Poète, Éric Sarner est en perpétuel éveil : il regarde et écoute le monde, joue son rôle de passeur d’émotions avec sincérité. Ses livres sont des bouteilles à la mer, dit-il : ce qui importe, ce n’est pas le nombre de lecteurs mais que chacun, de son île, éprouve la puissance de la découverte.
Cet homme au parcours impressionnant promène ses mots, de sa voix de reg, aux quatre coins du monde. Né à Alger en 1943, ayant habité Marseille un temps et résidant aujourd’hui sur les hauteurs du port de Montevidéo, Éric Sarner écrit de port en port, prêt à partir à chaque instant. Il est l’auteur du très beau La passe du Vent, récit de voyage en forme d’enquête sur la disparition de l’écrivain haïtien Jacques Stephen Alexis, assassiné en 1961 par le régime de Duvalier dans des circonstances jamais élucidées.
Sugar, paru en 2001, raconte en vers la vie du grand boxeur noir américain Ray "Sugar" Robinson, dans un texte magnifique adapté depuis au théâtre. Fondu de jazz, hanté par les mânes de Jack Kérouac, d’Elvis Presley ou de John Steinbeck, Éric Sarner ne se lasse pas de parcourir les États-Unis d’Est en Ouest le long de la "mother road", la mythique route 66, à laquelle il a consacré un documentaire primé par la SCAM en 2007 (Route 66, une odyssée américaine) et un livre Sur la Route 66 (Hoëbeke, 2009). Un ouvrage magistral consacré à la route la plus mythique du XXe siècle, qui fut aussi l’un des principaux chemins de la reconquête de l’imaginaire sur le continent américain.
Le pari d’Éric Sarner dans ses écrits est simple : transmettre son savoir mais aussi ses questionnements, ses observations, ses surprises. « J’aime bien être précis dans les données historiques, géographiques, politiques que je donne mais je n’ai pas de formation d’historien - et je ne prétends pas du tout être historien - et je ne suis pas non plus un commentateur politique, si bien que je laisse aller plutôt ma plume et ma sensibilité affleurer (…). Je laisse aller mon cœur ». C’est ce qu’il fait en 2012 avec Un voyage en Algéries, où se mêlent des impressions de voyages et le souvenir flottant d’une enfance passée dans ce pays qu’il a quitté très jeune. Avant 2011, l’Algérie, il dit qu’il ne la connaissait pas. Il découvre un pays complexe, pluriel dans ses langues, ses climats, ses habitants : Algéries, donc. Ce livre est un appel au voyage, à la découverte. L’ambition d’Eric Sarner est simple : « Les destins de l’Algérie et de la France sont liés à jamais, et leurs histoires son liées : on ne le sait pas assez, ni en Algérie ni en France. Il s’agit de mieux se connaître. Si le livre peut servir aussi à cela, j’en serai très heureux ».
Eric Sarner invite au voyage avec Regarde par la fenêtre ou « Récit de voyage de Montevideo à Ushuaïa en passant par Rio. » Un écrivain français qui s’est installé à Montevideo y rencontre Adriana, une métisse brésilienne avec qui il va parcourir le cône sud de l’Amérique latine, entre Montevideo et Ushuaïa. Dans une écriture à la fois dense et poétique, Regarde par la fenêtre propose une galerie de portraits d’homme et de femmes croisés au cours de cet immense périple : un libraire cultivé, des artistes, un gaucho, un vendeur à la sauvette, un psychanalyste, des patrons d’hôtels, des paysans… Pas le temps de s’ennuyer en lisant pas à pas sa découverte du Grand sud ! Avec talent, Eric Sarner prouve une nouvelle fois qu’il appartient à la longue lignée des écrivains voyageurs.
Bibliographie
- Regarde par la fenêtre : Récit de voyage de Montevideo à Ushuaïa en passant par Rio (Akinomé, 2017)
- 22 figures au passage (Les Venterniers, 2015)
- Coeur Chronique (Le Castor astral, 2013)
- Un voyage en Algéries (Plon, 2012)
- Sur la Route 66 (Hoëbeke, 2009)
- Sugar (Dumerchez, 2001)
- Mères et folles sur la place de Mai (Desclée De Brouwer, 2000) - Instant America (nouvelles du monde) (AFAT Voyages, 1997)
- Petit carnet de silence (Dumerchez, 1996)
- La passe du Vent (Payot, 1994)
- Beyrouth, Beyrouth à vif (Encre, 1985)
Poésie
- 99 codas : (sans récits) (La rumeur libre, 2023)
- Sugar suivi de Cœur chronique et de Petit carnet de silence (Gallimard, 2021)
- Ballade de Frankie (Ed. Le Castor astral, 2011)
- Éblouissements de Chet Baker (La Passe du vent, 2010)
- Et comme emportés, on demeure (Dumerchez, 2009)
- L’ombre de l’autre, déjà, avec une suite graphique d’Ismaël Kachtihi del Moral (Ed. Rencontres, 2000)
- Silence (Éditions Dumerchez, 1996)
- Une lettre trouvée à Lisbonne, illustrations de Miguelanxo Prado - (D.S.Éditions, 1995, traductions en portugais, espagnol et anglais, Meriberica/Liber, Lisbonne 1998)
- La mainmorte du comte de mirabeau (Editions de La Nèpe, 1982)
- Trente-trois passages d’instants pour Giani chez Antoine Rico (Manosque, 1974)
- Jazz encre, avec Michel Lathourakis (Le vent noir, 1987)
- Monos (Ed. de la Grisière, 1971)
Films documentaires
- Route 66, un rêve américain, France 5 - 2006
- Istanbul, la terre, le ciel et l’eau (52 minutes) - Chaîne Voyage et TMC - 2004
- Alexandrie, probablement... (52minutes) – Chaîne Voyage et TMC - 2004
- Gênes, un balcon sur mer, (52 minutes) - Chaîne Voyage et TMC - 2004
- Barcelone, ville ouverte, (52 minutes) - Chaîne Voyage et TMC - 2003
- Marseille, une ville monde (52 minutes) - Chaîne Voyage et TMC - 2003
- Jack Kerouac, un rêve américain au temps d’Hiroshima (52 minutes), avec Michel Viotte France 3, "Ecrivains du XXème siècle" 1996
- Ernesto Sabato, le feu purificateur, (52 minutes) avec Gonzalo Arijon, France 3, "Ecrivains du XXème siècle" - 1995
- La grand-route ; : la beat generation, 40 ans après, soirée thématique (avec Alain Jaubert) - Arte - 1993
- France, six millions d’illétrés (52 minutes), avec Irène Richard - Canal Plus et FR3 "Océaniques" - 1989. Sept d’Or 1989 (Meilleure Soirée spéciale)
- Philippines, naissance d’une nation ? (2 x 52 minutes), avec Claude Massot et Patrick Volson TF1 - 1986