BOULAY Clarence

France

Tristan (Sabine Weispieser, 2018)

DR/SABINE WESPIESER

Plasticienne et scénographe, cette doctorante à l’EHESS qui travaille sur le vide comme tension créatrice, signe en 2018 son tout premier roman. Inspiré par ses nombreux séjours dans des espaces insulaires, notamment huit mois à Tristan da Cunha en 2011 au large de l’Afrique du Sud, ce récit explore avec des mots justes l’isolement, au rythme de la houle et du vent. Une sélection du Prix Gens de mer 2018.

Plasticienne et scénographe, diplômée de l’École des Beaux-Arts et de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, Clarence Boulay signe cette année son tout premier roman, acclamé par la critique. Elle est aujourd’hui doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales (sa thèse en cours porte sur le vide comme tension créatrice).

Ses nombreux séjours dans des espaces insulaires, notamment huit mois à Tristan da Cunha en 2011, lui ont inspiré Tristan. Seule femme sur une île isolée et sinistrée par une marée noire, une jeune chercheuse va vivre une histoire d’amour aussi improbable que le lieu où elle se trouve. « Il y a de la vie dans ce récit, de la chair, des peaux et des entrailles », écrit Leïla Slimani de ce roman sans clichés, qui explore avec des mots justes l’isolement et les sensations paradoxales qu’il procure, au rythme de la houle et du vent.
Une sélection du Prix Gens de mer 2018.


Bibliographie

  • Tristan (Sabine Weispieser, 2018)
Tristan

Tristan

Sabine Wespieser Éditeur - 2018

L’émotion est grande pour Ida quand, un jour de mars, elle monte sur un langoustier en partance du Cap pour Tristan, une île accessible uniquement par bateau : la peur de l’inconnu, et aussi la tristesse de laisser Léon à quai. La veille du départ, ils ont tiré au sort la seule place qui leur avait finalement été accordée parmi les douze passagers admis à bord.
Au fil des sept jours de traversée en plein Atlantique Sud, les repères d’Ida commencent à basculer. Elle ne sait rien de ce qui l’attend. Au moment du débarquement, l’activité est frénétique. Mike et Vera, qui l’accueillent dans leur maison en haut du village, n’ont pas une minute pour elle, qui lentement prend ses marques dans ce paysage entre mer et volcan. Elle comprend vite qu’ici, le temps se dilate ou s’accélère en fonction des rares événements extérieurs.
Le naufrage d’un cargo sur Bird Island toute proche, lieu de reproduction des manchots dans l’archipel, va bientôt bouleverser la communauté, et son propre équilibre. Tous s’emploient au sauvetage des oiseaux mazoutés : une semaine durant, Ida participe à la collecte de nourriture. Un soir, à l’Albatross bar, elle accepte au pied levé la proposition lancée par Saul de partir sur l’île sinistrée par la marée noire. Seule femme avec trois hommes sur cette île déserte, Ida consacre ses instants de répit à dessiner son nouvel univers : le ciel, l’océan, le cabanon à flanc de roche, et les oiseaux englués dans le fuel. Ses observations, sa sensation d’éloignement, de dessaisissement, elle les a jusque-là régulièrement notées pour celui qui est resté sur le continent.
Mais quand, une nuit, Saul la raccompagne, elle ne peut plus confier qu’à elle-même, dans une sorte de journal de bord, son désarroi et son éblouissement face à l’irruption inattendue d’une histoire d’amour aussi improbable que le lieu où elle se trouve. Pendant quinze jours hors du monde – la mer est mauvaise, aucune embarcation ne peut accoster –, la valse des corps et des sentiments devient son seul horizon et le territoire de l’île un huis clos amoureux.
Pour dire le retour à Tristan, dans cet espace confiné où tout se sait, pour évoquer le manque, la solitude et l’attente comme ligne d’horizon, les mots poignants et justes de Clarence Boulay font merveille. Excellant dans l’art de brouiller la frontière entre l’espace et le temps, la jeune romancière force l’admiration. Au rythme de la houle et du vent, son texte largue les amarres, et bouscule toutes les certitudes.


Revue de presse

  • "Ce texte ne ressemble à aucun autre. On n’y trouvera ni les codes du récit d’aventure ni ceux du journal de bord purement impressionniste. […] Il y a de la vie dans ce récit, de la chair, des peaux et des entrailles." (Leïla Slimani, Le Monde des livres)
  • "Sans clichés, l’écriture délicate de Clarence Boulay explore l’isolement, qui libère autant qu’il contraint, dans un beau premier roman qui nous emmène loin, très loin." (L’Alsace)