La légende d’un Ouest construit et dominé par des héros solitaires n’est qu’un mythe : dans la réalité, ce fut le contraire.
- © Denis Félix
L’auteur Philipp Meyer redessine dans ses livres les contours du rêve américain, avec lucidité, réalisme et parfois une touche de cynisme, sans céder aux clichés habituels sur le sujet.
Tout comme les personnages qu’il imagine, cet écrivain américain a un parcours atypique : né à New York en 1974, il quitte l’école à 16 ans, et travaille en tant que réparateur de vélos. Il finit par reprendre les études à l’université Cornell, avec pour objectif de devenir écrivain. Après plusieurs années en tant que trader à la banque UBS (une expérience qu’il qualifie de “soul-crushing”, dévastatrice) il s’adonne enfin à l’écriture.
Ses deux romans American Rust (2009) et The Son (2013) puisent leurs inspirations dans les écrits de Woolf, Hemingway, Joyce, ou encore de Faulkner. Ils ont très vite été acclamés par les critiques et le public outre-Atlantique : Meyer a ainsi obtenu en 2010 la prestigieuse bourse Guggenheim, et The Son était finaliste au Prix Pulitzer de la fiction en 2014.
En trame de fond de ses deux œuvres, Meyer présente au lecteur une histoire américaine qui ne se berce plus d’illusions : dans ses récits, l’American Dream a aussi sa part sombre, que ce soit à travers la conquête des territoires indiens, les “Bandit Wars” au Texas, les chocs pétroliers ou encore la crise économique actuelle. Surtout, l’auteur parvient à incarner cette histoire collective dans des trajectoires individuelles profondément humaines. Au milieu de décors désolés et d’époques incertaines, les personnages de Meyer recréent un tableau nuancé de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui.
Bibliographie
- Le Fils , traduit par Sarah Gurcel (Albin Michel, 2014)
- Un arrière-goût de rouille, traduit par Sarah Gurcel (Denoël, 2010)