JULIET Charles

France

Moisson : Choix de poèmes (POL, 2012)

Biographie

© Sylva Villerot/ POL

À la fois absente et omniprésente, la figure de la mère hante toute l’oeuvre de l’écrivain et poète Charles Juliet. En 1995 il publie Lambeaux, un livre magistral qui transforme le silence intérieur en parole acceptée :

« Pardonne, ô mère, à l’enfant qui t’a poussée dans la tombe » (Lambeaux, pp. 146-147)

À l’âge de 20 ans, alors qu’il entre à l’Ecole de Santé Militaire de Lyon, Charles Juliet rencontre la littérature avec L’Etranger. La première phrase du livre de Camus : « Aujourd’hui, maman est morte », semble un écho douloureux à la perte de sa propre mère, alors qu’il était encore enfant. Trois ans plus tard, le jeune homme abandonne ses études de médecine pour se consacrer totalement à l’écriture. Il mettra finalement quinze ans à écrire un premier roman, incluant des bribes de son journal intime, intitulé Fragments.

En 1989 la publication de L’Année de l’éveil, un formidable livre d’apprentissage nourri par son expérience de l’école militaire, marque le point de départ de la reconnaissance pour Charles Juliet. Salué par la critique et plébiscité par les lecteurs, Lambeaux continue en 1995 ce travail autobiographique. En plus de ces romans, l’écrivain publie un grand nombre de recueils de poèmes, notamment sous la forme de tirages à l’édition limitée.

Dans Moisson : Choix de poèmes, une anthologie réalisée par Charles Juliet lui-même, les poèmes rassemblés continuent de creuser le sillon de la quête d’intériorité engagée il y a de nombreuses années déjà. Le poète fera une lecture de ce recueil durant l’édition 2013 du Festival Etonnants Voyageurs, à Saint Malo.

En savoir plus :

  • Charles Juliet évoque Moisson, sur France Inter

Bibliographie succincte :

  • Moisson, (POL, 2012)
  • Cézanne, le grand vivant (POL, 2006)
  • Charles Juliet : D’une rive à l’autre (Diabase, 2006)
  • Rencontres avec Samuel Beckett, (POL, 1999)
  • Traversée de nuit, Journal 2, (1965-1968), (POL, 1997)
  • L’Année de l’éveil, (POL, 1989)

Présentation de Moisson : Choix de poèmes

Ce livre, s’il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l’itinéraire de l’auteur : « Enfance », « Effondrement », mais aussi « Ouverture », « Avancée », « Lueurs »...

Avec une préface de Jean-Pierre Siméon.


Résumé de Rencontre avec la lumière :

Ce documentaire de « création » réalisé par Georges-Emmanuel Morali est une aventure sur l’aventure du mot lumière. Une rencontre avec Charles Juliet (écrivain, poète) dans les ateliers des frères Lumières à Lyon qui nous parle de sa lumière intérieure et d’une fête qui célèbre la lumière du soleil dans les Andes à Cuzco au Pérou le 21 juin. Un " road documentary " qui nous emmène au Machu Picchu, à Cuzco, nous fait rencontrer des hommes et des femmes habités par la lumière des Andes, ponctué par des interventions de l’écrivain et poète, Charles Juliet.

Moisson : Choix de poèmes

P.O.L. - 2012

Ce livre, s’il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l’itinéraire de l’auteur : « Enfance », « Effondrement », mais aussi « Ouverture », « Avancée », « Lueurs »... Avec une préface de Jean-Pierre Siméon.


Moisson

P.O.L. - 2012

Ce livre, s’il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l’itinéraire de l’auteur : « Enfance », « Effondrement », mais aussi « Ouverture », « Avancée », « Lueurs »... Avec une préface de Jean-Pierre Siméon.


Accueils, Journal IV 1982-1988

P.O.L. - 2011

La recherche de soi est un long chemin. Au début, il n’est d’ailleurs pas de chemin. Seule règne une profonde ténèbre. Une ténèbre faite d’interrogations, de doutes, de fatigue, de haine de soi, de difficulté à vivre... Mais un travail d’élucidation et de clarification parvient à la repousser, à y faire naître une faible lueur. Alors des entraves commencent à tomber, des obstacles à disparaître, et un chemin finit par s’ouvrir. Il permettra à celui qui l’empruntera de se connaître et de vivre en bonne intelligence avec lui-même, les autres et le monde. Au long des trois premiers volumes de son Journal, Charles Juliet a relaté son cheminement. Dans ce quatrième tome, il poursuit sa quête. Mais la sérénité lui est venue, et ces notes où alternent instants de vie, rencontres, plongées intérieures, marquent un indéniable accomplissement.


