BAYARD Pierre

France

Le Titanic fera naufrage (Les Éditions de Minuit, 2016)

© H. Bamberger

Écrivain, professeur et psychanalyste, Pierre Bayard est un auteur surprenant, tant par la diversité des sujets qu’il aborde que par la forme très libre des essais qu’il écrit. De façon cartésienne, il sonde la littérature jusqu’à mettre en avant les liens qu’elle entretient avec la réalité.

Ce normalien originaire d’Amiens, aujourd’hui professeur de littérature française à Paris VIII, s’adresse au plus grand nombre. Ses textes, qqui mêlent savament humour et sérieux, sont remplis de références érudites, mais le ton qu’il emploie ne restreint pas son lectorat, bien au contraire.

Inspiré par Jorge Louis Borges, l’OuLipo des années 60, Georges Perec et Raymond Queneau, cet auteur très créatif s’amuse avec les textes les plus classiques, et nous en fait profiter en offrant un nouvel essai chaque année. Les registres sont nombreux, les sujets variés et les thèses soutenues toujours truculentes : les digressions de Proust sont trop nombreuses, À la recherche du temps perdu mérite une relecture épurée ; il faut poursuivre les criminels de la littérature restés impunis, puisqu’Agatha Christie n’a pas su trouver le bon coupable, Pierre Bayard s’en charge dans Qui a tué Roger Akroyd en 1998.

Avec esprit et malice, il nous dévoile les secrets qui permettent de savoir Comment parler des livres que l’on n’a pas lu, Comment améliorer les œuvres ratées, ou encore Comment parler des endroits où l’on n’a pas été. Il nous plonge avec ce dernier dans les récits de voyage les plus célèbres, démystifiant leurs auteurs, qui n’ont parfois jamais mis les pieds dans les endroits qu’ils évoquent pourtant avec force. Finalement, est-ce vraiment nécessaire de les avoir vu pour en parler de façon pertinente ? N’est-ce-pas le propre même des auteurs de nous faire voyager dans des lieux qu’eux mêmes n’ont jamais visité ? Qu’il s’agisse de Marco Polo, Blaise Cendrars ou encore de Chateaubriand, personne ne semble être épargné, les théories sont étayées et Pierre Bayard déroule le fil de ses pensées avec brio.

Après Demain est écrit et Le plagiat par anticipation, Pierre Bayard clôture sa trilogie consacrée à l’anticipation littéraire avec Le Titanic fera naufrage qu’il vient nous présenter cette année. Un essai qui met en exergue la capacité annonciatrice de la littérature. Avec une logique implacable, il démontre combien les prédictions des auteurs ont pu se révéler exactes et récuse l’idée selon laquelle il s’agirait de simples coïncidences. Qu’il s’agisse d’un travail de réflexion, d’une sensibilité particulière des auteurs ou de ce qui ressemble à de véritables prémonition, si les auteurs sont en mesure de déchiffrer le monde dans lequel nous vivons et capables d’anticiper celui vers lequel nous allons, pourquoi ne pas accorder plus de crédit à leurs écrits ?


Bibliographie :

  • Le Titanic fera naufrage (Minuit, 2016)
  • Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? (Minuit, 2015)
  • Il existe d’autres mondes (Minuit, 2014)
  • Aurais-je été résistant ou bourreau ? (Minuit, 2013)
  • Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? (Minuit, 2012)
  • Et si les œuvres changeaient d’auteur ? (Minuit, 2010)
  • Le Plagiat par anticipation (Minuit, 2009)
  • L’Affaire du chien des Baskerville (Minuit, 2008 et « Double », 2010)
  • Comment parler des livres que l’on n’a pas lus (Minuit, 2007)
  • Demain est écrit (Minuit, 2005)
  • Peut-on appliquer la littérature à la psychanalyse (Minuit, 2004)
  • Le Détour par les autres arts (pour Marie-Claire Ropars, dir. Pierre Bayard et Christian Doumet, L’Improviste, 2004)
  • Enquête sur Hamlet. Le Dialogue de sourds (Minuit, 2002)
  • Comment améliorer les œuvres ratées ? (Minuit, 2000)
  • Lire avec Freud (pour Jean Bellemin-Noël, dir. Pierre Bayard, Presses universitaires de France, 1998)
  • Qui a tué Roger Ackroyd ? (Minuit, 1998 et « Double », 2008)
  • Le Hors-sujet. Proust et la digression (Minuit, 1996)
  • Maupassant, juste avant Freud (Minuit, 1994)
  • Le Paradoxe du menteur. Sur Laclos (Minuit, 1993)
  • Il était deux fois Romain Gary (Presses universitaires de France, 1990)
  • Symptôme de Stendhal. Armance et l’aveu (Lettres modernes-Minard, 1980)
  • Balzac et le troc de l’imaginaire. Lecture de La Peau de chagrin (Lettres modernes-Minard, 1978)
Le Titanic fera naufrage

Le Titanic fera naufrage

Éditions de Minuit - 2016

A l’image du romancier américain Morgan Robertson, qui raconta le naufrage du Titanic avec quatorze années d’avance, les créateurs semblent disposer d’un accès privilégié vers l’avenir, qui leur permet d’anticiper les guerres, les dictatures ou les catastrophes naturelles. Prendre la mesure de cette capacité prémonitoire ne devrait pas seulement inciter à leur confier des responsabilités politiques et à les associer aux recherches de la science, mais aussi à remettre en cause notre lecture des oeuvres ainsi que notre représentation de l’histoire littéraire et artistique.


Revue de presse :

"Ce provocateur élégant sait parler de choses graves avec légèreté - et inversement -, maniant l’humour pour dire des choses très profondes."
Philippe Chevilley, Les Échos

"Proposition assez folle et peu platonicienne mais qui se soutient chez le critique de preuves et d’arguments tous impressionnants."
Jacques Dubois, Diacritik

“Entrer dans un livre de Pierre Bayard, c’est toujours pénétrer dans un monde un peu vertigineux, où l’humour le dispute au sérieux, à moins que ce ne soit le contraire.”
Julie Clarini, Le Monde des Livres

Comment parler de lieux où l'on a pas été ?

Comment parler de lieux où l’on a pas été ?

Éditions de Minuit - 2012

L’étude des différentes manières de ne pas voyager, des situations déli cates où l’on se retrouve quand il faut parler de lieux où l’on n’a pas été et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d’affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d’avoir un échange passionnant à propos d’un endroit où l’on n’a jamais mis les pieds, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu’un qui est également resté chez lui.

Sommaire

Prologue
Des différentes manières de ne pas voyager
I : Les lieux que l’on ne connaît pas. II Les lieux que l’on a parcourus. III : Les
lieux dont on a entendu parler. IV : Les lieux que l’on a oubliés.
Des situations de discours
I : En anthropologie. II : Dans le journalisme. III : Dans le sport. IV : En famille.
Des conduite à tenir
I : Ouvrir les frontières. II : Circuler dans le temps. III : Traverser le miroir.
IV : Faire l’amour.
Épilogue 


Revue de presse :

"Ce livre s’inscrit dans la suite logique de l’essai intitulé Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Dans l’un et l’autre cas, il s’agit de partir de situations de la vie concrète pour montrer que notre ignorance partielle ou complète d’un sujet n’est pas nécessairement un handicap pour en discuter avec pertinence, et peut même être utilisée dans le dessein d’une meilleure connaissance du monde."
Delphine Peras, L’Express

"Vertige d’érudition et humour en cascade : sinon, c’est pas du jeu. »
Valérie Marin La Meslée, Le Point