Anjan Sundaram est né à Ranchi en Inde. Ce brillant élève en mathématiques à Yale était promis à un beau parcours dans la finance à Wall Street. Mais en 2005, il décide de tout plaquer pour devenir journaliste. Il part « dans un accès de rage », parce que « le monde était devenu trop beau ». Fort de ses lectures du Polonais Ryszard Kapuściński (1932-2007), il décide de partir en République Démocratique du Congo où sa banquière a quelques contacts. Un aller-simple en poche et une seule ambition : devenir reporter.
C’est cette histoire que raconte son premier roman Kinshasa jusqu’au cou, son douloureux apprentissage dans un pays miné par la guerre, à la veille de ses premières élections démocratiques. Un livre reportage bien loin du romantisme de l’aventure. De déconvenues en rebontissements, l’auteur fait face à cette nouvelle vie, où la chaleur paralysante est à l’image d’un pays qui suffoque. Et c’est une rude leçon d’immersion pour Anjan Sundaram : intégration délicate, pays d’une extrême pauvreté, précarité quotidienne, tâtonnements face aux agences de presse.
Il observe tout ce qui l’entoure avec minutie, n’hésite pas à se mettre en difficulté et parvient à capter l’atmosphère d’un pays en train de sombrer. Quand le Congo bascule dans la guerre civile après les élections, c’est le dernier journaliste encore présent à Kinshasa, et il ne loge pas dans un hôtel climatisé. Ses portraits, ses descriptions sensibles, sa plume épique et ses jugements nuancés font de son récit un document précieux. Trois cents pages qui résument une année entière au Congo, et Sundaram d’expliquer ce conflit dont nous sommes tous responsables « La guerre du Congo, pour isolée qu’elle puisse paraître, fluctue avec la consommation globale ». Kinshasa jusqu’au cou, acclamé par la critique, remporte le prix Reuters en 2006.
Son deuxième livre, Bad News : Last Journalists in a Dictatorship nous entraîne cette fois au Rwanda, sous la dictature de Paul Kagame. Anjan Sundaram y raconte les pressions subies par les journaliste et les réseaux de la peur de Paul Kagame. Sans que l’occident ne veuille vraiment sans rendre compte, le Rwanda a déjà basculé dans un système orwelien où le contrôle et la peur sont monnaie commune. Un système de petites « familles » présentes dans quasiment chaque village avec à leur tête un chef, un responsable de la sécurité et un informateur. Un système si bien organisé que le Rwanda a réussi à éradiquer définitivement les sacs plastiques du pays en quelques mois. Mais les journalistes sont aussi en voie d’être éradiqués… De nombreux donateurs étrangers continuent pourtant de verser de l’argent à ce pays, en mémoire de l’ignoble génocide de 1994.