CHRYSSOPOULOS Christos

Une lampe entre les dents (Actes Sud, 2013)

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À sa parution en 2010, le dernier livre de Christos Chryssopoulos a fait l’effet d’une petite bombe. Son titre ? La Destruction du Parthénon (Actes Sud, 2012). De quoi susciter en Grèce quelques réactions vives et des débats politiques, culturels et touristiques passionnels, prolongés par l’auteur sur un blog.

Jeune auteur prolifique, théoricien de la littérature, lauréat en 2008 du prix de l’Académie d’Athènes et membre du Parlement culturel européen, Christos Chryssopoulos, né en Grèce en 1968, offre à ses lecteurs des histoires mystérieuses, insolites, parfois terribles, ancrées dans la spécificité d’Athènes. La capitale grecque est souvent le décor d’une quête effrénée : celle d’une forme de beauté pure qui se révèle par les mains et le toucher dans Le Manucure (Actes Sud, 2005) ou quête de soi-même au sein d’un microcosme où s’entremêlent des existences abimées dans Monde clos (Actes Sud, 2007).

Dans La Destruction du Parthénon, le symbole architectural de la nation grecque est réduit en poussière par un attentat, inspiré à un jeune terroriste par un pamphlet surréaliste des années 1940 qui appelait alors à "faire sauter l’Acropole". Le roman met le doigt sur une certaine schizophrénie que la Grèce contemporaine partage avec l’Europe tout entière, dans son rapport au passé et à ses chefs d’œuvre : le Parthénon est ainsi tout à la fois un motif de fierté, une attraction pour le tourisme de masse et le rappel douloureux d’une grandeur perdue, un symbole dévoyé par les échecs de la construction européenne.

À l’heure où l’Europe impose l’austérité à une Grèce au bord de l’implosion, pour Chryssopoulos la destruction du Parthénon a en quelque sorte déjà eu lieu :
« Le Parthénon, qui a été utilisé ces derniers mois par tous les journaux du monde comme le symbole de la crise grecque, représente l’échec de la volonté fédéraliste européenne. La ruine Europe ne peut pas davantage être réparée que la ruine Parthénon... »

Fin 2011, en panne d’inspiration, Christos Chryssopoulos flâne la nuit dans les rues d’Athènes ; il observe, discute avec un sans-abri, prend des photos. De ses déambulations, il tire un livre, Une lampe entre les dents (Viviane Hamier, 2013), récit d’errance dans la capitale grecque devenue ville-fantôme.
"Déambuler, c’est inventer" déclare l’auteur, qui se fait le témoin de cet espace laissé à l’abandon. Sous-titré "Chronique athénienne", l’ouvrage, voguant entre essai, fiction et journalisme, est à la fois un récit littéraire et une réflexion construits à partir d’observations du réel.


Bibliographie :

  • Une lampe entre les dents (Actes Sud, 2013)
  • La Destruction du Parthénon (Actes Sud, 2012)
  • Monde clos (Actes Sud, 2007)
  • Le Manucure (Actes Sud, 2005)
Une lampe entre les dents

Une lampe entre les dents

Actes Sud - 2013

Abandonnant sa page blanche, Christos Chryssopoulos descend dans la rue. De sa flânerie nocturne, de quelques autres déambulations qui ont suivi, il tire un texte porté par l’urgence et la nécessité de dire ce qu’il advient d’Athènes en ces temps de crise. Face aux invisibles qui peu à peu investissent l’espace public, il s’interroge sur leur rapport au monde, s’interdisant de les réduire à ce qu’ils semblent devenus, et sur les liens qu’établit la ville avec les individus qu’elle abrite ou qu’elle rejette.

Témoignage littéraire sur les effets de la crise en Grèce, Une lampe entre les dents questionne l’humanité en chacun de nous, avec une distance pudique qui n’exclut pas l’empathie, et mesure la capacité d’un écrivain de se consacrer à la fiction quand la réalité est si violemment présente dans son quotidien.


