PRILEPINE Zakhar

Russie

San’kia (Actes-Sud, 2009)

Biographie

Zakhar Prilépine est à la mode. Crâne rasé et chemise noire déboutonnée, allure de marlou, il pourrait jouer au cinéma un killer ou un anti-killer. Parmis les plus populaires de son pays, l’écrivain s’inscrit dans la grande tradition du roman russe avec une force d’évocation qui subjugue, une écriture brutale mais somptueuse. Zakhar Prilépine promène toujours un regard tendre, étonné, émerveillé et plein d’humour sur le monde, tout en faisant entrer dans ses romans une réalité brûlante, dérangeante, loin de l’image lisse, heureuse et conquérante que souhaite se donner la Russie.
Une oeuvre aux antipodes du pamphlet politique ou de l’exercice de style gratuit.
Zakhar Prilepine est né en 1975 dans un petit village de la région de Riazan. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages poétiques ainsi que d’essais. Il a été vigile dans une boîte de nuit puis manutentionnaire, barman et s’engage dans les deux guerres tchétchènes en 1996 et 1999. Après son retour de la deuxième campagne, il travaille comme rédacteur en chef d’une revue people.
Pour contrecarrer cette expérience « journalistique », après le travail, il se consacre à son premier roman, Pathologies (éditions des Syrtes, 2007), qui sera achevé quatre ans plus tard, un roman qualifié par la critique comme "la première œuvre dans la littérature russe qui montre la guerre en Tchétchénie telle quelle". Son roman lui a valu une nomination au prestigieux prix russe du meilleur livre de l’année Natsionalnyï, et devient best-seller en 2005. Joëlle Dublanchet a également été récompensée du prix de la Russophonie 2008 pour sa traduction du russe vers le français.
Rédacteur en chef d’une édition régionale de Novaïa gazeta et d’un bureau d’information," Agence des nouvelles politiques", il soutient la coalition anti-pouvoir "L’Autre Russie". Son second roman Le pêché a été traduit en français aux éditions des Syrtes, un roman plus léger qui rapporte les fragments de la vie de son auteur à travers le personnage d’un jeune trentenaire, plein de force et de volonté de vivre aux prises avec la réalité russe.
Son dernier roman traduit en français, San’kia, publié chez Actes-Sud, dresse le portrait d’une génération sans pères, à la recherche de ceux dont ils pourraient être les fils.


Bibliographie : publiée en Français

  • San’kia (Actes-Sud, 2009)
  • Le pêché (éditions des Syrtes, 2009)
  • Pathologies (éditions des Syrtes, 2007)

Présentation de San’kia

Sacha est un héros sans père. Un père mort, encore et toujours à cause de l’alcool, il se réclame de Kostenko, le chef charismatique des natsbols (l’extrême-gauche).
Sacha est “San’kia”, pour son grand-père chez qui il vient se réfugier chez lui après une manifestation qui a mal tourné. Ce retour est l’occasion pour Prilépine de livrer une saisissante description de la campagne russe se mourant désespérément et “flottant comme un glaçon crevassé et sale dans une mare”. Reste la mère - émouvante, usée, malheureuse, qui travaille dur pour un salaire de misère, et qui ne comprend pas les aspirations révolutionnaires de son fils.
A son propos, San’kia a été comparé en Russie à La Mère de Gorki. Il y a enfin Yana, une jeune fille membre de la même organisation révolutionnaire, dont Sacha s’est épris.
Tout dans ce roman sombre et prenant est, dès le départ, voué à l’échec car ces jeunes, dans cette Russie qui - aujourd’hui, comme hier, écrase les plus faibles - ont juste la liberté de se fracasser… la tête contre les murs. A une autre époque Sacha aurait pu être ouvrier ou ingénieur, aujourd’hui il ne peut être que révolutionnaire.
Anna Politkovskaïa, la journaliste assassinée, avait de la sympathie pour ces jeunes, les seuls à oser affronter, à leurs risques et périls, le pouvoir en place. Comme le dit un critique russe pour tenter d’expliquer le succès fulgurant de ce nouvel écrivain : Il plaît à tous : aux uns, pour son réalisme ; aux autres, pour un antilibéralisme militant. Aux radicaux de gauche - pour son héros révolté, qui hait la société de consommation avec sa liberté d’entreprendre et son délitement social. Aux adversaires libéraux de toutes les révolutions, parce que ce héros-là est condamné, et que ces gamins enragés qui cassent les vitrines et brûlent les voitures ne pourront jamais accomplir aucune révolution.

Revue de Presse

"Ce n’est pas un livre, c’est un uppercut qui laisse K. O. À travers l’histoire de Sacha, héraut d’une jeunesse à la dérive, Prilepine dessine une fresque tout en brutalité et en finesse de la Russie contemporaine."
Le Figaro Magazine, novembre 2009

"Avec ou sans alcool, les personnages de Prilepine portent un regard mouillé sur leurs contemporains, même s’il leur faut parfois cogner dessus."
Libération, novembre 2009

Sur Libération, lire également les articles :
Les Avatars de Zakhar
Je me sens bien obligé de faire de la politique


Le péché

Editions des Syrtes / Edifin - 2009

San’kia

Actes Sud - 2009

San ’kia, deuxième roman de Zakhar Prilepine après Pathologies, qui racontait la guerre en Tchétchénie, témoigne du parcours d’une certaine jeunesse russe. Un roman qui se veut le pendant d’aujourd’hui de La Mère de Gorki. Sacha, militant d’un groupuscule d’extrême gauche, hantise de tous les services de sécurité, vient se réfugier un temps à la campagne auprès de ses grands-parents, après une manifestation qui a mal tourné. Il a cessé de travailler, vit d’expédients chez sa mère, qui se tue à la tâche à l’usine pour un salaire de misère et ne comprend pas les aspirations révolutionnaires de son fils. En plus de ses amis, avec qui il picole énormément, comme son père, mort d’alcoolisme, il y a Yana, une jeune fille responsable de la même organisation, dont il s’est épris. Arrêté quelques jours plus tard, torturé, humilié, laissé pour mort par la police, Sacha ne peut que se radicaliser davantage. Anna Politkovskaïa, la journaliste assassinée, avait de la sympathie pour ces jeunes, les seuls à oser affronter, à leurs risques et périls, le pouvoir en place. Des jeunes à qui on ne laisse que la liberté de se fracasser la tête contre les murs et de passer à l’action directe. "Zakhar Prilepine est à la mode, expliquait un critique russe. Crâne rasé et chemise noire déboutonnée, il pourrait jouer au cinéma un killer ou un anti-killer. Il plaît à tous : aux uns pour son réalisme, aux autres pour un antilibéralisme militant ; aux radicaux de gauche pour son héros révolté, qui hait la société de consommation avec sa liberté d’entreprendre et son délitement social ; aux adversaires libéraux de toutes les révolutions parce que ce héros-là est condamné, et que ces gamins enragés qui cassent les vitrines et brûlent les voitures ne pourront jamais accomplir aucune révolution." A quoi l’auteur de San’kia répondait d’avance : "La Russie se nourrit des âmes de ses fils, c’est cela qui la fait vivre. Ce ne sont pas les saints, ce sont les maudits qui la font vivre." Pas étonnant qu’en quelques années Zakhar Prilepine soit devenu, dans son pays, l’un des écrivains les plus populaires et son roman San ’kia un best-seller sur internet.

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