BINDER Hannes

Le Pantin noir (Le Joie de lire, 2014)

© Yvonne Böhle

La technique de la carte à gratter a cela d’étonnant que l’artiste n’ajoute pas de la couleur mais en ôte, créant des jeux de lumière et de contraste d’une grande force graphique. Virtuose de cette forme de dessin, Hannes Binder est un illustrateur, auteur et bédéiste suisse qui s’intéresse à toutes les variantes de la mise en image d’un récit, en offrant souvent une narration parallèle grâce à sa réinterprétation des histoires qu’il illustre. Selon l’écrivain Peter Bichsel, « Hannes Binder raconte avec ses images ce qu’il a lu, comme le ferait un lecteur enthousiaste se mettant à raconter, c’est vraiment autre chose que de l’illustration. »

Hannes Binder, né en 1947, exerce pendant un temps le métier de graphiste à Milan et Hambourg, à la suite de ses études en Arts Appliqués dans sa ville de naissance, Zurich. Il se concentre rapidement sur les techniques de gravure et de carte à gratter, travaillant en tant en tant qu’illustrateur indépendant pour de nombreuses éditions, journaux et magazines. Dans le domaine pédagogique, il est de 1999 à 2005 directeur de la section d’illustration à l’école d’art privé Punkt-G à Zurich, et enseigne désormais l’histoire de l’illustration à la Haute École d’Art de Lucerne.

Avec environ 80 publications, cet artiste prolifique s’est illustré dans différents domaines, publiant aussi bien des livres pour enfants que des polars. En 1997, il répond à une commande du magazine culturel zurichois Du sur le thème du « plaisir du mal ». Cela résulte en 36 pages très sombres, autour d’un dessinateur de strips gentillets sur des petits poussins qui est plongé dans un atroce cauchemar, et qui au réveil se voit confronté à un cauchemar pire encore... Cette œuvre est sortie en français aux éditions Cadrat sous le titre Ressac en 2012, et connaît un franc succès.

Épris de littérature, il adapte les œuvres de grands auteurs suisses tels que Peter Bichsel, Johanna Spyri ou Friedrich Dürrenmatt. Il se passionne en particulier pour Friedrich Glauser, auteur suisse mort en 1938, marginal et longtemps oublié, auquel il consacre pas moins de sept ouvrages, signant notamment une adaptation en bande dessinée du roman policier Der Chinese (1988). Parmi ses adaptations les plus célèbres peut aussi être citée sa reprise du grand classique de Lisa Tezner Les Frères Noirs, écrit en 1941, pour laquelle il reçoit plusieurs prix.

Dans Le Pantin Noir, sa dernière parution en français, il illustre le texte que S. Corinna Bille, écrivain suisse de renom, avait écrit à l’âge de 19 ans. Les illustrations en clair-obscur de ce roman presque graphique donnent à voir un univers onirique, étrange, ou l’artiste offre un regard nouveau sur cette histoire de rencontre entre un marionnettiste et une petite fille, qui est aussi l’histoire d’un deuil…


Bibliographie (publications traduites en français)

  • Le Pantin Noir (avec S.Corinna Bille, La Joie de Lire, 2014)
  • Ressac (Cadrat Éditions, 2012)
  • Le Chat de Vallotton (L’École des Loisirs, 2012)
  • L’or du Vénitien (L’École des Loisirs, 2010)
  • À minuit (d’après Edward Mörike, La Joie de Lire, 2009)
  • Heidi (avec Peter Stamm, d’après Johanna Spyri, La Joie de Lire, 2009)
  • Bleu nuit (avec Anita Siegfried, La Joie de Lire, 2006)
  • Les Frères Noirs (d’après Lisa Tezner, L’École des Loisirs, 2005)
  • À ce moment précis... (L’École des Loisirs, 2000)
Le pantin noir

Le pantin noir

La Joie de Lire - 2014

Luce, petite fille romanesque, voit sa mère emportée par la maladie. Avec son père et son petit frère, la famille tente doucement de se reconstruire. Un jour, Luce descend à la ville et assiste à un spectacle de marionnettes. Fascinée, la fillette revient le lendemain mais la roulotte est éteinte. Elle rencontre alors un jeune homme, le « montreur » de marionnettes, le Pantin noir. Ils sympathisent, mais Luce doit rentrer et l’homme poursuivre sa route. Plus tard alors qu’elle est comme tous les soirs à sa fenêtre, elle remarque un jeune homme qui la regarde. Mais est-ce vraiment elle qu’il regarde ? Quel est ce mystère qui l’entoure ?