Écrivain le plus en vue de la scène littéraire flamande, David Van Reybrouck doit sa célébrité à un ambitieux pavé de 700 pages balayant l’histoire du Congo des origines à nos jours. Paru en 2010, au moment de la commémoration de l’indépendance de l’ex-colonie belge et devenu un incroyable best-seller (plus de 300 000 exemplaires vendus en Belgique et aux Pays-Bas !), cet ouvrage inclassable, mariant techniques de reportage, souffle littéraire et rigueur historique a reçu le prix AKO, le Goncourt néerlandophone, ainsi que le prix Médicis Essai 2012.
Écrivain à succès, journaliste, poète (on lui doit notamment le projet fou d’une constitution européenne en vers), trublion politique (à l’initiative du G1000, un forum participatif visant à renouveler la démocratie belge), ce génial touche-à-tout flamand né en 1971 est à l’origine un spécialiste de l’histoire des sciences.
Jeune chercheur à l’Université de Louvain, il a entretenu pendant des années une relation sérieuse avec une « amie de longue date » : sa thèse de doctorat… Au cours de ses recherches, il tombe un jour sur un texte évoquant le poète et entomologiste sud-africain Eugène Marais, dont les écrits auraient été plagiés dans l’entre-deux-guerres par le Nobel de littérature belge Maurice Maeterlinck. Sa thèse en poche, David Van Reybrouck veut en avoir le cœur net : il s’embarque en 2001 pour l’Afrique du Sud sur les traces de l’excentrique savant boer.
Plus que la vérité sur Eugène Marais c’est peut-être d‘abord un prétexte que cherche alors David Van Reybrouck, pour quitter sa « tour d’ivoire » académique et se confronter à la « violence du monde ». En Afrique du Sud, « les frictions entre Blancs et Noirs, cette tension à mi-chemin entre espoir et désenchantement » le troublent profondément, au point qu’il rentre persuadé qu’il ne remettra plus les pieds sur le continent noir. L’Afrique va pourtant devenir le thème central de l’œuvre protéiforme qu’il commence en 2001 avec un premier roman très remarqué, Le Fléau (paru en français en 2008 chez Actes Sud), écrit dans la foulée de son voyage.
Fils d’un ingénieur des chemins de fer en poste au Congo dans les années soixante, dont les rares récits ont nourri son désir d’Afrique, David Van Reybrouck s’empare de l’histoire tortueuse de l’ex-colonie belge. Il poursuit son travail littéraire au théâtre avec une série de monologues, L’âme des termites (2004), N (2006) et Mission (2007), qui mettent en scène des personnages hantés par leur expérience du Congo et par le souvenir des convulsions de l’après-indépendance.
Dans le cadre du « trajet Congo », un projet de longue haleine mené par le Théâtre Royal Flamand (KVS) qui vise à créer un « espace mental » commun aux artistes belges et congolais, David Van Reybrouck se rend régulièrement à Kinshasa pour organiser des ateliers d’écriture. Pour sa troisième pièce, il sillonne l’Est du pays à la rencontre de vieux missionnaires, dont les témoignages forment la matière première du monologue drôle et tragique du Père Grégoire dans Mission.
Revendiquant un travail de "non-fiction littéraire", David Van Reybrouck a patiemment recueilli pour Congo des centaines de témoignages qui constituent la source principale de l’ouvrage : chaque chapitre raconte ainsi entre cinq et vingt ans de l’histoire congolaise à travers le vécu de personnages qui ont réellement existé. Loin de l’histoire académique, Congo propose ainsi une passionnante traversée de l’histoire congolaise à hauteur d’homme, qui se lit comme un roman-fleuve.
En savoir plus :
- David Van Reybrouck est invité aux côtés de l’historien Romain Bertrand dans l’émission Du Grain à moudre : "Comment raconter l’Histoire de manière équitable ?"
- Dans le maïs, théâtre, trad. de Monique Nagielkopf, à paraître chez Actes Sud
- Congo, une histoire, trad. d’Isabelle Rosselin (Actes Sud, 2012)
- Mission, suivi de L’Âme des termites, théâtre, trad. de Monique Nagielkopf, (Actes Sud, 2011)
- Le Fléau, trad. de Pierre-Marie Finkelstein, (Actes Sud, 2008)
Présentation de Congo, une histoire :
Le livre du Congo, un essai total écrit comme un roman.
De la préhistoire aux premiers chasseurs d’esclaves, du voyage de Stanley missionné par Léopold II à la décolonisation, de l’arrivée de Mobutu puis de Kabila à l’implantation industrielle d’une importante communauté chinoise, ce livre retrace, analyse, conte et raconte 90 000 ans d’histoire : l’Histoire d’un immense pays africain au destin violenté.
Revue de presse :
- « Attention, phénomène ! Congo n’est pas simplement un essai rigoureux, dense et très documenté. Congo se lit vraiment comme un roman, un grand roman. »
Lire
- « Un mélange de multiples (et passionnantes) tranches de vies privées, d’historiographie, de reportage, de littérature et même de poésie. (…) C’est le Voyage au Congo de Gide transposé dans la modernité, relu par Lévi-Strauss, annoté par Fernand Braudel et remixé par Studs Terkel, Howard Zinn ou n’importe quel tenant de l’histoire orale ! (…) Un roman vrai et bouillonnant qui s’offre aussi comme un étonnant miroir de nous même et des complexités Nord-Sud. »
Le Monde des livres
- « Un ovni éditorial qui mêle habilement les approches historiques, journalistiques, et littéraire. Un de ces rares ouvrages que l’on ne parvient pas à reposer une fois qu’on l’a ouvert… » Jeune Afrique
- « C’est un événement. Comme un fleuve tumultueux qui vous ravira. Une brique de 700 pages, mais que l’on dévore comme un roman. » La Libre Belgique
- « Un bijou. (…) Vieillards, paysannes, soldats, missionnaires, commerçantes, artistes donnent à l’ouvrage son énergie vitale. » Regards
- « Un superbe récit. Une expérience littéraire et historique. » Le Temps