Lumières d’automne, Journal VI (1993-1996)

P.O.L. - 2010

Une quinzaine d’années séparent Charles Juliet de ce Journal qui paraît en ce mois de février 2010, mais quelle importance ? Il se reconnait d’autant mieux dans celui qu’il était à cette époque que le besoin qui le poussait à tenir un Journal ne la pas quitté. Ce besoin est apparu à l’adolescence quand, écrasé d’angoisse, il a pris conscience que le temps l’entraînait inéluctablement vers la mort. Pour éviter que tout disparaisse de son existence, il fallait réagir, garder trace de ce qu’il vivait, recueillir dans des notes le meilleur de ce qui lui était donné. Les années ont passé et l’automne tant attendu a fini par venir. L’automne, saison du déclin, mais aussi saison des récoltes, de l’abondance, de la maturité. En ces mois de l’année, la lumière qui certains jours inonde les champs n’est plus celle de l’été. De même, sous l’effet du temps écoulé, la lumière interne s’est modifiée. Enfin stable, apaisée, elle est désormais plus claire et plus vive.


Ces mots qui nourrissent et qui apaisent

P.O.L. - 2008

J’avais vingt ans. Le désir d’écrire et de lire me travaillait et je le combattais autant que je pouvais. Mon avenir était tracé. Élève de l’École du service de santé militaire, j’allais devenir médecin et rester dans l’armée pendant quinze ou vingt-cinq ans. J’avais à me concentrer sur mes études et à ne m’occuper de rien d’autre. Toutefois, de plus en plus souvent un rêve me visitait. Un rêve que je n’osais m’avouer : devenir un écrivain ! Pour maintes et maintes raisons, je ne pouvais faire bon accueil à ce rêve et je m’efforçais de l’étouffer. Afin de me protéger, j’avais posé un interdit sur l’univers inconnu et redoutable de la littérature, mais dans le même temps, sans en avoir conscience, je l’avais sacralisé et il m’attirait d’autant plus. Une fois, oubliant mes résolutions, écrasé par un sentiment de culpabilité, j’avais dévoré un livre avec une âpre ferveur. Il m’avait laissé émerveillé et j’aurais voulu ne rien perdre de ce que j’avais éprouvé. Mais comment rendre compte de ce qui m’avait labouré ? À défaut d’un texte qui eût exprimé ce que j’avais ressenti, j’avais naïvement recopié dans un carnet quelques phrases du livre. En accomplissant cet acte pour la première fois, je ne me doutais pas qu’il allait souvent se répéter. Après trois années passées dans cette École, j’ai pu résilier mes engagements, interrompre mes études et disposer enfin de tout mon temps pour écrire et pour lire. Mais je n’avais aucune idée de ce vers quoi j’allais. Quand j’ai découvert l’étendue de mon ignorance et de mon manque de culture, une faim de savoir littéralement dévorante s’est emparée de moi et ne m’a plus lâché. Pris de boulimie, j’ai alors ingéré de nombreux livres. Cependant, la lecture continuait de m’apparaître comme une jouissance défendue, une nourriture qui d’un jour à l’autre pourrait m’être retirée. Il fallait que je mette les bouchées doubles et que quelque chose subsiste des livres qui me passaient par les mains. Pour ce faire, j’ai donc pris l’habitude d’en recopier quelques mots, quelques lignes, et de la sorte, au long des années, plusieurs carnets et cahiers se sont trouvés abondamment remplis. Écrivant cette brève préface, je comprends que cette habitude avait une autre origine. Il me paraît aujourd’hui qu’elle procédait également du besoin qui m’a poussé à tenir un journal. Garder des bribes de ce que je vis. Fixer les meilleurs instants d’un passé que je voudrais retenir. Donc m’opposer au temps, tenter de lui faire échec, m’échiner envers et contre tout à conserver ce que je ne peux supporter de voir disparaître. Au début, je n’ai pas relevé les phrases qui me touchaient au vif, me révélaient à moi-même, me désignaient le chemin où j’avais à m’engager. Elles se gravaient instantanément en moi et ne me quittaient plus. Ce n’est que par la suite que je me suis attaché à prélever dans chaque livre quelques phrases qui me faisaient signe. Curieusement, une fois achevé un cahier, je ne l’ouvrais plus ou que de loin en loin, et il dormait sur un rayon. Il me suffisait de savoir qu’il était là, près de moi, à portée de main, et que je pourrais le consulter chaque fois que le désir m’en viendrait. Il y a une quinzaine d’années, de passage chez une amie, seul dans une pièce, j’avais machinalement feuilleté une revue. Mon esprit était ailleurs, et pourtant, en haut d’une page, écrite en grosses lettres, une question m’avait frappé : que fait-on de ce qu’on sait ? Elle était placée entre guillemets et au-dessous d’elle se trouvait le nom de son auteur. Mais qui était-ce donc ? Je n’avais pas enregistré ce nom. Peut-être était-il celui de Françoise Dolto. Dans les jours qui ont suivi, ces mots sur lesquels mon regard avait glissé, m’ont titillé à plusieurs reprises. Oui, que fait-on de ce qu’on sait ? Que fait-on de ce que la vie dépose en nous au fur et à mesure que passent les années ? Et moi, qu’allais-je faire de ces cahiers ? Allaient-ils disparaître avec moi alors que s’était concentrée en eux la quintessence de ce que j’avais glané dans des dizaines, des centaines de livres ? Les richesses que des décennies de réflexion, de méditation, de travail, de lecture, de rencontres avaient amassé dans mes réduits, allais-je les garder pour moi ? Mais écrire, n’est-ce pas vouloir communiquer, échanger, offrir à autrui un peu de ce qu’on est, de ce qu’on a vécu ? À quoi bon tout le travail accompli s’il ne doit pas rejoindre ceux qui cherchent avidement dans les livres ce dont ils ont faim ? Dans une société comme la nôtre, tant d’êtres sont en souffrance. Pourquoi ne pas vouloir partager avec eux la nourriture que j’avais recueillie ? Maintenant que bien des années sont derrière moi, je me suis décidé à transmettre – en toute modestie et simplicité – ce que j’ai reçu à profusion, ce que mon travail d’écrivain m’a apporté. Ainsi vais-je parfois rencontrer des lycéens ou dialoguer avec des lecteurs dans des médiathèques. Ainsi veux-je faire don de quelques extraits de mes cahiers à des êtres qui se cherchent. J’ai pourtant hésité à m’approprier ces textes pour les publier. Mais la pensée qu’ils m’auraient considérablement aidé si je les avais connus quand j’ai commencé à cheminer, cette seule pensée a mis fin à mes hésitations. J’espère donc que d’autres personnes trouveront en eux ce qui pourra les affermir et les éclairer. L’ordre dans lequel se présentent les phrases et les textes inclus dans cet ouvrage ne reflète pas le déroulement de mon parcours. Pour établir ce choix, j’ai grappillé au hasard, retenant ce qui me semblait digne d’intérêt. Une fois ce choix arrêté, je me suis rendu compte que je n’avais rien noté de plusieurs œuvres qui m’étaient familières. J’étais avec elles dans une telle proximité qu’il ne me venait sans doute pas à l’esprit d’en recopier certains passages. Ces phrases et textes livrés ici en désordre, je les vois comme répartis à la périphérie d’un cercle dont ils indiquent le centre. Un centre qui est aussi une source et que chacun doit découvrir en lui-même et par lui-même. En différentes circonstances, j’ai reçu les confidences d’hommes et de femmes qui ont profondément souffert d’avoir manqué de temps pour lire, écrire, être plus attentifs à leur vie intérieure. C’est à eux que j’offre en priorité ces mots dans lesquels j’ai puisé énergie et lumière. C.J.


