HESSEL Stéphane

France

Le Rescapé et l’Exilé, en collaboration avec Élias Sanbar (Don Quichotte, 2012)

Biographie

Elias Sanbar et Stéphane Hessel © Sophie Daret

Patriarche de 94 ans mais porte-parole des jeunes, ancien combattant mais nouveau résistant au côté des "Indignés", Stéphane Hessel n’est pas homme à déposer les armes.

Enfant de l’Europe, il navigue dans son adolescence entre la France et l’Allemagne des années 1930. Étudiant brillant, il est reçu deux fois de suite à Normal Sup’, après que sa naturalisation française l’ait empêché d’intégrer la prestigieuse école à sa première tentative. À 22 ans, il est mobilisé en tant que normalien pour servir l’armée française, participe à la débâcle de 1940 avant d’être capturé. Il s’évade de son camp de prisonniers et s’enrôle dans la résistance, avant d’être repris et envoyé à Buchenvald. Il parvient à s’en échapper et à rejoindre les lignes américaines à la fin de la guerre.

Stéphane Hessel présente alors, en 1945, le concours du quai d’Orsay, pour embrasser une longue carrière de diplomate. Très impliqué dans les questions de reconnaissance des droits de l’Homme, il enchaîne les postes diplomatiques dans le monde, à New York où il participe à la rédaction de la Charte des Droits de l’Homme à l’ONU en 1946, en Afrique noire ou encore au Vietnam. Homme de gauche proche de Mendès France, il travaille au sein de plusieurs cabinets ministériels de la IVe puis de la Ve République. Son départ en retraite marque le début d’une vie associative très intense, pendant laquelle il réaffirme son combat en faveur du respect des droits de l’Homme, et se lance dans la lutte en faveur de la Palestine.

Peu connu en tant que diplomate, Stéphane Hessel s’impose au monde en 2010, lorsqu’il signe le manifeste Indignez-vous. Tout à fait inattendu, ce tout petit livre à 2€ devient très rapidement un succès mondial, et se vend à près de 4 millions d’exemplaires dans plus de 100 pays. Son appel à l’indignation est tout de suite suivi par des milliers de jeunes, les Indignés, qui, de Madrid à New York dressent des tentes et occupent les places publiques, réclamant un retour aux valeurs de dignité humaine et de protection des individus, incontournables en 1945, et aujourd’hui largement bafouées.

Au delà de la crise financière, c’est l’urgence humanitaire en Palestine, en particulier dans la bande de Gaza, qui l’alarme. Il se rend lui même sur place à plusieurs reprises et constate l’extrême précarité des populations gazaouites. Si son combat ne fait pas l’unanimité, en particulier après des institutions juives de France, malgré son statut d’ancien déporté, Stéphane Hessel n’en démord pas et signe en 2012 un second livre de réflexions, Le Rescapé et l’Exilé, en collaboration avec Élias Sanbar, poète et ambassadeur palestinien à l’Unesco. Les deux écrivains posent des regards croisés sur l’histoire du Proche Orient, cherchant à analyser les erreurs du passé pour mieux réfléchir à des solutions pour une paix durable, qui laisserait aux Palestiniens la place que l’histoire leur a retiré.


En savoir plus :

Stéphane Hessel était invité par Frédéric Bonneau dans Le Mouv’, le 2 mars 2012.



Bibliographie :

  • Le Rescapé et l’Exilé, en collaboration avec Élias Sanbar (Don Quichotte, 2012)
  • Résistances, en collaboration avec Aung San Suu Kyi (Don Quichotte, 2011)
  • Le chemin de l’espérance, en collaboration avec Edgar Morin (Fayard, 2011)
  • Engagez-vous !, entretiens avec Gilles Vanderpooten (Éditions de l’Aube, 2011)
  • Indignez-vous ! (Indigène Éditions, 2010)
  • Citoyen sans frontières, conversations avec Jean-Michel Helvig ( Fayard, 2008)
  • Ô ma mémoire : la poésie, ma nécessité (Le Seuil, 2006)
  • Dix pas dans le nouveau siècle (Le Seuil, 2002)
  • Danse avec le siècle (Le Seuil, 1997)
  • Le Tourbillon de la vie, la véritable histoire de Jules et Jim, en collaboration avec Manfred Flügge et Ulrich Hessel (Albin Michel, 1994)

Présentation du Rescapé et l’Exilé

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Hommes de culture férus de poésie, Stéphane Hessel et Elias Sanbar débordent dans ce livre le cadre strictement politique de la question palestinienne et du conflit israélo-arabe pour proposer une vision humaniste de l’avenir. Que peut-on dire de nouveau sur un conflit plus que centenaire, dont les paramètres de solution sont aujourd’hui connus par la communauté internationale ? MM. Hessel et Sanbar se sont accordés sur une démarche originale : retracer et analyser le cours des événements qui ont conduit à l’actuelle impasse et s’interroger sur le rapport entre légalité internationale et justice historique. Tous deux reviennent, au cours de leur échange, et dans le même souci de combiner témoignages et réflexions, sur les grandes dates du conflit.
Croisant ainsi leurs regards, ceux de deux hommes d’origines, de générations et de formations différentes, les auteurs racontent d’abord leurs guerres de 1947-1948, le premier, Stéphane Hessel, du point de vue de l’ancien résistant et déporté à Buchenwald, diplomate en poste au siège de l’ONU à New York, et le second Elias Sanbar, de celui d’un enfant né à Haïfa un an avant la création d’Israël et qui se trouve aussitôt réfugié au Liban. La situation au Proche-Orient dans les années cinquante et soixante, la guerre de 1967, l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, le déclenchement et le blocage du processus de paix sont ensuite tour à tour abordés avec le même souci de combiner témoignages et réflexions, toujours en résonance avec les grands questionnements du monde contemporain.
En analysant les causes du conflit et les éléments qui ont empêché les négociations d’aboutir, MM. Hessel et Sanbar parviennent encore à trouver des raisons d’espérer.