmande ou Les formes du temps et vient, dans un tout autre domaine, de faire paraître le sixième tome de sa Contre-histoire de la philosophie.


Liens


Bibliographie

  • Contre-histoire de la philosophie : Tome 6, Les radicalités existentielles (Grasset, 2009)
  • La Religion du poignard : Eloge de Charlotte Corday (Galilée, 2009)
  • Contre-histoire de la philosophie : Tome 5, L’eudémonisme social (Grasset, 2008)
  • Le chiffre de la peinture. Valerio Adami (Galilée, 2008)
  • Le songe d’Eichmann : Précédé de Un kantien chez les nazis (Galilée, 2008)
  • L’Innocence du devenir : La vie de Frédéric Nietzsche (Galilée, 2008)
  • Les Bûchers de Bénarès : Cosmos, Eros et Thanatos (Galilée, 2008)
  • Le Souci des plaisirs : Construction d’une érotique solaire (Flammarion, 2008)
  • Fixer des vertiges : Les photographies de Willy Ronis (Galilée, 2007)
  • La Pensée de midi : Archéologie d’une gauche libertaire (Galilée, 2007)
  • La lueur des orages désirés. Journal hédoniste IV (Grasset, 2007)
  • Contre-histoire de la philosophie, Tome 4 : Les ultras des lumières (Grasset, 2007)
  • Contre-histoire de la philosophie : Tome 3 Les libertins baroques (Grasset, 2007)
  • Théorie du voyage : Poétique de la géographie (LGF, 2007)
  • Contre-histoire de la philosophie, tome 2 : Le Christianisme hédoniste (Grasset, 2006)
  • Contre-histoire de la philosophie, tome 1 : Les Sagesses antiques (Grasset, 2006)
  • Théorie du voyage. Poétique de la géographie (Le livre de poche, 2006)
  • La Puissance d’exister : Manifeste hédoniste (Grasset, 2006)
  • La philosophie féroce, Tome 2 : Traces de feux furieux (Galilée, 2006)
  • Suite à La communauté philosophique. Une machine à porter la voix (Galilée, 2006)
  • Traité d’athéologie : Physique de la métaphysique (Grasset, 2005)
  • De la sagesse tragique - Essai sur Nietzsche (Le Livre de Poche, 2005)
  • La communauté philosophique. Manifeste pour l’Université populaire (Galilée, 2004)
  • Epiphanies de la séparation. La peinture de Gilles Aillaud (Galilée, 2004)
  • La philosophie féroce, Tome 1 : Exercices anarchistes (Galilée, 2004)
  • Archéologie du présent. Manifeste pour une esthétique cynique (Adam Biro/Grasset, 2003)
  • Les icônes païennes. Variations sur Ernest Pignon-Ernest (Galilée, 2003)
  • Féeries anatomiques (Grasset, 2003)
  • Célébration du génie colérique, Tombeau de Pierre Bourdieu (Galilée, 2002)
  • Esthétique du Pôle Nord. Stèles hyperboréennes (Grasset, 2002)
  • Splendeur de la catastrophe. La peinture de Vladimir Velickovic (Galilée, 2002)
  • L’Invention du plaisir : Fragments cyrénaïques (LGF, 2002)
  • L’archipel des comètes, Journal hédoniste III (Grasset, 2001)
  • Antimanuel de philosophie (Bréal, 2001)
  • Théorie du corps amoureux : Pour une érotique solaire (Grasset, 2000)
  • Prêter (le livre) n’est pas voler (l’auteur) (1001 nuits, 2000)
  • Les Vertus de la foudre. Journal hédoniste II (Grasset, 1998)
  • À côté du désir d’éternité. Fragments d’Égypte (Mollat, 1998)
  • Politique du rebelle (Grasset, 1997)
  • Le desir d’être un volcan. Journal hédoniste (Grasset, 1996)
  • Les formes du temps. Théorie du sauternes (Mollat, 1996)
  • Métaphysique des ruines. La peinture de Monsu Desiderio (Mollat,1995)
  • La raison gourmande (Grasset, 1995)
  • Ars Moriendi (Folle Avoine, 1995)
  • L’oeil nomade. La peinture de Jacques Pasquier (Folle Avoine, 1993)
  • Cynismes (LGF, 1992)
  • La sculpture de soi (Grasset, 1991)
  • L’art de jouir (Grasset, 1991)
  • Le ventre des philosophes. Critique de la raison diététique (Grasset, 1989)
  • Physiologie de Georges Palante. Pour un nietzschéisme de gauche (Folle Avoine, 1989)