Cézanne un grand vivant

P.O.L. - 2006

Si les tableaux de Paul Cézanne ramènent Charles Juliet sur les lieux de sa propre adolescence, ils provoquent aussi en lui un questionnement sur la création, qu’elle soit celle du peintre ou celle de l’écrivain. Ce livre est un face-à-face troublant entre deux œuvres, il est aussi un échange, un dialogue entre deux solitudes tendues vers l’autre et vers la vérité, au-delà du temps, au-delà de la mort.


Charles Juliet : D’une rive à l’autre

Diabase Editions - 2006

Un entretien de Charles JULIET avec Cypris Kophidès sur son cheminement où écriture et aventure intérieure ne font qu’un. « Longtemps j’ai cheminé dans la nuit. Le découragement n’a pas cessé de m’accompagner, tant il semblait que cette aventure ne menait à rien, sinon à la mort. Pourtant, insensiblement, une clarté est apparue et la lumière a fini par chasser les ténèbres. Contre toute attente, une mutation s’est produite, a engendré un être nouveau qui adhérait pleinement à la vie. » Charles Juliet dévoile l’intime de son parcours et les sources de son écriture.


L’Opulence de la nuit

P.O.L. - 2006

L’Opulence de la nuit est le vingt-quatrième livre de Charles Juliet publié aux éditions P.O.L, et son sixième recueil de poèmes, recueil composé en plusieurs moments : Hiver, Bribes, Je t’ai cherchée, Sur les Collines, Notules, L’Opulence de la nuit, Te rejoindre, Éclats, Lumière d’avant-printemps, À l’intime du silence, Images d’enfance, Vers l’oasis. Quand j’ai faim tout me nourrit racontait cette chanteuse dont le nom m’est inconnu un visage la pluie l’aboiement d’un chien moi aussi quand j’ai grande faim musardant par les rues populeuses dérivant au gré de mon humeur je m’emplis de tout ce qui s’offre des visages des regards un arbre un nuage la lumière du jour le sourire d’un enfant tout est absorbé tout me nourrit


