- © Philippe Matsas
Avec un premier roman remarqué cet hiver, Terminus Belz, Emmanuel Grand fait une belle entrée dans l’univers du polar français, mariant avec une aisance peu commune les genres, polar siméonien, roman noir à l’américaine, avec un peu de fantastique bretonnant… de quoi accrocher le lecteur dès les premières pages.
Pourtant rien ne prédestinait Emmanuel Grand, webdesigner pour un grand groupe de télécommunication de son état, à devenir auteur de roman policier, si ce n’est peut-être son admiration pour les grands auteurs de polars américains dont il admire "le sens de l’intrigue et la science de l’enchaînement des péripéties". Revendiquant ces influences outre-atlantiques, ce besogneux de nature a ainsi planché ferme sur l’architecture de son roman et le montage de l’intrigue, avant de passer à l’écriture proprement dîte, celle qui permet "de s’évader, laissant l’imagination prendre le pas" confie-t-il volontiers. Et là, c’est la plume de Siméon qu’il invoque, capable de restituer les univers, les ambiances et les lieux mieux que quiconque. Ici, c’est l’univers brumeux et venté d’une petite l’île isolée nommée Belz, en terre bretonne, propice aux légendes, où les pêcheurs ont la vie dure. Un univers marin au fort caractère, cher à l’auteur (qui garde un souvenir exaltant de l’Atlantique de son enfance), cher aussi car inspirant et propice à planter une intrigue policière, cher car peuplé de personnalités entières qui ne trichent pas, et qui vont se trouver embarquées dans un histoire incroyable.
Marko, immigré clandestin originaire d’Ukraine, va traverser l’Europe d’est en ouest pour se cacher au fin fond de la Bretagne, sur cet îlot presque perdu. Alors qu’il pense trouver refuge, l’homme, poursuivi par la mafia roumaine, se trouve confronté aux îliens qui perçoivent mal l’arrivée de cet étranger qui cherche pourtant à s’embarquer pour la pêche… sans compter les vives superstitions, l’ankou qui rôde, le meurtre qui survient bientôt, la police française vite à ses trousses, ou encore les tueurs roumains qui rappliquent.
Un scénario solidement charpenté, une atmosphère envoûtante, des univers qui se télescopent avec brio : Emmanuel Grand mène son thriller d’Est en Ouest à un train d’enfer. "Tantôt thriller qui dégrise, tantôt roman social inspiré, Terminus Belz déploie sa belle architecture et son écriture musicale jusqu’à la dernière page." (Christine Ferniot, Télérama).
Bibliographie :
- Terminus Belz (Liana Lévi, 2014)