Présentation de Contre-histoire de la philosophie : Tome 6, Les radicalités existentielles

Ce sixième volume de la Contre-histoire de la philosophie propose de « se changer » et de résister à la massification de l’époque par la construction d’une subjectivité forte revendiquée comme telle. Henry David Thoreau montre que la nature peut et doit nous donner des leçons : contre la technique, la modernité, le journalisme, la société de consommation, la ville, la banque, l’industrie, le philosophe propose l’amour d’un lac, Walden, la marche, la solitude, la vie simple, la frugalité existentielle, l’écologie technophobe, la rébellion libertaire, la construction de sa maison, l’autosubsistance sous toutes ses formes. Il donne ses modèles : le bûcheron, l’Indien, le sauvage. Arthur Schopenhauer formule la philosophie pessimiste la plus achevée, mais vit selon les principes d’un épicurisme théorisé dans L’Art du bonheur, un ouvrage qui permet de découvrir un penseur théoriquement noir, certes, mais pratiquement amoureux de la vie qu’il traverse en… hédoniste ! Enfin, dans L’Unique et sa propriété, Max Stirner pose les bases d’un homme post-chrétien tout à l’affirmation de sa puissance qui donnera des idées à un certain Frédéric Nietzsche… Ces trois penseurs radicaux proposent de nouvelles possibilités d’existence. Thoreau écrivait : « Il existe de nos jours des professeurs de philosophie, mais de philosophes, point. » Cette contre-histoire n’est pas un plaidoyer destiné à augmenter le nombre de professeurs, mais à mener – enfin – une vie philosophique.

Présentation de La raison gourmande

Parmi les cinq sens, l’olfaction et le goût sont les plus décriés, car ils rappellent avec trop d’insistance que l’homme n’est pas seulement un être qui pense, mais qu’il est aussi un animal qui renifle, sent et goûte. D’où le discrédit jeté sur ces deux sens et ce qu’ils permettent : la gastronomie, l’art de manger et de boire. Or, on peut entendre la gastronomie comme une discipline qui voit le jour après la Révolution française, avec l’effondrement de l’Ancien Régime ; une philosophie du goût n’est pas pensable dans les catégories classiques de la pensée occidentale. Seule une perspective hédoniste permet d’aborder ce sujet d’une manière spécifiquement philosophique. La Raison gourmande se propose de répondre positivement à la question de Nietzsche : y a-t-il une philosophie du goût ? L’ouvrage est composé sur le mode contrapuntique : un chapitre solide, un chapitre liquide. Dom Perignon, Grimod de la Reynière, Brillat-Savarin, Carême deviennent ainsi - avec Leibniz, Descartes et Condillac - les héros de ce livre savant et drôle. Chaque fois, l’auteur s’interroge : quelle est la métaphysique promise par un ragoût ou une cuisson ? Et, inversement : de quelle technique gastronomique s’autorisent les grands systèmes philosophiques ?

Présentation de Le ventre des philosophes. Critique de la raison diététique

Quand les philosophes pensent, ils oublient, le plus souvent, de penser à leur corps et surtout à ce qu’ils y accumulent lorsqu’ils mangent. Pourtant, entre la pensée et la panse, il existe un réseau complexe d’affinités et d’aveux que la réflexion aurait tort de négliger : Diogène aurait-il été cet adversaire de la civilisation et de ses usages sans son goût pour le poulpe cru ? Le Rousseau du Contrat social aurait-il fait l’apologie de la frugalité si ses menus ordinaires ne s’étaient composés que de laitages ? Sartre lui-même, dont les cauchemars sont emplis de crabes, n’a-t-il pas, sa vie durant, payé - dans l’ordre de la théorie - son aversion pour les crustacés ? Dans cet essai résolument nietzschéen, Michel Onfray a donc choisi de redonner une dignité philosophique au cabillaud, au potage à l’orge, au vin, à l’andouillette, au café aromatisé ou à l’eau de Cologne qui sont - de Fourier à Marinetti, et de Kant aux existentialistes - les chemins improbables du gai savoir. Critique de la raison diététique ? Ebauche d’une "diététhique" ? Il s’agira d’abord, dans ce livre, de surprendre l’instant, et l’aliment, à partir duquel le corps rattrape l’esprit et lui dicte sa loi.

Coup de projecteur sur l’université du goût

Saint-Malo 2009
Samedi : 16h30 - Coup de projecteur sur l’université du goût
avec Ollivier Roellinger et Michel Onfray