Au pays du long nuage blanc

P.O.L. - 2005

Le titre de ce livre, Au pays du long nuage blanc est emprunté à une légende maorie très connue. C’est une manière poétique de désigner la Nouvelle-Zélande. Charles Juliet a écrit ce journal au cours d’une résidence de cinq mois qu’il effectuée l’année dernière à Wellington. Il l’a tenu avec assiduité, afin de garder trace de ce qu’il a vécu au long de ce séjour. On trouvera dans ces pages le récit de ses rencontres, de ses voyages à Auckland, et dans l’île du sud à Dunedin et Christchurch, puis de son passage à Singapour. On trouvera également des notes de lecture, des notes sur la Nouvelle-Zélande, sur ses habitants, des notes de réflexion sur la création poétique alternant avec des souvenirs d’enfance et des poèmes. Ces pages d’une certaine diversité n’ont rien d’anecdotique. Écrites avec rigueur, elles ont été méditées et sont d’une réelle densité. Plusieurs ont trait aux thèmes de prédilection de cet auteur : quête de soi, recherche d’une meilleure compréhension des autres et du monde. Bien que différent des cinq tomes précédents, ce Journal s’inscrit tout naturellement dans leur prolongement.


L’Autre Faim, Journal V (1989-1992)

P.O.L. - 2003

1989, qui ouvre ce nouveau tome du journal de Charles Juliet, est l’année du succès de L’Année de l’éveil. Il se trouve projeté au devant de la scène. Sous la lumière. Mais sans doute les années de solitude, de travail et d’approfondissement ont-elles porté leurs fruits : le tumulte médiatique ne le perturbe pas. Et s’il est invité à faire des interventions, des lectures ou des conférences dans des lycées, des médiathèques, des facultés, s’il est invité à l’étranger (Maroc, Québec, Tunisie, Portugal), et si les rencontres tiennent une place grandissante dans sa vie, il n’en oublie pas pour autant de lire, de réfléchir sur l’écriture, l’art, l’existence. Ouvert sur le monde, ce cinquième volume montre à quel point, quand on le compare aux deux premiers, Charles Juliet a évolué, à quel point il est différent de celui qu’il était au début de son parcours. Même si un même désir de perfectionnement l’anime.


L’Incessant

P.O.L. - 2002

Secrète, à peine audible, une voix parle en chacun de nous. Une voix qui nous accompagne tout au long de notre existence. Quand on lui prête attention, on entend son interminable soliloque. Mais parfois, elle se divise, et le soliloque devient dialogue. Tout se passe comme si deux voix s’opposaient, entraient en conflit, se livraient un véritable combat. L’Incessant met en présence un homme et une femme qui s’affrontent avec âpreté. Égocentrique, l’homme ne veut écouter que ses désirs, ses avidités. La femme lui fait valoir qu’il peut dépasser cette attitude et accéder à une vie plus ouverte, plus haute, plus riche. Chacun a son point de vue, ses arguments, s’acharne à l’emporter sur l’autre. Cet homme et cette femme sont en chacun de nous. À certains moments de crise, ils se déchirent, nous harcèlent. Mais la décision qui clôt le débat n’est jamais définitive. À tout instant elle peut être remise en cause. Alors l’affrontement recommence. Maintes et maintes fois. À moins qu’un jour l’homme cède et qu’une seconde naissance l’introduise à une nouvelle vie.


Ténèbres en terre froide, Journal I (1957-1964)

P.O.L. - 2000

Au tréfonds de l’être, une plaie suinte, que maintiennent à vif maintes de ces questions auxquelles il n’est jamais facile de fournir une réponse : vivre, le faut-il ? Et ce mot, vivre, comment le comprendre ? Quelles significations lui attribuer ? Et que doit-on faire de sa vie ? Quel sens lui donner – ou en recevoir ? Et s’il semble rigoureusement indispensable de se connaître, cet être que je suis, quel est-il ? Dois-je le subir dans tout ce qu’il est ? Ou bien puis-je le transformer ? Mais alors dans quel but, quelle intention ? Vais-je savoir brûler ce qui m’encombre, désenfouir mon noyau, ne garder en moi que ce qui procède de l’élémentaire, l’originel ? Et cet autrui dont je viens de vérifier à quel point il est mon semblable, vais-je savoir le rejoindre ? Et si je cède à ce désir de me connaître, comment dissoudre l’angoisse qu’il suscite ? Comment vaincre la peur de la vie ? La peur de la mort ?... Quand ces questions le taraudent, l’être n’est pas à même de se les formuler. Elles ne sont tout d’abord qu’un malaise, un désarroi, une lancinante sensation d’exil, l’âpre nostalgie de ce que l’on ne saurait nommer, une infranchissable solitude. Et c’est à son insu que l’être se trouve progressivement engagé dans une aventure dont il ne soupçonne ni en quoi elle réside, ni où elle est susceptible de le mener. Les notes rassemblées dans ce Journal sont les traces laissées par un homme embarqué dans une telle aventure, et qui, des années plus tard, devra s’avouer qu’en se scrutant la plume à la main, il n’a fait qu’obéir à un urgent besoin de se révéler à soi-même, se clarifier, s’unifier.


