BATRAVILLE Dominique

Haïti

L’Ange de charbon (Zulma, 2014)

Dominique Batraville à Haïti 2012

Dominique Batraville est né à Port-au-Prince, le 20 février 1962. Il se déclare poète dès ses quinze ans sur les bancs du Petit Séminaire Collège St Martial. Après de brèves études à l’Université Libre de Bruxelles et à l’Université de Lille en France, il revient en Haïti le 10 juillet 1986 à la chute de Jean-Claude Duvalier.

L’écrivain observe de près ou de loin les espaces insulaires, les mondes créoles et méditerranéens. Le mode d’écriture de ce poète-marcheur est par endroits inextricablement lié au voyage, à l’utopie insulaire, à l’intention sacrée ou cosmique. D. Batraville a approché très tôt "le réalisme merveilleux" de Jacques Stephen Alexis, l’univers tourmenté de Kafka, les fables homériques de Juan Rulfo et les textes majeurs de la littérature créole caribéenne. En raison de son tempérament d’anarchiste discret, il investit l’absurde, la folie, le comique et la lumière parfois joyeuse de son île natale. Attaché au bouddhisme, au vodou et au calvinisme comme "matières premières" de ses récits, ce poète doublé d’acteur de cinéma, entend expérimenter encore sa "Poétique tempérée de la schizophrénie."

Lauréat en Martinique, en 1998, du Prix Sony Rupaire pour son conte Potre van nan sèvolan lakansyèl, il a été traduit en portugais par Jean Paul Mestas et en espagnol par Anna Kovack. Critique littéraire pour le quotidien Le Nouvelliste à partir de 1988, ses articles ont été publiés dans presque tous les journaux du pays, aux Antilles françaises, en Amérique du Nord et en Europe. Dominique a participé en tant que comédien à de nombreux films belges, français et suisses : Royal Bonbon de Charles Najman – Prix Jean Vigo 2002 – et L’évangile du cochon créole de Michelange Quay – sélectionné à Cannes en 2004.

Il publie en 2012 L’Archipel des hommes sans os, un recueil de 10 nouvelles inscrites dans l’imaginaire caribéen et créole. "Les personnages des différents textes de ce livre évoluent dans un monde qui rappelle à la fois le réalisme merveilleux de Jacques Stephen Alexis et le rythme tourmenté des récits de Julio Cortázar. L’auteur cerne avec force le tragique post-séisme haïtien, le grand rire créole et l’absurde du quotidien insulaire."

Haïti pendant et après le tremblement de terre est à nouveau le décor de son dernier livre, L’Ange de charbon, qui conte les mésaventures de M’Badjo Baldini, décrit comme "nègre errant d’origine italienne", face à la catastrophe. Une extravagante fable vodou dans sa langue inspirée, convoquant dans un même maelström dantesque et gargantuesque les esprits des morts et un fol érotisme où toutes les incarnations féminines, saintes larmoyantes, vierges et prostituées, dansent avec les joyeux squelettes de la dérision caribéenne. Si le personnage principal de l’Ange de charbon est Port-au-Prince, avec son peuple de martyrs et de rescapés, d’esprits et de morts-vivants, on comprend que c’est par le verbe que M’Badjo Baldini surmonte le Mardi des douleurs. Secoué d’un bout à l’autre d’un grand éclat de rire, ce chant d’un Maldoror noir, la tête dans les étoiles et le regard insolent, est comme une ultime réplique au séisme ravageur.


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Bibliographie :

  • L’Ange de charbon (Zulma, 2014)
  • L’Archipel des hommes sans os (Riveneuve, 2012)
  • Le récitant zen (Rivarticollection, 2006)
  • L’Ouverture (A3, 2004)
  • Grammaire des iles (Bois d’orme, 2002)
  • Le Nègre et la rose de l’Auberge (pièce jouée en Haiti en 2001)
  • Bolèt 50 15 10 (pièce jouée en Martinique en 1998)
  • Fanm klete (pièce jouée en Martinique en 1998)
  • La fête du cerf-volant (Deschamps, 1998)
  • Kantik devanjou (Revue Mémoire et oralité, traduit en espagnol par Anna Kovak, primé à Cuba en 1998)
  • L’Arbre qui saigne (Anthologie des nouvelles primées au Concours Jacques Stephen Alexis) (1997)
  • Papye Kreyol (Antilles, 1990)
  • Pétition au soleil (Choucoune, 1979)
  • Boulpik (Choucoune, 1978)

Tout spécialement pour le site Étonnants Voyageurs, l’auteur nous a fait parvenir un texte inédit, à découvrir ici même.

