- ©Stéphane-Haskell
Gisèle Pineau soulève, dans ses ouvrages, des trappes de mémoire. Elle tracent des faits, esquisse des pans de vies. Au fur et à mesure de son avancé dans le monde littéraire, elle a su conquérir et diversifier son lectorat par une écriture inscrite dans le roman et la nouvelle à destination des deux publics - la jeunesse et les adultes.
Née à Paris en 1956 de parents guadeloupéens, elle a vécu sa jeunesse loin de sa terre d’origine. Pour Gisèle Pineau, la France est le pays de l’exil. Le racisme et l’intolérance subis chaque jour nourriront plus tard son œuvre.
Son père, militaire de carrière, est muté en Martinique en 1970. Elle poursuit ses études d’abord en Martinique puis en Guadeloupe où elle passe son bac de lettres.
En 1975, elle retourne en France pour prendre sa revanche, et s’inscrit à l’Université de Nanterre où elle suit un cursus de Lettres modernes, qu’elle abandonnera, faute d’argent pour une carrière d’infirmière en psychiatrie. Elle se marie, et repart en Guadeloupe, où elle exercera cette profession au centre hospitalier de Saint Claude, pendant près de vingt ans.
Dès sa jeunesse, elle s’éprend des mots et du créole qui lui rapelle sa grand mère man Ya, qui lui raconte la Guadeloupe et Marie-Galante, pendant sa période où elle vit en France. Période où elle connaît le racisme et des problèmes d’identité. D’ailleurs son oeuvre Un papillon dans la cité relate cette période difficile.
C’est à l’âge de dix ans qu’elle écrit ses premières histoires alors qu’elle habite en banlieue parisienne, et trouve le bonheur et l’évasion dans les romans. Dès sa première publication en 1993, La Grande drive des esprits Gisèle Pineau impose son style et son regard sur la condition des femmes antillaises, dont elle dit la souffrance, les violences et les espoirs secrets. Elle se distingue comme premier écrivain féminin à obtenir le prix Carbet de la Caraïbe pour ce roman.
Elle apparaît alors, comme la nouvelle voix au sein de la jeune génération d’écrivains d’outre-mer, aux côtés de Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Ernest Pépin. Proche du mouvement de la Créolité, elle apporte sa “ féminité ” à ce courant littéraire. Élevée au grade de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, Gisèle Pineau est également membre du jury du prix Tropiques et du Prix du Livre insulaire d’Ouessant, dont elle a assuré la présidence en 1999.
"Ecrivain Caraïbe", Gisèle Pineau est traduite dans le monde entier et a été maintes fois récompensée de prix littéraires pour ses nombreux écrits tels que le Grand Prix des lectrices de Elle en 1994, pour La Grande drive des esprits, le prix RFO pour L’Espérance macadam en 1996, ou encore Prix des Hémisphères Chantal Lapicque en 2002 pour Chair Piment. Ce prix couronne un livre qui participe au rayonnement de l’usage de la langue française à travers le monde. L’apport créole traverse la langue française et son roman publié en 2007, Mes quatre femmes, se souvient de ces femmes d’un autre temps dont elle est l’héritière.
Elle signe cette année une nouvelle dans l’Anthologie du plaisir dirigée par Léonora Miano ainsi qu’un nouveau roman Les voyages de Merry Sisal. Intéréssée par le destin de ces femmes qui se démènent sur ces îles, elle déroule l’histoire d’une Haïtienne atteinte d’une difformité, Merry Sisal, obligée de quitter sa terre natale après le tremblement de terre de 2010 pour subvenir aux besoins de ses enfants restés en Haïti.
Pour plus de renseignements, consultez la base de données d’île en île
Bibliographie :
- Les voyages de Merry Sisal (Mercure de France, 2015)
- Folie, aller simple : Journée ordinaire d’une infirmière (Philippe Rey, 2010)
- Nouvelles de Guadeloupe, ouvrage collectif (Magellan & Cie, 2009)
- Morne Câpresse (Mercure de France, 2008)
- Mes quatre femmes (Philippe Rey, 2007)
- Fleur de Barbarie (Mercure de France, 2005)
- Guadeloupe d’antan : La Guadeloupe au début du siècle (HC Editions, 2005)
- Chair Piment (Gallimard, 2002) prix des Hémisphères - Chantal Lapicque 2002
- L’Âme prêtée aux oiseaux (Stock, 1998)
- L’Exil selon Julia (Stock, 1996)
- L’Espérance-macadam (Éditions Stock, 1995) prix RFO pour L’Espérance en 1996
- La Grande drive des esprits (Serpent à plumes, 1993) prix Carbet de la Caraïbe et Grand Prix des lectrices de Elle en 1994
Jeunesse :
- L’Odyssée d’Alizée (Thierry Magnier, 2010)
- Les colères du Volcan (Dapper, 2004)
- Case mensonge, numéro 153 (Bayard, 2004)
- Caraïbes sur Seine (Dapper, 1999)
- Un papillon dans la cité (Editions Sépia, 1992, 2009)