Un lourd destin

P.O.L. - 2000

La vie et l’œuvre du poète allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843) sont devenues Outre-Rhin un véritable mythe. Une mère au cœur sec que son fils vénérait et dont elle a décrété qu’il serait pasteur. De quatorze à vingt-trois ans, Friedrich dut donc se morfondre dans les séminaires protestants. Des années qui l’ont meurtri, brisé, lui ont fait perdre foi en la vie. Hanté par le besoin d’écrire, il put éviter de porter l’habit noir et devint à quatre reprises précepteur dans des familles fortunées. Chaque fois ces expériences se soldèrent par un échec. Différentes déceptions, son amour malheureux pour Diotima, sa soif d’absolu, la maladie mentale, firent de lui un perpétuel exilé, incapable de s’enraciner dans l’existence. Il n’eut que de brèves années pour produire son œuvre et resta trente-six ans prisonnier de sa démence, enfermé dans cette tour de Tübingen qui s’élève sur les rives du Neckar. Cette pièce de théâtre donne la parole à trois de ses amis et à sa sœur, et ce sont eux qui le font revivre, dépeignent sa personnalité, retracent le parcours de ce poète qui eut un destin de maudit.


Attente en automne

P.O.L. - 1999

L’amour s’empare d’un homme, mais la femme qui le hante est trop jeune, ou elle regarde ailleurs, ou elle a conscience que la distance qui les sépare ne pourra être abolie. Renvoyé à lui-même, à une solitude accrue, cet homme vit une crise qui l’ébranle en profondeur. Il renonce, ou à l’inverse, il se bat, s’ingénie à vaincre les résistances. Un jour, l’imprévu survient, à moins que le temps ait modifié la situation et rendu possible ce qui ne l’était pas. Alors cet amour qui lancinait, érodait, déchirait, soudain il délivre, pacifie, ouvre largement les portes sur une vie qui s’éclaire, va multiplier ses dons...


Ecarte la nuit

P.O.L. - 1999

Un homme mène une existence en apparence toute lisse. Mais un jour, soit parce qu’une déception, un revers, un deuil..., a brisé ses défenses et détruit ses appuis, soit parce qu’il éprouve le besoin de partir à la recherche de lui-même, il se trouve engagé dans une errance au terme de laquelle, bien des années plus tard, après avoir parcouru un interminable chemin, il aura le sentiment de s’être découvert, d’avoir rencontré sa vérité. Cette pièce a pour thème l’aventure de la quête de soi et de la radicale transformation qu’elle entraîne. Cette aventure est longue, douloureuse. Au début, elle est vécue dans la confusion, la détresse, une angoisse extrême. Loin de tout repère, tout chemin, l’être avance à tâtons dans des contrées inconnues, désertiques, où s’enchevêtrent la peur de se perdre et le désir de conquérir un accord avec soi et le monde. Contre toute attente survient pourtant l’instant décisif du lâcher-prise. L’être renonce à tout vouloir, consent à déposer les armes. C’est alors qu’il se trouve en mesure de se laisser guider et reconstruire par des forces qui vont faire de lui un être clair, unifié, apte à se tourner vers autrui.


Rencontres avec Samuel Beckett

P.O.L. - 1999

Ce livre contient le récit des quatre rencontres de Charles Juliet avec Samuel Beckett, en 1968, 1973, 1975 et 1977. La parole de l’écrivain – le récit de ses doutes, l’histoire de sa longue ascèse – y est scrupuleusement recueillie mais ses gestes, ses regards y sont aussi décrits avec précision, ses attitudes, tout ce qui faisait de lui un homme hors du commun, plongé dans une recherche sans terme ni bornes, immédiatement sensible à sa lecture comme à son contact.