Revue de presse

  • Le trailer du livre sur le site d’Actes Sud :
  • Christos Chryssopoulos sur France Culture :
  • Une interview de l’auteur sur Arte-tv :

La Destruction du Parthénon

Actes Sud - 2012

“Il faut faire sauter l’Acropole !” – tel était l’appel lancé en 1944 par le cercle surréaliste Les Annonciateurs du chaos. Soixante ans plus tard, un jeune homme vient de passer à l’acte. Le Parthénon a été pulvérisé, la ville est orpheline. Est-elle encore elle-même ? Tous les regards sont tournés vers la colline vide embrumée de fumée et de poussière. Plusieurs voix résonnent, faisant entendre leur consternation, leur indifférence, leur fanatisme. Quel mobile, quelle punition, pour cet acte inqualifiable ? Quel avenir, pour le pays amputé ? La Destruction du Parthénon est un objet littéraire singulier, qui ouvre des champs de réflexion sur l’art et la ville, sur l’histoire et l’identité, sur la justice et le sacré. Et qui propose à la Grèce contemporaine une voie plus métaphorique qu’iconoclaste pour aller de l’avant.


Revue de presse :

« Christos Chryssopoulos signe, avec La destruction du Parthénon, un mélange original de fiction et de documents historiques, un petit livre percutant, singulier, jubilatoire, ludique et terriblement sérieux. Mettant le doigt sur une certaine schizophrénie de la Grèce contemporaine et de l’Europe tout entière, (...) pose la question fondamentale de notre rapport au passé et aux chefs-d’œuvre dont notre civilisation a hérité, tout à la fois motifs de fierté et références culturelles mais aussi ombrageux empêcheurs d’avancer. » Isabelle Falconnier, L’Hebdo.ch


Monde clos

Monde clos

Actes Sud - 2007

Sur la place carrée de cette cité en périphérie de la ville déambule un homme sans nom hanté par un souvenir des camps qu’il n’a de cesse de raconter. Les frères Giorgios et Giorgios se promènent avec Nadia, qu’ils ont tous deux prise pour femme. Ici, un beau docker a naguère fini poignardé dans le dos. Là, une adolescente a mis le feu à son lit, un usurier à la jambe de bois se débat avec ses cauchemars, un vieux recueille des chats, une femme sans âge habillée de noir vit avec une ombre, des ménagères traquent la poussière... Mystérieuses, insolites, parfois terribles, leurs histoires se sédimentent en une mémoire collective composant un étonnant théâtre des passions humaines dont le chœur proclame que toute existence, aussi humble soit-elle, recèle sa part de rêve, de tragique et de sublime.


Le Manucure

Le Manucure

Actes Sud - 2005

Il n’est ni médecin ni chimiste, cet homme qui arpente la ville en blouse blanche, une mallette en cuir à la main ; il est manucure. Ses clients sont très satisfaits de ses services, il est indéniablement le meilleur. Car de sa passion il a fait un métier, de son obsession un art de vivre. Philippos Dostal évolue dans un univers d’effleurements et d’émotions tactiles. Il a appris le braille pour lire du bout des doigts, il collectionne et répertorie minutieusement matières et frôlements, il fréquente une femme dont il admire les mains de marbre. Retranché dans une solitude morbide, il évite tout contact avec le monde extérieur. Jusqu’à ce que l’amour se présente sous la forme d’une fascinante paire de mains virevoltantes appartenant à un jeune homme sourd-muet... C’est dans une langue froide et précise comme un scalpel que Christos Chryssopoulos sonde les abîmes d’un esprit fétichiste et tourmenté, en quête de beauté pure.

L'âme de l'Europe

L’âme de l’Europe

Avec Drago Jancar, Boris Pahor, Paolo Rumiz, Christos Chryssopoulos et Monika Bulaj - Saint-Malo 2012

Avec Drago Jancar, Boris Pahor, Paolo Rumiz, Christos Chryssopoulos et Monika Bulaj, une rencontre animée par Oriane Jancourt (Transfuge)


Mondes antiques

Avec Diane Meur, Christos Chryssopoulos et Jean-Marie Blas de Roblès - Saint-Malo 2012

Une rencontre entre Diane Meur, Christos Chryssopoulos, et Jean-Marie Blas de Roblès animée par Yann Nicol.