BORDAS Philippe

France

Chant furieux (Gallimard, 2014)

Biographie

© Catherine Hélie

Journaliste sportif amateur de cyclisme, photographe et écrivain, Philippe Bordas signe un premier roman Chant furieux, véritable ode d’amour à la langue française, à la conquête de la haute langue de Chrétien de Troyes, Rabelais, Saint-Simon et Céline...

Né en 1961 à Sarcelles, une des villes emblématiques de la banlieue parisienne, maelström ethnique et linguistique, Philippe Bordas entame une carrière de chroniqueur au quotidien sportif L’Équipe. Ce mordu de vélo compose quarante-quatre poèmes en prose dans Forcenés, vibrant hommage aux grands coureurs du XXème siècle. Il nous fait découvrir un cyclisme épique, désormais intégré à la « société du spectacle » et aux intérêts économiques.
Sa découverte de l’Afrique dans les années 90 et notamment sa rencontre avec l’univers de boxeurs et de lutteurs africains, est pour lui décisive et donne naissance à un livre de photographies L’Afrique à poings nus récompensé par le Prix Nadar en 2004. Le photographe est aussi connu pour ses clichés légendaires du rappeur MC Solaar dans un ouvrage qui lui est consacré, Solaar : Quinze ans de ma vie dans les banlieues du monde. Par ailleurs, il organise en 2011 une exposition intitulée "Les Chasseurs du Mali" qu’il présente à la Biennale de la Photographie de Bamako puis à l’Institut français du Gabon en 2012.

En 2014, il publie Chant furieux, son premier roman, une chanson de geste moderne dans laquelle il psalmodie les prouesses d’un Zinedine Zidane quasi-mythologique. Photographe pendant trois mois aux côtés du joueur de football, le narrateur, à l’image de Philippe Bordas, décide de le rendre visible à un ami aveugle, par la poésie, dans une prose remarquablement raffinée. Car pourquoi Zidane ne ferait-il pas lui aussi figure de modèle en littérature ? Sport et littérature, jolie alliance pour une vive réflexion sur la langue. « Zidane invente un langage d’exception, dit l’auteur, et devient un modèle pour son narrateur qui comprend que lui aussi doit inventer une langue furieuse ». Le livre se dresse comme une épopée rageuse et rêve de la réhabilitation du « petit peuple », tentant de redonner le chant furieux à toute une catégorie de délaissés.


Bibliographie

  • Solaar : Quinze ans de ma vie dans les banlieues du monde (Panama, 2006)
Chant furieux

Chant furieux

Gallimard - 2014

Photographe, Mémos est contacté par un éditeur pour suivre Zinedine Zidane jour et nuit, pendant trois mois, afin de réaliser un livre sur le champion en pleine gloire. Une connivence immédiate s’établit entre les deux hommes. Issus des quartiers difficiles, ils parlent la même langue. Par-delà le tourbillon de la vie de Zidane, prince des stades et idole médiatique, le roman raconte surtout la quête de Mémos, venu du parler rudimentaire et rageur des cités, parti à la conquête de la haute langue de Chrétien de Troyes, Rabelais, Saint-Simon et Céline.
Tissé à l’intention d’un ami aveugle admirateur de Zinedine, qui n’a jamais vu son visage ni ses dribbles virtuoses, le récit de Mémos prend une dimension épique et flamboyante, pour devenir une chanson de geste moderne. Faisant revivre la bande de gamins dépenaillés débarquant jadis à la gare du Nord comme des barbares, il ne se contente pas de rendre hommage à ces êtres que personne ne défend, il leur offre une existence de pleine lumière et invente pour eux un français riche et vivant, réconciliant la langue d’en bas et celle d’en haut, autour de la figure mythologique et solaire de Zinedine Zidane. Philippe Bordas signe ici une œuvre littéraire d’une puissance exceptionnelle.

Revue de presse

« Philippe Bordas porte la langue écrite à un degré extrême. Chant furieux est un roman et un manifeste qui dit son amour d’une langue incandescente. »
Norbert Czarny, La Quinzaine Littéraire

Forcenés

Forcenés

Gallimard Folio - 2013

« Sorti d’un cauchemar d’eau et de froid, Anquetil traverse une foule au bord des pleurs, hommes, femmes et enfants au garde-à-vous sur ces côtes de Chevreuse où la légende est née. Cinq kilos perdus, peut-être plus, l’ovation immense du Parc des Princes et Janine immobile. Anquetil au sang de reptile s’effondre en larmes pour la première fois. »

Par-delà les portraits inouïs et les légendes vraies des champions de haute époque, sous les rafales d’images et le souffle de l’émotion, Philippe Bordas chante le lien intime du cyclisme avec la langue française. En rendant hommage à ces héros du peuple, à ces insoumis obsédés par la noblesse du geste, il nous offre un livre inclassable, manifeste anarchiste et bréviaire poétique, un chef-d’œuvre d’un lyrisme violent.