Fouilles

P.O.L. - 1998

« Cet ouvrage regroupe quatre recueils de poèmes parus à différentes époques chez un autre éditeur. La majorité de ces textes disent certains instants de cette interminable aventure qu’est la quête de soi. Nés pour la plupart d’un moment d’abattement, de révolte, de haine de soi, de perdition, il arrive malgré tout qu’ils traduisent parfois de brèves secondes de plénitude et d’exultation. Les poèmes de Fouilles, les premiers que j’ai écrits, ont dû voir le jour de 1960 à 1965 et font écho à maintes notes du Journal rédigées à la même époque. Ce titre s’est imposé tout naturellement. Il désigne ces explorations que j’effectuais dans la nuit de la substance interne. Il fallait au préalable couper les entraves, démanteler appuis et défenses, défoncer le sous-sol, et c’est pourquoi ils sont d’une tonalité assez sombre. Le chemin s’est poursuivi et les poèmes qui composent L’œil se scrute ont continué de recueillir ce que je vivais. L’œil dont il est question est cet œil invisible à l’aide duquel on cherche à se voir, se percevoir, à identifier ce que recèle le magma intérieur. Le regard qui émane de cet œil doit faire retour sur lui-même, afin de dissoudre ce qui détermine sa vision. Une fois clarifié, l’œil ne dénature plus ce qu’il observe ou pénètre. Mais ce travail qui consiste à l’épurer est un travail sans fin, car toujours à recommencer. La plupart de ces textes m’ont été dictés par la voix intérieure et la signification de certains m’a longtemps échappé. Ainsi n’ai-je pleinement compris ceux qui ont trait à ma mère que quelque vingt ans plus tard, après avoir mis le point final à Lambeaux. Ce que j’écrivais et poursuivais, exigeait qu’en écrivant ces poèmes je me défie du “poétique", me tienne à une langue simple et nue, exempte de tout lyrisme et tout effet. Les pages qui achèvent cet ouvrage ont été écrites à une époque où le sens de l’aventure dans laquelle j’étais engagé commençait à m’apparaître, où je pouvais prendre une vue d’ensemble de ce en quoi elle consistait, où j’étais enfin devenu capable de la projeter dans des mots. Une telle aventure ne comporte aucun terme. C’est jusqu’à la mort qu’il faut cheminer. Chaque matin, tout recommence. Plus on progresse, et plus recule ce que passionnément on souhaite atteindre. Mais plus l’œil s’affûte, mieux l’être est armé pour le combat, et plus souvent lui est-il donné de connaître ces états de claire et grave abondance qui l’emplissent de gratitude à l’égard de la vie. Au début, la lumière recherchée est lente à éclore. Pour signifier qu’elle est éloignée, qu’elle demeure longtemps prise dans la brume, qu’elle risque à tout instant de s’éteindre, j’ai donné pour titre à ces pages Une lointaine lueur. A l’instar des poèmes, elles disent la quête de soi, évoquent les doutes, peurs, fourvoiements, lâchetés, aléas, retraits, moments de désarroi et de désespoir qui la ponctuent. Dans la première séquence, c’est le moi-je qui s’exprime. Il appartient encore au groupe de ses semblables et a du mal à s’en détacher. C’est le temps de la confusion. Du déchirement entre le besoin de rester à l’abri du nombre et le désir de vivre une aventure personnelle, de partir à la découverte de soi, de conquérir liberté et lumière. Dans la deuxième séquence, le tu apparaît. Il indique une prise de distance de l’être par rapport à lui-même. Temps de solitude, d’épuisement, de détresse. Tout semble impossible. La ténèbre est au plus opaque et l’être s’écroule, renonce, s’abandonne. C’est l’agonie. La traversée de la mort. Une mort qui semble effective. Qui affecte tant l’âme que le corps. Dans la troisième séquence, le il intervient. Il marque la naissance d’un être nouveau qui sait désormais dans quelle direction il lui faut avancer. Une prise de conscience s’effectue. Alors qu’il acquiesce à ce qu’il est, une force lui vient. Et une tendre lueur finit par luire à l’horizon. »


Rencontres avec Bram Van Velde

P.O.L. - 1998

Ce texte a été publié pour la première fois en 1978 par Fata Morgana. Lorsque commencent ces rencontres, Charles Juliet est un homme en proie au doute, à la détresse (ses journaux rendent bien compte de ces années noires) et Bram Van Velde un artiste dont la notoriété est loin d’atteindre celle qu’il connaîtra plus tard. Mais sa rigueur, son intransigeance, sa volonté d’aller toujours plus loin dans une démarche qui n’est pas sans évoquer celle des mystiques sont lumineuses et produisent sur Charles Juliet une grande impression. Sont ici retranscrites les paroles brèves de Bram van Velde, si pleines d’énergie et si profondes, et les circonstances des rencontres, les pensées qu’elles inspirent à Charles Juliet. La première rencontre entre Bram Van Velde et Charles Juliet a lieu le 25 octobre 1964. La dernière de celles qui seront racontées dans le livre, le 7 novembre 1977. Ce sont donc treize années d’une fréquentation irrégulière mais intense qui font la matière de cet ouvrage.


A voix basse

P.O.L. - 1997

En neuf chapitres, en neuf étapes, ce livre retrace l’itinéraire difficile, contrarié, de celui qui veut parler avec les seuls mots de l’intériorité, de celui qui veut atteindre sa propre vérité. Le dépouillement, la fermeté de l’écriture, la neutralité d’une voix qui ne se donne pas de repos mènent progressivement à ce murmure où se reconnaît le bruissement de la source. Ces poèmes s’adressent à « ceux qui n’ont plus la force d’avancer », ils leur suggèrent qu’il existe une possibilité de trouver la lumière au cœur des ténèbres, que la voie existe qui mène du malheur à l’ouverture.


