Figure phare de la scène littéraire francophone, prix Médicis 2009 pour L’énigme du retour, Dany Lafferrière est un Immortel depuis 2015 et son élection à l’Académie française.
Windsor Klébert Laferrière, dit Dany, est né à Port-au-Prince en 1953 d’un père intellectuel et homme politique, Windsor Klébert Laferrière, et d’une mère archiviste à la mairie de Port-au-Prince, Marie Nelson. Il passe son enfance à Petit-Goâve avec sa grand-mère Da, au milieu d’un paysage idyllique dominé par les libellules et la mer turquoise. Cette enfance heureuse est relatée dans deux de ses premiers romans, L’Odeur du café et Le Charme des après-midi sans fin, où sa grand-mère Da est d’ailleurs un personnage marquant.
Il rentre à onze ans à Port-au-Prince où il fait ses études secondaires, puis devient journaliste au Petit Samedi Soir. Mais suite à l’assassinat de son ami Gasner Raymond par les « tontons macoutes » de Duvalier, il quitte Haïti pour Montréal en 1976. Il a 23 ans.
Pendant huit ans il enchaîne les petits boulots, travaille à l’usine, mais continue de rêver de littérature. Dany Laferrière lit, tous ceux qu’il ne pouvait pas lire à Port-au-Prince : Hemingway, Miller, Diderot, Tanizaki, Gombrowicz, Borges, Marie Chauvet, Bukowski, Boulgakov, Baldwin, Cendrars, Mishima, Marquez, Vargas Llosa, Salinger, Grass, Calvino, Roumain, Ducharme, Virginia Woolf… Et il se procure chez un brocanteur cette fameuse machine à écrire Remington 22 qui l’accompagnera pendant une dizaine de livres. Il publie en 1985 son premier roman : Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. C’est un succès retentissant, qui lui permet un an plus tard d’être embauché à télévision Quatre Saisons pour présenter la météo. Son personnage sympathique tout en humour et légéreté l’amène ensuite à la fameuse émission de Radio-Canada, La Bande des six.
En 1990, après une première aventure cinématographique et l’adaptation de son premier roman, il décide de rompre avec le tumulte de sa célébrité quebecoise. Établi à Miami, il écrit dix romans en douze ans ! De son point de vue, ils n’en forment qu’un seul : son « autobiographie américaine ». L’écrivain se réinstalle à Montréal en 2002 et rejoint Grasset en 2005 avec Le Goût des jeunes filles. Il continue également ses incursions cinématographique et adapte ses romans en scénarios, comme Comment conquérir l’Amérique en une nuit en 2004, Prix Zénith au Festival des Films du Monde de Montréal. L’année suivante, son roman Vers le Sud parait en même temps que le film du même nom, réalisé par Laurent Cantet.
En 2007, il co-préside l’association Etonnants Voyageurs Haïti avec Lyonel Trouillot et est signataire du Manifeste "Pour une littérature monde en français". Deux ans plus tard, L’énigme du retour fait définitivement de lui une plume incontournable du paysage littéraire francophone, le livre est salué unanimement par la critique et obtient le Prix Médicis. Le quotidien La Presse à Montréal en fait même sa personnalité de l’année 2009.
Dany Laferrière se trouve en Haïti lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, et fait part de cet épisode traumatique à travers de nombreux témoignages et articles de presse. Séisme : des mots d’auteurs.
Son ouvrage Tout bouge autour de moi (Mémoire d’encrier, 2010) est un vibrant témoignage autour de ce séisme qui a détruit Haïti. L’auteur retrace les principaux moments du désastre : textes brefs, portraits, informations, impressions, projections. Cette tragédie est restituée avec force et générosité. Dans cette poignante chronique, Dany Laferrière livre par touches discrètes ses émotions, ses sentiments et ses pensées.
Comme un miroir inversé du roman qui lui a valu le prix Médicis en 2009, Dany Laferrière publie en 2012 Chronique de la dérive douce : « Si L’Énigme du retour est le roman du retour au pays natal, Chroniques de la dérive douce est bien celui de l’arrivée dans une nouvelle ville, une nouvelle vie. En 2013, il publie aux éditions Mémoire d’encrier au Québec et chez Grasset en France son Journal d’un écrivain en pyjama. S’inscrivant dans la lignée de L’art presque perdu de ne rien faire (2011), Dany Laferrière livre dans cet ouvrage un amalgame de récits, de réflexions, de méditations et d’anecdotes sur l’écriture et sur la lecture, en nous promenant à l’intérieur de sa bibliothèque personnelle, où se rencontrent pêle-mêle Borges, Proust, Salinger, García Márquez, Miller, Tolstoï, Hemingway et Césaire...
