Leila Kilani, l’un des plus grands espoirs du cinéma marocain, s’est lancée en 2011, après deux documentaires, dans la fiction avec Sur la planche, film coup de poing dans lequel la réalisatrice explore la part d’ombre de Tanger. Historienne de formation, « assoiffée de cinéma », elle réalise un premier documentaire remarqué en 2001, Tanger, le rêve des brûleurs, filmant l’aventure de quelques herraguas, des " brûleurs ", prêts à tout pour atteindre les côtes toutes proches de l’Europe-Eldorado.
Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes en 2011, Sur la planche, son premier long métrage de fiction, explore à nouveau l’enlisement et les fantasmes d’une jeunesse marocaine avide de brûler. L’action se déroule dans la cité frontière de Tanger : une ville d’hôtels, d’usines agroalimentaires, que la réalisatrice visitait tous les week-ends dans sa jeunesse. Une ville que narguent les côtes espagnoles, distantes d’à peine quelques kilomètres. Cette Espagne qui fait rêver les jeunes Marocains, branchés au quotidien sur la télévision hispanique, sans pouvoir traverser le détroit de Gibraltar.
Cette fois il n’est pas question d’exil : c’est la nuit tangéroise qu’investit son quatuor d’héroïnes. Des ouvrières, "textiles" ou "crevettes", qui oublient au crépuscule leur quotidien sordide pour sillonner la ville à une cadence effrénée. Entre galères, débrouille et plans sur la comète, les quatre jeunes femmes, jouées par des actrices non-professionnelles débordant d’énergie brute, se fabriquent un espace de liberté. À l’envers de tous les clichés, un film noir et rageur, poétique et corrosif.
Filmographie :
- Sur la planche (2011)
- Nos lieux interdits (2008)
- Zad Moultaka, Beyrouth retrouvé (2003)
- Tanger, le rêve des brûleurs (2002)
Bande annonce de Sur la Planche
Revue de presse :
- "Leïla Kilani fait du cinéma avec la méthodologie d’une chercheuse. "Je suis une cérébrale totalement assumée. J’aime les films qui ont un côté tube à essai", dit-elle. Réaliser un film ne lui a jamais fait peur. "J’étais une littéraire, je me prenais pour Albert Cohen écrivant Belle du Seigneur. Je sacralisais l’écrit, mais pas l’image". Elle ajoute, telle un papillon qui sort enfin du cocon : "En devenant cinéaste, j’ai quitté la neutralité du chercheur pour livrer toute ma subjectivité, et dire "je"." Clarisse Fabre pour Le Monde.
- Leila Kilani invitée par Hind Meddeb sur France Info.