Lueur après labour, Journal III (1968-1981)

P.O.L. - 1997

« J’ai poursuivi mon chemin. Continué de travailler à me mettre en ordre, me clarifier, réaliser mon unité... Au désarroi et au découragement qui ont marqué les débuts de mon parcours, se sont progressivement substitués une force, une confiance, le ferme besoin de consentir, d’adhérer. Voilà pourquoi la part faite ici à la réflexion et au questionnement est moindre que dans les deux premiers volumes. En revanche, plus nombreuses sont les notes relatant des rencontres, des instants de vie, d’accord, d’intime exultation. »


Traversée de nuit, Journal II, (1965-1968)

P.O.L. - 1997

Ce mot, « vivre », comment le comprendre ? Quelles significations lui attribuer ? Que doit-on faire de sa vie ? Quel sens lui donner – ou en recevoir ? Et s’il semble rigoureusement indispensable de se connaître, cet être que je suis, quel est-il ? Dois-je le subir dans tout ce qu’il est ? Ou bien puis-je le transformer ? Mais alors dans quel but, quelle intention ? Les notes rassemblées dans ce journal (1965-1968) font écho à ces questions qui jalonnent l’aventure de la quête de soi. Ici, la ténèbre s’éclaircit, Charles Juliet commence à revivre, à reconnaître son territoire, à l’arpenter dans l’espoir de pouvoir enfin l’habiter.


Giacometti

P.O.L. - 1995

Cet ouvrage est la réédition d’un livre paru aux éditions Hazan en 1985. Charles Juliet y décrit l’œuvre et la vie de Giacometti en y privilégiant, bien sûr, ce qui, lui, l’émeut. C’est-à-dire, principalement la quête, la recherche du plus profond et d’une vérité intérieure que révèlent les sculptures et les dessins de l’artiste. Aussi de temps à autre l’exposé, qui n’en est pas vraiment un mais plutôt une méditation à peine cachée, est-il interrompu, et relancé, par un poème, ou des notes visiblement prélevées du journal de l’auteur.


Lambeaux

P.O.L. - 1995

Lambeaux est un récit autobiographique dans lequel Charles Juliet évoque sa mère qu’il n’a pas connue – morte de faim après huit ans d’enfermement abusif en hôpital psychiatrique – et le rôle que, malgré cette absence, ou à cause de cette absence, elle a joué dans sa vie d’homme et dans sa formation d’écrivain. Dans un second temps, il nous relate son parcours : la famille adoptive, l’enfance paysanne, l’école d’enfants de troupe, puis les premières tentatives d’écriture, lesquelles vont progressivement déboucher sur une toute autre aventure : celle de la quête de soi. Une descente aux enfers sera le prix à payer pour qu’un jour puisse éclore la joie grave et libératrice de la seconde naissance. Dans cette démarche obstinée il trouve la force de se mesurer à sa mémoire pour en arracher les moments les plus enfouis, les plus secrets, et les plus vifs. L’auteur devient son propre historien et nous livre un texte « pour finir encore ».


Accueils, Journal IV (1982-1988)

P.O.L. - 1994

« À vingt-trois ans, quand j’ai résolu d’abandonner mes études de médecine pour tenter de devenir un écrivain, je pensais que j’allais écrire des romans et des pièces de théâtre. Ainsi, lors des années qui ont suivi, j’ai écrit un roman, une confession, des nouvelles et deux pièces (tous textes non publiés et en partie détruits). Parallèlement j’avais griffonné quelques notes et quelques poèmes. En moi était apparu un besoin qui s’est fait de plus en plus insistant : le besoin de me clarifier, de m’unifier, de me connaître, de rendre consciente la plus grande part de ce que j’étais. Pendant des années, abandonnant ce à quoi je me destinais, j’ai été entièrement requis par cette plongée intérieure et le travail sur moi-même qui lui était associé. Les notes qui voyaient le jour, et qui étaient à la fois instrument et fruit de cette exploration, ont fini par constituer un Journal. Celui-ci se présente donc comme la relation, parfois au jour le jour, de l’aventure intérieure dans laquelle je me trouvais engagé. Je transcrivais dans ces pages ce que j’observais en moi et ce que me dictait cette voix intérieure qui murmure en chacun de nous. Ma difficulté de vivre, mes tourments, mon angoisse, mes interventions en vue d’affranchir l’œil de ce qui conditionnait sa vision, cette lente pérégrination qui me menait vers je ne savais quoi, le sentiment que j’avais de vivre une agonie, cette nécessité de consentir à n’être rien, à passer par la mort du moi, puis la mutation qui est survenue, cette seconde naissance qui m’a fait autre (ou plus exactement, qui a permis à l’être initial de se dégager du fatras et de s’épanouir), qui a changé ma manière de penser et de voir – c’est tout cela qui s’est déposé dans les feuillets de ce Journal. Je continue de rédiger des notes, mais avec de longues interruptions. Au fur et à mesure que j’évoluais, la fonction de ce Journal s’est modifiée. Il est moins alimenté par le dedans et accueille plus volontiers ce que lui offre le monde extérieur. Mais j’observe toujours la même règle : je ne tiens ce Journal que lorsque le besoin m’en vient, n’écris que ce qui m’est donné. C’est la vie qui commande et je me soumets à ce qu’elle veut. »


Carnets de Saorge

P.O.L. - 1994

En 1993, Charles Juliet a passé quatre mois à Saorge – un village des Alpes-Maritimes proche de l’Italie – dans un monastère devenu lieu de résidence pour artistes. Ces carnets sont le journal qu’il a tenu pendant ce séjour. Qu’il parle de Saorge, des rencontres qu’il y fait, des paysages qu’il découvre, qu’il égrène des souvenirs d’enfance, nous livre des impressions de lecture, évoque Catherine de Sienne ou Chet Baker, qu’il commente l’actualité, nous confie son émotion à la vue d’un beau visage... il demeure fidèle aux thèmes et préoccupations qui nourrissent les quatre précédents volumes de son Journal. Ici comme là, c’est une même attention aux êtres et à la vie, un même souci de les dire avec des mots justes et simples.