2015 est également une grande année pour Dany Laferrière puisqu’il est élu à l’Académie française. Il publie deux romans dans la foulée, Le Cri des oiseaux fous et Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo : deux romans aux parfums d‘exil, où se mêlent désarroi et détermination, certitudes et mythes, deux voyages aux accents d’ailleurs.
Co-Président de l’association Étonnants Voyageurs en Haïti en décembre 2016, Dany Laferrière réedite la même année chez Zulma deux de ses œuvres les plus marquantes : Le charme des après-midi sans fin et L’odeur du café, et publie chez Grasset Mythologies américaines qui receuille ses premiers textes : Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (1985), Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ? (1993), Fête chez Hoki (1987) et un inédit : Truman Capote au Park Hotel.
Il revient en 2018 avec un "roman dessiné", à mi-chemin entre le carnet personnel de croquis et le roman : Autoportrait de Paris avec chat. Un grand format pour une belle ambition, nous faire visiter « son » Paris à travers ses textes et ses dessins.
En 2019, Dany Laferrière nous transmet le récit de son aventure américaine. Au début des années 1980, il quitte Montréal et s’installe à Miami. Dans cette œuvre intime, l’écrivain évoque sa vie quotidienne ainsi que la société américaine. Il y met en lumière sa vie d’auteur, livrant par la même des réflexions personnelles sur sa pratique de l’écriture.
En 2020, il revient sur ses nombreuses pérégrinations dans L’exil vaut le voyage, dans lequel il fait le choix de regarder les bons côtés de ses migrations contraintes. Dans ce roman écrit à la main et enrichi par de nombreux dessins, Dany Laferrière raconte ses exils et ses conséquences, ses lectures, ses rencontres, peignant un tableau intime, touchant et riche en références de ses voyages successifs.
Bibliographie
- Petit traité du racisme en Amérique (Grasset, 2023)
- L’enfant qui regarde (Grasset, 2022)
- Sur la route avec Bashô (Grasset, 2021)
- L’exil vaut le voyage (Grasset, 2020)
- Vers d’autres rives (L’Aube, 2019)
- Autoportrait de Paris avec chat (Grasset, 2018)
- Le Goût des jeunes filles (Zulma, 2017)
- Mythologies américaines (Grasset, 2016)
- L’Odeur du café (Réédition, Zulma, 2016)
- Le charme des après-midi sans fin (Réédition, Zulma, 2016)
- Le Cri des oiseaux fous (Réédition, Zulma, 2015)
- Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo (Mémoire d’Encrier, 2016)
- L’Art presque perdu de ne rien faire (Grasset, 2014)
- Journal d’un écrivain en pyjama (Mémoire d’encrier, 2013 - Grasset, 2013)
- Chronique de la dérive douce (Grasset, 2012)
- L’ Art presque perdu de ne rien faire (Boréal, 2011)
- Tout bouge autour de moi (Mémoire d’encrier, 2010 - Grasset, 2011)
- L’énigme du retour (Grasset, 2009)
- Je suis un écrivain japonais (Grasset, 2008)
- Vers le sud (Grasset, 2006)
- Les années 80 dans ma vieille Ford (Mémoire Encrier, 2005)
- Le cri des oiseaux fous (Serpent à plumes, 2002, prix Carbet des Lycéens 2000)
- J’écris comme je vis (Éditions La Passe du Vent, 2000)
- Le charme des après-midi sans fin (Serpent à plumes, 1998)
- La chair du maître (Éditions de l’Homme, 1997)
- Pays sans chapeau (Serpent à plumes, 1993)
- Cette grenade dans la main du nègre est-elle une arme ou fruit ? (Éditions du Jour, 1993) - Prix RFO du Livre 2002
- Chronique de la dérive douce (Éditions VLB, 1994)
- Le Goût des jeunes filles (Editions de l’Homme, 1993)
- L’odeur du café (Editions de l’Homme, 1992)
- Éroshima (Éditions VLB, 1987)
- Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (Editions de l’Homme, 1985 ; Zulma, 2023)
Littérature jeunesse
- L’odeur du café (Les Éditions de la Bagnole, 2014)
- Le baiser mauve de Vava, illustrations de Frédéric Normandin, (Les Éditions de la Bagnole, 2013)
- La fête des morts, illustrations de Frédéric Normandin, (Les Éditions de la Bagnole, 2009)
- Je suis fou de Vava, illustrations de Frédéric Normandin, (Les Éditions de la Bagnole, 2006)