L’arpenteur dans la ville des métamorphoses

L'ange de charbon

L’ange de charbon

Zulma Editions - 2014

Tout commence à Port-au-Prince, par le tonnerre et l’engloutissement, le grand tremblement de gorge de « Monsieur Richter » avalant d’un coup des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants et d’animaux. Face à ce nouvel esprit vaudou de la mort, M’Badjo Baldini – « nègre errant d’origine italienne » surnommé l’Ange de charbon – parvient à tenir la dragée haute à l’apocalypse, danse macabre où défilent Baron Samedi et Grande Brigitte, tous les saints du calendrier et tous les zombies des cimetières. Mais l’Ange de charbon est aussi une espèce singulière de traité sur le désir, un cantique des cantiques adressé à toutes les amantes sans discrimination, vierges verrouillées, reines, filles de joie, à commencer par Salomé dite Sassa, « si belle qu’elle valait trois Parisiennes ». Cette autobiographie d’un rescapé en tenue de prêtre vaudou, la tête dans les étoiles et le regard insolent, est secouée d’un bout à l’autre d’un grand éclat de rire, ultime réplique du séisme ravageur, ajoutant une dimension à ce chant d’un Maldoror noir qui se demande, après avoir crié « halte-là ! vagabond séisme ! », s’il ne devrait pas mettre sa peau à l’envers.

L’archipel des hommes sans os

Riveneuve - 2012

« Quelquefois, en janvier, il se passe des choses à Sarepta, cette ville païenne de l’Archipel des eaux douces et des terres volcaniques.
Il se passe des choses et les événements sont décisifs quand
ces choses se déroulent en janvier à Sarepta. Cela remonte à la
mémoire des temps.
Quelquefois, en janvier, les anges de la mort déferlent sur Sarepta
et les trompettes de la mort résonnent à nos oreilles comme
une conspiration symphonique, lugubre, très lugubre à l’échelle
de Richter : 7.00, magnitude de merde. Quelques secondes
après, crise d’eau, panne de courant électrique, rigoles de sang,
cris désespérés de trépanés, trépassés, spectacle de tombeaux
ouverts ». Dominique Batraville nous mène
dans son île, tantôt en prose, tantôt en vers, en dialogues, en monologues.
Il dépeint dans ce recueil de 10 nouvelles, la vie quotidienne en Haïti,
du dernier tremblement de terre aux veillées traditionnelles, de
retrouvailles en disputes.


Le récitant zen

RivartiCollection - 2006

Nous parcourons tous en songe des kilomètres de route, des vols planés au-dessus des nuages. Nous dormons parfois les mains entre les cuisses et les yeux mi-clos. La fatigue nous accable après des nuits de cauchemars. Certains d’entre nous délirent en territoire de rêves. Pyjama, slip, robe de chambre, lampe de nuit servent d’instruments aux vrais dormeurs. Je m’approprie certains mots.
Je viens d’obtenir une année sabbatiqe à mon boulot. Je vais enfin pouvoir dormir et rêvasser à ma guise. Avec ou sans somnifères. Je dépose mon guide des songes sur la table. Je deviens le maître de mes fantasmes. Je veux dormir sous les caresses d’une triple championne olympique, sentir la douce présence d’une reine de beauté et traverser la nuit dans les bras d’une violoniste."

Figaro, le narrateur du livre, vit sa vie de dormeur et se tient éveillé tel un Bouddha, surtout habile à débiter chaque matin ses songes néfastes au WC. Port-Loto, la ville où se déroule l’histoire, est plus complexe que l’ancienne Babylone. Figaro, amateur de jolies femmes, joue au loto et s’enferme dans un monde presque surréaliste. il gère sa condition personnelle dans une île ravagée par le sida, la drogue, le sexe effréné et divers autres dérapages. il s’agit ici du tout premier roman de Frantz Dominique Batraville, journaliste, écrivain et comédien.

Villes assassines

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2014

Avec : João ALMINO, Mohamed AL-FAKHARANY, Dominique BATRAVILLE

Haïti : regards croisés

Saint-Malo 2014

Avec Yahia Belaskri, Yvon Le Men, Dominique Batraville et Louis-Philippe Dalembert.