Ce pays du silence

P.O.L. - 1992

Ce volume reprend trois recueils autrefois publiés aux éditions Fata Morgana et aujourd’hui épuisés. Poèmes d’amour, Quête de l’authentique, Recherche de la vérité : ces textes sont tous animés d’un même mouvement qui tend l’être tout entier vers un accomplissement parfois entrevu, parfois inimaginable. Espoir et ferveur : en mots simples, martelés sur des rythmes puissants, c’est un itinéraire fait d’exigence et de pureté qui se dessine, s’amplifie, et emporte.


L’Inattendu

P.O.L. - 1992

C’est un petit paysan, un enfant sensible, attachant, dont on ignore le nom. Il découvre le monde des adultes, la vie, la peur, la tendresse. Il se livre à ses premières expériences, douces-amères, ou tragiques. Enfant de troupe, il connaît la solitude, l’ennui, la cruauté de certains chefs mais aussi l’amitié. Plus tard, avec le retour à la vie civile, c’est une autre solitude, une autre forme d’ennui et de désespoir. Mais il y aura cette ouverture, cette lumière possible que suggère une rencontre inattendue. Écrit tantôt sous forme de notes et de fragments plus ou moins développés, tantôt sous forme de récits, L’Inattendu est l’épilogue, longtemps après, de L’Année de l’éveil.


Dans la lumière des saisons

P.O.L. - 1991

Quatre saisons. Quatre lettres adressées à l’amie lointaine. Jour de printemps. Il marche dans les vignes, les bois, alors qu’un poème se compose dans sa tête. Ce texte parle de l’avidité de vivre. De l’attente. L’attente de ce qu’aucun mot ne saurait nommer. Nuit d’un été torride. Naguère, un enfant s’était enfoncé dans la forêt à la recherche de trois hêtres immenses. Il ne les avait pas trouvés, mais il avait vécu quelques minutes inoubliables près d’une source. Autre parcours : celui de l’aventure intérieure, avec ses aléas, ses angoisses, ses découvertes, et instamment espérée, ardemment attendue, cette seconde naissance qui permet enfin de consentir à la vie. Journée d’automne et de balade sur les collines dans la douce et déclinante lumière de la saison préférée. Elle fait songer à un autre automne. Celui d’une existence. Celui qu’éclaire et enrichit la plénitude de la maturité. Après-midi d’hiver. La neige. Les oiseaux. Le profond silence. Une totale passivité. Le plus enfoui affleure et la main note. Des instants d’abandon, de lentes dérives. Une parole nue. Celle qui sécrète le murmure de l’intime.


Affûts

P.O.L. - 1990

Au commencement, l’exil, l’épuisement, l’abandon de tout espoir. Et puis cette lente marche, sans issue imaginable, cette marche obstinée, à la recherche du lieu où la torture cesserait, où se déploierait la réponse. Mais n’est-ce pas faire fausse route, forcément tourner en rond que chercher une réponse ? Rugueux et martelés, ces poèmes sont ceux de la détresse et de la recherche, mais ils ouvrent aussi à cette possibilité d’une réconciliation et d’un accomplissement dont la femme est l’initiatrice.


L’Année de l’éveil

P.O.L. - 1989

Un petit paysan qui n’avait jamais quitté son village, se retrouve un jour enfant de troupe. Dans ce récit, il relate ce que fut sa seconde année de jeune militaire, une année de découverte et de bouleversements, qui le verra mourir à son enfance et s’éveiller à des réalités et des énigmes dont il ignorait tout. La faim, le froid, les bagarres, son avide besoin d’affection, l’admiration qu’il voue à son chef de section, sa passion pour la boxe, les sévices que les anciens font subir aux bleus, la découverte de l’amour avec la femme de son chef, le sadisme de certains sous-officiers, la nostalgie qu’il a de son village, de sa chienne et de ses vaches, ses quinze jours de cachot, son renvoi de l’école puis sa réintégration, la hantise de mourir à dix-huit ans, là-bas, dans ces rizières où la guerre fait rage..., c’est le récit d’une entrée en adolescence, avec ses révoltes et sa détresse, ses déchirements et ses ferveurs. Ce livre a été porté à l’écran par Gérard Corbiau, sous le même titre.

Les chemins du monde

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : Bernardo CARVALHO, MA JIAN , Charles JULIET, Chantal PELLETIER - Saint-Malo 2005